La Problématique du financement de l'entrepreneuriat : quelle utilisation peut-on faire du modèle des tontines et du micro-crédit ? " Mars 2015
Contexte Objectifs Emergence en 2020 avec pour cible 200 000 PME en CI Accès au financement par les PME encore limité en général et plus encore pour les PME dirigées par les femmes ou crées par les femmes ? Une CI post-crise en chantier avec de grands projets structurants Un regain de dynamisme de l’entrepreneuriat féminin sur le plan mondial en général et en CI en particulier Tissu économique ivoirien encore dominé par les entrepreneurs de sexe masculin
La tontine Définition de la tontine : Pratique qui consiste à verser régulièrement une somme d’argent à un fonds que chaque donateur utilise à tour de rôle. Elle se pratique au sein d’une association, une famille ou entre personnes d’une même entreprise. Inventée par un banquier italien du nom de Lorenzo Tonti en 1653 afin trouver les fonds pour renflouer les caisses de la France sous le Roi Louis XIV.
Types de tontine Tontine mutuelle ou tournante Tontine commerciale Mise de chaque sociétaire et bénéfice à tour de rôle selon un ordre préétabli mais révisable de commun accord entre les membres. Tontine commerciale Administrée par un gérant qui recueille les cotisations et consent les prêts moyennant une commission. Tontine financière Mise de chaque sociétaire et ordre des levées mis aux enchères
De la tontine aux institutions financières Les formes traditionnelles de tontine Tontine de travail Le partage des repas Les formes mutualistes de Tontine La caractère intitue-personae Les formes coopératives On parle membre Les sociétés anonymes On parle désormais de clients
Avantages de la tontine Accessibilité et souplesse Plus de proximité entre les membres donc solidarité plus forte Confiance plus renforcée en lien avec le caractère intitue-personae des membres Meilleur rendement comparé aux institutions financières surtout pour les tontines financières Absence de taxation : les revenus sont nets de tout impôt et échappent à l’impôt sur le revenu des personnes physiques Tous les membres participent à la prise de décision Crédit sans épargne préalable
Les limites de la tontine Retard de cotisation de certains membres Problème de recouvrement Risque élevé d’insolvabilité Insécurité des fonds mis en commun (rôle présidente ?) Fragilisation des rapports sociaux (querelles entre membres) Surface financière limitée Cercle souvent très fermé (caractère intitue-personae) Espérance de vie très limitée dans le temps Ces limites peuvent-elles être comblées par des possibilités qu’offrent les établissements de microcrédit ?
Définition de la microfinance « La microfinance est une activité exercée par des entités agréées n’ayant pas le statut de banque ou d’établissement financier et qui pratiquent, à titre habituel, des opérations de crédit et/ou de collecte de l’épargne et offrent des services financiers spécifiques au profit des populations évoluant pour l’essentiel en marge du circuit bancaire traditionnel. » (Article 1 de la Réglementation CEMAC) 8 8 8
Raisons d’être et Impact de la Microfinance Une offre de services bancaires insuffisante et inadaptée aux besoins spécifiques des MPME : prêts, épargne, assurance, transfert… Les MPME ont des besoins spécifiques (montants réduits pour prêts et dépôts, approche commercial spécifique) Une méconnaissance de ces acteurs par les banques classiques Des services financiers informels alternatifs limités, chers et peu flexibles (tontines, collecteurs informels, usuriers/margouillats, etc.) Développement de MPME viables Création d’emplois Augmentation des revenus des ménages contribuant indirectement à la sécurité alimentaire, à l’éducation des enfants, à la prise en charge des soins de santé… Réduction de la vulnérabilité des ménages face aux imprévus Vecteur d’émancipation, notamment pour les femmes Raisons d’être Impact 9 9 9 9
Petite histoire de la Microfinance (1/2) Des précurseurs Depuis le 16ème siècle, existences des tontines en Afrique 18-19èmes siècles : Jonathan Swift : initiateur du Irish Loan Fund System (début 18ème) : petits crédits sans garantie à des populations rurales pauvres de l’Irlande Raiffeisen : fondateur de la 1ère société coopérative d’épargne et de crédit en 1864, en Allemagne Création de BPR (Banque populaire de crédit) en Indonésie en 1895 Echec des programmes de crédit subventionnés lancés dans les années 1950 (banques de développement rurales) 1976 : la Grameen Bank de M. Yunus au Bangladesh Evénement déclencheur : la famine de 1974 Au cœur de sa stratégie : Des groupes solidaires, composés de femmes Une banque de proximité, à la rencontre des clients Concept repris par de nombreuses ONG pour accompagner leurs programmes sociaux Des évolutions importantes au cours du XXème siècle 10 10 10
