Approche des troubles du sommeil Didier Cugy

Le sommeil est un état de vigilance La vigilance peut être définie comme : un état physiologique de l ’organisme qui reçoit des stimulations et y répond (Petit Larousse) la capacité d ’un sujet à répondre de façon adaptée à une situation inopinée. VIGILANCE : habitude de veiller Surveillance soutenue, attentive, sans défaillance La vigilance désigne également la pierre que la grue tient dans sa patte et dont la chute réveillera l’oiseau s’il s’endort ? oiseau vigilant par excellence, la grue symbolise le soin et l’attention aux devoirs d’une charge. Souvent utilisée en héraldique, la grue est représentée debout, la patte légèrement relevée, tenant sa “vigilance” et prête à défendre son nid. C’est à ce titre qu’elle figure sur de nombreux blasons.

De la cellule aux organismes supérieurs Une approche originale, présentée par .M. Krueger (1) Fig 1, met en perspective l'évolution des organismes vivants, l'organisation de la réponse de ces organismes aux stimuli environnementaux et la fonction hypnique. Dans le cas des organismes unicellulaires il est mis en évidence des modifications fonctionnelles essentiellement métaboliques (cycles repos/activité) en réponse aux variations de l'environnement . Chez les organismes multi-cellulaires on retrouve l'existence de signal humoral puis électrique en réponse aux fluctuations environnementales et du cycle Repos/Activité. Comprendre la façon dont les quelques millions ou milliards de cellules communiquent pour donner lieu à une structure telle, par exemple, que le système nerveux central d ’un mammifère semble impossible à l ’heure actuelle. Heureusement, il se fait que certains organismes unicellulaires atteignent pendant leur vie, un niveau d ’organisation où des cellules individuelles forment des colonies dans les une différenciation primitive entre cellules. Un tel niveau d ’organisation est observé dans une famille d ’amibes, les acrasiales. Ainsi, pendant leur cycle de vie, ces amibes peuvent s ’agréger spontanément et former un corps multicellulaire. Il est actuellement bien établi que ce processus est médié par une substance chimique, l ’acrasine, qui est en fait un AMP cyclique, et qui est sécrété par les cellules. Il est aussi établi que l ’initiation de cette agrégation peut être interprétée comme une instabilité de la distribution uniforme de cellules individuelles. Ilya Prigogine (PN 72)

De la cellule aux organismes supérieurs ⸀   䰀攀 猀漀洀洀攀椀氀Ⰰ 攀渀 琀愀渀琀 焀甀攀 琀攀氀 猀攀 搀椀昀昀爀攀渀挀椀攀 搀攀 氀✀琀愀琀 搀攀 爀攀瀀漀猀 挀栀攀稀 氀攀猀 漀爀最愀渀椀猀洀攀猀 搀椀猀瀀漀猀愀渀琀 搀✀甀渀攀 漀爀最愀渀椀猀愀琀椀漀渀 渀攀甀爀愀氀攀 最愀渀最氀椀漀渀渀愀椀爀攀⸀ 䰀攀 猀漀洀洀攀椀氀  攀猀琀 愀氀漀爀猀 愀猀猀漀挀椀   甀渀攀 昀漀渀挀琀椀漀渀 搀✀漀爀最愀渀椀猀愀琀椀漀渀 猀礀渀愀瀀琀椀焀甀攀⸀ 䐀甀爀愀渀琀 氀✀瘀攀椀氀 ⠀刀攀瀀漀猀⼀䄀挀琀椀瘀椀琀⤀ 氀愀 洀椀猀攀 攀渀 匁甀瘀爀攀 搀攀猀 洀挀愀渀椀猀洀攀猀 搀✀愀搀愀瀀琀愀琀椀漀渀 攀琀 搀攀  爀最甀氀愀琀椀漀渀 愀甀 渀椀瘀攀愀甀 搀攀猀 爀猀攀愀甀砀 搀攀 渀攀甀爀漀渀攀猀 猀攀 琀爀愀搀甀椀琀 瀀愀爀 甀渀攀 瀀攀爀琀攀 搀攀 氀愀 挀愀瀀愀挀椀琀 昀漀渀挀琀椀漀渀nelle de réponse à l'environnement. Le sommeil est alors un moment durant lequel ces mécanismes d'adaptation peuvent se dérouler de façon optimale. L'apparition de l'homéothermie (associée au sommeil paradoxal ) correspond alors à des mécanismes d'adaptation plus complexes dans lesquels est mis en jeu la thermorégulation. L'intérêt de cette approche "du bas vers le haut" est tout d'abord d'envisager le sommeil comme étant une propriété fondamentale de populations neuronales. Au niveau du cortex cérébral il est possible de mettre en évidence l'existence de molécules mises en jeu dans les mécanismes de régulation du sommeil et augmentées lors des privations de sommeil (NGF, BDNF, Interleukine-1). A un second niveau, l'hypothèse d'une fonction cellulaire du sommeil, fait envisager que les fonctions supérieures du système nerveux central correspondent à un état évolutif postérieur. Le sommeil ayant alors un rôle essentiel lié à la régulation de l'homéostasie par le système nerveux central dans des conditions particulières (p.ex : réponse aux infections, digestion, etc…).

