11ème Forum International de l’AWID sur « Le pouvoir des mouvements sociaux » 14 – 17 novembre 2008, Cape Town, Afrique du Sud Session du ROFAF sur: « Stratégies.

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Transcription de la présentation:

11ème Forum International de l’AWID sur « Le pouvoir des mouvements sociaux » 14 – 17 novembre 2008, Cape Town, Afrique du Sud Session du ROFAF sur: « Stratégies de mobilisation de ressources : L’expérience des ONG féminines d’Afrique francophone »

Présentatrices: Massan d’ALMEIDA, Présidente ROFAF, Présidente Association des Femmes africaines pour la Recherche et le Développement – Togo) Adakouvi Léontine AYAYI, Secrétaire Générale ROFAF, Présidente Marche Mondiale des Femmes du Togo Akolé PRINCE-AGBODJAN, Trésorière Générale ROFAF, Secrétaire-Générale FID (Femme, Initiatives, Développement) Olga Casimilia DAGUIA, Présidente ONG AMEM (Aide à la Mère et à l’Enfance Malheureuse), membre du ROFAF

Présentation de la session But Favoriser des discussions franches et des échanges d’idées et d’expériences entre des responsables d’organisations féminines plus expérimentées et celles moins expérimentées sur la question de la mobilisation des ressources pour le travail des droits des femmes.

Brève description Nous comptons à travers cette session amener les leaders de groupes de femmes à échanger avec leurs consœurs les stratégies réussies en matière de mobilisation de ressources dont elles ont fait l’expérience, les erreurs à éviter et les mesures pratiques à prendre pour une gestion transparente des fonds mobilisés en vue de renforcer la confiance des donateurs dans le bien-fondé de la cause des femmes que nous défendons et dans notre sérieux à continuer d’être des organisations sans but lucratif.

Déroulement de la session La session comprendra deux phases : 1ère séance: Présentation formelle sur la Mobilisation de Ressources Les défis du travail des droits des femmes Comment est le financement des droits des femmes aujourd’hui ? Quelles sont les mesures pratiques pour améliorer la situation ? L’expérience du ROFAF en matière de mobilisation de fonds 2ème séance: Echanges fructueux avec le public Réactions des participant-e-s Réponses des présentatrices Conclusions/ Identifications des pistes d’actions concrètes à mener

1ère Séance PRESENTATION FORMELLE SUR LA MOBILISATION DE RESSOURCES

Introduction Dans le monde associatif et des ONG nous parlons beaucoup des droits des femmes et nous célébrons des journées mondiales et nationales de la femme. Beaucoup de mouvements de femmes travaillent aujourd’hui sur les droits des femmes et l’égalité ; mais en fait de quoi s’agit-il exactement ? Au-delà des militantismes apparemment tapageurs, c’est en fait de l’égalité de jouissance par les femmes de leurs droits humains fondamentaux qu’il s’agit : afin que les hommes et les femmes accèdent aux mêmes chances dans la vie. Ainsi défini et compris sous cet angle, nous comptons couper court à toute polémique allant dans le sens d’un dualisme homme /femme.

Il est donc tout à fait normal que les femmes et les hommes, travaillent à restaurer un équilibre homme/femme qui ne peut qu’être salutaire pour tous. C’est ici le lieu de rendre un hommage mérité aux hommes que nous retrouvons dans nos rangs et qui ont compris cela. Le travail des droits des femmes comme tout travail, n’est pas sans difficulté, les défis à relever sont de taille, particulièrement la mobilisation des ressources pour la mise en œuvre des projets. Les ressources humaines sont souvent là avec leur bonne volonté à agir (volontairement ou bénévolement si les circonstances l’exigent), mais le nœud du problème se trouve souvent au niveau des ressources financières pour le travail des droits des femmes.

