MARIJO PRESENTE

AIX EN PROVENCE HISTOIRE ET MODERNITÉ

Les Romains, ayant détruit Entremont qui était construit sur une hauteur, s’installèrent sur un replat qui offrait des sources chaudes et froides et fondèrent Aquae Sextiae en 123 av. J.C. Bien placée au carrefour des grandes voies reliant Lyon, l’Italie et l’Espagne, la colonie se développe rapidement, tirant grandement profit de son potentiel thermal. On ne retrouve que bien peu de vestiges de l’époque romaine. Toutefois, un immense espoir a vu le jour quand, en 2004, a été découvert, dans le quartier de la Seds, les restes d’un grand théâtre de 100 mètres de diamètre. Treize gradins ont été dégagés. Malheureusement, les fouilles ont du être interrompues faute de fonds, les vestiges en partie recouverts et, pour l’instant, tout reste au point mort…

Dans l’enceinte des thermes actuels on retrouve les vestiges de ceux qui furent à l’origine de la ville. .

Les sources chaudes et froides avaient été découvertes par les Romains « Caius Sextius Calvinus ». Au début, les thermes servirent à traiter les soldats romains, notamment pour les blessures aux pieds. Seuls ils avaient le droit d’en disposer. Sous le règne d’Auguste, la ville se développa beaucoup autour de la « source impératrice » qui, selon Strabon, rendait les femmes fécondes. Les thermes ont fonctionné jusqu’aux années 1980. Depuis, ils ont été complètement rénovés et transformés en centre de balnéothérapie fonctionnant avec de l’eau à 17 degrés, captée par deux forages à 400 m de profondeur, puis réchauffée à 34 degrés.

Les thermes Sextius actuels A l’intérieur, unvestige des thermes romains, une baignoire de marbre accompagnée d’un ex-voto de Pompeia Antiopa attestant de la qualité des eaux d’Aix.

A proximité des thermes, des bassins qui furent sans doute utilisés comme lavoirs et une fontaine.

Les fouilles en 2004, dans l’enclos de la Seds. (Photo Association archéologique d’Entremont)

Trace des anciens remparts , la porte du Portalet datant du XIIIe siècle.

La ville d’Aix en Provence fut, au Moyen-âge, entièrement ceinte de remparts. Cette tour, la Tourreluque, du XIVe siècle en est le principal vestige. Les remparts furent détruits au XIXe siècle pour laisser place au périphérique.

Après le départ des Romains, c’est en 400 qu’est créé le premier évêché mais , ce n’est qu’après une période plus sombre dominée par les attaques sarrasines, à partir du Xe siècle, que le bourg se développe autour de sa cathédrale . Aix devient alors, la métropole de la Provence, lieu de résidence des Comtes du même nom. C’est un centre important pour le commerce et l’artisanat. En 1409, sous l’impulsion de Louis II, comte de Provence, est fondée la première université qui sera supportée par le Parlement dès 1501. Le XVe siècle, celui du bon roi René, s’avère marquant. De nombreux quartiers sont créés. Mais, en 1481, la Provence est léguée au Roi de France. Suit une période de guerres dont celles de religions avec, de plus, l’opposition de la ville à Richelieu et Mazarin.

Cathédrale Saint-Sauveur Si la façade principale et son portail sont gothiques, on retrouve à droite, un petit portail roman du XIIe siècle jouxtant un mur du Haut moyen-âge. Baptistère d’époque mérovingienne. On a réutilisé des colonnes antiques. Le bassin d’immersion subsiste.

Autoportrait 1875 (Wikipédia) Le premier édifice gothique de Provence, érigé au XIIIe siècle, fut l’église Saint-Jean de Malte. Elle abritait les sépultures des Comtes de Provence qui furent détruites lors de la Révolution. L’église fut alors vendue et transformée en grange… Le prieuré qui la jouxtait fut transformé en école de dessin en 1828 puis devint le musée Granet qui accueillit la grande exposition Cézanne pour le 100e anniversaire de sa mort, en 2006. Autoportrait 1875 (Wikipédia)

La croix de Malte est omniprésente. Église Saint-Jean de Malte et fontaine sur la place, construite en 1759 sure les plans de G. Vallon. Entrée du musée. La croix de Malte est omniprésente.

