Macroéconomie CNAM Stéphane BILLON
Cours 1 et 2 : Macro-économie - Introduction, principes et grandeurs
Introduction La macroéconomie a pour objet l'étude du comportement de l'économie considérée comme un tout. Elle cherche à expliquer l'évolution du produit et des prix, à mettre en évidence les facteurs qui déterminent le niveau de l'emploi, à rendre compte des variations des taux de change. Pour atteindre ce premier objectif, elle s'appuie sur une représentation de l'économie, sur un modèle agrégé qui décrit le fonctionnement des marchés des biens, de la monnaie et du travail. Ainsi, par principe, elle s'intéresse aux comportements globaux (à la consommation des ménages, à l'investissement des entreprises) et à leurs effets sur les variables macroéconomiques (le niveau général des prix, le revenu national... ) Le second objectif de la macro-économie est la politique économique. Elle concerne l’action économique qui permet, le cas échéant, d’infléchir une évolution économique jugée non souhaitable eu égard aux objectifs choisis.
Introduction… Nécessairement précédée par une analyse de la situation économique, l’action économique consiste : A décider des moyens à mettre en œuvre pour un retour à l’équilibre ou, plus généralement, pour réaliser un certain nombre d’objectifs que les pouvoirs publics se sont assignés A mesurer les conséquences des différentes décisions possibles de politique économique (politique monétaire, politique budgétaire,…) sur le commerce extérieur, l’emploi ou l’inflation, c-à-d sur l’activité économique dans son ensemble Il existe deux grandes catégories de politique économique, dont l’objectif final est la réalisation du carré magique, que nous examinerons plus tard, et qui sont : La politique budgétaire (ou fiscale) : elle consiste à influer sur les grands équilibres macro-économiques, représentés par le carré magique, en faisant varier les « variables de contrôle » à disposition de l’État dans le domaine budgétaire et fiscal : impôts et taxes, dépenses budgétaires, emprunt… La politique monétaire : elle consiste à influer sur les grands équilibres macro-économiques, représentés par le carré magique, en faisant varier les « variables de contrôle » à disposition de l’État dans le domaine monétaire : offre de monnaie, inflation, taux d’intérêt, taux de change
Le Carré Magique de KALDOR Introduction… Toutefois, les politiques économiques en France et en Europe ont été limitées par plusieurs évolutions majeures au cours des dernières années : traité de Maastricht, monnaie unique, indépendance de la Banque de France, pacte européen de stabilité budgétaire Le Carré Magique de KALDOR
I- Éléments de comptabilité nationale En France, le Système élargi de Comptabilité Nationale (SECN) constitue le cadre dans lequel l’activité macro-économique est décrite et analysée. Depuis 1995, les comptes nationaux français ont adopté le Système européen de comptes 1995 (SEC 95) Chaque agent décrit précédemment se caractérise par une fonction principale (ménage/consommer, entreprise/produire…), ce qui permet les regroupements par catégorie d’agent Dans le SEC, il y a 3 types d’opérations : Les opérations sur biens et services Les opérations de répartition Les opérations financières
I- Éléments de comptabilité nationale Ces différentes opérations s’effectuent entre les différents secteurs institutionnels : Sociétés Non Financières SNFEI (ex-SQSNF+APRI), Ménages (décomposé en CSP+EI), Sociétés Financières SF (IF+EA+BC), Administrations Publiques APU (Administration+Sécu), Administrations Privées (ex-ISBL : Institution Sans But Lucratif au service des ménages + assoc…), Reste du Monde (UE + TOM + Reste du Monde) La Comptabilité Nationale, comme tout système de comptabilité, repose sur l’équilibre entre emplois et ressources.
