Analyses des situations didactiques

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Transcription de la présentation:

Analyses des situations didactiques III - Analyse a posteriori

1 - Conditions de l’analyse a posteriori Une définition Ensemble des informations issues de l'observation et de la gestion d'une séquence d'enseignement qui concourent à la connaissance didactique des conditions d'apprentissage des savoirs en jeu.

1 - Conditions de l’analyse a posteriori Remarques L'analyse a posteriori est : 1 - Basée sur le "protocole" d'observation ou "chronique de la classe". 2 - Développée en se référant à l'analyse théorique. 3 - Éffectuée dans le cadre d'objectifs d'observation bien délimités. 4 - Relative aux outils de recueil de l'information et aux modalités de son exploitation. 5 - Faite pour relier les faits observés aux objectifs définis a priori, dans le cadre des théories didactiques, et pour évaluer leur reproductibilité.

2 - Étapes d’une analyse a posteriori 1 - Présentation structurée des faits observés 2 - Analyse didactique des phénomènes recueillis : décisions, effets de contrat, indices de fonctionnement de connaissances. 3 - Analyse des erreurs et comportements erronés 4 - Analyse de la gestion de la classe 5 - Retour sur les formulations (consignes, énoncés, statuts des résultats, textes en mémoire) et leurs effets. 6 - Conclusion : retour sur la problématique didactique

3 - Un petit problème pour les 10 - 14 ans Les pots de bonbons Grand-mère a rangé des bonbons dans des pots. Dans un premier pot, Grand-mère a mis 6 bonbons à l’orange et 10 au citron. Dans un deuxième pot, elle a mis 8 bonbons à l’orange et 14 au citron. Les bonbons sont de la même forme et sont enveloppés de la même façon.

3 - Un petit problème pour les 10 - 14 ans Les pots de bonbons, la question: Comme Grand-mère sait que Julien n’aime pas le goût du citron, elle lui dit : « Tu peux prendre un bonbon. Je te laisse choisir le pot dans lequel tu pourras glisser ta main, sans regarder à l’intérieur ». Julien réfléchit bien et choisit le pot où il pense avoir la meilleure chance de prendre un bonbon à l’orange. À la place de Julien, quel pot auriez- vous choisi ? Justifiez votre réponse en expliquant votre raisonnement.

4 - Analyse de la tâche Différentes approches - Il ne suffit pas de choisir le pot qui a le plus de bonbons à l’orange ou le moins de bonbons au citron, mais il faut aussi tenir compte des deux quantités simultanément, par un rapport de grandeurs. - Déterminer, puis comparer, les rapports des nombres de bonbons à l’orange et au citron, au moyen de fractions (de même dénominateur ou numérateur) ou en divisant l’un par l’autre. - Ou déterminer et comparer les rapports du nombre de bonbons à l’orange au nombre total des bonbons dans chacun des pots. - Ou planifier un raisonnement proportionnel du type : dans un pot de 6/10 on aurait les mêmes possibilités que dans un pot de 12/20, …

5 - Analyse a posteriori, différents types de réponses A. Comparaison entre les nombres de bonbons au citron - « A la place de Julien on aurait plongé la main dans le pot I. Julien n’aime pas les bonbons au citron, comme il y en a moins que dans le pot II, il a plus de chance de tomber sur un bonbon à l’orange. ». - « J’aurais choisi le pot I car dans le pot II il y a 14 bonbons au citron. ». Autres réponses, difficiles à « cataloguer » : - « A la place de Julien je choisirait le pot I car il y a moins de bonbons à l’orange car il n’aime pas. ». - « Je choisirais le pot I car il n’y a pas beaucoup de différence entre les bonbons au citron et à l’orange. Et il y a moins de bonbons en tout que dans le I que II. ». - « Ça ne change rien car la chance de tomber sur un bonbon à l’orange est la même : 6 x 2 – 10 = 2, 8 x 2 – 14 = 2 ».

5 - Analyse a posteriori, différents types de réponses B. Comparaisons des différences internes d’un pot à l’autre Le raisonnement ne prend en compte que les bonbons au citron « en plus » de ceux à l’orange. « Dans le pot I, il y a 4 bonbons au citron de plus que de bonbons à l’orange. Dans le pot II, il y a 6 bonbons au citron de plus que de bonbons à l’orange. Donc nous choisissons le pot I. ... » « Nous avons choisi le no 1 car il n’y a que 4 bonbons à l’orange de moins qu’au citron tandis que dans le no 2 il y a 6 bonbons de moins, donc il y a plus de chances. » «  ... car dans le pot no 1 il y a moins de différence entre les deux sortes de bonbons donc plus de chance des bonbons à l’orange, en quelque sorte il y a plus de bonbons à l’orange donc on a plus de chance d’avoir un bonbon à l’orange dans le pot no 1. » « A la place de Julien, j’aurais choisi le pot no 1 car l’écart des bonbons au citron et à l’orange est de 4 et l’autre pot est de 6 donc il y a moins de risque de prendre un bonbon au citron. »

5 - Analyse a posteriori, différents types de réponses B. Comparaisons des différences internes d’un pot à l’autre Cependant, il peut y avoir implicitement (mais ce n’est pas garanti) l’idée de minimiser le poids des bonbons au citron dans le pot, ce qui révèlerait une approche qualitative de la notion de probabilité « Il faut donc choisir le pot I car il n’y a qu’une chance sur 4 de ne pas se tromper alors qu’avec le pot II il y a une chance sur 6 de ne pas se tromper ». « A la place de Julien, j’aurais choisi le pot no 1 car l’écart des bonbons au citron et à l’orange est de 4 et l’autre pot est de 6 donc il y a moins de risque de prendre un bonbon au citron. » «  ... car il y a moins de bonbons au citron en plus dans le pot I. » « Il faut donc choisir le pot I car il n’y a qu’une chance sur 4 de ne pas se tromper alors qu’avec le pot II il y a une chance sur 6 de ne pas se tromper »

5 - Analyse a posteriori, différents types de réponses C. Comparaison des variations d’un pot à l’autre L’argumentation repose sur le constat que, du premier pot au second, le nombre des bonbons à l’orange a augmenté de 2 et celui des bonbons au citron de 4. Bien qu’il s’agisse toujours de différences, on peut sous-entendre le raisonnement suivant : puisque, dans cette augmentation, il y a plus (le double) de bonbons au citron, on «se dit que » le risque de tirer un bonbon au citron a tendance à augmenter du pot I au pot II. « Nous avons choisi le pot I car : dans le pot II il y a que 2 bonbons de plus à l’orange mais 4 de plus au citron ». « Il faut prendre le premier pot car 6 + 2 = 8 et que 10 + 4 = 14, comme 2 < 4 donc on rajoute plus de citron que d’orange » « ... car il y a plus de chance de prendre le 1er pot de bonbons sachant que dans le 1er pot il y a moins de bonbons au citron que dans le 2e pot : le premier contient 10 bonbons au citron et le 2e pot en contient 14 donc il y a 4 bonbons de plus au citron, alors qu’il y a que 2 bonbons à l’orange rajoutés dans le 2ème pot »

5 - Analyse a posteriori, différents types de réponses D. Fractions ou rapports La procédure qui conduit à la réponse correcte nécessite une comparaison de rapports et non de différences. On trouve deux choix de rapports dans les copies examinées : D.1: entre les nombres de bonbons à l’orange et ceux au citron, D.2: entre les nombres de bonbons d’une sorte et le total de ceux contenus dans le pot. « A la place de Julien on aurait choisi le pot 1. Il faut mettre 6/10 et 8/14 sur le même dénominateur: 6/10 = 42/70 et 8/14 = 40/70. 42 > 40. Donc j’aurais choisi le pot I car quand on met au même dénominateur 6/10 et 8/14 le nombre de bonbons à l’orange dans le pot I est de 42 et dans le pot II de 40. ». - « Pour savoir dans quel pot il y a le plus de chance d’avoir un bonbon à l’orange, il faut exprimer le nombre de bonbons à l’orange en pourcentages: 6 pour 10 ––> 60 %, 8 pour 14 ––> 57,12 %. Il y a plus de chance de trouver un bonbon à l’orange dans le pot I (60 %) ».