Petite histoire de la Microfinance (2/2) Professionnalisation du secteur de la microfinance Un objectif clé : la viabilité institutionnelle et financière (nombre de clients, taux de recouvrement élevé et tarifs couvrant les charges) => enjeu de trouver le bon équilibre entre rentabilité et mission sociale Apparition de nouvelles problématiques et thèmes : Impact de la MF & Performances sociales Règlementations & Politiques spécifiques nationales/régionales Systèmes de rating Protection du consommateur Surendettement Réduction des coûts de transaction Nouvelles technologies (Mobile Banking, Internet, etc.) Depuis le début des années 1990 La Microfinance est considérée comme un outil efficace de lutte contre la pauvreté… Mais attention, ce n’est pas une recette miracle! 11 11 11
Les principes de la Microfinance Rentabilité : Les IMF doivent être rentables pour accroître leur impact et rester pérennes Impact social en matière de développement Taux d’intérêt et commissions : doivent permettre de couvrir des coûts de gestion relatifs importants pour des petites transactions Une gamme de produits diversifiés : pour être rentables, les IMF sont amenées à développer une gamme complète de produits répondant aux besoins de leurs cibles Refinancement : Les IMF doivent être aptes à se refinancer sur les marchés locaux et internationaux Le Rôle des Pouvoirs Publics déterminant pour : la promotion d’un environnement favorable la définition d’une réglementation adaptée la structuration, le contrôle et la supervision des activités de microfinance Animation : Question sur taux d’intérêt ? Les taux sont-ils généralement moins élevés dans la microfinance que dans les banques ? 12 12 12 12
Client type de la microfinance & types d’institution de microfinance Le client type : Personne dont les revenus sont faibles et qui n’a pas accès aux institutions financières formelles faute de pouvoir remplir les conditions exigées par ces institutions (documents, garanties, dépôt minimum, etc.) Mène généralement une petite activité génératrice de revenus dans le cadre d’une entreprise individuelle ou d’une petite entreprise familiale En zone urbaine : petits commerçants, prestataires de services, artisans, vendeurs de rue, salariés à bas revenus, PME, etc. En zone rurale : petits paysans, personnes ayant une petite activité de transformation alimentaire ou un petit commerce Types d’institution de microfinance : Grande variété d’organisations en fonction de la taille / degré de structuration / statut juridique (ONG, association, coopérative d’épargne et de crédit, mutuelle, société anonyme, banque, etc.) / But lucratif ou non / Autorisation ou pas à collecter de l’épargne, etc. 13 13 13 13
Le couple PME/PMI et Microfinance
Définition de la PME en CI En Côte d’Ivoire, avant janvier 2012, il n’existait pas de texte juridique clair définissant la notion de PME. Depuis 2012, la loi en Côte d’Ivoire subdivise et définit les PME en trois groupes : La micro-entreprise, définie comme une entreprise qui emploie en permanence moins de 10 personnes ou qui réalise un chiffre d’affaires annuel hors taxes inférieur ou égal à 30 millions de francs CFA ; La petite entreprise, définie comme une entreprise qui emploie en permanence moins de 50 personnes ou qui réalise un chiffre d’affaires annuel hors taxes supérieur à 30 millions de francs CFA et inférieur ou égal à 150 millions de francs CFA ; La moyenne entreprise, définie comme une entreprise qui emploie en permanence moins de deux 200 personnes, ou bien réalisant un chiffre d’affaires annuel hors taxes supérieur à 150 millions de francs CFA et inférieur ou égal à 1 milliard de francs CFA Notons que cette définition s’inspire de celle de l’Union Européenne qui, depuis 2003, a adopté la recommandation 2003/361/CE fixant la définition des entreprises en fonction de leur taille et de la nature de leurs relations avec d’autres entreprises.
Caractéristiques de la PME (1/2) Les PME ont des caractéristiques spécifiques principales : Petite taille Centralisation et personnalisation de la gestion autour du propriétaire- dirigeant Stratégie intuitive ou peu formalisée Forte proximité des acteurs dans un réseau régional Système d'information interne simple et peu formalisé Système d'information externe simple basé sur les contacts directs Capacité d'innover rapidement pour s'adapter au marché On retrouve aussi fréquemment : Proximité entre patron et employés Faible formalisation Le recours à l’écrit n’est pas primordial, du fait de l’importance de l’ajustement mutuel Pas de niveaux hiérarchiques, ou très peu Organisation en réseaux : la PME se structure avec d’autres PME. Une répartition des tâches s’opère (recherche, production, commercialisation,…).
