QSEC – Alimentation - Groupe du Café-Débat de SQY Les matières premières agricoles Ce sont les denrées qui constituent la base de notre alimentation, avant transformation par les industriels : Les céréales (blé, riz, maïs, avoine, colza, etc) et le soja, … Cacao, café, sucre, lait, jus d’orange… Bétail et carcasses, etc Ces denrées sont cotées en Bourse. Entre le produit issu de l’agriculture et notre assiette se placent trois niveaux principaux d’intervenants : -Les agriculteurs qui produisent des matières premières -Les transformateurs, ou industriels qui fabriquent des produits variés -Les distributeurs, qui les vendent aux consommateurs
QSEC – Alimentation - Groupe du Café-Débat de SQY Spécificité du secteur agricole Demande forte par l’expansion démographique : tendance à long terme Offre qui suffit encore à la demande, globalement, mais avec de plus en plus de difficultés pour satisfaire les besoins alimentaires La production est très sensible à des facteurs exogènes : - climat (ex : blé, sécheresse en Russie en 2008) - catastrophes naturelles (inondations en Australie en 2010) - urbanisation qui détruit les terres agricoles - géopolitique : interdiction d’exporter le blé en Russie et le riz en Inde Saisonnalité de la production, importance du stockage pour anticiper l’évolution des prix Utilisation des MPA à d’autres fins qu’alimentaires : biocarburants (10% du maïs, 35% de la canne à sucre)
QSEC – Alimentation - Groupe du Café-Débat de SQY La cotation en Bourse Il y a quatre « produits » boursiers utilisés pour négocier les matières premières agricoles (MPA) : Les « futures » : contrats à terme permettant d’acheter ou de vendre à une date ultérieure une certaine quantité de MPA à un prix fixé à l’avance. Utilisés au départ par les professionnels pour se couvrir contre les fluctuations de prix. Les « options » : comme les futures, mais pas d’obligation d’acheter ou de vendre à l’échéance si les conditions sont défavorables Les ETF et certificats (Exchange Traded Funds) adossés à des MPA Les « fonds d’investissement » ou OPCVM sur les MPA (portefeuilles de valeurs sur plusieurs MPA, souvent en équipondération) Réservés au début aux professionnels du secteur et aux institutionnels, ces instruments sont aujourd’hui majoritairement utilisés par des investisseurs financiers et des spéculateurs pour réaliser du profit : 1 contrat sur 20 aboutit aujourd’hui à une livraison réelle de produit.
QSEC – Alimentation - Groupe du Café-Débat de SQY La spéculation sur les MPA Le dogme libéral : le marché détermine les prix en fonction de l’offre et de la demande La spéculation multiplie le nombre de contrats fictifs et donne l’image d’une offre et d’une demande déconnectées de la réalité physique Les MPA, assurés sur le long terme d’une augmentation de la demande, sont devenues une valeur refuge couvrant les risques d’autres opérations boursières, et non plus les risques agricoles réels Les spéculateurs corrèlent entre elles des informations de nature différente ; ex : le cours du maïs et celui de l’immobilier en Amérique latine l’immobilier qui monte fait grimper les cours du maïs !! Les ventes « à découvert » sont autorisées (sauf depuis peu sur certains produits dans quelques pays) et accentuent les variations brutales des prix
QSEC – Alimentation - Groupe du Café-Débat de SQY Ce qui nous guette ? Les agriculteurs ne connaissent pas le prix de leur prochaine récolte, ni le niveau de production Pour investir (engrais, machines, …), ils empruntent à la banque Comme il n’y a pas de garantie sur leur solidité financière, les banques leur prêtent à des taux élevés (investisseurs à risque) Pour y échapper, ils vont emprunter sur les marchés boursiers qui font le pari d’une hausse des MPA (OPCVM, etc). Leurs dettes sont ensuite revendues et diluées dans des produits financiers sophistiqués Si cette hausse n’est pas au RV, les agriculteurs perdent tout, et les banques ont des créances qui ne valent rien Ceci est comparable aux subprimes : on prête de l’argent à des gens sans se préoccuper de leur capacité de remboursement, mais en faisant un pari sur les plus-values de l’évolution des cours
QSEC – Alimentation - Groupe du Café-Débat de SQY Que faire ? Certains pays (USA, Royaume Uni, Allemagne) ont interdit les ventes à découvert sur certains produits. Mais il faudrait que tout le monde le fasse, sinon on le fait ailleurs… Rendre la spéculation coûteuse : - Taxe Tobin : oui, mais insuffisante (trop général) - rendre obligatoire les dépôts de garantie sur les opérations à terme. Si ces dépôts ne sont pas respectés, amendes coûteuses Limiter les « positions », c’est-à-dire le montant et la valeur des contrats à terme Exiger plus de transparence sur les marchés physiques et financiers Négociations au G20 : priorité de la présidence française, la régulation des prix agricoles
QSEC – Alimentation - Groupe du Café-Débat de SQY Quelques perles… « Je suis optimiste sur les MPA comme le blé et le maïs. Nous avons atteint un prix plancher, et il y a un potentiel d’appréciation, je suis enthousiaste… » « En 2009, le prix moyen du panier de MPA avait fait zéro performance., alors que les actions des grandes sociétés agricoles ont vu les leurs augmenter de 60% ! (…) Avec les actions, on est gagnant, encore plus si le prix des MPA augmente. » « Du côté des experts, tous tendent à minimiser le rôle des spéculateurs. (…) Les vrais facteurs tangibles seraient les aléas climatiques. » « En février 2006, la banque belge KBC proposait au grand public une assurance-vie centrée sur 6 denrées alimentaires avec le slogan : ‘Tirez avantage de la hausse des prix !’ » « Avec Agriculture Euro Fund, bénéficiez de la hausse des prix » (Deutsche Bank) CONCLUSIONS On ne réfléchit plus aux conséquences de ce que l’on fait et tout est traité de la même façon selon une logique exclusivement économique : - on peut spéculer sur les biens industriels, de consommation, téléphones portables et autres. S’ils sont trop chers, on s’en passe - si on spécule sur les MPA et qu’on ne peut plus acheter de quoi manger, on meurt