I/ LES DEFIS DU TRAVAIL DES DROITS DES FEMMES Comment le problème se pose-t-il sur le terrain et pourquoi l’argent pour le travail des droits des femmes fait-il défaut ? Premier défi : Répondre aux besoins réels des femmes Les organisations des droits des femmes et de l’égalité des sexes en Afrique francophone éprouvent beaucoup de difficultés pour trouver du financement pour leurs activités parce qu’il n’y a pas de concordance d’avis entre les donateurs et plusieurs ONG de femmes sur ce que sont les besoins réels des femmes :

Il arrive que les leaders des mouvements de femmes, dans leur souci d’avant-gardistes, se font une idée des besoins des femmes ; la majorité des femmes de la base n’appréhende pas le problème de cette manière (persistance de l’analphabétisme, la faiblesse de participation aux discussions et aux prises de décision….) Les partenaires économiques ont leur propre manière d’appréhender les problèmes que vivent les groupes de base Dans tout cela, la grande muette, que sont les populations féminines, a du mal à se positionner et ne sait pas la plupart du temps qu’elle a des droits qu’elle peut réclamer. Elle abandonne son droit de s’exprimer, de décider et d’agir à tous ceux qui pensent à sa place. Le décalage entre les points de vue sur la question génère des hésitations et des lenteurs dans les prises de décisions et donc dans le financement des actions à mener.

Deuxième défi : S’inscrire dans les Politiques Nationales C’est quoi une Politique Nationale ? Est-ce que toutes les composantes des groupes sociaux – spécialement les groupes vulnérables, marginalisés, fragilisés, etc. - qui composent la Nation, sont prises en compte dans cette « Politique Nationale » ? Pour être clair, c’est quoi les droits des femmes dans une culture africaine, moderne ou hybride qui se cherche ?

Troisième défi : Faire preuve de professionnalisme Là se trouve le nœud des difficultés de financement de nos projets. Comment concevoir nos projets ? Plusieurs cerveaux connectés ensemble valent mieux qu’un seul cerveau qui tourne sur lui-même. Dans le monde d’aujourd’hui, personne ne peut se suffire à elle-même : les échanges avec les collègues ou techniciennes de diverses compétences ne peuvent qu’enrichir la réflexion. Le travail d’équipe est très indiqué quels que soient les risques de « tricheries ».

Comment élaborer le document-projet ? Cette technique ne s’improvise pas, elle s’apprend, pour éviter les surprises désagréables lors de la mise en œuvre : il faut savoir faire la distinction entre une stratégie et un objectif, entre un indicateur d’atteinte des objectifs et un indicateur de réalisation d’une activité : cela parait banal pour les initiés mais c’est tout un obstacle à surmonter pour les novices.

Comment soutenir le projet face aux partenaires en développement ? Soutenir implique convaincre, il faut vivre le projet – surtout quand on est femme et qu’il s’agit des droits des femmes – un projet des droits de la femme, se porte dans le ventre ou dans sa propre peau. Ne pas lire le document-projet : quand on veut présenter son enfant, on n’a pas besoin de papier : il faut se donner la capacité d’en parler du fond du cœur. Quand on a besoin de lire, c’est qu’on ne sait pas très bien ce qu’on veut faire.

Comment exécuter le projet ? Aujourd’hui, beaucoup d’entre nous travaillent pour travailler, nous ne sommes pas des fonctionnaires des droits des femmes ou du développement, nous sommes des militantes engagées dans l’élimination effective d’une panoplie de problèmes relatifs à la survie et à la qualité de vie des femmes, nous ne devons pas fonctionner mais nous devons agir, c'est-à-dire identifier / cibler – viser/tirer – atteindre la cible qui nous pose problème – gagner les combats et dégager la route des droits humains / avancer avec assurance, conviction et à terme : 5 ans, 10 ans… gagner la bataille des droits des femmes. Tel est l’enjeu du travail des droits des femmes : nous obliger à gagner au jour le jour de petites luttes, faire des efforts sur nous-mêmes et notre environnement social pour gagner à terme la grande bataille des droits des femmes. Pour cela nous avons besoin d’argent et nous n’en avons pas à priori.

