Objectivité Réunion préparée avec Isabelle Chatenay, Jacqueline Salenson et Michel Rumeau. 1. Étymologie / Définitions 2. Notions / Concepts : Subjectivité.

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Transcription de la présentation:

Objectivité Réunion préparée avec Isabelle Chatenay, Jacqueline Salenson et Michel Rumeau. 1. Étymologie / Définitions 2. Notions / Concepts : Subjectivité /objectivité par Carole Prompsy, prof de philo à Amiens 3. Questions / Discussion (1/4 h environ par question) 4. En guise de conclusion Opinions sur la conférence d’André Comte-Sponville Rappel des règles de prise de parole pour le débat

Étymologie et définitions Objectif est un adjectif apparu au XIV e siècle est issu du latin objectivus, de objectum (objet) Objectivité au sens d’impartialité date de 1803. Définitions : Petit Robert : Qualité de ce qui existe indépendamment de l’esprit b. Qualité de ce qui donne une représentation fidèle d’un objet c. Qualité de ce qui est exempt de partialité, de préjugé Dictionnaire de philosophie Godin (extrait) : a. Caractère de ce qui existe indépendamment de la représentation b. Qualifie la représentation adéquate à la réalité telle qu’elle est (objectivité de la science) c. Pour le jugement, objectivité est synonyme d’impartialité d. Par voie de conséquence, caractère de ce qui constitue un objet de pensée universel.

Subjectivité/objectivité; les repères Carole Prompsy professeur de philosophie à Amiens Combien y a-t-il de sujets ? Pourquoi peut-on dire qu'ils se caractérisent par un dédoublement ? Où situer leur être objectif ? Et leur être subjectif ? Où situer "l'œil" de la conscience ? Où sont-ils réduits à leur être objectif ?  Une conscience vide est-elle encore une conscience  ? Un sujet peut-il se représenter la subjectivité d'autrui ? Et la sienne ? Pourquoi ne peut-on connaître un sujet, mais seulement le reconnaître ?

QUESTIONS Sans vérité ni raison, l’objectivité aurait-elle un sens ? Objectivité, lucidité : similitudes et différences ? Objectivité, impartialité : similitudes et différences ? Peut-on être absolument objectif ?

Sans vérité ni raison, l’objectivité aurait-elle un sens ? Animation Jacqueline Salenson Qu’est-ce que le vrai ? Qu’est-ce que la vérité ? Qu’est-ce que la raison ? Quels rapports entretient l’objectivité avec la vérité et la raison ?

1. Sans vérité ni raison, l’objectivité aurait-elle un sens ? La vérité est norme d’elle-même et du faux dit Spinoza. Sans cette normativité immanente, il n’y aurait aucun moyen de se tromper, ni de se tromper pas, aucun moyen de mentir ni de ne pas mentir. La vérité est donc une abstraction. « La vérité n’existe pas, il n’y a que des faits et des énoncés vrais » dit CS. Mais cette abstraction nous permet seule de penser. Sans elle en effet, tous les discours se vaudraient et donc ne vaudraient rien. Ce serait la fin de la raison et de la déraison. « Une vérité est l’objet au moins possible d’une connaissance; une valeur, l’objet au moins possible d’un désir. » dit CS Raison « C’est le rapport vrai au vrai, ou du vrai à lui-même » dit CS. La raison est un outil , un moyen pour chercher la vérité. Mais qu’est-ce que le vrai ? Nous n’y avons guère accès, sinon par la mise en évidence du faux. « Un raisonnement mathématique, dans sa perfection, en donne à peu près l’idée, qui est d’être une liberté sans sujet : une liberté sans libre arbitre » dit CS La raison est impersonnelle, non subjective donc universelle et objective Sans vérité aucune connaissance ne serait possible. Sans raison nous ne pourrions accéder à la moindre connaissance vraie (c’est la raison pratique selon Kant; celle qui connaît ou qui permet de connaître le vrai). C’est pourquoi l’on peut penser que sans vérité ni raison, l’objectivité (aptitude d’un sujet à connaître le vrai), n’aurait aucun sens; aucune raison pratique d’être.