I- Éléments de comptabilité nationale Les opérations économiques sur les biens et services La Production : Définition de la production La production consiste à créer des biens et services (bâtiment d'habitation, consultation médicale…) On distingue: la production marchande: vendue sur un marché (voiture, télévision, publicité... ) la production non marchande : services gratuits ou facturés à un prix inférieur au coût de revient (souvent d'une administration), utilisant des facteurs obtenus sur les marchés Les travaux ménagers ou individuels ne sont pas considérés comme production Comment mesure-t-on la production ? La production en volume : mesure en unités physiques (10.000 tables) dans une entreprise, ou dans la Nation en déflatant (divisant) la production en valeur par un indice des prix La production en valeur : mesure en pondérant par les prix. (10.000 tables à 150 € chacune, soit une production de 1,5 millions € Le chiffre d'affaires mesure la production vendue par une entreprise La valeur ajoutée : La contribution d'une entreprise à la production nationale se mesure par sa valeur ajoutée : valeur de sa production diminuée de la valeur de ses consommations intermédiaires (matières premières, énergie) VA = P - CI
PIB = ΣVA + TVA + Droits de douane La croissance économique se présente en volume. Ainsi, quand on parle d'une croissance de 2,3 % en France pour 2004 (+1,5% en 2005), on veut dire que la production en volume de toute l'économie a augmenté de +2,3% par rapport à celle de 2003. Cette estimation ne tient pas compte de l'augmentation des prix, elle, autour de +1,7% (+2,1% en 2005). La croissance est due aux trois facteurs de production : le travail, le capital et le progrès technique La comptabilité nationale fournit deux mesures (appelées agrégats) de la production nationale en y incorporant les impôts et les relations avec l'étranger: Les travaux ménagers ou individuels ne sont pas considérés comme production Les pays dits « industriels » avancés produisent de moins en moins de biens agricoles ou industriels, et de plus en plus de services (70% du PIB et de l'emploi aux États-Unis). Près de 60% de la production mondiale provient des pays de l’OCDE (30 pays développés). Le chiffre d'affaires mesure la production vendue par une entreprise PIB = ΣVA + TVA + Droits de douane PNB = PIB + Revenu en provenance de l’étranger – Revenus versés à l’extérieur
PIB en France
PIB/OCDE
PIB et dépenses de santé La « Poullier Line » (2000) Source : Eco Santé OCDE 2000.
PIB-Dépenses de santé Une relation remarquablement stable
La Consommation Définition La consommation finale est la part du revenu disponible utilisé pour acheter des biens ou des services ainsi détruits dans ce processus (ex: consommer consiste, pour un ménage, à dépenser son argent pour acheter des biens). Elle satisfait des besoins correspondant à un sentiment de manque ou de privation ou exprimant les différences sociales. Il y a des besoins primaires (se nourrir, se loger) et des besoins secondaires (se cultiver, se distraire) consultation médicale…) Il existe des biens de consommation non durable ou durable L'auto-consommation de biens et services produits par les agents eux-mêmes pour leur propre consommation (ex: légumes du potager) Les consommations collectives : services collectifs non-marchands fournis par les administrations publiques financés par l'ensemble de la collectivité grâce aux prélèvements obligatoires (routes, justices, enseignement public, santé, ... ) La consommation intermédiaire : les consommations intermédiaires des entreprises disparaissent dans le processus de production (produits énergétiques par exemple) ou sont incorporés dans d'autres produits (matières premières par exemple)
La consommation des ménages Cette consommation est principalement liée au revenu des ménages et aux prix des produits. Pour l'analyser on dispose d'indicateurs tels: La structure de la consommation qui désigne la répartition des dépenses des ménages en fonction d'un certain nombre de postes La consommation des ménages et le revenu: la notion de propension à consommer qui désigne la part du revenu qui est consacrée à la consommation et les élasticités-revenu qui représentent la sensibilité de la demande pour un produit à la variation du revenu La consommation des ménages et le prix: les élasticités-prix qui représentent la sensibilité de la demande pour un produit à la variation des prix Rôle dans l'économie La consommation est un facteur essentiel de croissance, car elle est une des composantes de la demande globale (avec l'investissement et les exportations) et représente donc un facteur important de la croissance économique La consommation est soumise aux comportements sociaux avec des phénomènes comme la publicité ou l'imitation La consommation est de nature cyclique, de par ses liens avec la croissance et les phénomènes sociaux, mais aussi les autres agrégats de l'économie (épargne, taux d'intérêt, impôt, ... )
Investissement Net = Investissement Brut - Amortissement L'investissement Définition L'investissement est la part des ressources affectées à la production. Les entreprises investissent (machines, bâtiments, équipements, etc.) pour maintenir ou accroître leur potentiel productif L'investissement représente alors un accroissement de son capital technique. L’État investit en réalisant des équipements collectifs (infrastructure, écoles, etc.) et les ménages investissent pour se loger Certains investissements véhiculent le progrès technique, facteur essentiel de la production et de la croissance (informatique, robot, biotechnologie) Les différentes formes d'investissement Investissement brut et investissement net : investissements de remplacements correspondent aux amortissements. L'investissement net désigne donc l'investissement nouveau donc celui qui permet une augmentation du volume du capital technique de l'entreprise. En revanche, l'investissement brut représente le montant total de l'investissement : Investissement Net = Investissement Brut - Amortissement
