LE CHÔMAGE DE LONG TERME ET LE PLEIN EMPLOI HEC Montréal Mai 2003
Introduction Depuis 20 ans, le taux de chômage canadien a évolué en fonction du cycle économique et a diminué de manière tendancielle. Cependant, il diminue rarement sous les 7 %. Pourquoi ? Important car lien avec le niveau de vie. Y/N = (L/N) * h * y Où (L/N) est relié négativement avec le taux de chômage
Le chômage et le cycle économique, 1982-2001 10 6 8 7 6 8 4 9 2 10 11 -2 12 -4 13 82 84 86 88 90 92 94 96 98 00 Taux de croissance du PIB réel Taux de chômage (échelle inversée)
Évolution tendancielle du taux de chômage
Un marché du travail qui bouge Les données publiées chaque mois laissent croire que le marché du travail est plutôt statique Durant un mois typique, il se « crée » environ 25 000 emplois au Canada En réalité, ce chiffre cache de fortes créations et destructions d’emploi
Comment devient-t-on chômeur ? Il y a essentiellement trois situations qui mènent les gens au chômage: Les mises à pied ou licenciements; Les départs volontaires ou démissions; Les nouveaux entrants sur le marché du travail et la réintégration de personnes inactives à la population active. Une personne met fin à une période de chômage lorsqu’elle est embauchée ou rappelée au travail ou lorsqu’elle se retire de la population active.
Mouvements dans le marché du travail canadien (1976-90)* 183 000 (16,9 %) Population inactive 6 624 000 Emploi 11 100 000 Chômage 1 084 000 216 000 (3,3 %) 245 000 (3,7 %) 235 000 (21,6 %) 190 000 (1,7 %) 275 000 (2,5 %) Création nette d’emplois : 15 000 * : moyennes mensuelles (Jones et Riddell, CPP, 1993)
Le chômage en durée et en fréquence Le chômage est à la fois un phénomène de courte durée et de longue durée Environ la moitié des épisodes de chômage sont courts (moins de 14 semaines) La majorité des chômeurs le sont depuis plusieurs mois
Un exemple numérique Supposons qu’une économie fictive comprenne 100 travailleurs Le premier jour de chaque mois, 1 travailleur perd son emploi pour 2 mois Le 1er janvier, 8 travailleurs perdent leur emploi pour toute l’année Sur 20 épisodes de chômage (un an), 12 sont courts À tout moment, les 4/5 des chômeurs sont de longue durée
Pourquoi y a-t-il toujours du chômage ? Le chômage que l’on observe à tout moment dans l’économie est donc le résultat de flux Le chômage est causé par : Tout ce qui cause des mises à pied ou fait passer les gens d’une catégorie à l’autre Tout ce qui prolonge la durée du chômage
Typologie du chômage Une partie de la population active se trouve toujours entre deux emplois (chômage de courte durée ou chômage frictionnel, TCF). Une autre peut ne pas trouver d’emploi en raison d’une pénurie d’emplois aux conditions du marché (chômage de longue durée ou chômage structurel, TCS). Enfin, une autre peut se retrouver en chômage en raison de la mauvaise conjoncture (chômage conjoncturel, TCC). Le taux de chômage observé (TCO) est donc égal à: TCO = TCF + TCS + TCC
Le chômage de courte durée : le chômage frictionnel Chômage qui résulte de la mobilité normale de la main d’œuvre dans l’économie : Mouvements de la main d’œuvre qui se joint à la population active (finissants, mères, travailleurs découragés) et qui la quitte (retraite); Roulement constant des entreprises qui ferment leurs portes (faillites, relocalisation) et des nouvelles entreprises qui se créent et qui embauchent des travailleurs.
Causes du roulement de la M-O Changement technologique Variations dans la composition du PIB, causées par : changements de goûts des consommateurs commerce international Déplacements de l’activité économique Recherche d’emplois plus intéressants Facteurs particuliers (idiosyncrasies)
Le chômage de longue durée : le chômage structurel Chômage résultant de la difficulté à trouver de nouveaux emplois Durée plus longue que chômage frictionnel car causé par le manque systématique d’emplois Causes principales: rationnement des emplois, assurance-chômage.
