Altruisme et réciprocité en économie expérimentale (merci à Stéphane Robin)
Plan de la présentation L’attention à l’autre dans le jeu de l’ultimatum : une anomalie empirique L’attention à l’autre : un phénomène valide et robuste Caractériser l’attention à l’autre : altruisme, équité et réciprocité Retour à la théorie : modéliser l’attention à l’autre
Les hypothèses de comportement du joueur (gamesmanship) Les joueurs sont des individus qui prennent des décisions L’objectif du joueur est de maximiser ses gains dans le choix de ses stratégies Question : Que doit-on inclure dans la liste des gains et des pertes du joueur ?
Le jeu de l’ultimatum Deux joueurs doivent partager une certaine somme monétaire C (100€). Le premier joueur, le proposant, propose un partage xC et (1-x)C au second joueur le répondant. Si le répondant accepte, il gagne (1-x)C et le proposant gagne xC Si le répondant refuse, les deux joueurs ne gagnent rien.
Le jeu de l’ultimatum
La première expérience d’ultimatum Güth, Schmittberger et Schwarze (1982) Protocole expérimental : - sujets : étudiants - Pas de procédure garantissant l’anonymat - c choisit aléatoirement entre DM4 et DM10
Boarini, Laslier et Robin 2002 Protocole expérimental : - sujets : étudiants - c = 10€ - Anonymat entre sujets - jeu répété avec réassortiment
Résultats expérimentaux pour l’UG : Généralisation Comportement du proposant : Le proposant donne en moyenne au répondant entre 30% et 40% de la dotation initiale C. La proposition modale correspond souvent au partage égalitaire. Comportement du répondant : Le taux de rejet augmente à mesure que l’on s’écarte de la proposition correspondant au partage égalitaire. Le taux de rejet pour des proposition donnant moins de 20% de C est de 50%. Remise en cause de l’hypothèse d’indifférence à l’autre
Une anomalie «Güth, Schmittberger and Schwarze reported kind of empirical finding that only surprises economists » (Camerer 2002) « [When] self-interest and ethical values with wide verbal allegiance are in conflict, much of the time, most the time in fact, self-interest theory will win. » (Stiger 1981) Un résultat empirique est qualifié d'anomalie s'il est difficile à "rationaliser" ou s'il est nécessaire de faire appel à des hypothèses invraisemblables pour l'expliquer à l'intérieur du paradigme théorique." (Thaler, 1988)
Les résultats de l’UG sont-ils une anomalie ou un artéfact de laboratoire ? Peu jouer mais n’explique pas tout Effet de surprise Roth Prasnikar, Okuno-Fujiwara and Zamir (1991) Bolton and Zwick (1995) Mauvaise compréhension des sujets Kahneman, Knetsch and Thaller (1986) Bolton (1991) Effet de réputation et anonymat – vis-à-vis fait 50 – 50 (un tiers deux tiers) + effet vis-à-vis de l’expérimentateur Hoffman, McCabe, Shachat and Smith (1994) Roth 91 Etats-Unis, Israël, le Japon et la Slovénie , 10 ultimatum en perfect stranger Kahneman 22/137
Les résultats de l’UG sont-ils robustes ? L’importance des enjeux Roth Prasnikar, Okuno-Fujiwara and Zamir (1991) Hoffman, McCabe and Smith (1996) Cameron (1999) Les effets de population Carter and Irons (1991) Eckel et Groosman (1993) Harbaugh, Krause et Liday (2000)
Caractériser l’attention à l’autre : altruisme, équité et réciprocité Les individus sont altruistes 2. Les individus recherchent les situations équitables 3. Les individus obéissent à des considérations de réciprocité
Jeu du dictateur Deux joueurs doivent partager une certaine somme monétaire C (100€). Le premier joueur, le proposant, propose un partage x.C et (1-x).C au second joueur le répondant. Le répondant ne peut pas refuser le partage imposé par le proposant. Le gain du proposant est x.C et celui du répondant (1-x).C
Dictator game experiment Forsythe, Horowitz, Savin and Sefton (1994) Protocole expérimental : - Sujets étudiants - Procédure garantissant l’anonymat entre sujets
L'expérience de Bolton et Zwick (1995) Le jeu de l ’ultimatum cardinal
L'expérience de Bolton et Zwick (1995) Comparaison des résultats avec double anonymat avec ceux sans anonymat participant-expérimentateur (10 observations par période)
Impunity game experiment Forsythe, Horowitz, Savin and Sefton (1994)
Jeu de l’ultimatum à trois joueurs Güth and Van Damme (1998) x : part de C que le proposant demande pour lui même. y : part de C que le proposant donne au répondant. z : part de C que le proposant donne au joueur inactif. C = 6,80$
Three Players Ultimatum Game results Güth and Van Damme (1998) Nombre d’observation ? On a deux sessions avec même traitement de l’information soit 2 fois 36 = 72 observations ??