Après avoir parcouru cette petite place régulièrement dans sa jeunesse, le peintre y revint assidument vers la fin de sa vie car il visitait quotidiennement la Cathédrale, face à l’Université. XVIIIe

Les XVIIe et XVIIIe siècles voient se développer un grand nombre d’hôtels particuliers qui jalonnent les rues d’Aix et attirent par leur élégance. Ils nous incitent à lever les yeux pour admirer au passage, les magnifiques décorations qui les ornent sous forme de frises, sculptures, mascarons, balcons, etc.

L’Hôtel d’Antoine, dit Lestang-Parade, possède la particularité, rare à Aix, de ne pas donner directement sur la rue. Il est construit en U derrière une porte cochère et est décoré d’un étagement de colonnes doriques, ioniennes et corinthiennes. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le théâtre était fort prisé et bon nombre d’hôtels particuliers installaient des scènes dans de grandes salles. Celui-ci possédait un fort beau théâtre décoré par Jean Daret. En 1660, lors d’un séjour de Louis XIV, la nièce de Mazarin, Olympe Mancini y logea… Autre locataire célèbre : la girafe offerte par le Pacha d’Égypte à Charles X . Elley passa la nuit lors de son transport de Marseille à Paris!

L’hôtel de Châteaurenard construit vers 1650, s’enorgueillit d’avoir logé Louis XIV en 1660. Il possède un escalier exceptionnel réalisé par Jean Daret. Toutes les parois sont dotées de peintures en trompe-l’œil.

La pierre dorée des différents hôtels anciens d’Aix en Provence, séduit. On ne se lasse pas, de plus, d’admirer leurs différents attributs décoratifs dont quelques portes magnifiques. Celle-ci est d’époque Louis XV. Elle orne l’hôtel de Gras sur la place des Prêcheurs.

L’une des nombreuses statues de façade d’Aix. Construit à la fin du XVIIe siècle, l’hôtel Boyer d’Éguilles offre une façade baroque précédée d’une avant-cour et d’un large portail à carrosse. Faisant face à la Place d’Albertas présentée dans le diaporama précédent, il abrite le muséum d’Histoire naturelle. L’une des nombreuses statues de façade d’Aix. Les vases sont identifiés à Jésus et Marie.

À la fin du XVIIIe siècle, un nouveau quartier est créé en périphérie nord, le faubourg Notre-Dame. Ce curieux monument a été érigé par le bourgeois Georges Sec, maître menuisier et marchand de bois, à la gloire de la Loi… Côté rue, c’est un mausolée. On y retrouve à gauche la symbolisation de l’Afrique figurant l’esclavage et à droite, celle de l’Europe, symbole de liberté. Une représentation de la loi domine l’édifice et différents attributs évoquant l’idéal révolutionnaire, ornent la façade de l’édifice.

En arrière, c’est un jardin bordé de statues figurant des héros de l’Ancien Testament. Avant l’expulsion des Jésuites en 1763, elles ornaient leur chapelle.

En 1780, le Duc de la Rochefoucauld En 1780, le Duc de la Rochefoucauld. s’inspirant des réformes anglaises de la révolution industrielle, fonde des ateliers-écoles pour les enfants de ses officiers et sous- officiers, dans sa ferme de Liancourt. Le 14 juillet 1800, l ’école devient nationale et elle est transférée à Compiègne. Le 6 ventose 1803, Bonaparte la transforme, par décret. Elle devient l’École nationale des Arts et Métiers. En 1815, s’ouvre un deuxième centre à Angers et c’est en 1843 que, sur l’instigations de Thiers, est créé un troisième établissement, l’École des Arts et métiers d’Aix-en Provence. Elle s’installe dans l’ancien hôpital de la Charité préalablement transformé en dépôt de mendicité accueillant 700 indigents en 1810 puis en caserne en 1837…

Cette façade d’angle de l’École Nationale Supérieure des Arts et Métiers est typique de la IIIe république. Thiers

L’horloge qui rythmait la vie du quartier et l’amphithéâtre construit en 1869

Des anciennes prisons, en arrière du Palais de Justice, datant du milieu du XIXe siècle, on n’a conservé que les murs extérieurs. L’intérieur a été remplacé par une construction moderne formant un pôle judiciaire qui accueille la Cour d’Appel.