Le choix des investissements Investissement matériel et investissement immatériel Le progrès technique : les gains de productivité représentent le progrès technique. Investissement financier : désigne l'acquisition de valeurs afin d'obtenir un revenu. Le choix des investissements Pour une entreprise qui a besoin de financement pour ses investissements, plusieurs possibilités sont offertes : Autofinancement Emission d'actions en bourse Emprunts Dans une entreprise, un investissement est réalisé s'il permet de rapporter davantage qu'il ne coûte. l'entreprise emprunte une somme pour investir, elle va comparer le taux de l'intérêt et le taux de rendement de l'investissement : Taux de rendement = profits futurs liés à l'investissement / coût de l'investissement
Reflexion stratégique Investissement plan Hôpital 2012 A- Comment évaluer aujourd’hui les besoins des établissements de santé en matière d’investissements immobiliers ? constructions neuves ; réhabilitations ; modernisation ; reconversion du patrimoine existant ; mise aux normes ; systèmes d’information ; etc…
Taux d'investissement = FBCF / PIB Rôle dans l'économie L'investissement constitue une composante de la demande. l'investissement favorise l'offre de biens et de services car il permet de produire plus et mieux Il est donc important de connaître et de mesurer le niveau des investissements dans l'économie ; c'est l'objet de la FBCF, Formation Brute de Capital Fixe, qui regroupe les investissements de tous les agents économiques. Et pour mesurer l'effort d'investissement d'une économie on définit : Taux d'investissement = FBCF / PIB
Formation Brute de Capital par secteur institutionnel
Les exportations et les importations Définition Les exportations comprennent tous les biens et services qui sortent définitivement du territoire économique à destination du Reste du monde: transferts des unités résidentes à des unités non résidentes L'évaluation des exportations de biens s'effectue sur la base des factures FAB (franco à bord, FOB en anglais «free on board » : au prix du bien exporté, on ajoute uniquement les frais de transport jusqu'à la frontière française; les frais d'acheminement à partir de la frontière française jusqu'au destinataire ne sont pas pris en compte Les importations représentent la valeur des biens et services fournis par les unités non résidentes à des unités résidentes Les importations s'évaluent sur la base des factures CAF (coût, assurance, frêt) : elles comprennent le prix du bien importé ainsi que tous les frais de transport et d'assurance nécessaires à son acheminement jusqu'à la frontière française Les indicateurs traditionnels du commerce extérieur sont le solde commercial, le solde extérieur et le taux de couverture Le solde (ou balance) commercial(e) est l'écart entre les exportations et les importations de biens (ou de marchandises) :
Solde commercial = exportation de biens - importations de biens Les indicateurs traditionnels du commerce extérieur sont le solde commercial, le solde extérieur et le taux de couverture Le solde (ou balance) commercial(e) est l'écart entre les exportations et les importations de biens (ou de marchandises) : Si le solde est positif, on dit qu'il y a un excédent commercial Si le solde est négatif, on dit que l'économie présente un déficit commercial Si le solde est nul, on dit qu'il y a équilibre commercial Le solde (ou balance) extérieur(e) est l'écart entre les exportations et les importations de biens et services Le taux de couverture (en %) est le rapport entre la valeur (ou le volume) des exportations de biens et la valeur (ou le volume) des importations de biens : Un taux de couverture (des importations par les exportations) égal à 100% signifie que le commerce extérieur est en équilibre. Solde commercial = exportation de biens - importations de biens Taux de couverture = (exportation de biens/ importations de biens) x 100 Taux de couverture 2005 = (446/ 463) x 100 = 96,32
Les importations augmentent plus vite que les exportations
Les opérations économiques de répartition Les opérations de répartitions retracent la répartition et la redistribution de la valeur ajoutée, c-à-d du revenu national, entre les différentes unités économiques. Elles se subdivisent en 2 grandes catégories : les transferts courants et les transferts en capital Les transferts courants Par leur volume, les transferts courants sont les plus importants. On y trouve : la rémunération des salariés (salaires et cotisations sociales) les impôts liés à la production et à l'importation les subventions d'exploitation et à l'importation versées par les administrations publiques ou les institutions communautaires européennes les revenus de la propriété et de l'entreprise qui constituent la rémunération du capital financier les opérations d'assurance-dommages les autres transferts courants sans contreparties (impôts courants)
Les transferts en capital Ils concernent les transferts qui s'opèrent à l'occasion des opérations d'utilisation du capital (épargne et investissement) : les aides à l'investissement les impôts en capital les autres transferts en capital (participation des entreprises à l'effort de construction, donations, ... ) Partage de la valeur ajoutée brute %. Source : Insee, comptes nationaux base 2000.