II/ COMMENT EST LE FINANCEMENT DES DROITS DES FEMMES AUJOURD’HUI ? Qu’est ce qui est financé dans la plupart des cas ? Aujourd’hui ce qui est financé c’est le sida, la santé reproductive : ce sont aussi des droits, mais pour qu’il y ait droit pour toutes et pour tous, un droit ne peut pas en exclure un autre. Qui reçoit ? Les petites organisations sont pénalisées parce que ne maitrisant pas les techniques de conception / élaboration de projet, les techniques de négociations avec les agences de financement ou les décideurs publics et privés.

Les grandes organisations reçoivent parce qu’ayant plus de capital humain et de capacités techniques, elles inspirent plus confiance. C’est l’une des raisons qui ont été à la base de la création du Réseau des Organisations Féminines d’Afrique Francophone (ROFAF). Le ROFAF est un réseau régional ayant des expertises dans beaucoup de domaines de développement dont la mobilisation des fonds pour renforcer la capacité de ses organisations membres. Aujourd’hui ce réseau peut se prévaloir d’être la rampe de projection et de partage d’expériences au niveau d’une soixantaine d’organisations de femmes en Afrique francophone. Mais nous ne sommes qu’à nos début et comptons bien multiplier ce nombre par 10 d’ici 5 ans.

Quand le financement est-il réussi ? L’organisation qui fait la demande se donne une porte d’entrée dans les agences. Ceci est souvent assimilé à des « copinages » mais il s’agit plutôt d’une stratégie de bonne guerre. Les alliances avec les partenaires sont indispensables pour inspirer confiance. Il repose sur la crédibilité de la structure qui fait la demande : Le professionnalisme assuré des membres : compétence, gestion correcte et transparente : les fonds qu’ils reçoivent vont à ce pourquoi ils sont destinés et dépensés avec sagesse et économie : c’est l’argent destiné aux pauvres, aux assoiffés de justice sociale, aux laissés pour compte…

L’obédience de l’organisation : sa représentativité dans le monde des droits de la femme ou du développement. Le devoir de rendre compte aux populations au nom desquelles le travail des droits des femmes se fait. Il y a des exemples de partenaires qui posent les questions suivantes : « Qui représentez-vous ? Qui est derrière vous ? Quand nous ne représentons que nous-mêmes il est souvent très difficile que nos demandes aboutissent. Il faut établir un rapport de force entre la masse des populations féminines et une poignée de décideurs ou d’agences d’aide.

Quand le financement n’est-il pas réussi ? Quand le demandeur n’inspire pas confiance ou ne rassure pas le partenaire : il ne sortira pas « son argent » pour un travail qui va contre ses intérêts. Notre mission est de changer le monde, nous voulons instaurer un ordre nouveau, empreint de justice sociale, de paix, d’égalité homme/femme… Pour y parvenir, on peut soit décider de tout casser et prétendre tout recommencer : c’est la voie la plus difficile parce qu’inaccessible tant que nous-mêmes nous n’avons pas l’argent en poche. Mais on peut aussi, doucement, mais sûrement, dans un environnement apaisé, dénué de violences à notre propre niveau, donc un environnement de compréhension mutuelle, de négociation, de cheminement consensuel et participatif populations/gouvernement/décideurs, renouveler progressivement le visage de la planète. C’est pour cette deuxième alternative qu’a opté le ROFAF et c’est la raison pour laquelle il a été créé.

