Dépistage du cancer du sein en France : rappel de la situation épidémiologique, facteurs de résistance, l’attitude des professionnels de santé Julie RONGERE.

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
La place accordée à l’expression des salariés sur leur travail et leurs conditions de travail dans l’entreprise Résultats sondage exclusif CSA/ANACT.
Advertisements

Mais vous comprenez qu’il s’agit d’une « tromperie ».
Quand, comment, pourquoi ? Le dépistage organisé du cancer du sein 79 rue Saint Eloi POITIERS Dr Caroline Tournoux-Facon Médecin coordonnateur.
Rencontres de lÉpargne La problématique de la retraite sous langle macro-économique Olivier KLEIN 2005.
Dépistage organisé du cancer colorectal en Moselle
Intérêt de la coordination
C.P. GAUTIER B.SERADOUR S.F.S.P.M la Baule 2008
Forum des métiers et de l’orientation Bilan.
Le Cancer du Sein : Dépistage
LObservatoire de laccès aux soins de Médecins du Monde CNLE – 17 novembre 2009.
INSTITUT DE VEILLE SANITAIRE INSTITUT DE VEILLE SANITAIRE Activité de dépistage du VIH en 2003 dans les laboratoires d'analyses médicales et dans les CDAG.
Activité de dépistage du VIH en 2004 dans les laboratoires d'analyses médicales et dans les CDAG INSTITUT DE VEILLE SANITAIRE INSTITUT DE VEILLE SANITAIRE.
InVS - novembre 2002 INSTITUT DE VEILLE SANITAIRE INSTITUT DE VEILLE SANITAIRE ACTIVITE DE DEPISTAGE DU VIH DANS LES LABORATOIRES D'ANALYSES MEDICALES.
Surveillance des cas de rougeole dans 3 départements français à couverture vaccinale élevée Projet pilote de surveillance exhaustive Institut de.
Les numéros 70 –
Epidémiologie du cancer du sein
Docteur Béatrice BRILLET DIU Médecin coordonnateur d’EHPAD
Dr BOUKERROU Pr VINATIER CHU la Réunion CHU LILLE
Cancer du sein à un stade précoce Mai 2007
Epidémiologie des cancers digestifs en France
LES CANCERS : FREQUENCES ET DEPISTAGES Point de vue épidémiologique
Le dépistage organisé des cancers 79 rue Saint Eloi POITIERS
Examen clinique des seins et dépistage du cancer du sein
Dépistage organisé du cancer colorectal en Moselle
Une place capitale et un rôle indispensable
Pourquoi le nombre de cancers augmente-t-il ?
DMG Paris 7 mars 2007 Dépistage organisé du K du sein Daprès lintervention de Jérôme Sclaffer 18 ème journée de médecine générale de P7 Samedi 10 mars.
OPPORTUNITE D’ UN DEPISTAGE SYSTEMATIQUE DU CANCER DE LA PROSTATE PAR LE DOSAGE DU PSA ; HAS , janvier 2009 étude faite à la demande de la CNAMTS DEUX.
1 Plan dactions régional Limousin. 2 Contexte Malgré la baisse de consommation observée au niveau national (- 23,4%) depuis 2002, la France reste le deuxième.
Cancer du SEIN Le programme de dépistage organisé AMMPPU 17 janvier 2008 F. Deshayes.
Le GEASP : “ Groupe d’entraînement à l’analyse de situations professionnelles “ Enquête de satisfaction auprès des internes de Médecine Générale à la Faculté.
Dépistage du cancer du sein
EFFICACITE DE LA FMC Analyse de la littérature
Etat des lieux et recommandations pour le dépistage du cancer du col de l’utérus 10ème journée nationale de l’Association Française pour la Contraception.
Dépistage du cancer colorectal par l’hémoccult