Le rationnement des emplois Inadéquation entre l’offre et la demande de travail Changements structurels dans le marché du travail, dont changement technologiques, etc…(voir acétate #14) Des variations de salaires ne viennent pas équilibrer le marché Trois causes: Les salaires d’efficience Les intérêts de travailleurs en place Le salaire minimum
Rationnement des emplois Salaire réel OT Offre excédentaire Plancher salarial Salaire d’équilibre DT Niveau de rationnement Travail
La rigidité à la baisse des salaires demande de travail salaire d’équilibre. Cependant le salaire réel ne baisse pas immédiatement, faisant apparaître une offre excédentaire de travail. Causes : existence de conventions collectives, maintien du salaire relatif dans l’échelle salariale, asymétrie d’information Cette rigidité à la baisse des salaires provoque une hausse du chômage. À défaut de pouvoir s’ajuster par les prix (salaire), le marché du travail s’ajuste par les quantités (baisse de l’emploi).
Le salaire d’efficience Théorie du salaire d’efficience : augmenter les profits en versant aux employés un salaire supérieur au salaire d’équilibre. Bénéfices : main d’oeuvre de meilleure qualité, incitation à travailler davantage, réduction du resquillage, diminution du taux de roulement de la main d’œuvre et des coûts d’embauche. Coûts : salaires plus élevés pour l’entreprise. Le salaire d’efficience est celui égalise les bénéfices marginaux et les coûts marginaux.
Les intérêts des travailleurs en place Lorsque les syndicats négocient une convention collective, ils représentent uniquement les intérêts de travailleurs qui sont en place. Le salaire négocié excède le salaire d’équilibre et il y a toujours des travailleurs potentiels qui sont incapables de se trouver un emploi. Raison : les travailleurs en place n’acceptent pas un salaire inférieur par altruisme.
Le salaire minimum…et autres salaires administrés par l’État Le salaire minimum est fixé par la loi à un taux supérieur au taux du marché. Résultat : une offre excédentaire de travail. Idem pour les décrets gouvernementaux qui fixent les conditions de travail dans certains secteurs (ex : construction, entretien ménager) Idem pour les lois sur l’équité salariale
L’assurance-chômage Un programme généreux d’assurance-chômage prolongement de la durée de recherche. Augmentation de la durée augmentation du chômage
Chômage conjoncturel Aussi appelé chômage «cyclique» , il fluctue donc avec le cycle économique. Il a tendance à s’accroître lorsque le PIB réel se contracte et à baisser lorsque l’économie se trouve dans sa phase d’expansion.
Un mot sur le chômage saisonnier Comme son nom l’indique, le chômage saisonnier résulte d’une diminution de l’emploi en raison des contraintes saisonnières. Au Canada, ce type de chômage apparaît surtout durant la période hivernale car certains emplois ne sont offerts qu’en hiver… Les macro-économistes utilisent des données sur le chômage qui sont corrigées pour les variations saisonnières.
Le plein emploi: chômage «naturel» Il existe en tout temps un certain niveau de chômage. Ainsi, il y a «plein emploi» lorsque le taux de chômage est de nature frictionnelle et structurelle; ce taux de chômage est dit «naturel». Au taux de chômage naturel, il n’y a plus de chômage conjoncturel. Au Canada, le taux de chômage naturel a fluctué autour de 8 % au cours des vingt dernières années; il a baissé dans la seconde partie des années 90 et se situe maintenant autour de 7 %.
Le mythe de l’excédent de travailleurs technologique emploi productivité profits pouvoir d’achat des actionnaires prix pouvoir d’achat des consommateurs salaires pouvoir d’achat des travailleurs pouvoir d’achat demande de b&s production emploi
Changement technologique et chômage Le changement technologique crée du chômage Historiquement, le taux de chômage n’a pas été poussé à la hausse, sur une longue période, par le changement technologique
LE CHÔMAGE DE LONG TERME ET LE PLEIN EMPLOI HEC Montréal Mai 2003