Le phénomène de perception : sujet « percevant », objet « perçu », quelle dialectique ? Implications en EPS Nathalie Gal-Petitfaux UFR STAPS Clermont-Fd.

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Transcription de la présentation:

Le phénomène de perception : sujet « percevant », objet « perçu », quelle dialectique ? Implications en EPS Nathalie Gal-Petitfaux UFR STAPS Clermont-Fd LAPRACOR (laboratoire d’Anthropologie des Pratiques corporelles)

I - Introduction

Les composantes de l’action 1 – L’EPS et l’action Les composantes de l’action Action  affects, émotions perception contexte cognition ? Processus autonomes ou commandés ? Séparabilité ou Inséparabilité ?

2 – Importance de la perception En jeu dans toutes les situations - Met un sujet en relation avec l’environnement - Ouvre à une extériorité ; met en présence d’objets matériels, humains (envisagés dans leur concrétude, et non en images) Le sujet accède à…. ce qu’il y a, ce qui existe, dans le monde Un sujet « percevant » + un monde « perçu » Percevoir : quelqu’un qui perçoit + qui perçoit quelque chose La perception est-elle relative : - à l’environnement, qui contraint ce qu’il y a à percevoir ? - Ou au sujet, qui spécifie ce qu’il y a à percevoir ?

Epistémologie causaliste : 3 – Statut accordé à la perception : dépend des théories et des épistémologies qui les fondent Epistémologie causaliste : Percevoir, éprouver des sensations provoquées par les propriétés de l’environnement - Théories physiologiques (Psychophysiologie, neurobiologie) Philosophie empiriste Psychologie du comportement (béhaviorisme)

Epistémologie causaliste, cognitiviste: Percevoir, détecter les informations pertinentes de l’environnement - Psychologie cognitive

Epistémologie interactionniste, couplage, inséparabilité des composantes (action, sensation, signification, affect) Percevoir, appréhender les informations sensorielles venant de l’environnement en fonction de leur utilité pour son action Gestalt ou Psychologie de la forme Théorie écologique de la perception Théorie de l’Action (cognition) distribuée Philosophie phénoménologique

4 – A quelle connaissance du monde ouvre la perception ? Une connaissance sensible : découverte des objets par la manière dont ils affectent nos sens Spécification des opérations mentales pour adapter l’action aux entrées sensorielles Une reconnaissance de formes signifiantes

II - Epistémologie causaliste : Percevoir, éprouver des sensations provoquées par les propriétés de l’environnement

1 – Environnement  Perception Perçu : sensations Percevant : organisme sensible Expérience immédiate: réactions sensorielles et comportementales à des stimulations environnementales Postulat d’une réalité extérieure au sujet : envt avec des propriétés objectives Postulat d’un accès à ces propriétés par l’entremise de nos organes des sens Postulat d’une connaissance de l’envt par sa « présense sensible » Perception: des sensations « données »

2 – Les sensations ou informations sensorielles extéroceptives, réfèrent aux signaux sensoriels de l’envt proprioceptives, renvoient aux signaux provenant du corps Renseignent sur nos actions : Vision : la structure physique (forme, couleur); le mvt des objets dans l’envt (trajectoire + durée d’arrivée d’un ballon); nos propres mvts dans l’envt (trajectoire + durée) Audition : accès aux sons Proprioception : . récepteurs kinesthésiques : éval positions des articulations, forces et tensions des muscles, orientation dans l’espace . Récepteurs vestibulaires : éval des mvts de la tête dans l’espace; posture et équilibre

Barbaras (1994, p 4) « sans sujet percevant, précisément sans organes des sens, rien n’apparaîtrait. Il suffit de détourner ou de fermer les yeux pour que disparaisse un pan entier du spectacle, de ses déplacer pour que le paysage se mette à bouger : alors même qu’il se donne à nous comme précédent notre expérience, le perçu semble en même temps totalement tributaire de notre subjectivité sensible » Pradines (1981, p 27) La perception est « une fonction dont le propre est de nous faire atteindre des objets dans l’espace à travers des états de notre propre personne, qui, à ce titre, sont subjectifs et ne sont pas spatiaux ». LOCKE (1972, p 61) – métaphysique empiriste « Et premièrement nos sens étant frappés par certains objets extérieurs, font entrer dans notre âme plusieurs perceptions distinctes des choses, selon les diverses manières dont ces objets agissent sur nos sens. (…) Et comme cette grande source de la plupart des idées que nous avons, dépend entièrement de nos sens, et le communique par le moyen à l’entendement, je l’appelle SENSATION ».

