DANS LA RELATION SOIGNANT-SOIGNE LA JUSTE DISTANCE DANS LA RELATION SOIGNANT-SOIGNE
INTRODUCTION Trouver un équilibre dans la relation 2 croyances à l’origine de comportements inadaptés : « si l’on est bien intentionné, on ne peut faire que du bien » « tant que l’on donne, on a une action positive vis-à-vis du patient » Ne pas basculer d’un versant positif à un versant négatif 1ère croyance : ce n’est en aucun cas la garantie du bénéfice de notre action pour le patient 2ème croyance : c’est vrai jusqu’à un certain point. La mesure, la réserve, l’expression d’une limite peuvent aussi être profitables au patient.
LE MATERNAGE Consiste à traiter le patient comme un enfant Se montrer affectueux, protecteur mais aussi familier, directif Risque d’une régression chez le patient, d’infantilisation Relation affective et non plus seulement bienveillante → piège car si refus : « mauvais patient » S’interroger sur le refus du patient pour apporter une réponse appropriée Ex. IDE : « alors il ne veut pas prendre ses petits médicaments ? Allez, soyez gentil, faites-moi plaisir, avalez-moi ce comprimé » Face au refus du patient, l’IDE insiste pour qu’il prenne ses médicaments et omet de lui demander pourquoi il refuse de les prendre. Raisons du refus : comprimés trop gros (changer la forme du médicament), absence de douleur (c’est justement car prise du traitement qu’il n’y a plus de douleur), ne permet pas de guérir (sans doute mais soulage les symptômes donc pas inutile), refus de l’acharnement et souhait de mourir (je comprends mais ce traitement n’est pas fait pour prolonger la vie, sert à soulager les symptômes. Pas de raison de vous laisser souffrir).
L’IDENTIFICATION S’imaginer à la place du patient Ou le comparer à quelqu’un que l’on connaît Ne pas confondre le patient avec la personne à laquelle on l’associe Laisse souvent place à la projection Ex. IDE : « Je ne peux pas m’empêcher d’avoir de la tendresse pour Mme M. », sous-entendu : « elle me fait penser à ma grand-mère »
LA PROJECTION Consiste à prêter au patient des pensées ou des sentiments qui ne sont pas les siens Le patient devient « la toile » sur laquelle le soignant projette ses propres peurs, désirs… Méfions-nous de nos certitudes Ex. IDE : « Mme M. gémit pendant la toilette, elle ne doit pas aimer l’eau », sous-entendu : « ma grand-mère avait horreur de l’eau ». Les gémissements de Mme M. pendant la toilette signifient peut-être qu’elle n’aime pas l’eau mais ils peuvent aussi être l’expression d’une douleur, d’une sensation de froid…
UNE TROP GRANDE PROXIMITE Surinvestissement de la relation : risque d’épuisement psychologique à terme Contre réaction : distanciation excessive Rejet de quelques patients qui ne se prêtent pas aux règles implicites des soignants Le soignant réagit de façon défensive et sa lassitude professionnelle se manifeste en général par : Une banalisation du travail Une indifférence, une froideur vis-à-vis des patients Un jugement négatif sur certains patients ou familles, voire leur rejet IDE : « Ce patient est désagréable, il ne sourit jamais pendant les soins et répond à peine à nos questions » Douleur ? Souffrance morale ? Patient a besoin d’être aidé et non jugé IDE : « Ce patient est vraiment pénible: il veut toujours des explications sur son traitement, comme s’il ne nous faisait pas confiance ». Normal qu’un patient veuille avoir des explications sur son traitement. Si questions systématiques et quotidiennes, angoisse. Rassuré si explications.
Evitons les étiquettes : « Ce patient est difficile » attitude réactionnelle, spontanée Essayons de relativiser : « Ma relation avec ce patient est difficile » attitude professionnelle de remise en question Si un soignant se trouve en difficulté dans son rapport à un patient ou une famille, plutôt que de réagir individuellement de façon plus ou moins appropriée, mieux vaut qu’il en parle avec l’équipe. Il est alors possible de convenir en équipe d’une attitude à adopter de façon concertée.
CONCLUSION Toutes ces réactions sont courantes parce qu’inconscientes. La façon d’être du soignant vis-à-vis de chaque patient est une adaptation de tous les instants. La perfection n’existe pas mais tentons de repérer nos travers pour mieux les corriger.
L’EPUISEMENT PROFESSIONNEL
DE QUOI S’AGIT-IL ? Tension professionnelle continue Se manifeste par des symptômes physiques et psychiques Risque d’aboutir à une dépression Recherche d’un équilibre entre Souffrance, Coût psychique / Plaisir, Ressources Quand la souffrance l’emporte de façon durable sur le plaisir, le risque d’épuisement est grand.
LES FACTEURS FAVORISANT Histoire personnelle difficile et besoin de réparation Anxiété Idéalisation excessive de la profession Conscience professionnelle trop poussée, excès d’engagement Image d’un soi fort et méconnaissance de ses limites
LES SYMPTOMES De façon progressive et chronique : Fatigue, manque d’énergie Découragement, manque de motivation Frustration, insatisfaction Anxiété, culpabilité Désintérêt, indifférence, attitude désabusée Irritabilité, cynisme Difficultés relationnelles avec les collègues Troubles physiques (maux de tête, de dos…)
ATTENTION SI, DE FACON DURABLE De + en + de mal à se lever le matin Manque d’énergie et fatigue rapide Impression que ses efforts ne sont pas reconnus Attitude plus désabusée, moins d’implication Erreurs ou oublis plus fréquents Moins patient et plus irritable
LES MOYENS DE SE PROTEGER Réfléchir à ses motivations profondes en lien avec son histoire personnelle et s’assurer que les épreuves passées ne soient plus douloureuses S’interroger sur son rapport à la mort Ne pas traverser de difficultés personnelles majeures Etre conscient que le pouvoir des soignants est limité Avant de s’orienter vers les SP
LES RESSOURCES INSTITUTIONNELLES Groupes de parole et/ou réunion de synthèse après la sortie ou le décès de patients Réflexion d’équipe sur la philosophie, l’éthique, les pratiques Formations régulières Encadrement attentif et écoute des soignants Temps de détente et d’échanges informels en équipe
SUR LE PLAN PERSONNEL Etre attentif à : Ne pas garder toutes ses difficultés pour soi, chercher une écoute pour les partager. Apprendre à gérer son stress. S’investir dans des domaines autres que le travail et accorder une toute aussi grande importance à sa vie personnelle. Prendre soin de soi (détente, loisirs, sports).