Importance de la PME dans la course vers l'émergence Les PME jouent un rôle primordial dans la création d'emplois dans de nombreux pays D'après l'OCDE les PME représentent, suivant les pays, entre 95 et 99 % des entreprises et entre 60 % et 70 % des créations nettes d'emplois. Les PME ivoiriennes bénéficient, depuis 2011, d'allègements de charges de la part de l’État et d'aides à l'accès au crédit. En Côte d'Ivoire, les PME représentent plus de 95% des entreprises recensées, et contribuent à hauteur de 20 % au PIB.
Quel accompagnement pour les PME et PMI ? « Avançons ensemble »
Des méthodes et des principes adaptés aux MPMEs Chez Advans Une grande variété de produits Crédit solidaire / Crédit de groupe Crédit court terme / moyen terme Crédit fonds de roulement / investissement Comptes d’épargne / Transfert d’argent / Moyens de paiement En milieu rural: crédit Cacao Services innovants : mobile banking, carte magnétique… Des garanties adaptées aux revenus et au patrimoine des clients Caution solidaire, garanties matérielles, garanties personnelles… Une évaluation personnalisée de la solvabilité du client sur la base d’entretiens à son domicile et sur son lieu de travail. Un suivi rapproché pour renforcer la culture de remboursement et offrir une meilleure qualité de service Une progressivité dans le montant et la durée des prêts octroyés Une équipe qualifiée et professionnelle Histoire microfinance 19 19 19 19
Les améliorations apportées aux produits existants Elles sont essentiellement de 5 ordres : Augmentation montant maximum de crédit : Le plafond maximum est passé de 50M à 150M pour les PME Augmentation durée maximum premier cycle: La durée maximum du premier crédit est passé de 9 mois à 12 mois pour les crédits et peut aller jusqu’à 18 mois pour les crédits investissements. Augmentation durée maximum au renouvellement : La durée est passée de 24 mois à 36 mois pour les crédits investissement à partir du second cycle. Possibilité d’avoir un délai de grâce dès le premier crédit 1 à 3 mois de période de grâce si le fonctionnement de l’activité le justifie Introduction de l’échéancier modulable Possibilité (si justifié par le fonctionnement de l’activité) de faire des échéances variables pour tenir compte du rythme des encaissements et des décaissements du client.
La mise sur le marché des produits nouveaux Le financement des bons de commande L’avance sur facture Le découvert
Des améliorations apportées à l’organisation et à la méthodologie Une équipe dynamique dédiée au segment PME et une méthodologie propre à la PME 5 chargés de clientèle au lancement en Octobre 2014 et 10 à ce jour. Elle est encore appelée à grandir dans les prochains mois l’objectif final étant d’être le proche possible du client pour mieux l’accompagner. Adjamé : 3 Marcory : 2 Abobo : 2 Yopougon : 2 Bouaké : 1
Des avantages inégalables Des critères souples Des crédits sans épargne préalable Des crédits jusqu’à 150M (nous sommes la seule IMF à le faire en CI) Un délai de traitement très court Une gamme variée de garanties C’est un taux d’intérêt très intéressant (1,6% mensuel dégressif) C’est un service de qualité alliant professionnalisme et rapidité
Des produits et des services adaptés Des Comptes d’Epargne gratuits Des dépôts rémunérés jusqu’à 7% Des comptes courants au meilleur prix Des assurances pour protéger nos familles Des transferts et virements bancaires Des encaissements de chèques Des services financiers via téléphone mobile Des cartes de retrait pour un accès 24h/24
Des partenaires solides SFI AFD SGBCI HDF FMO
La PME au cœur de la stratégie Advans en 2015 8 milliards à décaisser au profit de la PME au cours de l’année 2015
Des chiffres qui parlent Postes de Managers Sur 34 postes de Managers les femmes en occupent 17 d’où 50% des postes. Les postes concernées sont : 02 postes de Directeurs d’Agence sur 6 postes existants 07 postes Adjoints Directeurs d’Agence sur 12 postes existants 5 postes de Superviseurs Assistants Commerciales sur 6 postes existants 1 poste de Responsable RH 1 poste de Responsable OPE 1 poste de Responsable Projet (Expatrié)
Des chiffres qui parlent Postes de Managers (En agence)
Des chiffres qui parlent Postes de Managers MANAGERS AGENT BACK-OFFICE OPE ASSISTANT(E) CLIENTÈLE CAISSIERES CHARGÉ(E)S DE CLIENTÈLE AUTRES POSTES FEMMES 17 5 42 24 61 21 HOMMES 56 19 TOTAL 34 117 40
