Qu’est-ce que la sociologie ? -Le mot sociologie est inventé en 1838 par le philosophe Auguste Comte à partir de deux racines: socius (associé, compagnon) et logos (discours) -La sociologie naît au XIX, il s’agit de d’expliquer et de comprendre les transformations économiques et sociales qui accompagnent la Révolution Industrielle Elle naît aussi dans un contexte politique marqué par le développement des idées socialistes et l’essor des idées de progrès, de raison, de science. -La sociologie est une science qui étudie les façons de penser, d’agir et les relations entre les individus ou entre les groupes en les resituant dans leur contexte social. Elle s’appuie sur des méthodes quantitatives (statistiques, questionnaires, ….) ou qualitatives (entretiens, observations, analyse de documents,….). Aujourd’hui, la sociologie est « éclatée » en différentes branches: sociologie de la famille, du travail, de l’éducation, sociologie des sciences, sociologie politique, etc -Pour le sociologue Patrick Champagne, la sociologie est difficile à enseigner notamment parce qu’il s’agit de « modifier durablement les habitudes de pensée et les manières de voir le monde social » Auguste Comte Philosophe 1798-1857

Trois grandes traditions sociologiques Erving Goffman (1922-1982) Howard Becker (né en 1928) Émile Durkheim (1858-1917) Max Weber (1864-1920) Holisme Méthodologique La société fabrique les individus. Le sociologue cherche à expliquer en quoi la société, détermine leurs opinions et leurs conduites. Individualisme Méthodologique Les individus fabriquent la société dans laquelle ils vivent et non l’inverse. Le sociologue cherche à comprendre les mobiles des acteurs, il étudie les résultats des décisions individuelles (les effets d’agrégation) Interactionnisme symbolique La société est le produit des interactions ou des actions réciproques entre les individus (Théorie de moyenne portée)

Les filiations entre sociologues Karl Marx (1818-1883) Alexis de Tocqueville (1805-1859) (1) Emile DURKHEIM (1858-1917) Georg Simmel (1858-1918) Max WEBER (1864-1920) (2) Pierre Bourdieu (1930-2002) Erving GOFFMAN (1922-1982) Howard BECKER (né en 1928) (3) Robert Castel (1933-2013) Raymond Boudon (1934-2013) Alain Touraine (né en 1925) Serge Paugam (né en 1960) Les précurseurs , « Les pères fondateurs » Les sociologues français contemporains Francois Dubet (né en 1946) Louis Chauvel (né en 1967)

Quatre grandes théories du changement social Alexis de Tocqueville (1805-1854) Société aristocratique Société démocratique Égalité des conditions Karl Marx (1818-1883) Mode de production féodal Mode de production capitaliste Lutte des classes Émile Durkheim (1858-1917) Société à solidarité mécanique Société à Solidarité organique Division du travail social Max Weber (1864-1920) Société traditionnelle Société moderne Rationalisation des activités

Alexis de Tocqueville (1805-1854) Principaux ouvrages: De la démocratie en Amérique (1835, 1840) L’ancien régime et la révolution (1856) -Depuis le XI une loi providentielle (l’égalité des conditions) conduit les sociétés aristocratiques des pays chrétiens à devenir des sociétés démocratiques -La démocratie n’est pas seulement un état politique (égalité des droits) c’est aussi un état social caractérisé par la mobilité sociale (le statut est acquis) et par l’essor d’une société de classes moyennes (peu de riches, peu de pauvres) -Plus l’égalité fait des progrès, plus les inégalités qui restent semblent insupportables au corps social. La démocratie nourrit une passion insatiable pour l’égalité -L’égalité des conditions peut conduire à plusieurs dangers: l’individualisme, le despotisme démocratique ou la tyrannie de la majorité. Des gardes-fous sont nécessaires: la religion, les associations, la participation à la vie locale, la liberté de la presse, la justice. Alexis de Tocqueville (1805-1854) Philosophe, politiste Homme politique

