PARTIE 1 : Les différents groupes sociaux 1 mars 2010 IFSI René Auffray
Qu’est-ce qu’un groupe social (signification sociologique) ? Définition générale du groupe social « le terme groupe est une appellation sociologique utile pour désigner un certain nombre (grand ou petit) de gens, entre lesquels on découvre des relations telles qu’on doit considérer ces personnes ensemble. » Albion SMALL, 1905.
Quelques précisions… En général, les sociologues excluent de cette définition : les simples agrégats physiques (comme une groupe de personnes attendant le bus). les catégories statistiques (âges, sexes, profession, niveau de revenu…). Dans leurs recherches, les sociologues insistent sur deux critères pour définir le groupe social (Robert K. MERTON,1910-2003) : l’existence d’une interaction entre les personnes composant le groupe. C’est-à-dire un échange ou des rapports entre les personnes (directs ou indirects). La conscience d’une appartenance commune : les personnes composant le groupe se reconnaissent entre-elles comme appartenant au même groupe. Et les personnes extérieures au groupe les reconnaissent comme appartenant à ce groupe.
II. Quelques distinctions à l’intérieur des groupes sociaux A. Les groupes primaires et secondaires : Les groupes primaires : un groupe de petite taille dont les membres entretiennent des liens personnels durables (la famille, un groupe d’amis…) – socialisation primaire Les groupes secondaires : un groupe de plus grande taille dont les membres entretiennent des relations contractuelles tournées vers un objectif (comme dans l’entreprise ou un syndicat par exemple) – socialisation secondaire. Les informations obtenus par l’étude des groupes sociaux permettent d’analyser la socialisation des individus c'est-à-dire le processus par lequel un individu intériorise des valeurs et des normes, qui conditionnent sa participation à la vie en société et la construction de son identité.
B. Le groupe d’appartenance et le groupe de référence : Groupe d’appartenance : groupe auquel appartient effectivement un individu. Groupe de référence : groupe auquel un individu souhaite appartenir (fonction comparative, fonction normative et valeur négative). Qu’est-ce qui détermine un individu à prendre un groupe de référence autre que celui auquel il appartient ?
C. Statut et rôle social Certaines normes s’imposent à l’ensemble de la population alors que d’autres varient selon la position sociale de l’individu (exemple dans la famille, les parents et les enfants ne respectent pas exactement les mêmes normes). Les normes dépendent donc du statut social des individus. Ce statut correspond à la position/place qu’occupe un individu dans un domaine (professionnel, familial…). A cette position sont attachés des droits et des devoirs Ces droits et devoirs forment le rôle social, c’est-à-dire le comportement attendu d’un individu en raison de son statut social.
III. Rencontre de deux visions sociales de la maladie le soigné et le soignant Le soignant est également influencé par son groupe social dans sa vision et son traitement de la maladie. Parfois, il peut exister une grande distance entre les groupes sociaux du patient et du soignant. Ce qui génère de l’incompréhension… Plus les personnes sont d’un milieu social proche mieux elles se comprennent. Cette question est traitée par : Fathia BENCHARIF dans Des récits malentendus (1996, Saint-étienne) .
PARTIE 2 : Normes et déviances Normal et Pathologique.
INTRODUCTION Généralement, la norme renvoie autant à la conformité au modèle majoritaire qu’à une règle qu’il convient de suivre. Et donc « normal » au sens usuel du mot ce qui se rencontre dans la majorité des cas. En médecine, l’état normal peut devenir un état idéal : la guérison. En sociologie, « norme » et « déviance » sont des termes utilisés par les sociologues du comportement. Le mot COMPORTEMENT devient alors un concept utilisé pour analyser la façon dont les gens se conduisent.
I. Normes et déviances dans la sociologie du comportement Les comportements sont générés par des relations : entre des individus ; entre un individu et un groupe ; entre des groupes. Les sociologues vont chercher à mettre en évidence, au sein de ces trois relations, les comportements généraux (normes) et leurs variations (déviances). Ils remarquent aussi que les comportements varient en fonction de : références collectives, styles de vie, conduites générales, modes d’expression individuels, l’âge et du sexe, situation socioprofessionnelle, éducation.
II. NORMES ET MODELES Influence du groupe de référence et du groupe d’appartenance. Chaque groupe fonctionne comme un modèle avec des normes. Une fois ces normes adoptées, elles induiront une attitude de la part de l’individu. Nous obéissons donc à un ensemble complexe de normes culturelles données, qui agissent sur nous comme des contraintes. (En sociologie, elles deviennent des normes quand elles sont reconnues par un groupe).
Quelques points qui découlent des recherches sur les normes et modèles : Les normes varient en fonction des lieux et des époques (influences géographiques et historiques). Le respect des normes est en général nécessaire pour se faire accepter dans le cadre social. Les normes définissent la forme du groupe social. Les relations (entre Moi et Autrui) sont guidées par des normes. La non connaissance des normes peut créer de l’incompréhension. La non reconnaissance des normes peut être un refus d’adhésion, un acte de rébellion. Les normes forment un système, elles sont contenues en chaque individu qui s’en empare et parfois les adapte.
