Séminaire d’Analyses comparatives et enquête sociologique 5e et 6e séances : Le questionnaire
Rappel bibliographique : Rodolphe Ghiglione et Benjamin Matalon (1978), Les enquêtes sociologiques. Théories et pratiques, Paris, Armand Colin, Collection U
La recherche par questionnaire nécessite que : ► l’exploitation statistique de chaque question soit déjà prévue, ► tous les questionnaires soient les mêmes, ► le questionnaire ne soit pas modifié durant le cours du travail de terrain (même si on y repère de grosses erreurs), ► toutes les explications soient prévues sur le questionnaire (l’idéal est que le questionnaire n’ait à rien réexpliquer, si ce n’est relire la question) ou que les enquêteurs donnent, toujours et tous, les mêmes réexplications… → La formulation et la constitution du questionnaire sont donc des étapes extrêmement cruciales… (Attention au GIGO !!!)
Sans standardisation, pas de comparabilité ! A ne jamais oublier !!! Ce qui sous-tend tout ce qui vient d’être dit : La standardisation est absolument nécessaire parce que c’est elle qui permet la comparaison. Sans standardisation, pas de comparabilité !
Malheureusement, il n’y a pas de méthode rigoureuse pour construire un bon questionnaire. Il n’y a pas de règles pour la construction d’un questionnaire. Au mieux, on dispose d’une « méthodologique négative », en ce sens qu’on ne peut qu’insister sur les erreurs habituelles afin d’y être particulièrement attentifs…
Il faut donc être attentif... … au texte des questions, … à leur ordre, … au choix des questions d’ouverture, … à l’enchaînements des questions, … à la cohérence du contenu, … à la diversité des formes, … au temps de l’enquête, … à l’ennui et à l’irritation du répondant…
Différents types de questions… Selon le contenu → questions de faits → questions d’opinion Selon la forme → questions fermées → questions ouvertes Parfois, autre chose que des questions (ordonnancements, notes, catégorisations, mise en correspondance, tarte…)
Questions ouvertes ou fermées ? Enormément de questions ouvertes dans vos exercices… Pour quelles raisons les choisit-on ? → à première vue, plus facile…(c’est oublier le codage) → on n’a pas pu élaborer une liste des réponses à proposer (souvent le signe que la question est mal posée, ou mal construite…) → éviter le caractère fastidieux des longs questionnaires fermés → donner l’impression au sujet qu’il est écouté vraiment → possibilités de plusieurs codages → éviter le cadre fixé par les questions fermées
Pourtant, on privilégiera les questions fermées… Elles se prêtent mieux au traitement statistique. Simplicité des réponses et des consignes. Elles étendent souvent le champ des possibles (même si parfois elles le réduisent). Tous les sujets utilisent la même nomenclature. On obtient souvent des réponses vagues et conformes aux questions ouvertes. Les questions ouvertes donnent souvent lieu à des réponses pauvres.
Parfois, on a tendance à laisser les enquêtés faire le travail du chercheur… Quelles sont les tâches que vous effectuez le plus souvent ? Dans quels domaines pensez-vous que les étrangers peuvent apporter quelque chose à la Suisse ? Quelles solutions préconisez-vous pour que les étrangers apportent quelque chose à la Suisse ? Dans quelle faculté étudiez-vous ? Dans quelle optique faites-vous des études ? L’Université est-elle uniquement un lieu d’apprentissage ? Si non, précisez… Comment vous partagez-vous la tâche de la cuisine ? du ménage ? De quelle orientation politique vous sentez-vous le plus proche ? Connaissez-vous les associations existant au sein de votre faculté ? Si oui, de quelle façon ? Que représente pour vous l’armée ? Que pensez-vous de l’armée ? Quel est votre rapport aux normes en général ? ...
Risque des questions fermées Elles fixent en fait un cadre de référence. → Elles font penser à certaines réponses « non spontanément » C’est un avantage : ►Cela rappelle ce que certains peuvent avoir oublié. ►Cela facilite les réponses non-conformes. C’est un inconvénient : ►Cela rend séduisante une réponse non envisagée. ►Cela indique ce qu’on considère comme acceptable. → Les questions fermées peuvent donc étendre ou restreindre le champ des réponses possibles → importance capitale du choix des réponses proposées.
Quelques remarques sur les questions fermées Plusieurs types : Indiquer la réponse la plus adéquate. Indiquer plusieurs réponses adéquates (qu’importe le nombre). Indiquer un nombre fixé de réponses adéquates. Ordonner toutes les réponses. Ordonner les réponses les plus adéquates. !!! Attention à ne pas demander une tâche trop difficile à l’interviewé !!! Ne pas oublier les réponses « ne sait pas », « ne veut pas », « autres réponses ».