Les dangers de la démocratie selon Tocqueville -La passion pour l’égalité. “Les peuples démocratiques ont un goût naturel pour la liberté, livrés à eux-mêmes, ils la recherchent, ils l’aiment, et ils ne voient qu’avec douleur qu’on les en écarte. Mais ils ont pour l’égalité une passion ardente, insatiable, éternelle, invisible, ils veulent l’égalité dans la liberté, et, s’ils ne peuvent l’obtenir, ils la veulent encore dans l’esclavage. Ils souffriront la pauvreté, l’asservissement, la barbarie, mais ils ne souffriront pas l’aristocratie” Individualisme: “L’individualisme est un sentiment réfléchi et paisible qui dispose chaque citoyen à s’isoler de la masse de ses semblables et à se retirer à l’écart avec sa famille et ses amis, de telle sorte que après s’être créé une petite société à son usage, il abandonne volontiers la grande société à elle-même. (...) L’individualisme est d’origine démocratique et il menace de se développer à mesure que les conditions s’égalisent. (...) Il ne tarit d’abord que la source des vertus publiques (...) mais à la longue il détruit toutes les autres et va enfin s’absorber dans l’égoïsme.” -Despotisme démocratique. Au dessus des hommes “s’élève un pouvoir immense et tutélaire qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu, régulier, prévoyant et doux. Il ressemblerait à la puissance paternelle” qui ne cherche pas à préparer les hommes à l’âge viril mais au contraire “qu’à les fixer irrévocablement dans l’enfance; il n’aime quel les citoyens qui se réjouissent, pourvu qu’ils ne songent qu’à se réjouir. Il travaille volontiers à leur bonheur, (...) pourvoit à leur sécurité, prévoit et assure leurs besoins, facilite leurs plaisirs, conduit leurs principales affaires, dirige leur industrie, règle leur succession, divise leurs héritages; que ne peut-leur ôter entièrement le trouble de penser et la peine de vivre.” -Tyrannie de la majorité. La majorité se présente comme un “individu qui a des opinions et le plus souvent des intérêts contraire à un autre individu qu’on nomme minorité”. “Lorsqu’un homme ou un parti souffre d’injustice aux États-Unis à qui voulez-vous qu’il s’adresse ? A l’opinion publique ? c’est elle qui forme la majorité; au corps législatif ? il représente la majorité et lui obéit aveuglément; au pouvoir exécutif ? il est nommé par la majorité et lui sert d’instrument passif; à la force publique ? la force publique n’est autre que la majorité sous les armes, au jury ? le jury c’est la majorité revêtue du droit de prononcer les arrêts: les juges eux-mêmes dans certains États sont élus par la majorité”.

Karl Marx (1818-1883) Ouvrages: Le Capital (1867), Le manifeste du parti communiste (1848) -Le capitalisme est un système d’exploitation, la bourgeoisie ne verse pas aux travailleurs la contrepartie monétaire de la valeur créée par le travail mais seulement de quoi subvenir à ses besoins essentiels. La bourgeoisie s’accapare la plus-value (ou profit) -La crise économique est inévitable, elle s’explique par la sous-consommation et le sur-investissement des entreprises. -Les prolétaires, victimes de l’exploitation, de la paupérisation et de l’aliénation, n’ont que leurs « chaînes à perdre ». Guidés par le parti communiste, ils vont faire la Révolution (lutte des classes) et mettre en place un nouveau système économique: le socialisme, dans lequel la propriété des moyens de production sera collective et l’État incarnera l’intérêt général. Karl Marx (1818-1883) Philosophe, économiste et militant politique

Émile Durkheim (1858-1917) Principaux ouvrages: De la division du travail social (1893) Les règles de la méthode sociologique (1895) Le suicide (1897) -La sociologie étudie les faits sociaux, qu’on peut définir comme un phénomène extérieur à l’individu (l’individu n’en est pas à l’origine) et contraignant (le fait social s’impose aux individus). Les statistiques concernant le suicide montrent que même s’il s’agit d’un acte individuel l’explication est sociale car on peut observer des régularités, des déterminismes sociaux (holisme méthodologique) -Avec l’approfondissement de la division du travail social, le lien social change de nature, après avoir été mécanique, la solidarité devient organique. -La solidarité organique est menacée par l’essor de la conscience individuelle qui n’est plus « recouverte » par la conscience collective mais aussi par la bureaucratie, l’inégalité des chances ou l’anomie. Emile Durkheim (1858-1917)

Max Weber (1864-1920) Max Weber (1864-1920) Principaux ouvrages: L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1905) Le savant et le politique (1919) Economie et société (1921) -Le point de départ des phénomènes sociaux c’est le sens que l’acteur attribue à sa conduite. Le sociologue doit élaborer des modèles (un idéal-type) pour en rendre compte. -On peut distinguer quatre types d’action sociale: l’action affective, traditionnelle, rationnelle en valeur ou rationnelle en finalité -Il existe des affinités électives entre l’éthique protestante et l’esprit du capitalisme. Max Weber cherche à préciser la part qui revient aux facteurs religieux dans le développement de la civilisation moderne ou « de quelles façons les idées deviennent des forces historiques efficaces » -La rationalisation des activités a plusieurs conséquences: elle imprime de nouveaux comportements, elle fait naître des bureaucraties, elle entraîne le désenchantement du monde et le nivellement des valeurs. Max Weber (1864-1920) sociologue, juriste, historien

Petite bibliographie ** ** ** En dehors du Manifeste du parti communiste de Marx et Engels (petit ouvrage de combat très accessible), les œuvres des grands auteurs de la sociologie sont difficiles pour un élève de terminale ES, en revanche il est possible de lire les introductions d’une dizaine de pages qui posent bien le cadre de la réflexion de l’auteur: -La démocratie en Amérique (tome 1), Alexis de Tocqueville -De la division du travail social, Emile Durkheim -L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Max Weber Mille et Une nuits Milan 3 E ** Manuel et dictionnaire Bréal 14,9 E ** Lexique Puf 9 E ** Auteur Milan 5,9 E ** Manuel La découverte 22 E *** Introduction Milan 5,9 E **