Mise en place de la Plateforme Carbone à Madagascar Armel Gentien Junior consultant FAO-FIDA Septembre 2010
Présentation Quelques notions Introduction changement climatique Présentation de l’outil EX-ACT L’outil EX-ACT appliqué aux politiques: la filière riz à Madagascar L’outil EX-ACT appliqué aux projets: le projet PPRR Les feux de brousses: des émissions non négligeables Conclusion et perspectives
Comment lutter contre le changement climatiques? Quelques notions: Mitigation: atténuation du changement climatique en réduisant les sources de GES ou en augmentant les puits de GES Adaptation: adaptation au changement climatique en apportant des modifications dans l’exploitation des terres et des systèmes de ressources naturelles afin de réduire la vulnérabilité au changement climatique Decrease sources Increase sinks
Bref aperçu de la problématique du changement climatique D ’après le GIEC la concentration prévue en CO2 pour 2100 entre +50% et +160% (selon les scénarios) par rapport au niveau 2000 La température moyenne du globe pourrait augmenter de 1,4 °C à 5,8°C entre 1990 et 2100 La vitesse du phénomène observé et prévu est cent fois plus élevée que les variations naturelles. Les secteurs de l’agriculture et la déforestation contribuent à environ 1/3 de ces émissions et présentent un fort potentiel de mitigation efficiente à travers la mise en application de certaines pratiques et technologies agricoles. 74% de ce potentiel se trouve dans les pays en voie de développement
Augmentation des concentrations de gaz à effet de serre (GES) CH4 N2O Ver manual IPCC on line CO2 CH4 N2O 1 25 298 Pouvoir de réchauffement
Quelles activités contribuent au changement climatique? = ~31% Source IPCC 2006
Quelles activités contribuent au changement climatique?
Quelles activités contribuent au changement climatique?
L’outil EX-ACT EX-ACT (Ex Ante Carbon-balance Tool) est un outil conjointement développé par trois divisions FAO. Il apporte des estimations ex-ante (avant le projet) de l’impact des projets de développement agricole et forestier sur les émissions et/ou séquestration des GES. L'outil calcule le bilan carbone d'une situation avec et sans projet. La différence entre les deux représente les bénéfices ou pertes apportés par le projet et indique la quantité nette de carbone séquestrée (puits de carbone) ou émise (source de carbone) résultant de la mise en œuvre du projet. Il reflète la capacité du projet à pourvoir des services environnementaux sous la forme de séquestration de carbone, contribuant ainsi à la mitigation du changement climatique.
Pourquoi avoir développé l’outil EX-ACT? Manque d’outils d’aide à la décision pour les concepteurs de projet en vue d’intégrer la question du changement climatique dans les projets de développement agricole et forestier. Outil applicable pour : - l’analyse carbone des projets - l’analyse carbone des filières - l’analyse carbone des politiques Simple Pratique Efficient Mis à jour régulièrement Information pour : scientifiques (quantification/utilisation), formulateur de projets ou agriculteurs (compréhension/utilisation) Changement d’échelle (Possibilité d’extrapoler à la région, au bassin versant…)
Structure de l’outil Un ensemble de feuille excel Basé sur l’occupation du sol et les pratiques agricoles Utilisant les coefficients par défaut du GIEC (Niveau 1) ou des coefficients adaptés si disponible (niveau 2 moins d’incertitude) Mesure le bilan Carbone avec /sans projet
Structure de l’outil Approche par module: Description du projet Bilan Carbone Composantes du projet Continent Déforestation Afforestation and Reforestation Changement d’utilisation des terres Cultures annuelles Cultures pérennes Riz Prairies Elevage Intrants Autres investissement Climat Sol Matrice (Synthèse) Durée initial / futur sans projet / futur avec projet
Outil EX-ACT et politiques agricoles Analyse carbone du potentiel de mitigation de la filière riz à Madagascar à l’horizon 2020 (période 2003-2020) Données basées sur un scénario approfondi de la filière riz réalisée par l’UPDR, BM, 2002 Comparaison de deux scénarios: Bockel, Review of rice value chain, Madagascar Rural/Environmental Sector Review, World Bank, May 2002 Bockel, Tinlot, Gentien, 2010. Potentiel de mitigation climatique de la filière riz. Bilan carbone de scénarios stratégiques sur la filières riz à Madagascar à l’horizon 2020. FAO. -Scénario « business as usual » tendance naturelle faible croissance de la production 0,4%/ an -Scénario de croissance de la filière riz augmentation de la production de 2,8%/ an
Empreinte carbone approximative de la filière riz en 2009 Mesure de l’impact des activités humaines sur le réchauffement climatique en quantités de GES à un instant t émissions actuelles de GES estimées à 12,9 millions de t éq CO2. = 4,8 kg de CO2 éq / kg de paddy = 7,2 kg de CO2 éq / kg de riz Prise en compte dans ces chiffres de: -Déforestation : tavy (29% du total) -Production de méthane du riz aquatique (67%) -Intrants -Autres changements d’utilisation des terres
Comparaison scénario BAU et amélioré aucun changement sur la gestion du riz aquatique. -système inondé en permanence, -présaison inondée > 30 j, -politique de « laisser aller » augmentation de la culture sur brulis de 3,1% par an, jusqu’à 250 000 ha en 2020, Scénario Amélioré: - Arrêt augmentation culture sur brûlis (« tavy »), -Passage de 300 000 ha de rizière inondée en permanence à inondée par intermittence, -Présaison non inondée plus longue, -Amélioration de la fertilisation,
Résultats Scénario Amélioré permettrait d’éviter 5,6 millions de t éq CO2 par an par rapport au scénario BAU. Réduction des émissions totales de 83 millions éq CO2 d’ici 2020 avec le scénario amélioré 45% en raison de la réduction du méthane 54% en raison de la réduction de la déforestation Pourrait représenter une valeur publique générée d’environ 415 millions US$ (5US$ la t) Nécessite un suivi approprié de l’évolution des zones de déforestation, tavy , zones inondées de riz aquatique pourrait servir de base à la mise en œuvre d’un système carbone MRV (Monitoring Reporting Verification) pour la filière riz.