La formulation des questions Attitude empirique : tester le plus souvent possible les questions. Difficultés et risques du vocabulaire « savant ».* Termes vagues vs estimations numériques ou échelles de fréquence.* Définition précise d’un terme vs son usage social variable. Risque de considérer des présupposés comme acquis. → Ce qui est en jeu ici : la standardisation.
Questions de fait En principe, on pourrait les saisir autrement que par questionnaire. Facteurs de distorsion : → erreurs de mémoire → désirabilité sociale (sous-estimer le dévalorisant, surestimer le valorisant)* Les faits peuvent être des événements uniques ou des événements répétitifs.
Questions de fait Un problème fréquent : la catégorie socioprofessionnelle → le métier → le secteur → le statut
Problèmes spécifiques aux événements répétitifs période d’observation courte ou longue avantages et désavantages du carnet de comptes conséquences sur les relations entre comportements
Questions d’opinion Encore plus difficiles que les questions de faits (les mêmes problèmes avec, en plus, l’absence de « référent objectif ») Au mieux une validation interne (cohérence des différentes réponses, adéquation avec des comportements…) L’opinion qu’on prend comme objet existe-t-elle ? (même si le sujet répond à la question)
Distinction entre questions d’opinion et questions de fait Elle n’est pas toujours aussi claire… → Dans un couple, les montants des salaires n’ont rien à voir avec la répartition des tâches. → Dans le tableau suivant, choisissez le sexe qui selon vous sera plus apte à assumer ce rôle. → Les tâches domestiques… …doivent être également réparties; … doivent être également réparties mais incombent plus souvent à la femme; … sont seulement pour la femme.
Formulation des questions Veiller au confort du répondant.* Veiller au sens de la réponse.* Veiller à la qualité des items : pas de confusion de niveaux,* veiller à les rendre exclusifs (en tout cas, si on ne permet qu’une réponse),* veiller à couvrir au maximum l’étendue de la réalité…* Veiller à la structure logique de la question.*
Organisation des questions Biais de positivité Effet de halo* Equilibre entre énoncés favorables et défavorables
Approche qualitative vs approche quantitative Habituellement : 1. D’abord, une phase qualitative… ► pour aborder un problème sur lequel on a peu d’hypothèses ► pour aborder un problème dont on sait mal comment il se pose pour la population Deux éléments nécessaires à la construction d’un questionnaire. 2. Ensuite, la phase quantitative… ► Il faut savoir précisément ce que l’on cherche. ► Il faut s’assurer que les questions ont un sens pour chacun. ► Il faut s’assurer que tous les aspects de la question ont été abordés. ► Un prétest du questionnaire est souvent nécessaire.
Approche qualitative vs approche quantitative Parfois : La phase qualitative n’est pas nécessaire. ► On sait déjà tout ce qu’il faut savoir pour réaliser le questionnaire, càd que l’objet a déjà été bien étudié. La phase quantitative sera suivie d’une (nouvelle) phase qualitative. ► pour interpréter des résultats inattendus. Attention : Il ne faut bien sûr pas réduire les exploitations qualitatives à leur apport aux enquêtes par questionnaire.
Objectifs d’un questionnaire Quatre grands types d’objectifs : ► estimer des grandeurs absolues ► estimer des grandeurs relatives ► décrire une sous-population, une population ► vérifier des hypothèses (relations entre plusieurs variables)
1. Estimer des grandeurs absolues
1. Estimer des grandeurs absolues
1. Estimer des grandeurs absolues
2. Estimer des valeurs relatives
2. Estimer des valeurs relatives
3. Décrire une (sous-)population
4. Vérifier une hypothèse
4. Vérifier une hypothèse
4. Vérifier une hypothèse
4. Vérifier une hypothèse
4. Vérifier une hypothèse
4. Vérifier une hypothèse
La recherche par questionnaire nécessite que : ► l’exploitation statistique de chaque question soit déjà prévue, ► tous les questionnaires soient les mêmes, ► le questionnaire ne soit pas modifié durant le cours du travail de terrain (même si on y repère de grosses erreurs), ► toutes les explications soient prévues sur le questionnaire (l’idéal est que le questionnaire n’ait à rien réexpliquer, si ce n’est relire la question) ou que les enquêteurs donnent, toujours et tous, les mêmes réexplications… → La formulation et la constitution du questionnaire sont donc des étapes extrêmement cruciales… (Attention au GIGO !!!)
Sans standardisation, pas de comparabilité ! A ne jamais oublier !!! Ce qui sous-tend tout ce qui vient d’être dit : La standardisation est absolument nécessaire parce que c’est elle qui permet la comparaison. Sans standardisation, pas de comparabilité !