Eduquer/Enseigner/former

Éducation Dux, ducis : conduire vers, emmener vers... Educare : synonyme de nourrir, d'élever. Educere : faire éclore, aider à mettre au monde, conduire vers, emmener vers. L'éducation : ensemble de pratiques qui permet à l'être humain de devenir un être humain. L'éducation dit Charlot dans "Les Sciences de l'Education" c'est ce mouvement même du devenir humain. Dans une acception large, c'est l'ensemble des influences de l'environnement (celles des hommes ou des choses) aboutissant à transformer un sujet. Dans un sens restrictif : désigne l'influence d'une génération sur des enfants, des jeunes ou des adultes, pour en faire des êtres insérés dans une société donnée. action intentionnelle exercée sur autrui pour le conduire à être ce qu'il doit être. Les finalités sont de ce fait définies par celui qui éduque. Celui qui éduque à ainsi une certaine représentation du devenir humain. Etudier l'éducation c'est étudier cette représentation et sa conséquence sur les actions d'éducation. C'est aussi étudier les pratiques mises en jeu par les éducateurs

Enseignement insignare = indiquer, montrer. Dans un second sens : expliquer une manière de faire apprendre. Enseigner prend le sens d'instruire = former le savoir de quelqu'un soit par des leçons (de lectio = lecture) destinées à transmettre des connaissances, soit en lui inculquant = en les lui faisant pénétrer, graver dans son esprit. procède selon une progression régulière destinée surtout à des enfants et des jeunes le savoir est un objet manipulé sans que soit garanti les processus de structuration et de découverte qui fondent la connaissance en tant que praxis. Le savoir est chosifié (chose morte). donne rarement l'occasion à l'apprenant d'exercer une activité mentale authentique. Tout est préparé, préstructuré et donc prédigéré. Ce qui est à déduire est souligné, rien n'est laissé en suspens, en attente. Tout est fait par l'émetteur-auteur. L'enseignement est pensé prioritairement en fonction des contenus de connaissance. le programme de travail de l’enseignant et de l'apprenant est totalement dépendant de la logique interne du savoir considéré, logique qui n'est pas toujours perceptible par les apprenants

La formation initiale repose sur le modèle de la classe par niveau scolaire et par âge. Pour un âge donné le public est théoriquement considéré comme homogène Pour une classe d'âge correspond un niveau de connaissance déterminée. Les programmes sont construits de manière hiérarchique (du plus simple au plus complexe). Ils doivent être parcourus de manière progressive. Quelque soit la filière, l'assimilation de l'ensemble du programme durant une année scolaire permet de passer au niveau supérieur. postulat de l’enseignement : 1. le besoin de l'élève est déterminé par l'enseignant 2. l'expérience de l'élève est peu utile à l'apprentissage 3. l'orientation de l'apprentissage se fait autour d'un sujet, d'un contenu sur un thème donné 4. La motivation est stimulée par des signes extérieurs (notes, approbation, désapprobation, pressions parentales). Nombreux sont les pédagogues qui se sont opposés à cette conception traditionnelle de l'école, de l'enseignement, de la pédagogie. C'est Rousseau le premier, puis Freinet, Dewey, Claparède... qui prônent une pédagogie au service de l'enfant et qui seront à l'origine d'un courant appelé « l'École nouvelle »

Formation toute intervention qui vise des changements dans les comportements, la connaissance, la compréhension, les aptitudes. La formation est essentiellement une réponse à des stimuli externes ou internes. Elle se distingue de l'apprentissage ("learning") La formation renvoie au domaine des secteurs industriels, commerciaux et du travail social (éducation ou formation professionnelle). Il y a une différence d'approche, d'objet d'étude entre éducation/formation. L'éducation concerne la personne toute entière. La fonction de l'école est d'instruire, d'éduquer et de socialiser, apprentissage intellectuel, affectif et social. L'éducation scolaire s'exerce dans plusieurs directions, représentées par plusieurs disciplines, pour accroître la polyvalence. Sans qu'un usage précis de cette éducation soit prévu. Par contre en formation on s'intéresse plus à l'acquisition de compétences professionnelles en vue d'une pratique, d'une activité, d'une fonction particulière l'objet de la formation s'est élargi. Il ne suffit plus aujourd'hui d'avoir une spécialité (compétence professionnelle), la formation touche le sujet tout entier. Par exemple avec des publics en difficultés d'insertion professionnelle lorsqu'on travaille sur un projet professionnel, il s'agit tout autant de travailler sur le projet de vie que sur le projet professionnel