Les eaux thermales d’Aix lui valurent sa réputation du temps des romains. Ces thermes furent détruits par les Sarrasins en 737 mais réapparurent dès la reconstruction de la cité. Au XIIIe siècle, la ville racheta les bains et construisit l’établissement thermal. Sous les comtes de Provence, on attribuait aux sources d’Aix, des vertus de guérison du goitre et des écrouelles… La ville fut reconnue station thermale en 1913. Les analyses ont classé ses eaux dans la catégorie des bicarbonatées, calciques ou alcalines. Elles étaient recommandées pour soigner les troubles du système nerveux et de la circulation du sang. Depuis 1980, les canalisations devenues trop poreuses, l’agrément du Ministère fut retiré et il ne se pratique plus que de la Balnéothérapie.

Aix en Provence compte 53 fontaines dont 33 intra-muros Aix en Provence compte 53 fontaines dont 33 intra-muros. Celle-ci , la fontaine des Bagniers, fut construite en 1685 puis adossée à un mur un siècle plus tard. Un médaillon de Cézanne, d’après Renoir, entouré de fruits et de fleurs, y a été placé au siècle dernier.

Sur le Boul. Sextius, la fontaine au tambourinaire bien représentatif de la Provence. En reconnaissance pour la donation faite par le peintre à sa ville natale, un buste de Granet a été juché sur cette fontaine, Place Bellegarde, en 1852

Ne connaissant que la vieille ville avant de m’installer à Aix en Provence, c’est avec une certaine surprise que j’ai découvert , dans le quartier ouest, des pôles d’activités dynamiques axés sur les nouvelles technologies. En haut, le Parc d’Ariane. Dessous, la Fondation Vasarely inaugurée en 1976 à l’instigation du peintre de ce nom. Elle a pour but de permettre la rencontre entre les technologies modernes et l’expression artistique contemporaine.

Au début de 1989, la Bibliothèque Méjanes s’installe dans l’usine d’allumettes, réaménagée. En 1993, c’est l’intégration de la Cité du livre. En fait, il s’agit d’un pôle très important de la vie culturelle de la ville. Dotée de plusieurs amphithéâtres et d’un espace multimédia conséquent, on y retrouve, outre ce qui se rattache à la lecture, toutes sortes d’expressions artistiques telles que la danse, le cinéma, la musique ainsi que des ateliers de formation. La Cité du livre abrite la Fondation Saint-John Perse qui gère les 14000 volumes légués par le poète en 1975 et les Écritures croisées qui réunissent tous les passionnés d’écriture et lecture : poètes, écrivains, journalistes, éditeurs… Cet atelier organise chaque année la grande Fête du Livre.

La Bibliothèque porte le nom de Méjanes en hommage à celui qui lui a légué 80 000 volumes en 1786!

Résolument moderne, le quartier réaménagé de Sextius-Mirabeau, prolonge, au-delà de la Rotonde, le Cours Mirabeau. Ouvert au printemps 2007, il réunit, outre une série d’appartements de prestige, un grand nombre de belles boutiques que les Aixois se plaisent à parcourir.

Le manque de salle à la mesure du prestigieux Festival d’Art lyrique d’Aix en Provence, se faisait cruellement sentir. Le Grand Théâtre de Provence, à l’extrémité du nouveau quartier, est venu combler merveilleusement cette lacune. Conçu par l’architecte milanais Vittorio Gregotti, il offre des formes toutes en rondeurs, habillées de grès de l’Ouzbékistan . L’aspect en est fort agréable mais cette utilisation fut faite au grand dam de certains Aixois qui ne comprennent pas ce choix. Sa grande salle de spectacle, de capacité modulable, peut accueillir 1350 spectateurs et 105 musiciens dans la fosse d’orchestre. L’acoustique y est remarquable. Il fut inauguré le 22 juin 2007 par les Walkyries de Richard Wagner.

Photo l’Express

Musique : Georges Bizet – Carmen (entr’acte) Sources : Office du Tourisme, le Guide vert de la Provence (Michelin), le site aix-en-provence.com Josette Reale, historienne. Photos (à l’exception de celles identifiées), conception et réalisation : Marie-Josèphe Farizy-Chaussé Mars 2008 – Révisé et complété octobre 2010 marijo855@gmail.com

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