L’historien et les mémoires de la guerre d’Algérie Thème 1 Le rapport des sociétés à leur passé
Un sujet qui reste d’actualité avec le cinquantenaire de la fin du conflit
Son inscription dans le BO n°8 du 13 octobre 2011 Cette question est à étudier dans le cadre de la question 1 Les mémoires : lecture historique (4-5h) Cette mise en œuvre vient conclure le thème 1 Le rapport des sociétés à leur passé (9-10h)
Sa place dans l’examen final « L’étude prévue pour la mise en œuvre de cette question peut faire l’objet d’une composition ou d’une étude critique d’un ou deux document(s) pour l’épreuve du baccalauréat. » Ressources pour la classe de Terminale - Eduscol
Objectifs généraux de cette mise en œuvre Montrer comment se construisent des mémoires autour d’un événement important au sein d’une société. Faire ressortir la diversité de celle-ci en évoquant les conflits qu’elle peut engendrer. Expliquer comment les historiens font de ces mémoires, des objets d’étude historique.
Comment aborder cette étude ? Introduction du sujet avec des rappels sur la guerre d’Algérie, thème étudié en classe de Première Définir le concept de mémoires avec les élèves (remue-méninge puis mise en commun : Evénements vécus par des individus ou des groupes de personnes et dont la transmission des souvenirs et des représentations a une charge émotionnelle. Présentation de la problématique Quelles mémoires sont nées autour de la guerre d’Algérie ? Comment s’organise le travail des historiens dans un contexte d’opposition mémorielle ? Entrée possible : Etude de cas – travailler sur les représentations construites autour d’un événement majeur de la guerre d’Algérie
Progression possible I- La manifestation du 17 octobre 1961, entre lecture historique et enjeux de mémoire Etude de cas – voir fichiers en pièce-jointe II- Une guerre, source de conflits mémoriels A- Les différents groupes porteur de mémoire et leurs revendications B- Les Etats concernés tentent de construire une mémoire officielle III- Les historiens face à ces tensions A- Les difficultés rencontrées par les historiens B- L’Histoire, un facteur de réconciliation entre la France et l’Algérie ?
L’étude de cas Un événement : le 17 octobre 1961 Démarche : Diviser la classe en 3 groupes : 1er : Travail sur la mémoire des Algériens née de cette manifestation réprimée 2e : La réaction des autorités françaises 3e : Le travail de l’historien et ses difficultés à accéder à la vérité
Contextualisation Correction du travail de groupe Mise en commun en complétant ensemble le tableau mis dans la diapositive qui suit pour montrer l’existence d’une concurrence mémorielle Finir avec un document de B. Stora sur le difficile cheminement des mémoires vers l’histoire Impact en France et notamment sur l’opinion publique (sondage Paris Match/France 3 en 1990) Echange sur le rôle de l’historien et la construction des mémoires (officielles, de groupes)
Les principaux groupes porteurs de mémoire de la guerre d’Algérie Groupe porteur de mémoire Traces du passé Revendications du groupe Pieds-noirs > 1 million de personnes dont les descendants - Traumatisme du rapatriement en 1962 - Sentiment d’abandon par De Gaulle Reconnaissance officielle de leur drame compensation financières face à la perte de leur patrimoine en Algérie Anciens combattants français 1,5 millions de personnes Conflit éprouvant sur une terre inconnue conflit incompris en métropole Reconnaissance d’une vraie guerre (1999) Compensation financière (pensions) Harkis 400 000 personnes dont les descendants Sentiment d’abandon et de trahison par la France Exclusion sociale et géographique en France Reconnaissance de leur drame Compensation financière - pouvoir retourner e n Algérie Descendants de l’immigration algérienne en France > 2 millions de personnes Persistance d’un regard ostracisant issu du racisme colonial ne facilitant pas leur épanouissement personnel Affirmation de leur identité d’origine en France Etre traité comme des citoyens français à part entière
Un document pour conclure sur le lien entre mémoire et travail d’historien Après 1962, dans le pays, la volonté d’oublier domine. La France, qui a vécu la guerre de 1939, puis celle commencée en Indochine en 1946 poursuivie par celle d’Algérie, veut tirer un trait sur le conflit, consommer, entrer dans la modernité (…). La guerre d’Algérie disparaît (…) dans la foulée de la révolte des étudiants de 1968, le sujet revient d’abord sur les écrans. Les films de dénonciation de la « guerre coloniale » se succèdent, et remportent un certain succès auprès d’une jeunesse très engagée à gauche, marquée par le tiers-mondisme. (…) Dans les années 1980 se produit un durcissement des mémoires. Les enfants de l’immigration algérienne en France (…) qui manifestent pour l’égalité des droits et contre le racisme en 1983-84 mettent en accusation le passé colonial de la France. Ils soulèvent la question de l’événement du 17 octobre 1961. (…) Parallèlement, les travaux universitaires progressent. La revue L’Histoire en 1983 publie un article de Guy Pervillé qui tente d’établir, pour la première fois, en dehors des discours idéologiques, le bilan des victimes. Il avance le chiffre de 300 000 à 400 000 victimes algériennes. Le premier colloque universitaire consacré à la guerre d’Algérie se déroule à Paris en 1988, sous la direction de Jean-Pierre Rioux. Lentement, très lentement, s’opère le passage de la mémoire à l’histoire. Benjamin Stora, La fin de l’amnésie, L’Histoire, novembre 2004
Histoire des arts Une série de films existent avec des approches assez différentes : Des œuvres de conviction qui constituent des témoignages mais aussi favorisent des mémoires critiques La Bataille d’Alger de Pontecorvo en 66 R.A.S. de Boisset en 73 La question de Heynemann, 77 Œuvre prenant une plus grande distance avec ces tensions mémorielles : Ennemi intime de Emilio Siri, 2007 Œuvres algériennes Le vent des Aurès, Lakhdar-Hamina, 66 Chronique des années de braise, Lakhdar-Hamina, 75 Travail sur des extraits pour croiser les regards et dégager les enjeux mémoriels qui accompagnement ces œuvres Un support qui favorise la libération de la parole et le questionnement pour dépasser les difficultés que rencontrent les historiens
Bibliographie recommandée Stora Benjamin, La gangrène et l’oubli, La Découverte poche, 2005 Harbi Mohammed , Stora Benjamin , La guerre d'Algérie, 1954-2004 La fin de l'amnésie, Robert Laffont, 2004 Hureau Joëlle, La mémoire des Pieds-Noirs, Coll. Tempus, PERRIN, 2010. Pervillé Guy, Pour une histoire de la guerre d’Algérie, Picard, 2002. (Voir notamment le chapitre 6, « De la mémoire à l’histoire ».) Une succession d’articles de Benjamin Stora, de 1992 à 2011, sur le site de l’université Paris 13. http://www.univ-paris13.fr/benjaminstora/articlesrecents/153-guerre-dalgerie-le-douloureux-heritage-in-la-nouvelle-republique-novembre-2005- http://www.univ-paris13.fr/benjaminstora/articlesrecents/89-je-sens-le-developpement-dune-forme-de-communautarisme-memoriel-in-lhumanite-le-26-juillet-2006 http://www.univ-paris13.fr/benjaminstora/images/stories/PDF/france-algerie_la_guerre_des_memoires-_lhistoire-sep_2010-A.pdf Parmi les articles de Guy Pervillé : http://guy.perville.free.fr/spip/article.php3?id_article=17