Alain Goudard – janvier 2011 Une trame pour animer une réunion syndicale sur le thème Socle et livret de compétences
Une approche politique contextualisée L’alignement européen n’est pas une obligation mais un choix politique La récupération et l’instrumentalisation de la notion de compétence par le courant libéral (la tension savoir / compétence) Le réformatage du système éducatif français : le collège comme fin de la scolarité obligatoire Le contexte idéologique : les inégalités comme source de dynamisme ; l’intérêt général conçu comme la somme des intérêts particuliers (individualisation, responsabilisation)
Cerner la notion de compétence Origine, transhumance, polysémie du terme Accord de la communauté éducative sur des caractéristiques Un concept malmené De quoi faut-il parler lorsqu’on évoque la notion de compétence ?
Socle et compétences Mon chef me dit que c’est la loi A propos de la notion de socle Identifier les problèmes que pose le socle – Un problème d’architecture et de continuité théorique – Le rapport socle / programmes – Le socle déplace la question des apprentissages
Saturation de la notion de « respect de la règle » Observation des règles élémentaires de sécurité (pilier4) Connaître les règles de vie collective (pilier6) Savoir ce qui est interdit et ce qui est permis (pilier 7) Etre capable de respecter les règles (pilier 6) Respecter les règles de sécurité (pilier 6) Savoir respecter les consignes (pilier 7) Débat à avoir sur l’approche de la règle : approche sécuritaire ou mode paradoxal d’émancipation
Recentrage sur la personne Saturation des termes de goûts, intérêt, envie, esprit de responsabilité – Goût pour les sonorités (pilier1), du raisonnement (pilier 3), pour le recherche (pilier 4) – Intérêt pour la lecture (pilier 1), pour le progrès (pilier 3), pour le vie publique (pilier 6) – Désir de communiquer (pilier2) – Envie d’avoir une vie culturelle personnelle (pilier5) Débouchant sur une ensemble de qualité : curiosité, esprit critique, capacité de jugement, persévérance, motivation, désir de réussir, et de progresser, confiance en soi Le problème, à débattre, est celui du statut didactique de ces notions : finalités ou prescriptions évaluées ?
Des éléments qui n’ont pas lieu d’être « la culture humaniste …repose sur la fréquentation des œuvres littéraires (récits, romans, poèmes, pièces de théâtre) (pilier 5) La culture humaniste que dispense l’école … donne à chacun l’envie d’avoir une vie culturelle personnelle : par la lecture, par la fréquentation des musées, par les spectacles, par la pratique d’une activité culturelle artistique ou physique (pilier5). Elle implique curiosité, créativité, motivation, détermination dans la réalisation d’objectifs. L’élève doit être capable d’évaluer les conséquences de ses actes, de savoir reconnaître et nommer ses émotions (pilier6) Chacun doit avoir : la volonté de se prendre en charge personnellement; la conscience de la nécessité de s’impliquer, de rechercher des occasions d’apprendre ; l’envie de prendre des initiatives, d’anticiper (cela constitue une attitude essentielle) ; l’envie d’être indépendant et inventif dans la vie privée, dans la vie publique et plus tard au travail (pilier 7) »
Mais qui ont une fonction Elles relèvent principalement des piliers 6 et 7, et/ou du chapitre attitudes Elles déplacent le centre de gravité des apprentissages des savoirs ou des objets culturels, vers l’élève sujet qui devient objet d’apprentissage (le sujet devient objet d’apprentissage). C’est par ce glissement que s’opérationnalise le glissement de la responsabilité collective (qu’a la nation de former sa jeunesse) vers la responsabilité individuelle qu’a chacun eu égard à ses réussites ou ses échecs. C’est la traduction de l’individualisation, de la personnalisation, de la responsabilisation. C’est cela qui fait du socle Fillon un texte éminemment idéologique
Le livret = bras armé du socle Une stratégie de pilotage par l’évaluation 7 piliers, 26 sous compétences, 98 items : quelle articulation ? Identifier les problèmes : – Des items qui ne sont pas tous de même nature – Qui posent des problèmes (quasi insolubles) d’évaluation – Qui posent des problèmes d’éthique professionnelle : d e quel droit évaluer tel ou tel aspect de la personnalité de chacun ? Un livret qui est prévu pour être mis en ligne et donc consultable à tout moment par l’élève et ses parents ; qui est prévu pour accompagner un autre livret (proposition de Martin Hirsch) de compétences civiles et sociales Connaître et débattre de ces aspects avant de s’engager
LPC : quelle attitude collective adopter ? Socle + livret = une seule entité Un ensemble de difficultés à prendre en compte : – Enjeu idéologique majeur = pression institutionnelle forte – Conformisme professionnel, difficulté à s’opposer / ras le bol, désillusion, indignation, désobéissance – Souci de ne pas pénaliser les élèves 1 risque majeur : l’éclatement de la communauté éducative Fixer un cap à la boussole professionnelle : – Pas possible d’un mot d’ordre identique pour tous les établissements – Rassembler le plus largement autour d’une position partagée – Proposition de 3 schémas tactiques « de jeu » Une seule constante : mener la campagne d’explication