Qu'est-ce que former des adultes C'est amener consciemment un groupe d'adultes : D'une situation initiale qu'il s'agira de caractériser à une situation finale que l'on peut appeler objectif de formation Par la mise en oeuvre d'un ensemble de moyens que l'on appelle la formation ou le système pédagogique Par moyens, il faut entendre : les techniques pédagogiques que le formateur met en place : l'exposé, l'étude de cas, la simulation les aides pédagogiques : le tableau, l'ordinateur les contenus à diffuser, la matière : le soudure en trois points les attitudes pédagogiques du formateur : les méthodes actives, l'attitude non directive l'environnement du stagiaire : les possibilités d'application, l'aide hiérarchique Former, c'est aussi rendre conscient les stagiaires de leur progression

Pourquoi la formation pour adulte? le modèle de l'éducation scolarisée répond mal aux nouvelles exigences de la société postindustrielles, l'éducation continue apparaît comme une solution parfois une alternative la rigidité du système éducatif ne permet plus de répondre assez vite à une demande qui se diversifie et qui change rapidement. l'expansion des systèmes éducatifs n'arrive plus à satisfaire une demande inflationniste en formation le développement des systèmes éducatifs ne favorise que ceux qui sont le plus près du pouvoir et contribue à exclure ceux qui sont rejetés solutions pédagogiques locales pour répondre à des problèmes conjoncturels approche circonstanciée par rapport à des exigences plus ou moins fortes des différents acteurs La formation est le lieu d'enjeu contradictoires, d’intérêts divergents de finalités conflictuelles et résulte de négociations, de compromis, Le public y est très souvent hétérogène. Le formateur ne peut pas appliquer la même démarche pédagogique standard par rapport aux divers publics, nécessité de mettre en place des structures et des approches nouvelles, de nouvelles manières de faire La formation obéit à la logique des activités sociales et professionnelles La formation relève d’une logique d'articulation

Faut-il opposer formation d'adulte et enseignement? La formation s'est construite sur l'à priori qu'elle était fondamentalement différente de l'éducation scolaire. Cependant, même saisie dans sa différence, il n'en reste pas moins que la formation d'adulte n'apparaît et n'est reconnue que dans ses rapports d'opposition et de différences avec le scolaire. Dès lors, les chercheurs se sont peu à peu rendu compte qu'ils se trouvaient dans une impasse méthodologique : plus ils voulaient montrer la spécificité de la formation d'adulte, plus ils étaient obligés soit de tomber dans le piège de l'opposition noir/blanc (forte critique de l'école) soit de prendre comme référant ce qu'ils voulaient justement rejeter, les notions « d'éducations parallèle », de « parasystème » Pour Malglaive, la vie quotidienne, sociale ou professionnelle ne permet pas de maîtrise entièrement les outils intellectuels que nous devons aujourd'hui avoir pour nous adapter dans la vie pratique, sociale ou professionnelle. Il estime que certains penseurs ont rejeté peut être un peu trop rapidement l'enseignement et les enseignants de la formation des adultes et qu'il est tout à faire possible pour un enseignant de se centrer sur l'activité de l'apprenant et de considérer que l'apprenant doit être acteur dans l'apprentissage en articulant les connaissances nouvelles avec les connaissances anciennes

Quel est le rôle du formateur d'adultes? faire accéder le praticien à la théorie de leur pratique. Faire comprendre des concepts qui ne pourront être réellement compris que lors d'un long cheminement théorique et faire parcourir ce cheminement à partir d'un point de départ qui est la pratique, cheminement théorique qui dans bien des cas amènera le praticien à remettre en cause sa pratique.

Formation et développement professionnel le concept de développement professionnel remplace progressivement celui de formation qui renvoie à l'idée de l'adulte entrain d'apprendre, l'adulte ayant une histoire singulière et pose des questions qu'il souhaite traiter. La question de l'apprentissage est un enjeu central pour lui-même. Pour un formateur la question de l'apprentissage est principale, l'apprentissage est au coeur de la fonction du formateur. Sa principale fonction est de faire apprendre ou au moins aider à apprendre.

L'évolution de la formation d'adulte les pratiques de formation adultes sont anciennes. Les pédagogues de l'antiquité intervenaient auprès d'adultes et non d'enfants (notion qui apparaît au XVVI-XVIIIe). Pour ces pédagogues (Aristote, Socrate, Platon, Cicéron) la formation était un processus actif et non une réception passive d'un contenu. les Chinois et les Hébreux inventèrent la "méthode des cas" qui consistait à faire décrire une situation insatisfaisante et par l'analyse en dégager des solutions possibles. Les grecs inventèrent les dialogues maïeutiques qui consistent à interroger, poser des questions pour guider la réflexion et dégager une solution. Sous la Révolution la notion moderne d'éducation permanente apparaît, particulièrement ave le projet de Condorcet (1792) qui prône : - l'idée d'une formation poursuivie pendant toute la durée de la vie - l'égalité des chances devant l'instruction (idée d'une instruction universelle) - des contenus en liaisons avec l'évolution des sciences et des techniques - une véritable formation civique des citoyens. Ce projet n'a pas été appliqué, la formation professionnelle consistera à la création des grandes écoles d'ingénieurs (Polytechnique, Mines, Ponts et Chaussé,...), institutions peu démocratiques.