Analyse du potentiel de mitigation du projet PPRR Logiciel EX-ACT pour l’analyse bilan carbone des projets d’investissements Étude de cas PPRR disponible bientôt sur le site du PPRR Armel Gentien junior consultant FAO-FIDA - Ecole Supérieur d’Agriculture d’Angers - Juin 2010 Direction: Benoit Thierry chargé de programme FIDA Louis Bockel expert FAO, analyste des politiques agricoles
Le projet PPRR Projet débuté en 2005 pour une période de 8 ans Dans les régions Analanjirofo et Atsinanana dans l’est de Madagascar disposant d’un climat tropical pluvieux Objectifs: réduction de la pauvreté rurale par l'accroissement des revenus ruraux et l'amélioration de la capacité des communautés de base à prendre en charge leurs projets de développement 4 composantes: Appui au développement des pôles et aux partenariats commerciaux Appui à la structuration du monde rural et à l’amélioration de la base productive Appui aux services financiers ruraux Appui aux institutions politiques et gestion du programme Pour l’analyse bilan carbone, nous nous intéresserons principalement à la deuxième composante
Des systèmes moins émetteurs Réduire la déforestation (indirectement par amélioration du niveau de vie) Mise en place des sites agroécologiques Améliorer la production agricole (culture vivrière, culture maraichère) par des intrants et des nouvelles techniques Réduction de la pratique du défriche brulis Développer des systèmes rizicoles moins émetteur de méthane type SRI /SRA Projet de développement agricole et non de lutte contre le changement climatique cependant les activités du projet peuvent agir directement sur la réduction des Gaz à Effet de Serre
Origine des données et périmètre de l’étude Les coefficients d’EX-ACT proviennent des coefficients par défaut de niveau 1 du GIEC. Ces coefficients sont spécifiques à un climat de type tropical pluvieux et un sol LAC. Les données utilisées pour l’analyse EX-ACT sont issues du RPE et du RMP, de discussions avec les agronomes et les agriculteurs du projet, d’observations sur le terrain ainsi que d’hypothèses personnelles. Le périmètre de l’étude comprend 15 pôles répartis dans les deux régions Analanjirofo et Atsinanana. LAC= Low Activity Clay = Sol à argile 1:1
Scénario le plus probable Nouvelles techniques agricoles: taux d’adoption de 100% Variétés plus productives, greffage pour le manioc… Utilisation d’engrais biologique Compost Conseils agricoles… Mise en place des site agroécologiques (détaillée plus loin) Aménagement des périmètres hydroagricoles: Passage de 2500 ha de système traditionnel aux systèmes SRA et SRI Utilisation de compost sur la moitié des rizières améliorées. Augmentation du cheptel Augmentation de 10% du cheptel bovin via une meilleure prophylaxie Intrants Prise en compte de la quantité préconisée par les agronomes du projet
Résultats Stockage/émissions évitées de 1,6 millions t éq CO2 sur 20 ans par rapport à une situation sans projet Sites agroécologiques Stockent jusqu’à 508 000 t éq CO2 Passage à un système rizicole moins émetteur de méthane: 1,2 millions t éq CO2!