Les opérations financières À l'issue des opérations sur biens et services et des opérations de répartition, certains secteurs économiques sont en mesure de prêter (ils ont un solde excédentaire) : ils dégagent une capacité de financement. D'autres secteurs sont, au contraire, contraints d'emprunter : ils manifestent un besoin de financement. Les secteurs déficitaires doivent donc faire appel à des secteurs créanciers pour satisfaire leurs besoins C'est à ce stade qu'interviennent les intermédiaires financiers et les opérations financières qui concernent la création et la circulation des moyens de paiement, et qui retracent les flux de créances et de dettes entre tous les secteurs économiques Le SECN distingue quatre types d'opérations financières : Les instruments de paiement Les instruments de placement Les instruments de financements Les réserves techniques d’assurance
Taux d’épargne Nationale = Épargne Nationale / P.I.B. Le rôle de l’épargne et de l’intérêt : liaisons avec l’investissement : L’épargne Définition Epargner est la partie du revenu qui n'est pas destinée à la consommation. C’est donc l'acte de renonciation à une satisfaction immédiate au profit d'une satisfaction future, d'une consommation future Placer son argent à la caisse d'épargne, acheter des actions et obligations, garder des billets chez soi sont des formes d'épargne Mais il existe d'autres formes d'épargne que celle des ménages : l'épargne nationale et l'épargne des entreprises. Les travaux ménagers ou individuels ne sont pas considérés comme production L’Epargne Nationale: C'est la somme de l'épargne de tous les agents (ménages, entreprises, administrations). Une nation dont la Balance des Paiements courants dégage un excédent, réalise de ce fait une épargne, ce qui signifie que l'excédent est prêté à des agents économiques extérieurs. On définit comme instrument de mesure de l'épargne nationale : Taux d’épargne Nationale = Épargne Nationale / P.I.B.
Taux d’Épargne des ménages = Épargne Brute / Revenu Disponible Brut L’Épargne des ménages: Globalement, l'épargne totale des ménages est supérieure aux besoins d'investissements si bien qu'ils disposent d'une capacité de financement qui peut être "investie" en achats de logements thésaurisée, c-à-d conservée par l'épargnant et non réintroduite dans le circuit (ex : lingots d’or, biens précieux), placée, c'est à dire confiée au système financier moyennant une rémunération appelée intérêt. Il existe deux causes principales d'épargne pour les ménages : la précaution : épargne pour se prémunir contre un problème futur éventuel (perte d'emploi, maladie, ... ) la consommation : épargne pour se constituer un capital permettant l'achat d'un bien dans le futur (maison...) On définit comme instrument de mesure de l'épargne des ménages (l’épargne brute étant la différence entre revenu et consommation): Taux d’Épargne des ménages = Épargne Brute / Revenu Disponible Brut
Taux d'Épargne des sociétés = Épargne Brute /Valeur Ajoutée L'Épargne des entreprises : L'épargne brute des entreprises correspond à leur autofinancement, c'est à dire, la Part de leur Bénéfice Net (après impôts) qui n’est pas distribuée aux actionnaires (sous forme de dividendes) à laquelle s'ajoute l'amortissement (sommes mises de côté pour reconstituer le capital technique), donc on a : A la différence de l’épargne des ménages, les entreprises ont « un besoin de financement » puisque l’épargne dégagée est insuffisante pour couvrir les dépenses d’investissements. On définit comme instrument de mesure de l’épargne des entreprises : Rôle dans l’économie L’épargne sert via le taux d’intérêt à financer les investissements. Donc en permettant de financer l’investissement, l’épargne assure le maintien et la croissance du niveau de production Il existe un lien entre l'épargne et l’activité économique en terme de cycle : un ralentissement de la croissance entraîne une hausse de l'épargne, et une reprise de la croissance entraîne une hausse de la consommation donc une baisse de l'épargne, toute chose égale par ailleurs Épargne Brute des Entreprises = Autofinancement = Amortissement + Bénéfices non distribués Taux d'Épargne des sociétés = Épargne Brute /Valeur Ajoutée