5 - Analyse a posteriori, différents types de réponses D. Fractions ou rapports D.2: entre les nombres de bonbons d’une sorte et le total de ceux contenus dans le pot. Cette conception renvoie à l’approche classique de la notion de probabilité (définition de Laplace). « ... 12/32 > 12/33 donc 6/16 > 8/32, pot I ». « Le nombre des bonbons de la boîte no 1 est égal à 16. En divisant le nombre des bonbons à l’orange (6) et au citron (8) par 16, on obtient alors : * Bonbons à l’orange : 37,5%, * au citron : 62,5 % ». (même raisonnement pour le pot II et comparaison des %). « .... Pot 1 : 6 : 8 = 0,75. Il y a 0,75 chances sur 2 de tomber sur un bonbon à l’orange. Pot 2 : 8 : 11 = 0,72. Il y a 0,72 chances sur 2 de tomber sur un bonbon à l’orange. »

5 - Analyse a posteriori, différents types de réponses E. procédures mixtes Deux classes font simultanément référence à la soustraction et aux rapports. C’est un faible pourcentage des 96 copies examinées mais elles paraissent révélatrices de l’évolution d’une procédure à l’autre : « A la place de Julien, je choisirais le pot no 1 car dans ce pot il y a 4 bonbons de plus qu’à l’orange et dans le pot no 2 il y a 6 bonbons au citron de plus qu’à l’orange. Et car il y a 37,5 % de bonbons à l’orange dans le pot no 1 contre 36,4% dans le pot 2. Pot 1 : 6/16 = 0,375 x 100 = 37,5%. Pot 2 : 8/22 ≈ 0,36 x 100 ≈ 36,36 % »

6. Les effets de l’âge sur les procédures Analyse sur 96 classes, élèves de 11 à 14 ans On constate une évolution vers les procédures « expertes » avec l’âge. Celles qui reposent sur les différences, B et C, sont choisies par les trois quarts des élèves de 11-12 ans et celle qui fait appel aux rapports, D, est largement majoritaire à 13-14 ans. Procédures âges A B C D D1 D2 M total 11-12 ans 7 19% 21 58% 6 17% 2 7% 1 3% 36 100% 12-13 ans 12 40% 14 47% 5 17% 9 30% 30 100% 13-14 ans 4 13% 21 70% 7 23% 14 47% 10 10% 37 39% 9 9% 13 14% 24 25% 3 03% 96 100%

7. Perspectives de recherche Un constat: une évolution rapide de la conceptualisation Première approche :  combien de « chances » de gagner ? Méline, 7 ans : « je choisirais le deuxième pot ! » Pourquoi ? « Parce que c’est dans ce pot qu’il y a le plus de bonbons à l’orange, évidemment ». Méline maintient sa réponse quand le deuxième pot contient 100 bonbons au citron et 8 à l’orange. Ou combien de chances de perdre ? (Stéphane, 10 ans) - « J’aurais choisi le pot I car dans le pot II il y a 14 bonbons au citron. »

7. Perspectives de recherche Un constat: une évolution rapide de la conceptualisation Deuxième temps : les structures additives (12 ans) - « ... Il faut prendre le pot no 1 car il y a moins de différence entre les bonbons à l’orange et au citron. » Troisième étape : la proportionnalité (14 ans) « Pour savoir dans quel pot il y a le plus de chance d’avoir un bonbon à l’orange, il faut exprimer le nombre de bonbons à l’orange en pourcentages. »

7. Perspectives de recherche Des projets de recherches 1 - Étudier l’évolution de la conceptualisation, de l’appréhension numérique des « chances » à l’acquisition de la pré-probabilité. 2 - Comprendre le passage de l’approche par la différence des « chances » au rapport cardinaliste et aux pourcentages. 3 - Intérêt du modèle d’urne pour favoriser l’approche par la pré- probabilité et obstacles possibles (notamment la proportionnalité). 4 - Comment un élève peut-il interpréter (modéliser) une situation donnée dans des habillages traditionnels en modèle d’urne ? 5 - Comment et dans quelles conditions se fait la liaison entre une compréhension a priori de la probabilité comme rapport de cas et le contrôle a posteriori par les fréquences.

8. Une réponse impertinente