Antiseptiques et Désinfectants

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Transcription de la présentation:

Antiseptiques et Désinfectants Anne-céline Ballet Pharmacien hygiéniste EPSMR

Sources Merci à Cécile Mourlan Nosobase, SFHH..etc

Objectifs Connaître les antiseptiques et désinfectants et leurs propriétés afin d'en comprendre les règles d'usage en pratique hospitalière : Antisepsie de la peau et des muqueuses Désinfection des matériels et des surfaces

Désinfection Antisepsie selon l’AFNOR Opération au résultat momentané permettant de tuer ou d’éliminer les micro-organismes et/ou d’inactiver les virus indésirables sur des milieux inertes contaminés. Le résultat de cette opération est limité aux micro-organismes et/ou virus présents au moment de l'opération". Milieu inerte surfaces objets milieu (eau, air) Opération au résultat momentané permettant au niveau des tissus vivants dans la limite de leur tolérance, de tuer ou d’éliminer les micro-organismes et/ou d’inactiver les virus indésirables Le résultat de cette opération est limité aux micro-organismes et/ou virus présents au moment de l'opération". Milieu vivant peau muqueuses plaies cavités naturelles

Mais tout n’est pas si simple … Pour les produits destinés aux tissus vivants on fait la distinction Produits appliqués sur la peau saine : on peut parler de désinfection friction désinfectante au SHA, lavage désinfectant ou antiseptique statut de médicament ou de désinfectant Produits appliqués sur la peau lésée ou les muqueuses : statut médicament obligatoire = véritables antiseptiques

Propriétés désinfectants antiseptiques Spectre d’Activité: Bactéricide, fongicide, virucide et sporicide Rémanence: Effet antimicrobien persistant (en l’absence de rinçage!) Efficacité: Décroissance microbienne en log Rapidité

Qualités requises

Lois de la désinfection/ antisepsie La durée d’action : nécessité d’un temps de contact minimum entre le produit et les microorganismes pour obtenir une efficacité [Les spores sont plus résistantes que les bactéries végétatives] La « bonne » concentration : trop concentré : coagulation des matières protéiques en surface produit inactif en profondeur + irritant, corrosif et inutilement coûteux trop dilué : inefficace

Lois de la désinfection/ antisepsie Les inhibiteurs : Matière organiques : d’où l’importance de la phase de nettoyage détersion Dureté de l’eau Savons anioniques / chlorhexidine Le PH certains produits sont plus actifs en milieu acide : d ’autres en milieu alcalin La température : action souvent plus rapide si T° plus élevée

Règles générales d’usage Ne pas mélanger les produits « on ne désinfecte bien que ce qui est propre » Première étape nettoyage avec un détergent ou détergent désinfectant Deuxième étape, rinçage, évite les incompatibilités Troisième étape, désinfection ou antisepsie

A - Les antiseptiques Principales familles Les 10 commandements I- Les antiseptiques majeurs II- Les antiseptiques mineurs III- les produits considérés à tort comme antiseptiques Les 10 commandements Les temps de l’antisepsie

I- Antiseptiques majeurs 1.Chlorhexidine alcoolique 0.5% 2.Povidone iodée [bétadine] 3.Dakin stabilisé 4.Alcool à 70° 5.Biseptine

1) La Chlorhexidine indications En solution moussante 4% : [Hibiscrub®] Lavage antiseptique et chirurgical des mains, Nettoyage et traitement des affections de la peau En solution alcoolique à 0.5% (+/-colorant): [Hibitane], [chlorhexidine alcoolique Gilbert] 0.5g chlorhéxidine + 71ml alcool ethylique dans 100ml Préparation du champ opératoire Prélèvements et injections Eviter les solutions à diluer à 5% Hibitane ® (risque de contamination eau, flacons..) En solution aqueuse à 0.05% ou 0.2% = antiseptique MINEUR Antisepsie des plaies superficielles ; très peu de place en milieu hospitalier Présentation en dosette à 0.05% pas de conservation Autres : bains de bouche, collutoires, collyres

La Chlorhexidine : précautions et contre-indications pas de contact avec les muqueuses, pas d’utilisation dans les cavités internes, pas de contact avec le cerveau, les méninges ni le conduit auditif en cas de perforation tympanique Risques d’effets systémiques si applications étendues ou pansements occlusifs Rares cas d’eczéma allergique