Il s’agit d ’un phénomène organisé

Le sommeil évolue avec l’age Aspect quantitatif

Le sommeil évolue avec l’age Aspect qualitatif

Il existe une reproductibilité de l ’alternance repos/activité

Les privations partielles de sommeil Les conséquences des privations de sommeil (Borbely & al 1996, Kahn & al 1997) somnolence diurne une majoration de l’anxiété un état tensionnel une fatigabilité intellectuelle une irritabilité un dysfonctionnement mnésique

L’apprentissage modifie le sommeil L ’animal est mis à l ’eau dans une piscine d ’eau opaque. Pour reprendre pied, il doit mémorise l ’emplacement d ’une plateforme visible ou non. Dans le premier cas, il n ’y a pas d ’augmentation du SP dans les 24h après l ’entrainement (a droite). Dans le second, la durée du SP augmente de 40% à gauche.

La privation de sommeil perturbe les apprentissages Placez la souris dans un labyrinthe en Y. Ajoutez de la nourriture dans l ’une des branches qui lui fait face. L ’animal arrivera t il a trouver sa nourriture du premier coup si on le prive de sommeil paradoxal ? Oui si la branche alimentée est toujours la même ( à gauche, bleu foncé : groupe témoin, bleu clair groupe privé de sommeil paradoxal). En revanche, lorsque l ’emplacement de la nourriture est signalé par une lumière et change en essai, le taux de réponse avoisine les 50%. Ce qui revient à dire que l ’animal joue à pile ou face.

Un groupe d'élèves de collège (4ème - 3ème) A quoi ça sert de bien dormir ? Se reposer (12) Pour grandir (1) Pour prendre des forces (2) Pour récupérer (3) Rien, on perd du temps (3) Un besoin (1) Pour être en forme la journée (3) Quand on s'ennuie dans les cours (1) Pour faire de beaux rêves (1) Se reposer la tête (2) Pour recharger les piles (1) Pour faire passer le temps (1) Pour se relaxer (1) Si vous n'avez pas assez dormi quelles en sont les conséquences ? Je suis crevé (9) Je somnole (3) Je baille (1) je fous rien en classe (4) Je paresse (1) Je dors en cours (2) J'ai du mal à me lever (1) J'ai les yeux tout rouges (1) On est mou (2) J'ai des cernes (1) Je suis inconscient (1) Pas assez d'énergie (1) Et cela vous arrive t il souvent (33 élèves présents) ? Toute la semaine (16/33) Le lundi matin (9/33) Le Mercredi matin (1/33) 14/33 font la grasse matinée dès que cela est possible.

Les conséquences d'une mauvaise nuit : Un groupe d'élèves de l'institut des métiers de santé de Bordeaux (20-22 ans) Un bon sommeil c'est : Se réveiller sans avoir envie de se rendormir (3) Réparateur (2) S'endormir quand on en a envie et se réveiller en forme (2) Se réveiller et pas être fatigué (7) Pas être réveillé par le réveil le matin (1) Dormir aussi longtemps que l'on en a besoin (4) Dormir sans se réveiller la nuit (4) Se réveiller en pleine forme (3) "Pas la tête dans le cul" Les conséquences d'une mauvaise nuit : Je ne suis pas sociable (1) J'ai du mal à faire surface (7) Je suis excité (2) Je suis tout mou (1) Je regrette ma nuit et je suis impatient d'attendre la prochaine (2) J'ai du mal à me concentrer (2) Je suis de mauvaise humeur (11) Je baille et me frotte les yeux toute la journée (2) Et cela vous arrive t il souvent (33 élèves présents) ? 1 à 2 fois par semaine (5/24) 2 à 3 fois par semaine (4/24) 1 à 2 fois par mois (5/24) Ca dépend des semaines (7/24) Ca dépend des mois (1/24) Le lundi (1/24) A chaque interro (1/24)

Un groupe d'élèves Sages-Femmes de 4 ème année (23-24 ans) Le sommeil à quoi ça sert ?: A vivre(1) A se laisser aller (1) A se reposer (2) A rêver (1) A récupérer (2) A pas penser (1) A stocker les infos (2) A rien, c'est une perte de temps (1) C'est un tout (1) A récupérer la fatigue de la journée (1) A ne pas être responsable (1) A ne pas travailler (1) A destresser (1) A se construire (1) A fantasmer (1) Les conséquences d'une mauvaise nuit : Je suis grognon (2) Je suis maladroite (1) Je suis déprimée (2) Je suis fatiguée (3) Je suis énervée (1) Je suis irritable (1) Je suis improductive (1) Je suis asociale (1) Je suis somnolente (2) Je suis dans la lune (2) Je suis vaseuse (1) Je suis étourdie (1) Et cela vous arrive t il souvent (33 élèves présents) ? Jamais (0) Une fois par semaine (2) Plusieurs fois par semaine (13) Tous les jours (3)

Un groupe d'élèves infirmiers de 3 ème année (21-22 ans) Le sommeil à quoi ça sert ? A récupérer (13) A se détendre, se reposer (5) A rêver (4) C'est réparateur (1) A réguler (1) A se régénérer (1) A ne pas être fatigué (1) A faire le vide (1) A se revitaliser (1) Au maintien de l'équilibre physiologique (1) A grandir (1) Les conséquences d'une mauvaise nuit : On est fatigué (9) On est irritable (5) On est de mauvaise humeur (2) On baille (2) On est pas régulé (1) On est pas productif (1) On est sans ressource (1) On est énervé (1) On mémorise moins (1) On est tendu (1) On peut avoir froid (1) On est moins efficient (1) On est pas en forme (1) On est moins vigilant (1) Et cela vous arrive t il souvent (30 élèves présents) ? Jamais (0) Une fois par semaine (7) Une à deux fois par semaine (3) Deux fois par semaine (4) Trois fois par semaine (3) Ca dépend (6) Moins d'une fois par semaine (3) Tous les jours (1) En période d'examen (2) Cinq fois par an (1)

L’isolement temporel induit une modification de l’organisation