Le jeu de l'investissement La première partie de ma recherche est dédiée à l’étude d’une situation de négociation pour laquelle, compte tenu du déroulement séquentiel de la négociation et compte tenu de l’information complète sur les gains des négociateurs, l’issue de la négociation est parfaitement déterminée. Cette situation est celle du jeu de l’investissement. Contrairement au jeu de l’ultimatum, le jeu de l’investissement a encore fait l’objet de peu de recherches expérimentales. Berg, Dickhaut et McCabe ont réalisé une première étude consacrée à ce jeu. Van Huyck, Battalio et Walter ont travaillé sur un jeu similaire, le jeu du paysan et du dictateur. Comme cela avait déjà été observé pour le jeu de l’ultimatum, les études conduites sur le jeu de l’investissement ont permis de mettre en évidence des anomalies de comportement à savoir des résultats empiriques que l’on ne peut pas considérer comme rationnels à l’intérieur du paradigme théorique. Si je le décris avec les données que j’ai utilisées pour paramètrer mon expérience, le jeu de l’investissement se déroule de la manière suivante : Au début du jeu, les deux négociateurs, le joueur A et le joueur B, reçoivent une dotation initiale de 50 FF chacun. Au cours d’une première phase du jeu, le joueur A peut envoyer tout ou partie de sa dotation initiale au joueur B, le joueur B reçoit alors l’investissement du joueur A que l’expérimentateur aura multiplié par trois. Au cours d’une seconde phase du jeu, le joueur B décide quelle part de la somme reçue de A il souhaite renvoyer à ce dernier. Dotation initiale pour A et B : c c = 50 FF Investissement de A : i i [0,50] Somme reçue par B : 3i 3i [0,150] Somme renvoyée par B : r r [0,3i] Coefficient de retour appliqué par B : a = r/3i a [0,1]
Investment game Si l’on suppose que les négociateurs sont rationnels et qu’ils cherchent le gain maximum, la solution pour le jeu de l’investissement est immédiate. A anticipe que B ne lui renverra rien et en conséquence il n’investit rien de le jeu.
Investment game solutions
Solutions observed L’expérience que j’ai conduite consiste en deux sessions au cours desquelles j’ai collecté 19 observations.
Modéliser l’attention à l’autre Intégrer une dimension sociale dans la fonction d’utilité des joueurs Deux logiques : Modèle avec aversion à l’inéquité Fehr et Schmidt (1999) ou Bolton et Oeckenfels (1998) Modèle avec intention et réciprocité Rabin (1993)
L’équilibre de bienveillance réciproque de Rabin Intégrer deux faits stylisés Les gens sont prêts à sacrifier leur propre bien être matériel afin de récompenser ceux qui sont bienveillants à leur égard. Les gens sont prêts à sacrifier leur propre bien être matériel afin de punir ceux qui sont malveillants à leur égard. Dans sa conception, le modèle développé par Rabin vise à intégrer les deux faits stylisés suivants : Tout d’abord, comme nous l’avons observé pour le jeu de l’investissement un individu est prêt à faire une action qui lui est coûteuse pour récompenser quelqu’un qui s’est montré bienveillant à son égard. Inversement, comme on l’observe dans les expériences consacrés au jeu de l’ultimatum, le même individu est prêt à faire une action qui lui est coûteuse pour punir quelqu’un qui s’est montré malveillant à son égard.
Une fonction d’utilité en deux parties Le modèle de Rabin repose sur une définition en deux partie de la fonction d’utilité. Ainsi, l’utilité d’un joueur i, confronté à un joueur j, est égale à la somme de son utilité matérielle individuelle que nous considérons ici égale à son gain monétaire et de son utilité sociale, utilité sociale exprimée par le produit de la fonction de bienveillance du joueur j pour le joueur i et de la fonction de bienveillance du joueur i pour le joueur j. Fonction de bienveillance qui sera positive ou négative s’il y a bienveillance ou malveillance. Toutes choses étant égale par ailleurs, le joueur i augmentera son utilité globale en étant bienveillant envers j si j est bienveillant à son égards. Inversement, le joueur i augmentera son utilité globale en étant malveillant envers j si ce dernier c’est montré malveillant à son égard.
Bienveillance ou malveillance ? Le modèle de Rabin repose sur une définition en deux partie de la fonction d’utilité. Ainsi, l’utilité d’un joueur i, confronté à un joueur j, est égale à la somme de son utilité matérielle individuelle que nous considérons ici égale à son gain monétaire et de son utilité sociale, utilité sociale exprimée par le produit de la fonction de bienveillance du joueur j pour le joueur i et de la fonction de bienveillance du joueur i pour le joueur j. Fonction de bienveillance qui sera positive ou négative s’il y a bienveillance ou malveillance. Toutes choses étant égale par ailleurs, le joueur i augmentera son utilité globale en étant bienveillant envers j si j est bienveillant à son égards. Inversement, le joueur i augmentera son utilité globale en étant malveillant envers j si ce dernier c’est montré malveillant à son égard.
a. Pondérer l’importance relative des sentiments de bienveillance réciproque La première révision à consister à pondérer l’importance des considération de bienveillance réciproque dans la fonction d’utilité globale de chaque joueur. La seconde révision à consister à redéfinir ce que l’on peut considérer comme un investissement équitable de la part du joueur A et une réponse équitable de la part du joueur B.
b. Revoir la définition des actions équitables La première révision à consister à pondérer l’importance des considération de bienveillance réciproque dans la fonction d’utilité globale de chaque joueur. La seconde révision à consister à redéfinir ce que l’on peut considérer comme un investissement équitable de la part du joueur A et une réponse équitable de la part du joueur B. L’investissement du joueur A est équitable si : Le retour du joueur B est équitable si :