Objectivité, lucidité : similitudes et différences ? Animation Michel Rumeau L’objectivité suffit-elle pour être lucide ? Quelles sont les prémices de la lucidité ? Qu’est-ce qui crédibilise et/ou garantit la lucidité ?

2. Objectivité, lucidité : similitudes et différences ? Etre lucide, c’est voir ce qui est comme cela est, plutôt que comme on voudrait que cela soit. « C’est l’amour de la vérité, même quand elle n’est pas aimable. » dit CS En avril 2007, nous avons pensé que la lucidité était un mélange imbriqué d’intuition (faculté de deviner, de pressentir) et de raison (ensemble des principes, des manières de penser permettant de bien juger). L’intuition pressent. La raison contrôle le pressentiment. La lucidité est un mélange complexe d’intuition (subjective par définition) et de raison (objective par définition). Une dialectique ? Objectivité La définition de l’objectivité est pratiquement identique à celle de la lucidité : c’est voir ou plutôt connaître les choses comme elle sont. Ce qui tendrait à différencier lucidité et objectivité c’est l’intuition. Parce qu’elle s’en méfie, la raison contrôle l’intuition. L’objectivité tend à dissoudre autant que faire se peut la subjectivité, le sujet (son ego) pour accéder au vrai. L’objectivité, c’est la raison en marche. C’est la volonté qui s’efforce d’éliminer le plus possible la part de subjectivité et d’illusion de l’intuition première de ce qui apparaît vrai. On peut penser qu’il n’y a pas de lucidité possible sans objectivité. L’objectivité serait une condition nécessaire à la lucidité. Mais on peut également penser que l’objectivité n’est pas une condition suffisante pour accéder au vrai, dès lors qu’il y aurait aussi une part d’intuition dans la lucidité. Sensation, bras séculier de l’intuition, mais : pressentiment du vrai ou simple illusion ? Objectivité, bras séculier de la raison : élimination de l’illusion pour ne garder que le vrai ?

Objectivité, impartialité : similitudes et différences ? L’impartialité et l’objectivité ont-elles les mêmes domaines d’application ?

3. Objectivité, impartialité : similitudes et différences ? Etymologiquement, partial vient du latin médiéval partialis : de pars, part, partie. Partial qualifie un jugement qui avantage inconsidérément un parti aux dépends des autres (dico philo Godin). Est impartial un jugement qui, se plaçant au dessus des partis, est sans parti pris. C’est la vérité qui compte dans l’impartialité et non les intérêts de tel ou tel parti. L’impartialité comme l’objectivité s’efforcent d’éliminer la part subjective dans ce qu’elle peut avoir de faux et/ou de parti pris au niveau de la perception que nous avons de la réalité. Impartialité / Différences On parle d’impartialité dans le domaine des jugements de valeur; quand il s’agit de juger des actes commis par des hommes agissant dans un espace normé par des valeurs légales ou morales (ordres juridico-politique et de la morale selon la terminologie de CS) La notion d’impartialité est connexe aux notions de justice et d’égalité. Sans impartialité, pas de justice et pas d’égalité possibles. En revanche, pour tout ce qui se rapporte aux faits, aux effets, aux causes, aux phénomènes, quand il s’agit de l’ordre de l’économie, des sciences et des technologies selon la terminologie de CS, on parlera plutôt d’objectivité. L’impartialité s’applique plutôt à ce qui relève des ordres juridico-politique ou de la morale (aux domaines régis par des valeurs légales ou morales) Tandis que l’objectivité s’applique à l’ordre de l’économie, des sciences et des technologies. Objectivité et impartialité ont la même finalité : dans les deux cas, c’est la vérité qu’on cherche, c’est la subjectivité qu’on combat dans ce qu’elle a de particulier et de partial. On parlera d’objectivité dans les domaines non régis par des valeurs (les sciences par ex). Mais on parlera plutôt d’impartialité dans les autres domaines, ceux régis par des valeurs.