2) La Povidone iodée (Bétadine) : indications En solution moussante à 4% : [Bétadine scrub] Lavage antiseptique et chirurgical des mains Nettoyage et traitement d’appoint des affections de la peau Lavage antiseptique pré-opératoire En solution dermique à 10% [« bétadine jaune »] Antisepsie des plaies et du champ opératoire ; possible sur les muqueuses En solution alcoolique à 5% [bétadine orange]: permet une potentialisation de l’efficacité et une réduction de la durée de séchage (30 s pour un KT; attention au risque de brûlure au bloc avec les bistouris électriques) Pas sur les muqueuses en raison de l’alcool Autres présentations : Solution (10%) [bétadine turquoise] et comprimés gynécologiques Solution pour bain de bouche (10%) [betadine verte] Solution pour irrigation oculaire (5%)

Povidone iodée : précautions et contre-indications Précautions d’emploi Rincer chez l’enfant de 1 à 30 mois Contre Indication Nouveau né 0 à 1 mois Prudence si enfant de 1 à 30 mois, grossesse, allaitement, brûlés (>10%) Attention aux idées reçues : Pas d’allergie croisée avec pdts de contraste iodé, fruits de mer Seule allergie vraie à la polyvidone et pas à l’iode (exceptionnelle)

3) Hypochlorite de sodium (Dakin, amukine) Dakin stabilisé (0.5% 5g de chlore actif /l) Indications (AMM) : antisepsie peau, des muqueuses et des plaies. En pratique préconisé en cas d’ AES Amukine® : 0.06% (0.6g/l de chlore actif) Indications : antisepsie de la peau, des muqueuses et des plaies En ophtalmologie si allergie à la povidone iodée pour la préparation du champ opératoire (hors AMM) . Ces dérivés chlorés sont utilisables chez le prématuré si l’application est suivie d’un rinçage à l’eau stérile après temps d’application de 30 s Utilisation possible sur nouveau né à terme sans rinçage

4) Alcool à 70° ETHANOL : Meilleure activité de l’alcool légèrement dilué 60-70°, l’hydratation facilite la pénétration dans les cellules bactériennes Ethanol à 95° Action rapide Indications : antisepsie de la peau saine avant prélèvement ou injection (délai d’action = 30 secondes)

4) Alcools éthylique modifié à 70° contre-indications : Alcool modifié contient du camphre + tartrazine, allergisant, contre indiqué avant 30 mois Alcool modifié contre-indiqué en pansement occlusif (à cause du camphre) Prudence chez l’enfant et des surfaces étendues Pas sur les seins de la femme qui allaite Pas sur les plaies et les muqueuses

5) Cas particulier [biseptine fl 40 / 500 ml et spray 100ml ] Composition Chlorure de benzalkonium (ammonium quaternaire biocide) Gluconate de chorhexidine 0.25g/100ml Alcool benzylique 4ml/100ml [par rapport à la chlorhexidine alcoolique 0.5% : moins d’alcool et moins de chlorhexidine] Indication : Champ opératoire ; préparation de la peau saine : 2 applications successives correspondant respectivement à la phase de détersion et d’antispesie Désinfection des plaies traumatiques et chirurgicales Contre indication : muqueuse, œil, méninges, conduit auditif

Les antiseptiques majeurs utilisables chez le NN et l’enfant…

II- Les antiseptiques mineurs à oublier.. Cetavlon, Sterlane, Solubacter, Septivon, Hexomédine, Cyteal, dermobacter Mercryl : gluconate de chlorhexidine 0.02 % + chlorure de benzalkonium (mercure supprimé) Dermachrome : [thiomersal lidocaine] Pharmadose mercuresceine : avec des dérives de mercure à éviter Certaines préparations : eau de Dalibour, eau boriquée

III- Produits considérés à tort comme des antiseptiques Eau oxygénée : action hémostatique et détergente (moussant). Eosine, solution de millan et violet de gentiane : action desséchante Risque de contamination des flacons multidoses Ether : dégraissant mais non antiseptique

Les 10 commandements de l’utilisation des antiseptiques 1) Utilisation sur des tissus vivants : interdits sur le matériel (sauf connexion tubulures, désinfection flacons de perfusion..) 2) Utilisation sur des tissus propres 3) Respecter les dates de péremption, indiquer les dates d’ouverture et conserver selon les recommandations à l’abri de la lumière et de la chaleur 4) Attention aux contaminations : Ne pas toucher l’ouverture du flacon avec les doigts ou objets souillés, reconditionnement, mettre les bouchons 5) Respecter les contre-indications

Les 10 commandements de l’utilisation des antiseptiques 6) Respecter le mode d’emploi concentration et temps de contact 7) Repérer les incompatibilités : Dakin ou chlorhexidine avec le savon d’où l’importance du rinçage 8) Ne jamais mélanger ou employer successivement 2 antiseptiques ; utiliser le même couple savon/ antiseptique 9) Surveiller la tolérance locale 10) Individualiser les antiseptiques utilisés chez les patients nécessitant des précautions complémentaires en hygiène (unidoses +++)

