Est-ce la culture qui fait de nous des hommes?

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Transcription de la présentation:

Est-ce la culture qui fait de nous des hommes?

Nature et culture On définit généralement la culture en rapport avec la nature: la culture prolonge la nature, elle permet de d’actualiser ce qui n’est que virtuel dans la nature (RC: en puissance/ en acte). Illustration: la graine de platane n’est qu’un platane en puissance, non pas actuellement.

Problématique: Il peut sembler à première vue absurde de dire que c’est la culture qui fait de nous des hommes. En effet: d’une part, il existe différentes cultures alors qu’il n’existe qu’une seule race humaine d’autre part, il existe des caractéristiques biologiques qui distinguent radicalement l’homme des espèces animales (forme du crâne, station verticale, etc…)

La doxa Il semblerait donc beaucoup plus raisonnable de dire que c’est la nature qui fait de nous des hommes et non la culture.

Remise en cause: l’évidence de cette solution s’opacifie dès que nous nous demandons ce que pourrait-être un homme à l’état de nature : ne serait-il pas, en tous points, semblable à un animal 

? C’est en tout cas ce que semble montrer l’histoire de L’enfant sauvage dans le livre de Malson. Est-ce alors la culture ou la nature qui fait de nous des hommes ?

Est-ce alors la culture ou la nature qui fait de nous des hommes Est-ce alors la culture ou la nature qui fait de nous des hommes ? Il semble pourtant fort paradoxal de dire que c’est la culture qui fait de nous des hommes alors que la culture est elle-même faite par l’homme !

Enjeux de la question Se demander si c’est la culture qui fait de nous des hommes, c’est donc s’interroger sur les rapports entre l’évolution biologique et l’évolution culturelle et c’est finalement s’interroger sur la liberté humaine comme capacité que l’homme de se faire ce qu’il est et donc comme un être qui peut s’élever au dessus de la simple nature, mais peut aussi, en même temps, retomber en dessous

I-Critique de la thèse: « l’homme est fait par la nature » Diversité des cultures et unité de la nature

1-L’universalité de la nature Les lois de la nature sont universelles. Les cultures sont propres à chaque peuples. L’idée de nature étant universelle, on peut affirmer qu’il existe une nature humaine qui transcende la diversité des cultures. L’idée qu’il y aurait une « nature humaine » a souvent été utilisée pour défendre un point de vue universaliste. Illustration : les droits de l’homme se basent sur une certaine idée de la nature de l’homme. Cette idée est-elle vraiment naturelle ou est-elle culturelle?

L’idée « d’homme naturel » Il faudrait s’arrêter sur l’idée de « droit naturel », à l’origine de l’idée des droits des individus. Cette idée considère qu’il y a des droits qui seraient inscrits, avant de l’être dans des textes, dans la nature de l’homme. Les fondateurs de la pensée politique modernes ne sont pourtant pas d’accord sur ce que peut être l’homme à l’état naturel. Notre idée de la nature n’est elle pas alors culturelle?

Critique de l’idée de « nature humaine » Pourtant s’il y a bien une « nature humaine » qui transcende la diversité des cultures qui fait que tout homme, quelque soit sa culture, appartient à l’humanité comme genre, ces caractéristiques semblent avant tout biologiques (forme du crâne, etc…).

Point de vue des sciences sociales Dès le départ l’anthropologie est scindée entre une anthropologie naturelle (qui étudie la forme des os, etc…) et une anthropologie culturelle (qui étudient les coutumes, etc..) Mais globalement, les sciences sociales considèrent que l’idée de nature est construite socialement, culturellement. Pour Marx, elle est idéologique. Ainsi l’homme des droits de l’homme n’est pas « l’homme universel » mais l’individu bourgeois égoïste et propriétaire (cf La question Juive).

Levi Strauss et la critique de l’ethnocentrisme Il semble important de distinguer la nature et la culture. Levi Strauss nomme « ethnocentrisme » l’illusion qui consiste à croire que sa propre culture est naturelle, ou tout au moins, plus naturelle que celle des autres. On juge donc souvent des cultures des autres à partir de la sienne. Quel est son critère pour distinguer les deux: la nature est toujours universelle, les cultures sont toujours particulières.

