On vit une époque formidable ! C’est un beau roman, c’est une belle histoire, c’est une romance d’aujourd'hui (comme le chantait Michel Fugain dans une de ses chansons) que cette escroquerie caractérisée concernant la viande de cheval qui a été vendu comme étant du bœuf !

Le cheval est roumain et le cavalier s’appelle Spanghero. Il y a aussi un trader à Chypre. (Là-bas, les banques sont en faillite, mais elles ont toujours des traders…) L’affaire devait être bien juteuse, car le trader chypriote a mis un collègue hollandais sur le coup. On vit une époque formidable où les traders ont des méthodes mafieuses et les mafieux des costumes de traders !

Les cuisiniers devraient être napolitains, puisqu’il s’agit de lasagnes. Sauf que la marque sur les boites est Findus. À force de vendre du poisson sous une forme rectangulaire, cette société leader des produits surgelés en France a fini par confondre la viande de cheval avec la viande de bœuf. Mais les Anglais, qui avaient déjà été échaudés par la vache folle, ont rapidement découvert le pot aux roses !

« On est ce que l’on mange » disait Rousseau. Aujourd’hui, nous comprenons mieux ce que la mondialisation a fait de nous : Des monstres sans patrie, sans racine et sans goût ! Ces lasagnes Roumano-Hollando- Luxembourgo-Franco-Chypriotes ne sont que la partie immergée d’un iceberg gigantesque. Le commerce mondial est devenu dangereusement incontrôlable…

Tout ce que nous achetons, nos vêtements, nos jouets, nos voitures, nos téléviseurs, nos ordinateurs sont un mélange inextricable venu de Chine, du Cambodge, de Roumanie, de Turquie, du Maroc, etc. C’est le règne du travail vite fait, vite cassé et vite jeté ; fabriqué par des ouvriers mal payés, mal formés, mal considérés et évidemment, surexploités…

Le but est de fabriquer des produits pas chers qui rapportent beaucoup à quelques-uns. Le consommateur n’est qu’un intermédiaire, sans grand intérêt, entre l’usine et la poubelle. Jadis, Giscard d’Estaing avait rêvé d’une Europe où chacun produirait ce qu’il sait faire de mieux : Les voitures auraient été allemandes, la cuisine française, les vêtements italiens, la pop music anglaise et les héros de bandes dessinées belges !

Mais le carrosse européen s’est transformé en citrouille. Même les berlines allemandes sont fabriquées dans plusieurs pays avant de recevoir l’étiquette mensongère « Made in Germany ». Les produits viennent de partout et de nulle part. Et dans cette grande foire d’empoigne, ceux qui parlent de relocalisation et de protectionniste se font jeter…

« Impossible de faire machine arrière ! » nous dit-on avec ironie, les containers sur bateaux sont dirigés par Internet. « Mais pas d’inquiétude, braves gens, les contrôles seront renforcés ! » ajoute-t-on avec aplomb. Tout comme le capitalisme devait être moralisé, la finance régulée et le chômage enrayé ; on veut nous faire croire au monde des Bisounours !

Les commissaires européens se sont réunis afin de statuer, concernant cette gravissime affaire de viande de cheval. Leur communiqué officiel ne devrait plus tarder. Le papier utilisé viendra de Tunisie, le stylo du Cambodge, l’encre de Roumanie, l’imprimante aura été assemblée à Francfort à partir de pièces fabriquées en Chine, en Indonésie et en Pologne. Donc, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, non ?

C’est si bon d’être pris pour ce que l’on n’est pas… C’est-à-dire pour des imbéciles, voir pour des attardés ! Oui, C’est un beau roman, c’est une belle histoire, c’est une romance d’aujourd’hui… Chantons tous en cœur ! C’est chat, la mondialisation !

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