Les temps de l’antisepsie : Antisepsie en 2 temps Antisepsie en 5 temps

Antisepsie en 2 temps Indication : Uniquement sur peau saine et visiblement propre : Injections IM,IV, SC, Prise de sang pas de DM laissé en place Mode opératoire: 1 ou 2 applications de l’antiseptique choisi Séchage : Respecter le temps d’action >= 30 secondes (30s si produit alcoolique sinon 1 minute) Antiseptique : Alcool à 70% Ou Bétadine dermique ou alcoolique Ou Dakin Ou Biseptine Ou chlorhexidine alcoolique 0.5% Eviter antiseptiques avec de l’alcool pour les alcoolémies

Antisepsie en 5 temps Indication : Ponction ou prélèvement de liquides stériles Pose de cathéter périphérique ou centraux Champ opératoire Sondage à demeure Antiseptique : PVP iodé scrubb/PVP iodée dermique 10% ou PVP iodé alcoolique (Bétadine) Chlohexidine scrubb(Hibiscrub )/chlorhexidine aqueuse (Hibidil)(ECBU) ou alcoolique(Hibitane champ) Savon doux/Dakin Cooper stabilisé

Antisepsie en 5 temps (suite) Mode opératoire: 1-Détersion : savon doux ou antiseptique 2-Rinçage : à l’eau stérile, serum physiologique stérile 3-Séchage: tamponnement avec compresse stérile important pour ne pas diluer d’antiseptique 4-Application de l’antiseptique : KT court, hémoculture : 1 application d’antiseptique Champ opératoire, ponction articulaire : 2 applications 5-Séchage Remarque : Biseptine 4 temps : détersion avec biseptine /séchage/ antisepsie avec biseptine/séchage

Antisepsie en 5 temps (suite) Dans tous les cas Aller du plus propre vers le plus sale Ne pas repasser 2 fois au même endroit avec la compresse Savon antiseptique et antiseptique de la même famille Rinçage à l’eau stérile et séchage avec des compresses stériles avant tout geste invasif

Quelques cas particuliers Les escarres : pas d’antiseptiques Peau lésée toujours des antiseptiques aqueux propre (suture) : antisepsie pas tjrs nécessaire Plaie souillée : antisepsie en 5 temps Muqueuses : toujours des antiseptiques aqueux

C- Les désinfectants Mais malheureusement …cette liste de 2009 ne sera plus mise à jour Principales familles 1 Eau de javel 2 Acide péracétique Pour mémoire, aldéhydes [formaldéhyde et glutaraldéhyde]

Eau de Javel concentrée à 9.6% Péremption 3 mois après fabrication Péremption 1 an après fabrication Péremption 1 mois si obtenu par dilution (1 berlingot dans 1 litre) après fabrication

Eau de javel : utilisation Excellent désinfectant si respect mode d’utilisation Nettoyage préalable indispensable Temps de contact 15 à 30 mn S’assurer que la solution n’est pas périmée [berlingots moins stables] Dilution à l’eau froide du réseau Flacons identifiés (jamais dans des bouteilles d’eau) Pas de mélange à d’autres produits Conservation à l ’abri de la lumière Risque de corrosion accru pour certains matériaux au contact de l'eau de Javel (inox)

Dilutions « pratiques » à partir d’Eau de Javel à 2,6% exemples d’utilisation et principales correspondances

Eau de javel : protocole Clostridium difficile Nettoyage avec un produit détergent Rinçage à l’eau Désinfection des sols et surfaces avec une solution d’eau de Javel à 2,6% diluée au 1/5ème Laisser sécher pour obtenir un temps d’action de 10 mn Rincer obligatoirement les surfaces en inox après javellisation

2- L’acide peracétique (anioxyde 1000) Désinfectant utilisé pour le traitement de certains matériels réutilisables (endoscopes non autoclavables) A remplacé le glutaraldéhyde en raison de son activité partielle sur les prions Délai d’action rapide même à faible concentration Moindre toxicité Sporicide à basse température.

D-Détergents-désinfectants Nombreuses solutions en milieu hospitalier : Prétraitement du matériel avant stérilisation désinfection des surfaces et des sols détergent désinfectant compatible contact alimentaire Composition et concentration très variables : Gain de temps mais moindre efficacité détergente et encrassement des surfaces à la longue (alternance détergent et détergent désinfectant)

En conclusion Pas toujours facile de s’y retrouver !

Conclusion Mieux vaut disposer de moins de produits mais dont les règles d’utilisation sont connues Mettre à disposition des fiches de recommandations rappelant les règles d’utilisation, de dilution (le cas échéant), de conservation après ouverture..

En pratique.. Mon activité (EHPAD, bloc, neonat ?...) Mes gestes (KT périph ?, champ opératoire, sondage, soins de cordons ..) Les antiseptiques que je peux utiliser