C'est Guizot qui en 1815 est le prmier à tenter de repoduire le modèle anglais d'écoles pour adultes en lançant "les classes pour adultes". A la même époque Auguste Comte crée à ses propres frais des cours pour adultes dans les mairies de Paris. C'est en 1865 que seront organisés les cours du soir du Conservatoire national des Arts et métiers de Paris. En 1866 Victor Duruy ministre de l'Instruction Publique de Napoléon lance une campagne nationale d'instruction pour adulte en mobilisant en autre 30 000 instituteurs. Le concept de formation permanente a intéressé des théoriciens socialistes (Saint-Simon, Proudhon) Fin du XIXème les idées des théoriciens socialistes prennent corps avec le mouvement des universités populaires (en 1902 47 universités à Paris). La loi Astier en 1929 jette les bases des futurs dispositifs de formation continue : pluralisme des institutions de formation, obligation de financement des entreprises, alternance entre cours théoriques et apprentissage pratiques en entreprise La formation de l'adulte est liée à un véritable changement des logiques d'action en formation. Ce changement s'est fait de manière progressive.

on peut distinguer quatre grandes périodes spécifique : avant les années 70 : la formation pour adulte s'inspire fortement de la formation initiale, il s'agit de qualifier une main d'oeuvre surtout rurale pour les besoins de la croissance industrielle. La formation d'adulte a une fonction de promotion sociale individuelle, c’est une "seconde chance", permet de rattraper les dysfonctionnements du système éducatif. L'adulte perçoit et souhaite cette formation comme un "retour à l'école". Le formateur doit jouer le rôle de l'enseignant. Les innovations pédagogiques ne sont pas à la mode. La formation se dispense en cours du soir dans les années 70 : la formation pour adulte est un droit pour les salariés. Les accords de Grennelle en 1968, la loi de 1971 donnent à la formation d'adulte un cadre législatif cohérent. La distinction formation initiale/formation continu apparaît. La formation devient un enjeu économique. Sur le plan des méthodes pédagogique domine : - l'analyse des besoins - les écrits de Carl Rogers sur la non-directivité - la dynamique de groupe Prise de conscience de l'importance de la relation et de l'affectif dans l'acte d'apprentissage. La formation s'individualise en recherchant l'autonomisation du sujet apprenant. C'est la période des stages de formation sur le métier ou sur le développement personnel et les savoirs disciplinaires. Dans ce dernier cas, la formation n'est pas forcément en rapport direct avec le milieu du travail.

début des années 80 : l'idée de partenariat est au centre de la formation. La crise économique, les restructurations technologiques amènent les entreprises à considérer la formation comme un lieu d'investissement (dépense rentable) et de changement humain en vue d'enrichir le potentiel productif de l'entreprise. Il s'agit de rationaliser la formation de rendre compatible à la fois des objectifs individuels, et ceux des entreprises et des institutions. L'apprentissage s'inscrit dans la dynamique du projet individuel. fin des années 80 : la formation est de manière délibérée au service des entreprises à travers des approches de formation-action autrement dit d'auto-formation (le sujet est acteur de sa formation) qui apparaissent comme les seules approches susceptibles d'apporter des réponses pertinentes aux problèmes rencontrés Les années 90 : Boutinet (Le projet en éducation et en formation, Cahiers Binet Simon, n°638, 199, n°1) décrit une autre période, le "tout-formation". Face à une société en crise, les réponses possibles aux interrogations des individus se trouvent dans le suivi d'une formation, avec des démarches pédagogiques très diversifiées capable de pouvoir s'adapter à tout type de publics. Les démarches pédagogiques sont variées. Les organismes de formation ne sont pas forcément issus du système du travail

- début des années 80 l'idée de partenariat est au centre de la formation. La crise économique, les restructurations technologiques amène les entreprises à considérer la formation comme un lieu d'investissement (dépense rentable) et de changement humain en vue d'enrichir le potentiel productif de l'entreprise. Il s'agit de rationaliser la formation de rendre compatible à la fois des objectifs individuels, et ceux des entreprises et des institutions. L'apprentissage s'inscrit dans la dynamique du projet individuel. - fin des années 8O, la formation est de manière délibérée au service des entreprises à travers des approches de formation-action autrement dit d'auto-formation (le sujet est acteur de sa formation) qui apparaissent comme les seules