Liaisons entre capital, épargne et investissement La formation brute de capital fixe (investissements nets et amortissements) n'est réalisable que s'il existe un certain montant d'épargne dans l'économie (que l'opération d'épargne précède ou non l'opération d'investissement) L'affectation de l'épargne à l'investissement peut se réaliser soit par autofinancement, soit par l'intermédiaire des circuits financiers L'autofinancement concerne le financement du capital d'un agent par l'agent lui-même Les circuits financiers sont constitués par l'ensemble des intermédiaires financiers (les institutions financières) qui fournissent leurs services auprès des agents non financiers (ménages ou entreprises) Dans ce cas, la transformation de l'épargne en investissement peut faire l'objet d'un financement direct ou d'un financement indirect Le financement est direct lorsqu'il s'effectue sur le marché financier Le financement est indirect lorsqu'il s'établit par l'intermédiaire du système bancaire
Liaisons entre capital, épargne et investissement Système bancaire : financement indirect Epargne Autofinancement Investissement Marché financier : financement direct
L’intérêt Définition Les composantes de l'intérêt Par son utilisation par les différents agents économiques, le stock de capital existant dans une économie, engendre pour ses détenteurs, un flux de revenus monétaires sous forme de loyers ou intérêts Définition Un agent économique qui s'approprie le capital (sans en être nécessairement le propriétaire) c'est-à-dire, qui est l'utilisateur exclusif du capital, verse au propriétaire du capital, un loyer (logement, bâtiment) ou un intérêt. La théorie économique considère l'intérêt sous un angle très général et le définit comme suit : L'intérêt est le revenu du capital économique (actifs réels et actifs financiers) Les composantes de l'intérêt L’intérêt s'évalue le plus souvent annuellement et sa mesure s'exprime par un taux qui est le pourcentage du revenu annuel (intérêt) par rapport à la valeur du capital : c'est le taux d'intérêt En pratique, le taux d'intérêt observé est brut, c'est-à-dire qu'il est la résultante de plusieurs éléments : des coûts de transaction et de gestion une prime un intérêt net nominal qui mesure le prix d'utilisation du capital
Taux d'intérêt réel = Taux d'intérêt nominal - Taux d’inflation Le taux d'intérêt net nominal s'obtient par la confrontation de l'offre et de la demande de capitaux et intègre le taux d'inflation de la période considérée. Aussi, on peut mettre en évidence le taux d'intérêt réel en "éliminant" du taux d'intérêt nominal, le taux d'inflation Le taux d'intérêt réel s'interprète, pour le prêteur, comme un pouvoir d'achat. On a approximativement, la relation suivante (Cette relation est d'autant plus exacte que le taux d'inflation est faible) : Notions sur la théorie de l'intérêt La valeur du taux d'intérêt étant obtenue sur le marché des capitaux, la théorie de l'intérêt consiste à déterminer les composantes de l'offre et de la demande de capitaux les plus explicatives du niveau du taux de l'intérêt Les deux courants de pensée néo-classique et keynésien s'opposent dans l'explication de l'intérêt : Pour les économistes néo-classiques, « la théorie de l'intérêt résulte de l'arbitrage entre le désir de dépenser le revenu et l'opportunité de l'investir » Pour Keynes, « l'intérêt est le prix de la renonciation à la liquidité » Taux d'intérêt réel = Taux d'intérêt nominal - Taux d’inflation
Le Circuit économique et l’équilibre macro-économique : L'étude des mécanismes qui permettent à une économie d'atteindre un éventuel niveau d'équilibre, passe par l'examen préalable de l'équilibre des flux macroéconomiques (circuit économique) décrits par la Comptabilité Nationale Le circuit économique L'équilibre comptable reflète l'équilibre du circuit économique, c-à-d, l'égalité entre les Ressources et les Emplois d'une économie au cours d'une période de temps donnée (l'année en général). Cet équilibre comptable constitue une identité statistique qui est toujours vérifiée ex post, c'est-à-dire, après que les grandeurs macroéconomiques, caractéristiques de l'activité économique (agrégats), aient été observées Le circuit économique décrit l'ensemble de toutes les opérations qui s'établissent entre tous les acteurs de la vie économique et l’équilibre du circuit économique exprime que tout ce qui a été produit sur le territoire économique et importé du Reste du monde au cours d'une année, a été : consommé, au titre de la consommation finale des ménages et des administrations consommé en achats de biens intermédiaires (consommation intermédiaire) investi en achats de biens d'équipement ou en constitution de stocks (formation de capital) exporté vers le Reste du monde