Stat clients : Evolution décaissement au profit des PME PRETS : Décaissement par année (Fcfa): 5 Milliards 2,5 Milliards 750 Millions 2012 2013 2014 450 Millions décaissés à ce jour 8 Milliards disponibles 2015
Stat clients Emprunteurs actifs : 41 % 59 % 49 %
Stat clients Emprunteurs actifs par produit (Femmes): Advans Progrès Advans Croissance Advans Joker Advans Evolution + Advans Evolution 11% 41 % 59 % 49 % 85%
Stat clients Déposants actifs : 41 % 59 %
Restauration et Hôtels Transport et Entrepôts Stat clients Les entreprises de femmes chez Advans CI Commerce détail Agriculture Restauration et Hôtels Production Transport et Entrepôts Services Commerce gros Fournitures Electriques Eau BTP Assurances Immobiliers
Stat clients Les entreprises de femmes chez Advans CI PRÊT Nombre (EN %) Commerce détail 53 Commerce gros 36 N/A (Particulier) 1 Production Restauration et Hôtels 2 Services 4 DÉPÔT Nombre (EN %) Agriculture 1 Commerce détail 46 Commerce gros 28 N/A (Particulier) 14 Production 2 Restauration et Hôtels Services 7
Les difficultés des demandeurs Délai de traitement long Ecart montant demandé et montant octroyé ( la banque ne nous donne toujours pas le montant demandé) Exigence des garanties alors que activité marche bien La banque ne prend pas de risque car demande 100% de garantie La banque demande trop de papiers La banque ne nous fait pas confiance La banque ne nous explique pas toujours pourquoi elle ne nous finance pas (état d’esprit = pas très souvent disposé à écouter au moment où on lui explique)
Les Difficultés du prêteur (général) Absence de traçabilité Pas de comptabilité du tout Comptabilité ne reflétant pas le niveau réel de l’activité : La volonté de dissimiler les chiffres au fisc pousse parfois le dirigeant à ne plus tenir une vraie comptabilité (difficultés pour le banquier de calculer la vraie capacité de remboursement du client pouvant lui permettre de se faire une idée réelle de son niveau de solvabilité) Accès limité à l’information en général et à la bonne information en particulier Manque de transparence (dissimilation des informations qui auraient permis de mieux cerner le besoin du client : le banquier est pour le promoteur économique ce que le médecin est pour un patient = mieux il le connaît et connait sa situation mieux il peut l’accompagner)
Les Difficultés du prêteur/banquier Absence de garantie juridiquement viable (TF, ACD, factures) Gestion pas toujours très orthodoxe (appartenance familiale érigée en critère de performance, qualité de l’organisation, non respect des règles ou absence des règles) Objet/besoin par toujours bien identifié Absence de planification stratégique (on gère le quotidien et du coup présente sa demande quand la situation est déjà urgente) Absence de communication réelle/véritable entre le banquier et le client Le client ne sait pas ce que veut/attend le banquier Le banquier n’a pas les informations essentielles pour prendre la décision S’installe un climat d’accusation mutuelle entre le banquier et le client (engendre de la méfiance)
Difficultés spécifiques aux activités gérées par les femmes Les considérations socio-culturelles Difficultés pour la femme à mobiliser les biens du couple pour constituer une garantie sans l’aval de l’époux Pouvoir des femmes encore limité dans certaines sociétés Difficultés à allier vie professionnelle et vie familiale quand on est femme: Faut s’occuper des tâches ménagères Faut gérer les congés de maternité Manque de coopération/collaboration de certains hommes très souvent Refus de cautionner son épouse Revenus des femmes très souvent consacrés prioritairement aux petites dépenses du ménage (en lien avec cash flow plus régulier)
Conclusion Pas de discrimination sur le genre affichée dans le processus d’instruction des demandes de crédit Quelques éléments socioculturels peuvent expliquer certaines difficultés rencontrées par les femmes dans la recherche de financement La composition du tissu économique ivoirien peut expliquer sur certains aspects le niveau encore faible d’accès des femmes au financement Des efforts doivent être faits par tous les acteurs (les femmes, les pouvoirs publics, les hommes…) pour améliorer le niveau des ratios actuels Les tontines certes contribuent au développement de l’entrepreneuriat en général et de l’entrepreneuriat féminin en particulier mais leurs champs d’action restent limités