Politiques commerciales des grandes puissances La tentation du néoprotectionnisme Lahsen Abdelmalki René Sandretto Conclusion générale La tentation néoprotectionnisme Comment ? Pourquoi ?
Figure 14.1 : Le néoprotectionnisme : une évolution paradoxale Conclusion générale : la tentation néoprotectionniste Comment ? