« Intégration » d’étrangers dans des communes bilingues en Suisse : un aperçu du contexte d’accueil Josianne Veillette Université de Fribourg, Suisse Sherbrooke, juin 2009
Josianne Veillette, Sherbrooke 2009 Première partie: aperçu historique de la migration en Suisse De 1950 à 1970: travailleurs étrangers en provenance d’Italie, d’Allemagne, d’Autriche, de France et d’Espagne. Main- d’œuvre flexible et passagère : le paysage migratoire « classique » se modifie; l’immigration «économique» devient une immigration de «peuplement», «culturellement» différente. 1991: politique des « trois cercles ». Le pays d’origine devient le critère de sélection. 1998: politique des « deux cercles » et adoption de mesures officielles pour l’intégration: accent mis sur l’intégration des étrangers déjà établis. 1er janvier 2008: nouvelle Loi fédérale sur les étrangers. On favorise l’Union européenne et l’apprentissage d’une langue nationale.
Josianne Veillette, Sherbrooke 2009 Première partie: aperçu historique de la migration en Suisse 1997: 19,4% d’étrangers ( 2007: 21,1%). Pour être naturalisé, il faut normalement 12 ans de résidence. Droit de nationalité suisse réunit les deux modèles classiques du «droit du sol » et du « droit du sang ». Autorités fédérales autorisent la naturalisation. Cantons et communes l’accordent selon leurs propres conditions. Examen du candidat portera sur : l’intégration dans la collectivité, l’adaptation aux « us et coutumes » suisses et la conformité à l’ordre juridique = intériorisation de « l’héritage culturel » collectif du pays. Modèle du « droit du sol » = niveau fédéral; modèle du «droit du sang » = niveaux cantonal et communal.
Josianne Veillette, Sherbrooke 2009 Deuxième partie: aperçu linguistique de la Suisse La Suisse est constitutionnellement plurilingue, mais n’a pas de politique linguistique fédérale officielle. Principe de la territorialité des langues : permet de sauvegarder l’homogénéité linguistique et culturelle des cantons et de maintenir les frontières linguistiques du pays. Principe de subsidiarité : les pouvoirs de décision sont confiés le plus possible aux échelons inférieurs. « Guerre des langues » en 1997: les Romands estiment que les Alémaniques mettent en péril l’unité du pays. Les Romands parlent moins allemand que les Alémaniques le français, mais le Schwyzertütsh joue un rôle décisif. Diglossie: les Alémaniques utilisent le dialecte dans la vie courante et l’allemand standard pour l’écrit. Pour les Romands, le dialecte est un obstacle pour la compréhension entre les groupes linguistiques.
Josianne Veillette, Sherbrooke 2009 Questionnements Dans ce contexte où l’étranger est encouragé à s’intégrer, notamment par l’apprentissage de la ou des langues. Que se passe-t-il lorsqu’il habite des villages où se côtoient quotidiennement les Alémaniques et les Romands? De quelle façon y conçoit-on la présence des étrangers? Comment y interprète-t-on ce qu’est l’intégration? Entretiens menés auprès d’acteurs institutionnels locaux (maire/mairesse; responsables de la scolarisation des enfants issus de la migration; responsables des commissions scolaires; responsables d’établissements scolaires; professeurs)
Josianne Veillette, Sherbrooke 2009 Troisième partie: premières analyses des entretiens Pas de structures locales pour l’apprentissage des langues, exception faite des cours d’appui en langues (allemand et français) pour les élèves primo-arrivants et/ou ceux ayant des difficultés. Portugais, Italiens et Espagnols apprendraient plutôt le français du fait des proximités linguistiques et des réseaux. Ressortissants de l’Ex-Yougoslavie apprendraient plutôt l’allemand du fait du parcours migratoire précédent (Allemagne et/ou Suisse allemande et familles présentes en Allemagne). « Kosovars », « Musulmans » et « Ex-Yougoslaves » présenteraient des difficultés d’intégration: préféreraient rester «entre eux » et ne participeraient pas à la vie locale. Auraient une vision traditionnelle des relations entre les hommes et les femmes qui rendraient difficiles les relations avec les locaux.
Josianne Veillette, Sherbrooke 2009 Premières analyses des entretiens Dimension culturelle (aspect confessionnel) semble causer des problèmes d’intégration. Majorité des interlocuteurs pensent que ce n’est pas plus difficile pour les étrangers d’habiter une commune bilingue: c’est une question d’intérêt et de capacité d’apprentissage. Tous affirment que les zones bilingues rendent les gens plus ouverts aux autres, favorisent les contacts entre les groupes linguistiques, contacts qui amènent les habitants à être plutôt bilingues que monolingues. Mais chacun a son système scolaire propre: zones bilingues permettent aux groupes de vivre dans leur propre langue? L’intégration passe par l’apprentissage des langues, mais aussi par le respect des règles et des individus. Le « respect » de la diversité est une caractéristique de la Suisse.
Josianne Veillette, Sherbrooke 2009 Premières analyses des entretiens « Etre intégré » selon les Romands: coupure avec les appartenances premières et le français est devenu la langue maternelle. « Etre intégré » selon les Alémaniques: respecter les différences car on reste toujours étranger: on ne peut pas couper ses racines. 2 visions différentes correspondent aux 2 manières d’envisager l’attribution de la nationalité en Suisse. Romands et « droit du sol »: l’intégration individuelle passe par l’apprentissage de la langue, qui elle-même permet la participation citoyenne. Alémaniques et « droit du sang »: c’est le groupe qui détermine les appartenances et les possibilités de participer ou non à la vie citoyenne.
Josianne Veillette, Sherbrooke 2009 Conclusion Concept d’intégration implique un rapport de pouvoir entre les nationaux et les non-nationaux. La frontière entre l’assimilation et l’intégration est mince. Les conditions d’intégration génèrent aussi de l’exclusion, tout en renforçant les liens des membres de la communauté des citoyens. Les processus d’adaptation / d’intégration doivent aussi être examinés à la lumière des conditions mises en place par l’Etat-nation pour être considéré comme intégré et de la façon dont on conçoit le « nous ».
Josianne Veillette, Sherbrooke 2009 Merci de votre attention Josianne Veillette Université de Fribourg, Suisse