Autrefois, bien avant l'arrivée des peuples pasteurs, notre Tunisie était une vaste plaine qui s'étendait sans pli, depuis la mer de Tunis et d'Hammamet,vers l'occident et les sables du sud. Un jour, il se fit un grand bruit dans le monde : une caravane de montagnes arrivait de l‘Ouest. Elle se rendait en Pèlerinage à la Mecque - pour baiser la Pierre noire - se laver dans l'eau de ZemZem, jeter 7 cailloux au pied du grand Satan et manger à Mina la chair d'un mouton sacrifié LA LEGENDE DE L’ICHKEUL
Certaines de ces montagnes étaient opulentes et allaient à la Mecque pour leur propre compte. D'autres étaient pauvres et voyageaient pour la purification de riches montagnes paresseuses. D'autres enfin, accomplissaient le Hadj, la course sacrée, pour racheter les fautes de montagnes mortes sans avoir pu voir la maison de Dieu. Toutes étaient parties du pied droit, toutes étaient chargées de bénédictions. Les plus puissantes portaient un turban de nuages.
En tête marchait Le djebel Zaghouan semblable à un lion. Venait ensuite Le Ressas, Le Bou Korneim, puis les monts de Bajaoua, avec Le beau Djebel Ichkeul, enfin une infinité de montagnes magnifiques dont la file se déployait jusqu'à l'horizon.
Le soleil allait se coucher, quand Le djebel Ichkeul, qui avait grandement chaud, voulu se baigner dans la Gaara.
Au regard de ses compagnons inquiets, il parcourut les marécages, impatient de trouver l'eau fraîche et profonde.
Longuement le Djebel Ichkeul but et fit ses ablutions : mais quand il voulut rejoindre sa tribu, il était embourbé dans la Gaara, embourbé comme des buffles. Il poussa de longs mugissements. Toutes les montagnes s'arrêtèrent et vinrent avec curiosité se grouper sur la rive et contempler le djebel Ichkeul qui se débattait dans la vase.
… À ceux qui t’ont fait rire quand tu en avais vraiment besoin... Toutes ensemble, elles poussèrent le cri d'alarme pour prévenir la caravane. Le Zaghouan avait aussi souffert de la chaleur. Une sueur abondante ruisselait de sa crinière. Le Ressas ressemblait à un poisson furieux qui hérisse sa nageoire dorsale. Il était riche et emportait à la Mecque une grande provision de métaux, le Bou Korneim rêvait au bord du Golfe de Tunis. La nuit tomba.
La nuit dura longtemps, des siècles. Quand l'aube parut la caravane était toute raidie et pétrifiée. Des flancs du Zaghouan coulait une eau fraîche et généreuse. Des hommes étaient venus, sur les flancs du Takrouna avait poussé une multitudes de plantes, de sorte que la montagne exhalait un parfum capiteux, de ceux que le livre interdit aux pèlerins.
Le Djebel Ichkeul demeurait prisonnier de la Gaara, et jusqu'à l'horizon, les montagnes dormaient,épaulées les unes aux autres. Depuis ce temps, les montagnes dorment à la même place que l'enchantement les a surprises. Mais elles repartiront un jour, tout le monde le sait.Elles repartiront emportant sur leur dos, les villages, les cultures et les routes des hommes
… Comme je le fais … Elles verront la Maison de Dieu et s'il leur est donné de faire, toutes ensemble, la course rituelle entre Arafa et Mozzarella, il faut croire que ce sera un fameux spectacle.
de Georges Duhamel C'était la légende des Montagnes - extrait du « Prince Jaffa »
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