III/ QUELLES SONT LES MESURES PRATIQUES POUR AMELIORER LA SITUATION ? Au niveau des actrices et des acteurs des droits des femmes  Un renforcement des capacités est nécessaire en matière de conception, d’élaboration, d’exécution et de suivi-évaluation de nos actions ; Il se crée aujourd’hui dans le monde un autre type d’analphabétisme des femmes relatif aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Il serait bon de tout mettre en œuvre pour corriger rapidement ce nouveau fossé qui se creuse entre les hommes et les femmes. Car celui qui a l’information c’est celui qui a le pouvoir de nos jours ;

Mise en place ou renforcement des banques de données sur les partenaires qui financent les droits des femmes. A cet effet, le ROFAF a créé une page « Liens utiles » sur son site web où sont postées les coordonnées des donateurs. Familiariser les actrices / acteurs aux diverses procédures de financement (surtout les donateurs internationaux) ; Rendre disponible et diffuser les actualités dans le domaine des droits de la femme ; Renforcer le travail en réseau ; Organiser des sessions d’échange et de partage entre réseaux pour s’informer sur ce que font les autres réseaux ;

Animer périodiquement des agoras du travail sur les droits des femmes pour donner l’opportunité aux femmes et aux hommes de la base de poser les vrais problèmes et de proposer des solutions. Les femmes et les hommes de la base se sentiront ainsi concernés par les dossiers que nous défendons et cela peut réduire le décalage entre les leaders des mouvements de femmes, leaders dites « intellectuelles » et la base souvent identifiée à des « suiveurs sans voix » ; Spécialisation des réseaux d’organisations de femmes : Toutes les organisations de femmes ne doivent pas se concentrer sur un seul thème, sous prétexte qu’il est très financé : tout le monde travaille aujourd’hui sur le trafic des enfants, sur le sida : cela est bien, mais les expériences ne sont pas suffisamment pointues et en nous concentrant uniquement sur ces champs, nous négligeons d’autres non moins importants et cela affecte l’impact global de nos actions sur les conditions de vie des femmes ;

Il serait indiqué d’instaurer et de renforcer une culture de « reddition de compte » qui sécurise les fonds et peut motiver les partenaires à financer et financer plus, parce que de part et d’autre on sait à quoi les fonds sont dépensés. Au niveau des partenaires en développement :   Réaliser que les problèmes des droits des femmes sont des problèmes au centre des problèmes de développement. Renforcer l’adhésion des partenaires au financement du travail des droits des femmes.

Réaliser que dans le contexte sociopolitique qui prévaut actuellement dans les pays du sud, il n’y a pas forcément de similitude entre les intérêts des leaders et les intérêts des populations de la base ;en termes clairs, les plans d’actions nationaux ne prennent pas forcément en compte les besoins réels exprimés par les populations, d’où la nécessité d’une nouvelle approche des problèmes de développement, une approche réorientée sur l’écoute des populations locales et la prise en compte des besoins qu’elles ressentent dans les conseils que les partenaires sont amenés à donner aux décideurs nationaux.

Au niveau des populations : Il est temps que toutes et tous ensemble nous réactivions certaines valeurs ancestrales qui ont fait leurs preuves il y a un demi-siècle à peine et que les générations actuelles ont perdu : ce sont nos grand-mères et nos grand – pères qui ont financé de leurs pauvres mais combien nobles pécules (petites économies) le démantèlement du colonialisme et l’aube des indépendances dans beaucoup de pays africains. Ils ont cotisé et financé les missions afférentes à notre libération. L’histoire a retenu des noms illustres qui ont mis leurs fortunes au service de l’évolution de leurs pays.

Il est encore possible, aujourd’hui, dans nos marchés, nos champs, nos lieux de cultes etc. - tout comme nous cotisons pour les funérailles de nos proches - il est encore possible aujourd’hui, que l’africaine et l’africain, mette la main à sa poche, à son tirelire (sa caisse) ou autre… et dépose dans un fonds national de promotion des droits des femmes, sa petite contribution … aux funérailles des discriminations et violences à l’égard des femmes, aux funérailles de la pauvreté, etc. Cette cotisation doit être à la portée de toutes et de tous (une pour toutes, toutes pour une) assortie de comités de gestion/ suivi qui gèrent et rendent compte à toutes et à tous.