Quand le modèle fabrique de la déviance Certains sociologues, comme Emil DURKHEIM (1858 -1917), ont montré que chaque société engendre des types particuliers de déviances (criminalités, délinquances…). Pour DURKHEIM, les sociétés anomiques qui n’arrivent plus à fabriquer des règles collectives vont générer davantage de déviances. De plus, chaque société propose des valeurs, buts à atteindre. Mais, si elle ne donne pas à tous les moyens d’atteindre ces objectifs, de réaliser ses aspirations, les personnes « exclues » vont utiliser des moyens illégitimes pour parvenir à leur fin.
III. LE ROLE SOCIAL Il existe des : normes communes à tous les membres d’un groupe et des normes de rôle qui prescrivent les conduites à l’intérieur du groupe en fonction du rôle de chacun. Ce rôle social, composé de droits et de devoirs, est étroitement lié au statut de l’individu. Il peut s’apprendre et/ou être donné. Il porte parfois une « prégnance ». Un rôle implique un système d’autres rôles (souvent par opposition).
IV. LE ROLE DU MALADE COMME CONDUITE SOCIALE Talcott PARSONS (1902-1979)
Talcott PARSONS (suite) Nécessité du contrôle social de la maladie car elle menace l’ordre social. Le malade n’est pas considéré comme responsable de sa maladie. Son « rôle de malade » suppose des droits et des devoirs. La réintégration sociale se fait grâce à la relation patient-médecin.
Pour aller plus loin… Attention : la coopération et l’acceptation du rôle du malade est différente en fonction des individus (différences d’expériences personnelles, culturelles, sociales, en fonction des sexes…) Le concept « rôle de malade » est difficile à appliquer quand la maladie se prolonge… Comment la société «manipule»-t-elle le rôle de malade ? Conclusion : la maladie est une conduite sociale liée à un traitement social de la maladie.
V. La DEVIANCE en SOCIOLOGIE Chaque groupe accepte un certain «niveau de conformité» à ses normes. La déviance apparaît lorsque ce seuil est dépassé. Par conformité on entend : - la ressemblance entre individus, l’uniformité dans les démarches, un accord entre le groupe et l’individu. On peut définir la déviance sous deux aspects : - La transgression des normes établies collectivement. La stigmatisation de cette transgression. Ainsi, pour le sociologue, la déviance va être le résultat d’une interaction (entre la personne qui commet l’acte et ceux qui réagissent).
De plus, on estime que le comportement déviant (délinquant, criminel) peut être un comportement appris au contact d’autres personnes à travers un processus de socialisation. Le comportement déviant se développe souvent dans l’écart entre une norme et une valeur. Une société, un groupe peut générer de la déviance quand les normes imposées contredisent les valeurs de ses membres. Très souvent les personnes qui sont en rupture avec leur groupe cherchent à constituer un nouveau groupe social. On remarque différents types de déviances sociales : Sur le plan individuel / la marginalité, Au niveau éducatif / la socialisation anticipatrice, Au niveau culturel / le génie - prophète.
VI. NORMAL ET PATHOLOGIQUE Georges Canguilhem (1904 - 1995) Philosophe
Première question de G. C Première question de G.C. : l’état pathologique n’est-il qu’une modification quantitative de l’état normal ? Une idée historique : ex. citation BROUSSAIS (1772-1838) « un degré au-dessus ou au-dessous de l’état normal ». Ces théories se heurtent à certaines maladies difficiles à expliquer de manière quantitative… G.C. remarque que le médecin définit le normal en fonction de trois choses : sa connaissance physiologique, son expérience, la représentation de la norme dans son milieu social… G.C. montre quant à lui, comment la différence entre normal et pathologique peut être envisagée sous l’angle qualitatif. (sur la base de l’étude de l’adaptation de la personne à son environnement).
L’état de santé comme inconscience du corps, la maladie comme conscience de son corps (René LERICHE). DONC le vécu du normal dépend des infractions à la norme. Le besoin thérapeutique comme besoin vitale. (= un effort spontané de la vie pour lutter contre la mort – la vie répond aux exigences d’un milieu). DONC « un vivant n’est normal que dans un milieu donné. »
Pour une meilleure compréhension du pathologique : comprendre sa différence avec l’anomalie… Différence entre norme sociale et normal en médecine. Dans l’ordre social les règles doivent être apprises. Dans l’ordre vital, la norme est vécue… Débat/cas concret : ETHOLOGIE ET SOCIOLOGIE DE L’AMOUR MATERNEL (complexité de la définition d’un comportement normal ou déviant). CONCLUSION / la créativité en dehors des normes…
BIBLIOGRAPHIE * BAGROS Philippe (dir.), ABCDaire des sciences humaines en médecine, Paris, Ellipses, 2004, 272 p. * BECKER Howard S., Outsiders : études de sociologie de la déviance, Paris, éditions A.-M. Métailié, 1985, 247 p. * CANGUILHEM Georges, le Normal et le pathologique, Paris, PUF, 1979, 224 p. * MOUCHTOURIS Antigone et BAYLET Claude, Éléments sociologiques et biologiques du comportement, Montpellier, Sauramps médical, 1991, 116 p. * Traité d'anthropologie médicale : l'institution de la santé et de la maladie, Presses de l'Université du Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, Presses universitaires de Lyon, 1985, 1245 p.