Peut-on être absolument objectif ? Qu’est-ce que suppose l’objectivité absolue ? Peut-on juger indépendamment de soi ? Quels peuvent être les obstacles à l’objectivité ?

4. Peut-on être absolument objectif ? De l’objectivité et de la subjectivité Est objectif tout ce qui doit davantage à l’objet qu’au sujet. L’objectivité absolue ne tiendrait par conséquent qu’à l’objet, indépendamment du sujet. C’est pourquoi nul ne peut atteindre absolument la vérité et qu’on ne peut qu’y tendre. « Seule la vérité, qui ne juge pas, est objective » dit CS Ce qui revient à dire que nul ne peut tendre à la vérité qu’en s’efforçant d’être objectif à partir de ses jugements qui par essence sont subjectifs. Si aimer la vérité (la rechercher) dépend de nous, la vérité elle-même n’en dépend pas. Etre objectif consiste donc à faire le plus possible abstraction de sa subjectivité, « au moins, dit CS, dans ce qu’elle a de particulier ou de partial » De la mauvaise foi et des passions en tant qu’obstacles à l’objectivité La bonne foi, c’est aimer ce qu’on croit vrai, ou s’y soumettre. « C’est en quoi la bonne foi se distingue de la foi (qui croit vrai ce qu’elle aime) » dit CS. C’est pourquoi il est athée ! La mauvaise foi, consiste à mentir ou se mentir (donc consciemment) parce que ça nous arrange : autrement dit, à préférer ses propres intérêts à la vérité. Il est évident qu’on n’est pas objectif lorsqu’on est de mauvaise foi. Les passions, de façon non consciente, nous emprisonnent dans notre subjectivité. On est toujours plus ou moins l’esclave de ses passions. L’objectivité suppose un recul impartial du sujet vis-à-vis de l’objet, ce qui est incompatible avec les passions qui mettent le sujet lui-même en situation d’objet. La mauvaise foi et les passions ne sont-elles pas des obstacles évidents à l’objectivité ? L’objectivité absolue implique une distanciation telle du sujet par rapport à l’objet qu’elle suppose la vacuité de l’ego du sujet ! C’est pourquoi, en pratique, de même qu’on n’est jamais absolument objectif, on ne peut jamais que tendre à la vérité. Même si toutes nos vérités, restent anthropocentrées, l’objectivité paraît l’ultime moyen pour tendre à la vérité, à la justice et à l’égalité. C’est pourquoi, si l’on veut s’approcher de la vérité, il paraît au minimum nécessaire de s’efforcer d’être de bonne foi, sans passion, et sans parti pris.

Objectivité Un postulat métaphysique : La vérité existe. En guise de conclusion Objectivité Un postulat métaphysique : La vérité existe. Un désir : L’amour de la vérité. Un moyen : la raison dans sa dimension universelle. Un obstacle : la subjectivité (le cher moi, l’ego) qui tend à prendre ses désirs pour des réalités. Une morale métaphysique : être objectif, c’est tendre à dissoudre le moi. « Que l’objectivité ne soit jamais absolue, ce qui est bien clair (puisqu’il n’y a de connaissances que pour un sujet), n’autorise pas à dire qu’elle soit impossible; car alors les sciences et la justice le seraient aussi. » André Comte-Sponville extrait de Objectivité /Dictionnaire philosophique.

Toutes les informations et documents sont disponibles sur : Prochaines réunions. mardi 13 mai : Plaisir et choix des sujets du 1er trimestre de la saison 2008-2009 mardi 10 juin : Egalité et tentative de synthèse de la saison 2007-2008. Toutes les informations et documents sont disponibles sur : http://www.cafe-philo.eu/