3 – Contributions sensorielles à la connaissance de l’environnement et de l’action : études neurbiologiques et psychophysiologiques Informations sensorielles participent à l’organisation et au contrôle de l’équilibre postural (station debout) - Informations vestibulaires + visuelles + musculaires + tactiles Sensibilité tactile plantaire et Contrôle postural - Récepteurs tactiles de la sole plantaire, localisés à l’interface corps-support Suppression / stimulations vibratoires, des afférences extéroceptives  instabilité posturale Connaissance de la position du corps dans l’espace et de son contrôle / messages sensoriels

4 – Sensations : à l’origine de nos idées Chronologie : Sensation, à l’origine de nos idées - compose les idées, qui viennent des sens - d’abord l’expérience de nos sens (sensations) - c’est à partir des sensations que s’exercent les opérations de l’esprit Logique : la sensation perçue de l’objet procure l’idée même qu’on a d el’objet un objet n’est connu qu’à travers ce qu’il affecte de nos sens LOCKE : la froideur et la dureté qu’on sent dans un morceau de glace l’odeur et la blancheur d’une fleur de lis la douceur du sucre et l’odeur d’une rose

5 – Critiques de cete conception empiriste Monde : propriétés objectives, accessibles par les sensations Théorie associationniste: « sensation vécue » de l’objet donne, suggère « l’idée » de » l’objet par association Pb: comment qqchose peut-il exister en dehors de l’esprit ? Conférer l’existence d’une réalité sans médiation cognitive, sans le conceptualiser ?

III - Epistémologie causaliste, cognitiviste : Percevoir, détecter les informations pertinentes de l’environnement

1 – Environnement => perception = soubassement de la cognition Aucun objet n’existe en dehors de représentations et d’opérations symboliques permettant de répondre aux messages sensoriels Barbaras, p 10 « si la perception est vraiment subjective, si elle est un état de moi-même, c’est-à-dire se confond avec l’éprouver comme tel, comment peut-elle me donner un contenu déterminé, distinct de cette épreuve ? Une pure perception serait donc imperceptible, elle se confondrait au mieux avec un sentiment »

2 – La connaissance de l’envt est différente de la sensation Appréhension d’une qualité « sentie » =/= appréhension d’une « qualité » de l’objet Les propriétés de l’envt n’existent que parce qu’on leur donne un contenu intellectuel, un traitement mental (catégories, concepts) Les données sensorielles sont à l’origine de la cognition et de son développement

3 – Critiques Postulat d’une objectivité des pptés de l’envt - Percevoir : sélectionner les infos pertinentes (corps, envt) pour agir + adapter son action aux caractériq de l’envt - Agir : intégrer les entrées sensorielles à des schémas d’organisation mentale de la réponse - Dévpt : optimiser le processus de modification des paramètres des schémas pour s’adapter aux conséquences sensorielles de l’envt Sujet : a un rôle important dans la détermination de ce qui est pertinent pour lui dans l’envt

IV - Epistémologie interactionniste, couplage : Percevoir, appréhender les informations sensorielles venant de l’environnement en fonction de leur utilité pour l’action

1 – Couplage Spécification de l’envt par le sujet, en fonction de son intentionnalité Spécification par l’action : les caractéristiques de l’environnement sont relatives au sujet agissant et aux afférences sensorielles Informations : spécifiées par l’attribution d’une signification fonctionnelle (valeur d’utilité pour l’action)

2 – La Gestalt : toutes nos expériences se fondent sur la perception de formes Ce que nous percevons : Forme, configuration - pas d’abord des sensations, mais un tout organisé, articulé nous reconnaissons l’identité d’un objet par la reconnaissance de sa forme - Une totalité signifiante : impression sensorielle + apparaît par l’action + l’appréhension d’une signification Pas d’opposition subjectif – objectif Perception physionomique : « voir comme »

3 – Théorie écologique de la perception (Gibson) Prise d’informations dans l’envt ? Spécification personnelle des pptés de l’envt en vue de l’organisation de son action Perçu : des affordances Relatives aux intentions du sujet Attribution directe de signification Signification fonctionnelle : on perçoit seult les infos directement utilisables pour son action C’est l’action en cours qui spécifient quelles infos sont pertinentes

4 – Théorie de l’Action (cognition) située Définition de l’envt relative à l’action du sujet Co-détermination action-perception-environnement Émergence de sens Artefacts Cognition située et distribuée

5 – Philosophie phénoménologique : le sujet définit « un monde à sa portée »; « l’être-au-monde » L’inscription corporelle de la perception et de la connaissance « un mouvement est appris lorsque le corps l’a compris (…) Mon corps a son monde ou comprend son monde sans avoir à passer par des ‘représentations’, sans se subordonner à une ‘fonction symbolique’ ou ‘objectivante’ » (Merleau-Ponty, 1945, p. 164) Barbaras : « un sujet atteint les qualités de l’objet uniquement parce qu’il en fait l’épreuve » Percevoir : appréhender une signification Barbaras : « Le propre de la perception est qu’elle atteint un sens au sein du sensible «  (p 21)

6 – Critiques Ancrage subjectif de l’action / objectivité de l’envt Critiques des positions rationalistes