Levi Strauss Il y a pourtant une seule règle qui est pour lui à la fois naturelle et culturelle. C’est elle qui permet de comprendre le point de passage de l’homme de l’état de nature à celui de société. C’est l’interdit de l’inceste au premier degré. Vu de manière positive, cet interdit est en fait une obligation: celle d’échanger les femmes. Cet échange est au fondement du lien social.

Conclusion provisoire: l’homme est naturellement culturel. L’idée de nature humaine soulève bien des questions, et même si elle permet d’espérer qu’il y a, par delà la diversité des cultures, une unité profonde du genre humain, elle est souvent abandonnée. Il y a pourtant bien une chose naturelle en l’homme, c’est le fait que l’homme ait une culture – qu’il n’est jamais tout à fait un être de nature. La question change alors de sens. Ce serait bien la culture qui ferait de nous des humains, au sens où l’homme serait un « animal culturel ».

Objection : on sait que les nazis étaient « cultivés » tout en se comportant de manière inhumaine ? Si la culture fait de nous des hommes, peut-elle nous rendre aussi pire que des animaux? Comment éclairer ce paradoxe?

1- retour au mythe de Prométhé Toute culture est technique. L’homme « naturel » est dénué de qualité. Il doit se « faire » lui-même ce qu’il est. Pour cela, Prométhée vole le feu et la technique. Il en découle le langage, la religion, l’art, etc… A travers la technique, la culture est à la fois constituante (de l’homme) et constituée (par l’homme). La culture est la continuation de l’évolution biologique par d’autres moyens.

2- La perfectibilité chez Rousseau. « Mais, quand les difficultés qui environnent toutes ces questions, laisseraient quelque lieu de disputer sur cette différence de l'homme et de l'animal, il y a une autre qualité très spécifique qui les distingue, et sur laquelle il ne peut y avoir de contestation, c'est la faculté de se perfectionner; faculté qui, à l'aide des circonstances, développe successivement toutes les autres, et réside parmi nous tant dans l'espèce que dans l'individu, au lieu qu'un animal est, au bout de quelques mois, ce qu'il sera toute sa vie, et son espèce, au bout de mille ans, ce qu'elle était la première année de ces mille ans. Pourquoi l'homme seul est-il sujet à devenir imbécile? N'est-ce point qu'il retourne ainsi dans son état primitif, et que, tandis que la bête, qui n'a rien acquis et qui n'a rien non plus à perdre, reste toujours avec son instinct, l'homme reperdant par la vieillesse ou d'autres accidents tout ce que sa perfectibilité lui avait fait acquérir, retombe ainsi plus bas que la bête même? Il serait triste pour nous d'être forcés de convenir que cette faculté distinctive et presque illimitée, est la source de tous les malheurs de l'homme; que c'est elle qui le tire, à force de temps, de cette condition originaire, dans laquelle il coulerait des jours tranquilles et innocents; que c'est elle qui, faisant éclore avec les siècles ses lumières et ses erreurs, ses vices et ses vertus, le rend à la longue le tyran de lui-même et de la nature »

3- L’homme et le monde Pour H. Arendt, il faut distinguer le monde et la nature : l’homme n’est humain que parce qu’il a un monde (sinon il est « immonde » comme l’animal, le bestial). Le monde se distingue de la nature par la durabilité : il dure bien plus longtemps que la vie humaine ou que les cycles naturels. Pour Hannah Arendt, l’homme nait deux fois : la première fois quand il vient au monde et la deuxième fois quand il entre dans le « bain culturel ». Dans la culture, l’homme échappe donc à la dimension cyclique du temps naturel, où tout se répète à l’identique. Sa vie a un sens. Le monde est le rempart au totalitarisme.

CONCLUSION C’est donc l’homme qui, en créant des œuvres, en faisant des actions, « fait » la culture. Cette capacité créatrice est probablement liée à la liberté humaine comme capacité de faire et, en faisant, de se faire. Mais ces œuvres constituent un monde, c’est-à-dire un environnement humain ou l’homme trouve sa place. Et c’est ce monde dans lequel on vit qui nous permet de mener une vie véritablement humaine, de ne pas être inhumain.