« La recherche translationnelle : présentation et illustration » Stéphanie Larchanché, Anthropologue, IRIS-EHESS, Coordinatrice PEER, Centre F. Minkowska Séminaire « Santé et santé publique : Apport des méthodologies en sciences humaines et sociales » Vendredi 26 octobre 2012 à l’Agence Régionale de Santé d’Île-de-France
Définition de l’INCa « La recherche translationnelle (ou recherche de transfert) doit permettre un flux bidirectionnel des connaissances de la recherche cognitive vers son application au patient et des observations faites chez le malade vers la recherche cognitive. Elle implique donc une étroite coopération entre chercheurs et cliniciens. »
Illustration: Impact de l’environnement social et physique sur le développement des tumeurs du cancer du sein Recherche du Centre de Recherche Interdisciplinaire sur les Inégalités de Santé (CIHDR) (Université de Chicago) Sarah Gehlert, PhD, Director & PI Ecole des travailleurs sociaux Martha McClintock, PhD, Co-Dir. Département de psychologie Suzanne Conzen, MD Département de médecine Funmi Olopade, MD Département de médecine Thomas Krausz, MD Département de pathologie Référence bibliographique: Gehlert, Sarah, Charles Mininger, Toni M. Cipriano-Steffens. 2011. Placing Biology in Breast Cancer Disparities Research. In L. M. Burton et al. (eds), Communities, Neighborhood and Health: Expanding the Boundaries of Place, Pp. 57-72. New York: Springer.
Question de recherche du CIHDR Etat des lieux sur liens entre environnement physique et santé Comment les facteurs liés à l’environnement social des femmes contribuent-ils à des disparités de mortalité due au cancer du sein entre femmes blanches et femmes afro-américaines aux Etats-Unis?
Liens environnement physique /santé Environnement physique = état des infrastructures, type et qualité des transports et des voies de circulation, etc. = contexte d’interaction entre individus er autres acteurs, structures, réseaux et organisations à l’échelle du quartier 2 fonctions fondamentales: Génère des opportunités économiques et sociales Joue un rôle de régulation des comportements Impact sur le fonctionnement psychologique et santé mentale des résidents: détérioration environnement physique accroît le niveau de vigilance et de stress des résidents Impact négatif sur la santé de manière générale (plus de maladies infectieuses, surmortalité, insuffisance du poids à la naissance, maladies vénériennes, tabagisme, inactivité physique, dépression) Communautés paupérisées: moins accès aux services de santé, alimentation, plus d’exposition aux polluants et déchets toxiques, infestations parasitaires, peinture au plomb, etc.
Approche du CIHDR: Lier l’environnement à la biologie Approche transdisciplinaire pour comprendre et combattre les inégalités de santé, à travers des interventions multi-niveaux appropriées A partir d’études démontrant que le cancer du sein se développe à partir d’une série d’interactions génétiques complexes, le CIHDR cherche à comprendre comment les mutations génétiques acquises sont régulées par l’environnement physique et social, ce qui entraîne la survie des cellules malignes, lesquelles s’accumulent pour former des tumeurs cancéreuses du sein.
Modèle de recherche du CIHDR 4 projets menés en parallèle pour explorer l’interaction entre mécanismes génétiques et facteurs liés à l’environnement physique et social: 2 projets en laboratoire sur animaux (rats et souris) 2 études auprès des femmes diagnostiquées
Conclusions des recherches en laboratoire Les animaux isolés ont plus de chance de développer des tumeurs La variation naturelle de la réponse glucocortoïdique déclenche une processus qui a pour conséquence la survie des cellules à travers la suppression de l’apoptose Une plus grande réactivité au stress peut donc prédire un développement précoce de la tumeur à travers une sécrétion plus élevée de glucocorticoïdes
Conclusion des recherches auprès des femmes diagnostiquées Série de variables psychosociales et traumatiques (solitude, dépression, harcèlement sexuel / vols, homicides dans le quartier) liées à la réponse de l’hormone du stress (cf. recueil taux de cortisol salivaire) Lien entre environnement physique/social et « burnout endocrinien »: résulte dans 68,8% des cas sur des tumeurs plus invasives
Interventions A l’échelle du quartier: diminuer le sentiment d’isolement social et d’anomie en dévelopant ou en renforçant les réseaux de soutien existants A l’échelle molléculaire: Identifier de nouvelles cibles pour la prévention du cancer (ex. synthèse des acides gras)