Focus sur le riz: Caractéristiques des différents systèmes Système traditionnel (ST) Variété de 150 j de culture Inondé en permanence Présaison non inondé <180j Pour certaines parcelles: mauvais drainage, donc impossibilité d’assècher la parcelle avant la mise en culture présaison inondé>30j Paille incorporé <30j avant la culture Système amélioré: le SRI Cycle plus court: 100 j de culture Inondé par intermittence (au moins 1 période d’assèchement de 3j) Présaison non inondée <180j Paille incorporée >30 j avant la culture Sur certaines parcelles ajout de compost. Kg CH4 / ha/ jour ST 3,92 ST avec mauvais drainage 7,45 SRI paille incorporé >30j av culture 1,28 SRI avec compost 0,84 Source: GIEC,2006
Focus sur le riz Le fait de laisser la parcelle immergée toute l’année émet une quantité très importante de méthane de l’ordre de 7,45 kg de CH4/ ha/ jour. Grâce à une bonne maitrise de l’eau et une utilisation de compost, la quantité de méthane émis peut être quasiment divisée par 10! (0,84 kg de CH4 /ha /jour)
Focus sur les sites agroécologiques Sur les zones de pentes < 15% Bandes de flemingia selon les courbes de niveau plante antiérosive et fertilisante pour le sol (légumineuse) Reboisement sur les crêtes Palmier, bananier, canne à sucre en bas de pente Entre les lignes de flemingia: cultures maraichère, maïs, manioc mais aussi oranger, giroflier Tous les résidus de culture reste sur le sol Taille annuelle des flemingia pour apporter de la matière organique au sol
Sites agroécologiques Données Pour EX-ACT: 15% de la superficie en boisement 42,5% en culture annuelle 42,5% en culture pérenne Implantation sur d’anciennes zones de culture, sur des jachères en t CO2 éq reboisement sur les crêtes -80 462 Changement d'utilisation des terres -38 102 cultures annuelles -8 976 cultures pérennes -381 140 Stockage total sur 20 ans -508 680
Co-bénéfices des sites agroécologiques Reboisement/ non déforestation des bassins versants Limitation de la culture sur tavy meilleure qualité de l’eau, moins d’érosion, moins d’envasement des rizières… Agriculture de conservation: Amélioration de la teneur en MO du sol meilleure structure, amélioration de la capacité de rétention du sol… Production diversifiée: Revenus diversifiés, lutte contre l’insécurité alimentaire, maladie, sécheresse. Réduction des risques climatique
Analyse économique simplifiée Pour le riz, avec une hypothèse d’adoption du SRI sur 2500 ha, avec la t de CO2 à 5$: le montant total pourrait s’élever à 6,3 millions de $ en 20 ans! Soit environ 313 000 $/an Cependant à ce jour, absence de projet pour les émissions de méthane évitées de la riziculture. Pour les sites agro écologiques, si les 1500 ha sont bien implantés, ils pourraient stocker l’équivalent de 500 000 t éq CO2 et obtenir un financement sur 20 ans d’environ 2,5 millions de $ (avec la t CO2 à 5$)
Pour conclure Manque de coefficient détaillé pour traiter les émissions rizicoles La riziculture est une des activités économiques et agricoles principales à Madagascar nécessité de développer les coefficients de niveaux 2 et 3 spécifiques à Madagascar. Développer une méthodologie à soumettre à L’UNFCCC pour l’obtention de crédit carbone pour les émissions de méthane évitées du riz
Les feux de brousse: des émissions à ne pas négliger: le cas du projet AD2M Parmi les objectifs du projet : la réduction des feux de brousse Hypothèse: diminution des feux -passage d’un feu tous les 2 ans à un feu tous les 5 ans grâce aux actions du projet. -diminution de la dégradation de la savane de 5 à 4% (passage de « modérément dégradée » à « fortement dégradée » catégorie de l’outil EX-ACT) Facteurs d’émissions de niveau 1 d’après le GIEC: Étude de cas disponible sur le site FAO à l’adresse suivante: http://www.fao.org/tc/tcs/exact/applications-dex-act/sur-des-projets/fr/ Facteurs d’émissions lors du brûlis d’un ha de savane d’une zone tropical sèche
Les feux de brousse: des émissions à ne pas négliger: le cas du projet AD2M surface de savane : 1 133 000 ha ( obtenue à partir de L’IEFN 2000) L’ action du projet permettrait d’éviter l’émission de 1 950 000 t éq CO2 sur 20 ans par rapport au scénario de référence!
Conclusion Plateforme Carbone Primordiale pour: Renforcer les capacités des partenaires (formation outil carbone…) Permettre d’évaluer le potentiel de mitigation des projets en cours et à venir et du secteur agricole Réfléchir sur les activités des projets valorisables à travers des mécanismes de financement carbone (marché carbone, volontaires…) Faciliter les demandes et l’obtention de crédit carbone Développer et rassembler des facteurs d’émissions précis spécifiques à Madagascar Développer des partenariats et mobiliser les différents acteurs pour travailler ensemble (ministères, centres de recherche, organisations internationales…) …
Conclusion A terme, Madagascar pourrait devenir un pays pionnier dans le secteur du carbone et d’une agriculture à faible émission de carbone adoption de pratique moins émettrice de méthane pour le riz Limitation des feux de brousses Réhabilitation des bassins versants: techniques d’agroforesterie… Augmenter le pool de carbone du sol: Agriculture de conservation … Ces activités pourraient se développer grâce aux crédits carbone, et permettraient de participer à la fois à la lutte et l’adaptation contre le CC, et l’insécurité alimentaire
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