Facteurs de production Économie fermée à deux secteurs : ménages et entreprises Les entreprises utilisent les facteurs de production fournis par les ménages pour produire les biens de consommation destinés à la consommation finale des ménages Les ménages procurent aux entreprises un service productif sous la forme de travail et reçoivent en contrepartie, un revenu qui est entièrement dépensé pour acheter les biens de consommation. Facteurs de production Revenus R Ménages Entreprises Dépences C Biens de Consommation
Cette figure représente le circuit économique élémentaire: les flux physiques ou réels (traits forts) sont caractéristiques des échanges permettant de créer et d'acquérir le produit national Y ; dans toute économie développée, les échanges se réalisent pratiquement par l'intermédiaire de la monnaie; aussi, les flux monétaires (traits fins) représentent la contrepartie monétaire de la production, c'est-à-dire les revenus monétaires distribués et les dépenses monétaires de consommation C Dans ces conditions, il y a identité entre le produit, le revenu et la dépense. Y = R = C angle de la angle de la angle de la production répartition dépense D'un point de vue comptable, le produit national Y coïncide avec le PIB (en économie fermée). Les revenus distribués R sont équivalents au Revenu National Brut, contrepartie de la production, déduction faite des consommations intermédiaires qui s'éliminent dans le processus de production
Épargne des ménages et investissement des entreprises Supposons qu'en plus des biens de consommation destinés aux ménages, les entreprises produisent également des biens d'investissement (biens d'équipement ou FBCF) servant à accroître leurs capacités de production Pour financer leur formation de capital, les entreprises peuvent emprunter les fonds nécessaires sur le marché financier en émettant des valeurs mobilières dont les revenus (intérêts, dividendes) sont versés aux détenteurs de ces titres financiers (les ménages). Ainsi, les ménages vont pouvoir acheter des actions et des obligations grâce à l'épargne qu'ils auront constituée En conséquence, la production, acte fondamental de l'économie, constitue l'offre globale (mesurée par le PIB, c'est-à-dire Y) dont les emplois sont destinés à satisfaire la demande globale, c'est-à-dire les besoins de consommation C des ménages et d'investissement I des entreprises. On peut donc écrire la relation comptable d'équilibre entre l'offre et la demande globales en économie fermée: Y=C+I (1)
En effet: Y= C+ S = C+ I => S=I (5) Le revenu national R est identique au produit Y et il se décompose en revenus du travail (salaires) et revenus du capital (profits: intérêts et dividendes): Y = R (2) Enfin, au plan de l'utilisation du revenu, les ménages affectent une partie de leur revenu R à la consommation C et l'autre partie, à l'épargne S, on a donc : R=C+S (3) Les relations (2) et (3) permettent d'écrire: Y=C+S (4) et en rapprochant les identités (1) et (4), il s'ensuit que l'épargne S est nécessairement égale à l'investissement I : Autrement dit, la condition d'obtention de l'équilibre comptable sur le marché des biens et services (équilibre de l'offre et de la demande globales) est que l'épargne soit égale à l'investissement (relation (5)) En effet: Y= C+ S = C+ I => S=I (5)
Remarques Introduction de 1'État la consommation finale La relation d'équilibre S = I reste valable même si on lève un certain nombre d'hypothèses plus ou moins restrictives émises précédemment L’épargne totale (ménages et entreprises) représente, par définition, la partie non dépensée du revenu (pour les entreprises, elle coïncide avec leur revenu) et s'interprète comme une fuite de monnaie dans le circuit économique. L’investissement correspond au contraire à une injection de monnaie dans le circuit économique. Aussi, l'équilibre S = I s'interprète également comme une égalité entre les fuites les injections : S = I => Fuites = Injections Introduction de 1'État Les dépenses publiques G comprennent la consommation finale les investissements publics les transferts versés par l’État au secteur privé (par exemple subventions d’exploitations) Les recettes publiques T sont constituées par les impôts (directs et indirects) et les diverses taxes prélevés auprès des autres secteurs (ménages et entreprises) Les dépenses publiques constituent une injection de monnaie dans le circuit économique, tandis que les recettes publiques sont en quelque sorte, soustraites du système économique privé (ménages et entreprises) au seul bénéfice de l'État et sont donc considérées comme une fuite hors du circuit (même si les recettes vont servir ensuite à financer une partie des dépenses).