Younes YATINE / Coordinateur National des actions prévention HSH
Trois sources pour éclairer la formation des salariés Présentation de louvrage Quand la formation Continue 2013 R. Descamps, JC. Sigot, M. Lambert / chargés.
La ROCHELLE : le 21 Novembre 2013
PUBLIC HEALTH AGENCY of CANADA AGENCE DE LA SANTÉ PUBLIQUE du CANADA 1 PUBLIC HEALTH AGENCY of CANADA AGENCE DE LA SANTÉ PUBLIQUE du CANADA SUICIDE CHEZ.
Dépistage du cancer de la prostate un scandale sanitaire de plus ?
REPRESENTATION AU NIGER 5ème PROGRAMME PAYS. DIAGNOSTIC.
Les plans stratégiques pluriannuels
Les chiffres & les nombres
Cahier 1 Le dépistage du cancer du sein
Identifiez les nombres
IC - PTG Expérience du CHC - Liège
DÉPISTAGE ORGANISÉ DES CANCERS DU SEIN : FAUX RÉSULTATS, SURDIAGNOSTIC, SURTRAITEMENT J-L. GUILLET CLINIQUE INTERNATIONALE DU PARC MONCEAU MARDI.
Département des finances, des institutions et de la santé Service de la santé publique Etat de santé de la population valaisanne Rapport janvier.
MAGIE Réalisé par Mons. RITTER J-P Le 24 octobre 2004.
Les Territoires de Santé issus de la Loi HPST
PRAPS Programme régional d’accès à la prévention et aux soins des personnes les plus démunies 1.
Mlle Ida BEN-AMAR FRAPS Centre Jeudi 8 avril Session J5.
Estimation de l’incidence des cancers de la thyroïde en Corse
MAGIE Réalisé par Mons. RITTER J-P Le 24 octobre 2004.
Les cancers chez la femme : épidémiologie, prévention, comment améliorer l’accès et l’adhésion au dépistage ? Journée DES SP Amiens-Rouen 25/06/ /04/2017.
Préparation du Schéma régional de prévention Contribution de la Commission spécialisée Prévention Commission permanente de la CRSA 17 octobre 2011 C. Ferron,
CANCER DU SEIN: QUELQUES CHIFFRES. Détection Ca sein par US (avant 50 ans) 38% des Ca détéctés que par US 70% des cancers détectés < 1cm 89% des Ca détectés.
LA CONVENTION MEDICALE. La convention médicale Convention médicale unique destinée à organiser les rapports entre les médecins libéraux, généralistes.
Population participation Le coût direct moyen du dépistage organisé (DO) du cancer du sein a été estimé en France à € par femme participante et 15-
Les Vendéens et l’avenir du département Juin 2014.
Annexe Résultats provinciaux comparés à la moyenne canadienne
Plan cancer généralités.
Organisation du système de santé français
Les Français et l’installation des citadins à la campagne Avril 2007 – TC804 Les Français et l’installation des citadins à la campagne Résultats d’étude.
Conférence de presse Programme Mammographie
Politiques de dépistage en France, en Europe, au Canada et aux Etats-Unis Des politiques contrastées? Caen – 22 novembre 2005.
D épistage des C ancers en Gironde Cpam de la Gironde Jean-Luc LENAIN 1 Rencontre gynécologues 4 avril 2007.
CCR nov 06 POC et Programme dépistage cancer du sein Conseil Supérieur de Promotion de la Santé 17 novembre 2006.
EPIDEMIOLOGIE 1er cancer de la femme, tous âges confondus
Les objectifs de la veille sanitaire : pour quelles raisons mettre en place des dispositifs de veille sanitaire ? Le 05/02/2007 François Lefebvre.
Transcription de la présentation:

Dépistage du cancer du sein en France : rappel de la situation épidémiologique, facteurs de résistance, l’attitude des professionnels de santé Julie RONGERE Séminaire de santé publique

Rappels sur le dépistage des cancers du sein

Début du dépistage : début années 80 Début du dépistage : début années 80 Dépistage organisé initié en 1989 Dépistage organisé initié en 1989 –1ers programmes départementaux –CNAMTS 1994 : instauration d’un « programme national de dépistage systématique du cancer du sein » par la DGS 1994 : instauration d’un « programme national de dépistage systématique du cancer du sein » par la DGS Réévaluations régulières Réévaluations régulières 2000 : plan cancer généralisation du dépistage organisé du cancer du sein 2000 : plan cancer généralisation du dépistage organisé du cancer du sein BEH n°36/2005

2001 : nouveau cahier des charges 2001 : nouveau cahier des charges 32 départements « opérationnels » 32 départements « opérationnels » 2003 : 46 départements intègrent le programme 2003 : 46 départements intègrent le programme 2004 : ensemble du territoire 2004 : ensemble du territoire

Plan cancer - Rapport annuel

Femmes de 50 à 74 ans invitées tous les 2 ansLes clichés jugés normaux ou bénins par le radiologue 1er lecteur (y compris ceux « jugés négatifs » par le bilan diagnostic) sont relus par un radiologue 2e lecteur. La mammographie comprend : - deux clichés par sein - des incidences complémentaires si nécessaire Un bilan de diagnostic complémentaire (différé) peut être demandé par le 2e lecteur en cas de résultats discordants Un examen clinique des seins systématiqueDeuxième lecture centralisée Un bilan de diagnostic complémentaire peut être réalisé immédiatement par le radiologue premier lecteur, en présence : - d’anomalies sur la mammographie - d’un examen clinique anormal Ce bilan comprend un cliché en agrandissement et/ou une échographie et/ou une cyto ponction guidée. Les clichés sont remis à la femme soit immédiatement, soit après la deuxième lecture BEH n°36/2005

Rappels épidémiologiques

Principale cause de mortalité par cancer chez les femmes Principale cause de mortalité par cancer chez les femmes nouveaux cas en nouveaux cas en 2000 Taux brut d’incidence : 138,5 pour femmes Taux d’incidence standardisé sur la population mondiale : 88,9 pour femmes 75% chez les plus de 50 ans 75% chez les plus de 50 ans DC en DC en 2000 Taux brut de mortalité : 38,5 pour Taux de mortalité standardisé sur la population mondiale : 19,7 pour Registre des cancers français FRANCIM (2000)

1 femme sur 10 vivant jusqu’à 80 ans développe un cancer du sein au cours de son existence 1 femme sur 10 vivant jusqu’à 80 ans développe un cancer du sein au cours de son existence : 60% expliquant 93% de l’augmentation globale de l’incidence des cancers chez la femme : 60% expliquant 93% de l’augmentation globale de l’incidence des cancers chez la femme BEH n°44/2004

Facteurs à l’origine d’une absence de participation aux campagnes de dépistage organisé de cancer du sein

Étude des facteurs sociaux impliqués dans la non participation de la population concernée Étude des facteurs sociaux impliqués dans la non participation de la population concernée Recommandée par l’ANAES en 97 Recommandée par l’ANAES en 97 Mise en place par la DGS et la ligue nationale contre le cancer 98 Mise en place par la DGS et la ligue nationale contre le cancer 98 4 départements (variation des taux de participation, ancienneté du programme et degré d’urbanisation) 4 départements (variation des taux de participation, ancienneté du programme et degré d’urbanisation) Entretiens directs Entretiens directs Femmes de 50 à 69 ans n’ayant pas effectué de dépistage dans le cadre de la dernière campagne Femmes de 50 à 69 ans n’ayant pas effectué de dépistage dans le cadre de la dernière campagne

Milieux sociaux favorisés caractère « social » du dépistage, caractère organisé sentiment de moindre qualité Milieux sociaux favorisés caractère « social » du dépistage, caractère organisé sentiment de moindre qualité Autres priorités, recours vécu comme complexes ou intrusifs problèmes habituels de difficulté d’accès aux soins Autres priorités, recours vécu comme complexes ou intrusifs problèmes habituels de difficulté d’accès aux soins Expériences personnelles négatives de la médecine ou les institutions position négative vis-à-vis d’un dépistage fortement médicalisé Expériences personnelles négatives de la médecine ou les institutions position négative vis-à-vis d’un dépistage fortement médicalisé Médecins de ville peu engagés dans le processus de dépistage organisé Médecins de ville peu engagés dans le processus de dépistage organisé Femmes en situation de précarité (ne consultant pas un gynécologue) Femmes en situation de précarité (ne consultant pas un gynécologue)

Femmes inscrites dans le système de santé libéral dépistage hors campagne Femmes inscrites dans le système de santé libéral dépistage hors campagne 2 profiles types 2 profiles types –« Femme vulnérable » –« Femme maîtresse de son destin » Autre étude Septembre 2005 Autre étude Septembre 2005 –70 femmes entre 50 et 70 ans –Dépistage de masse =sous dépistage –Gratuité politiques sociales distances vis-à-vis du dépistage –Méfiance vis-à-vis des démarches collectives –« médecin anonyme » BEH n°04/2003 INCA/Ipsos santé

