La corruption douce dans les activités financières Eric DE KEULENEER 04/12/2008
2 Il est question non pas de gens malhonnêtes, mais de systèmes corrupteurs, qui amènent des gens honnêtes à faire des choses qui le sont moins. Ces systèmes corrupteurs fournissent aussi les moyens de donner bonne conscience, en normalisant l’anormal, l’indécent, et même l’obscène.
3 Rémunérations Bonus des patrons, traders, etc. sur base de « performance ». Celle-ci est mesurée sur les profits apparents, sans tenir compte des dégâts ni des risques. ⇒ pousse au risque ⇒ pousse à la performance financière à court terme, au détriment : - de la déontologie - des clients - de la Responsabilité Sociale - de la concurrence Rôle des comités de rémunération, de leurs « conseillers » et de leurs confusions d’intérêt
4 Rémunérations Primes, évaluations, …, du personnel en fonction d’objectifs commerciaux : Pousse à faire du volume (rotation de portefeuille) Pousse à vendre certains produits plutôt qu’à conseiller les clients, sans même que le client s’en doute.
5 Incentives-assurances Courtiers, théoriquement indépendants des compagnies, conseillent les clients Si rémunération dépend d’un produit à l’autre, d’une compagnie à l’autre, problème (commission, produit ) Problème des rémunérations abusives sur certains produits « Incentives », destinés à biaiser l’indépendance du courtier ?
6 Analystes financiers des banques Analysent les titres cotés, donnent un avis « professionnel ». En pratique souvent influencés par collègues de « origination » qui montent les émissions de titres. Fusions & acquisitions : souvent antiéconomiques, mais promues par les analystes (quasi-chantage ou quasi- corruption?), profitent à leurs employeurs.
7 Agences de notation (rating) Payées par ceux qu’elles notent (conflit d’intérêt, mais gérable) Payées sur chaque transaction notée ⇒ intérêt à ce qu’il y ait de nombreuses transactions ⇒ incitant à « assouplir » les critères, pour multiplier les opérations ⇒ incitations perverses.
8 Fusions et acquisitions Propagande et mensonges destinés à faire croire Que la taille est en soi un avantage économique Que les acquisitions « créent de la valeur » Alors que l’observation simple et les études académiques montrent le contraire. Acquisition, « pour éviter d’être rachetés » « sinon, pas de stratégie ». Corruption par intimidation ? Origine d’une grande partie de délits d’initiés, qui représentent une partie importante de la rentabilité des banques d’affaires, et des hedge funds (corruption « dure », importante).
9 Introduction en Bourse – Initial Public Offering Prix d ’émission souvent inférieur à 1er cours (10,20,40 %) Titres au prix d’émission apportent avantage financier, même immédiat (flipping) Investment banks qui dirigent émissions décident qui en reçoit Investisseurs : OK Dirigeants dont on espère des faveurs : spinning Gestionnaires dont on demande souscriptions: laddering Corruption douce ou dure ?
10 Gestion de fortune Si gestionnaire évalué, rémunéré sur volume en gestion, sur performance du portefeuille, pas de problème. Si incité à faire du courtage, ou a prendre du papier à des conditions anormales, problème Gestion captive, gestion en général Soft commissions
11 Remèdes Combattre la taille et les mécanismes qui l’encouragent (anti-trust). Codes de comportement clairs, légalisés pour les fonctions financières. Neutralité des rémunérations et bonus. Contrôleurs 150% des traders. Répartition dans émissions (IPO) supervisées, transparentes.
12 Remèdes (suite) Séparation de fonction (Chinese walls ? Légales?) Gestion d’actifs ≠ origination ou broking Origination ≠ broking banque commerciale uniquement dépôt épargne, crédit, transactions commerciales. Encadrer crédit. Responsabiliser administrateurs – rémunérations des dirigeants – opérations financières (M&A) Publication et taxation des « incentives » Exclure rating de la régulation