L'offre globale Y est constituée par la somme des valeurs ajoutées (Y = PIB) par les trois secteurs ménages, entreprises et État et la demande globale comprend la consommation C (demande des ménages), l'investissement I (demande des entreprises) et les dépenses publiques G (demande de l'État) L'équilibre entre les ressources et les emplois de l'économie s'écrit : D'autre part, le revenu national R est la contrepartie monétaire de l'offre globale Y, c'est-à-dire : Y= R (7), et les ressources monétaires R de l'économie sont affectées : soit à la consommation C des ménages, soit à l'épargne globale S, soit aux recettes publiques T Autrement dit : R=C+S+T (8). Les identités (6), (7) et (8) conduisent à formuler l'équilibre comptable sous la forme suivante : C+S+T=C+I+G, soit, après simplification par C dans les deux membres : L'équilibre comptable est donc réalisé lorsque la somme de l'épargne et des impôts est égale à la somme de l'investissement et des dépenses publiques, ce qui peut se traduire de façon équivalente par : Total des fuites = Total des injections. Y=C+I+G (6) S + T = I + G (9)
Économie ouverte Y + M = C + I + G + X (11) Il est également possible d'écrire la relation (9) : (S - I) = (G - T) (10). Sous cette forme, on constate que l'équilibre entre l'offre globale et la demande globale d'une économie fermée (avec État) s'obtient lorsque l'écart entre l'épargne et l'investissement (S - I) égalise le déficit (ou excédent) budgétaire (G - T) : La différence (S - I) peut s'interpréter comme la capacité (ou le besoin) de financement des agents privés Le solde budgétaire (T - 0) représente la capacité (ou le besoin) de financement des agents publics Ainsi, au plan du financement d'une économie fermée, l'égalité (10) signifie, par exemple, qu'un besoin de financement de l'État (déficit public, G > T ou G - T > 0) est satisfait par la capacité de financement des agents privés, ménages et entreprises (S > I ou S - I > 0). Bien entendu, un raisonnement symétrique s'appliquerait en cas de capacité de financement de l'État (G < T ou G - T < 0 => S < I ou S - I < 0) Économie ouverte L’économie nationale entretient maintenant des échanges commerciaux avec le Reste du monde. Cette ouverture au commerce international se matérialise par les importations M et les exportations X de l'économie considérée qui comprend donc les secteurs ménages, entreprises, État et Reste du monde Les importations, qui sont une composante de l'offre globale, donnent lieu à des paiements en monnaie (surtout en devises) de la part de l'économie nationale et constituent une fuite du circuit économique national Au contraire, les exportations, qui constituent la demande extérieure, se concrétisent par des versements du Reste du Monde à la Nation et représentent donc une injection de monnaie dans le circuit économique national L’égalité d'équilibre entre l'offre globale et la demande globale s'écrit donc : Y + M = C + I + G + X (11)
Total des fuites = Total des injections Le montant du revenu national R, identique au produit intérieur Y (relation (7)), se décompose en consommation finale C, épargne S et impôts T (relation (8). Le rapprochement des égalités (7), (8) et (11) conduit à la nouvelle condition d'équilibre comptable. En effet, on a : Y+M=C+I+G+X (11), Y=R (7), R=C+S+T (8). Il en résulte que: L'équilibre comptable est donc obtenu lorsque la somme de l'épargne, des impôts et des importations est égale à la somme entre l'investissement, les dépenses publiques et les exportations. Cette relation s'interprète également comme l'égalité entre la somme des fuites et la somme des injections. La condition (12) peut s'écrire également de la façon suivante : Les trois termes de la relation (13) s'interprètent comme suit: (S - I) = capacité (ou besoin) de financement du secteur privé (T - G) = capacité (ou besoin) de financement du secteur public = solde budgétaire; (X - M) = solde extérieur S+T+M=I+G+X (12) Total des fuites = Total des injections (S + T + M) = (I + G + X) (S - I) + (T - G) = (X - M) (13)
Ainsi, la somme des capacités (ou besoins) de financement des secteurs privé et public est égale au solde extérieur. Donc si l'économie nationale présente un excédent extérieur (solde (X-H) positif), cet excédent commercial est dû : soit à une capacité de financement du secteur privé (S - I > 0); (T - G) = capacité (ou besoin) de financement du secteur public = solde budgétaire; soit à un excédent budgétaire (T - G > 0) ; soit à toute combinaison de (S - I) et (T - G) pour laquelle la somme (S - I) + (T – G) est positive En résumé, l'équilibre comptable ex post, défini par les relations équivalentes (11), (12) et (13) est toujours réalisé mais le niveau élevé du chômage (plus de deux millions de chômeurs) que connaît actuellement la France montre que cet équilibre comptable ne suffit pas à assurer l'équilibre économique