Attitude des professionnels de santé

Sondage auprès des médecins (DGS et LNCC) réalisé en 2001 suite aux résultats de l’étude précédente Sondage auprès des médecins (DGS et LNCC) réalisé en 2001 suite aux résultats de l’étude précédente 1000 médecins généralistes 1000 médecins généralistes Tirage au sort Tirage au sort ½ dans des départements où existait un dépistage organisé ½ dans des départements où existait un dépistage organisé 250 gynécologues libéraux 250 gynécologues libéraux 45% dans un département avec dépistage organisé 45% dans un département avec dépistage organisé Stratification par âge, sexe, mode d’exercice, département et habitat (grandes agglomérations, petites villes et zones rurales) Stratification par âge, sexe, mode d’exercice, département et habitat (grandes agglomérations, petites villes et zones rurales) 2 analyses (descriptive, analytique) 2 analyses (descriptive, analytique)

Connaissances du dépistage Connaissances du dépistage Généralistes Généralistes –42% connaissaient mal le principe du dépistage organisé  Gratuité  Contrôle de qualité  Recueil d’informations  Suivi et évaluation permanente –Avantages du DO  Équité  Contrôle de la qualité des tests  Intérêt de l’évaluation –Inconvénients  Sentiment d’exclusion des généralistes  Lourdeur administrative  40% associent le dépistage à des soins de moindre qualité (départements sans DO +++) Représentation négative a priori plutôt que jugement a posteriori Représentation négative a priori plutôt que jugement a posteriori

–Départements avec DO  30% de très satisfait parmi les prescripteurs  56% plutôt satisfait  13% peu satisfait  1% pas satisfait su tout Gynécologues Gynécologues –90 à 98% connaissent le système de DO –Avantages  Équité et plus grande participation des femmes  Contrôle de qualité des tests  Amélioration du suivi  Possibilité d’évaluation –Inconvénients  Exclusion du spécialistes  Lourdeur administrative  Baisse de la qualité des soins

–Gynécologues prescripteurs dans départements avec DO  10% très satisfait  51% plutôt satisfait  34% peu satisfait  4% pas du tout satisfait Pratiques du DO Pratiques du DO Généralistes Généralistes –98% des généralistes prescrivent des mammographies –Dans les départements avec DO  1/3 des généralistes adressent toutes leurs consultantes au programme  44% en adressent certaines  21% n’en adressent aucune

Gynécologues Gynécologues –86% pensent que la double lecture et souhaitable ( 2è lecteur) –Dans les département avec DO  10% des gynécologues adressent toutes leurs patientes au programme  53% en adressent certaines  36% aucune 2/3 des médecins info supplémentaires (FMC+++) 2/3 des médecins info supplémentaires (FMC+++) Analyse complémentaire Analyse complémentaire Différence significative quant à l’incitation à participer au programme Différence significative quant à l’incitation à participer au programme Femmes plus prescriptrices que les hommes Femmes plus prescriptrices que les hommes BEH n°04/2003

Autre étude Autre étude 2003 : généralistes en Picardie 2003 : généralistes en Picardie –97% dans l’Oise et la Somme se disent familiers du programme de dépistage –55% pensent que c’est à eux de prescrire le dépistage Prevention practices and cancer screening among general practionners in Picardy Public health-Novembre 2005

Conclusion

Peu d’évolution des mentalités Peu d’évolution des mentalités Besoin de sensibiliser les femmes et les professionnels Besoin de sensibiliser les femmes et les professionnels Interventions brèves et simples +++ Interventions brèves et simples +++ L’INCA culture du dépistage L’INCA culture du dépistage Première campagne Première campagne –Du 13 novembre au 10 décembre, –trois spots télévision –trente à quarante secondes –modifier les représentations liées au dépistage de quatre tumeurs malignes Interventions to increase breast screening uptake : do they make any difference Journal of medical screening-1999

Deuxième campagne Deuxième campagne –10 janvier – 10 février –un spot TV de 30 secondes (lettre) –témoignages de quatre femmes seront publiés dans la presse magazine et senior –témoignages de quatre femmes seront publiés dans la presse magazine et senior Presse médicale sollicitée Presse médicale sollicitée –8 décembre –4 pages rédigées par l'Inca –dans cinq journaux et revues –généralistes, gynécologues et cardiologues –meilleure façon d'inciter les femmes à participer au dépistage organisé du cancer du sein. Le Quotidien du Médecin du : 10/11/2005