IV/ L’EXPERIENCE DU ROFAF EN MATIERE DE MOBILISATION DE FONDS La 1ère stratégie du ROFAF, c’est la mise en réseau des organisations intéressées, cela donne confiance aux partenaires : une organisation seule peut dévier vers une aventure qu’on ne peut pas contrôler, mais lorsqu’il s’agit d’une dizaine , une vingtaine et plus d’organisations structurées en Assemblée Générale et Conseil d’Administration, etc au-delà des frontières terrestres et ouvert sur toute l’Afrique francophone, il est plus difficile de se laisser fourvoyer.

La 2ème stratégie : c’est l’adoption d’un plan d’action pluri-annuel La 2ème stratégie : c’est l’adoption d’un plan d’action pluri-annuel. On connait des organisations qui se présentent aux partenaires les mains nues et le cerveau vide et leur demandent qu’ils financent ? C’est une mauvaise stratégie. Dans le cas du ROFAF, il a fallu plusieurs rencontres techniques qui ont permis : au réseau naissant de préciser sa vision (ce qui nous manque cruellement en Afrique) ses objectifs, sans lesquels on ne saurait dans quel sens orienter le travail, aux organisations membres de se partager les responsabilités en vue d’un travail collégial.

La 3ème stratégie : c’est sortir ce plan d’action des tiroirs ou de l’ordinateur et le faire connaître aux partenaires. Ce qui implique : qu’on dispose d’une liste de partenaires qui financent le travail des droits des femmes.  qu’on a un minimum d’informations sur leurs procédures  qu’on se donne des portes d’entrée ou des alliances dans ces agences pour ne pas être totalement des inconnus

La 4ème stratégie : se donner la capacité de répondre rapidement aux informations complémentaires demandées par les partenaires. Par exemple : Rapport financier d’un an ou des trois dernières années Pourquoi une nouvelle organisation ? Etc. Ces questions complémentaires loin d’être inopportunes, aident les actrices à préciser leurs idées de projets et à affiner leur plan d’action. Il faut travailler ces renseignements de façon claire et pertinente et les renvoyer rapidement. Dans le cas du ROFAF, le document initial avait 12 pages mais il était de 22 pages lorsque les informations complémentaires y ont été inclues.

Comment résoudre le problème des ressources financières, quand le réseau n’a qu’une année de vie et que le partenaire demande un bilan financier des trois dernières années ? Il faut indiquer à ce moment là le partenariat avec les organisations avec qui on partage le même siège par exemple, comptabiliser toutes les dépenses de même que les appuis techniques que nous oublions souvent de chiffrer (expertises des membres, consultations, conception de documents et autres services bénévolement offerts …) et les inscrire à l’actif du réseau. En répondant clairement à la question : Pourquoi une nouvelle organisation, cela nous a permis de réfléchir sur l’action à engager et d’éviter ainsi les duplications.

La stratégie des résultats : Dès la réception des premiers financements, nous avons commencé le travail pour lequel ils étaient destinés en espérant que d’autres financements suivront pour la réalisation de l’entièreté de notre programme triennal. Cela a motivé l’un des partenaires - le Fonds Mondial pour les Femmes - à continuer à nous appuyer dans le cadre d’autres initiatives à l’instar du financement de l’organisation de cette session du ROFAF au Forum de l’AWID.

La stratégie de la transparence Diffuser : Ce qui se fait Les moyens mis en œuvre à cet effet Les sponsors de ces moyens Ce qui reste à mobiliser pour atteindre tel résultat donné Utiliser un petit journal, un site web, etc. Des documentations lors des réunions/rencontres internes et régionales

b) Le professionnalisme (des documents comptables adéquats) La rigueur dans la gestion des fonds La projection de l’action dans le temps, une vision, la conviction, le dynamisme nécessaire La communication pour diversifier les sources de financement

En conclusion, « la balle est dans notre propre camp », de la manière adéquate dont nous effectuons les tirs, dépendent la réussite ou l’échec des demandes de financement, et « c’est celui qui a la plaie au pied qui doit le premier délier sa bourse » dit-on chez nous.

2ème Séance Réactions des participant-e-s   Réponses des présentatrices Conclusions/ Identifications des pistes d’actions concrètes à mener