L’équilibre macro-économique Équilibre comptable et équilibre économique L’équilibre du circuit économique, se traduit par une identité qui est nécessairement vraie ex-post; il s'exprime par une relation comptable qui permet de déterminer le niveau du revenu national (ou PIB) d'équilibre, noté Yex-post. Mais cette identité comptable est insuffisante pour répondre à la question de savoir si les niveaux d'équilibre atteints par les agrégats d'offre et de demande au bout d'une année, correspondent effectivement aux souhaits que l'ensemble des agents économiques avaient anticipés ex ante, c'est-à-dire avant qu'ils ne soient réalisés L'équilibre macroéconomique correspond à une situation dans laquelle les agrégats économiques réalisés ex post coïncident avec les agrégats économiques prévus ex ante. Par exemple, en économie fermée sans État, la condition d'équilibre comptable est que l'épargne des ménages soit égale à l'investissement des entreprises (S = I) ; il s'agit d'un équilibre ex post qui s'écrit Sex-post = Iex-post (14). Mais cet équilibre comptable (14) ne garantit pas l'existence d'une compatibilité des décisions des ménages et des entreprises en matière d'épargne et d'investissement Cette incompatibilité entre les projets des uns et des autres s'explique aisément par la présence d'une multitude d'agents avec des fonctions différentes et dont les choix individuels dans les échanges, ne sont pas concomitants L’équilibre macroéconomique serait identique à l'équilibre comptable si on avait Sex-ante = Iex-ante auquel cas on aurait Yex-ante = Yex-post : le niveau souhaité de la demande globale serait identique à celui de l'offre globale de production. S'il n'y a pas d'équilibre ex ante, l'équilibre du revenu national, ex post, s'obtient à travers des situations de déséquilibre économique exprimées par les fluctuations du revenu (analyse conjoncturelle et analyse de la croissance). Mais, le niveau du revenu ex post est différent de celui du revenu ex ante.
Principales analyses de l'équilibre économique Lorsque l'équilibre économique ex ante n'est pas réalisé, le problème qui se pose est celui de l'étude des mécanismes d'ajustement qui permettent à une économie nationale de retrouver l'équilibre en rendant cohérents entre eux, les projets ou plans des différents agents économiques L’analyse de ces déséquilibres ex ante et du retour à l'équilibre, ainsi que les variables d'ajustement à prendre en compte, dépendent des théories économiques qui, par les différentes hypothèses de comportement qu'elles attribuent aux agents, font jouer aux variables macroéconomiques, des rôles plus ou moins déterminants dans le bon déroulement de l'activité nationale. Très schématiquement, on peut dire : pour les économistes néo-classiques (libéraux, monétaristes, nouveaux classiques, ... ), les processus d'ajustement s'établissent spontanément par des mécanismes de marché et des mouvements de prix permettant ainsi d'atteindre l'équilibre économique; le niveau du revenu d'équilibre est fonction des capacités de production (travail et capital). Le rôle de l'État consiste simplement à garantir le bon fonctionnement des marchés pour les économistes keynésiens, il n'existe pas de retour spontané et automatique à une situation d'équilibre ; le niveau du revenu d'équilibre dépend du niveau de la demande globale. Aussi, par ses actions de politique économique à travers les variations de son budget, l'État doit intervenir pour ramener l'économie à un niveau d'équilibre.
Quoi qu'il en soit, le revenu national d'équilibre est atteint pour un certain volume de facteur travail et de facteur capital. Le plein emploi correspond à une utilisation totale des facteurs de production; dans le cas contraire, on assiste à un sous-emploi des facteurs. La question essentielle qui se pose est celle du lien entre l'équilibre économique et le niveau de l'emploi sur le marché du travail. Cette question souligne des divergences théoriques importantes entre les économistes : pour les néo-classiques, l'équilibre économique coïncide avec le plein emploi des facteurs de production, notamment le facteur travail. De plus, les prix et les revenus sont flexibles, à la hausse comme à la baisse pour les keynésiens, l'équilibre économique ne correspond pas nécessairement au plein emploi et par suite, peut être un équilibre de sous-emploi (avec chômage) ou un équilibre de suremploi (avec inflation). La théorie keynésienne standard suppose que les prix sont fixes en courte période. Bien que complémentaires et pouvant être appliquées alternativement ou non, les théories néo-classique et keynésienne ne sont pas construites sur le même corps d'hypothèses ; les analyses qui en résultent donnent lieu à des propositions de politique économique qui peuvent être sensiblement différentes. .