Epelboin L., Roussin C., Nicand E. Aubry P. Hépatite à virus E aiguë chez un Français métropolitain résidant à Mayotte Epelboin L., Roussin C., Nicand E. Aubry P.
HEPATITE A VIRUS E Le virus de l’hépatite E (VHE) est la principale cause d’hépatites aiguës évoluant sur un mode endémo-épidémique dans les régions tropicales et subtropicales où l’hygiène la plus élémentaire, c’est-à-dire l’accés à l’eau potable, fait défaut. Au cours des épidémies, ce sont les adolescents et les adultes jeunes (entre 15 et 45 ans) qui sont infectés. Dans les pays industrialisés, des cas d’HVE sont diagnostiqués chez des patients revenant d’un séjour en zone d’endémie, mais de plus en plus d’HVE autochtones sont rapportées. Le profil de l’HVE autochtone est différent : Il s’agit de cas sporadiques dont l’origine reste le plus souvent inconnue, survenant chez des personnes de plus de 50 ans, parfois dans un contexte de pathologies sous-jacentes. .
HEPATITE A VIRUS E Cependant, avec la mise en évidence d’un réservoir animal domestique, dont le porc, et sauvage, certains facteurs à l’origine des cas autochtones ont été identifiés : consommation de viande peu ou mal cuite, contact étroit avec le réservoir de virus (activité professionnelle ou de loisir).
HEPATITE A VIRUS E Cinq génotypes majeurs du VHE ont été caractérisés : - les génotypes 1 et 2 d’origine humaine, responsables d’épidémies dans les pays à faible niveau d’hygiène (Asie, Afrique), - les génotypes 3 et 4 responsables de cas sporadiques dans les pays industrialisés (Europe, USA, Japon), caractérisés à la fois dans le régne animal (porc) et l’espèce humaine, - le génotype 5 qui, à ce jour, est strictement aviaire.
Hépatite à virus E Le diagnostic de l’HVE repose sur la détection du virus et les marqueurs sérologiques spécifiques (IgM anti-VHE et IgG anti- VHE. L’infection aiguë par le VHE est reconnue par la présence d’ IgM anti-VHE. L’ARN du VHE, détecté par PCR ou RT-PCR, précède l‘apparition des IgM anti-VHE. Les IgG anti-VHE témoignent d’une infection ancienne et guérie et se négativent au cours des années.
OBSERVATION (1) Homme, 46 ans, fonctionnaire métropolitain, à Mayotte depuis août 2008. Consulte au CH de Mayotte le 08 janvier 2009 pour un ictére apparu le 02 janvier, précédé de troubles digestifs, d'une fièvre, d'une asthénie. Il “rattache” sa maladie à la consommation d’un plat philippin à bas de viandes de porc et de poulet achetées à Mayotte quelques jours auparavant. Bilan biologique hépatique: ALAT : 3 857 UI/L, ASAT : 3 862 UI/L, bilirubine totale : 115 mmol/L dont 48 de bilirubine conjuguée, gamma GT : 216 UI/L, phosphatases alcalines : 38 UI/L, taux de prothrombine : 96%.
OBSERVATION (2) Sérologies : - HVA, positive en IgG chez un vacciné, - HVB négative (non vacciné), - HVC négative, - HVE positive en IgM (11,79 : positive si DO/VS > 1), négative en IgG (0,20 : positive si DO/VS > 1). Détection de l’ARN viral du VHE (sérum) : PCR/VHE positive*. La souche est de génotype 3, sous-génotype f* *CNR de l’HVE, HIA du Val de Grâce, 75 013 Paris
OBSERVATION (3) Evolution clinique favorable Premier bilan de contrôle le 28/01/2009 à J21 : - Bilan biologique hépatique : ASAT : 129 UI/L, ALAT : 633 UI/L, bilirubine : 6 mmol/L. - Sérologie de l’HVE : positive en IgM : 10,47, négative en IgG : 0,24. - PCR/HVE négativée
DISCUSSION (1) Il s’agit du premier cas d'HVE autochtone contractée sur place à Mayotte. Ce cas est typique au point de vue clinique et biologique d'une hépatite virale aiguë bénigne Il a été diagnostiqué chez un homme de 46 ans, immunocompétent. Le diagnostic a été porté sur la sérologie positive en IgM et par la PCR à J7 après l’ictère, PCR négativée au contrôle à J21. La souche isolée est de génotype 3, sous-type f. Cette souche est “commune” à l’homme et au porc
DISCUSSION (2) La seule source de contamination mise en évidence à l’intérrogatoire est la consommation de viande de porc. La consommation de viande de porc constitue un facteur de risque de contamination, si la viande est consommée crue ou non cuite à coeur. La viande de porc consommée a été achetée par le patient dans un supermarché. Il s’agit de viande importée, dont la provenance n’est pas connue.
CONCLUSION La source de contamination par le VHE en zone tropicale non endémique, comme les îles de l’océan Indien, peut être un contact direct avec les animaux (professions à risque) ou la consommation de viandes d’animaux infestés. Le potentiel zoonotique du VHE étant établi, il est impératif d’évaluer les risques de transmission et les conséquences cliniques liées à l’exposition du virus, afin de définir les mesures à mettre en oeuvre pour en limiter l’expansion. .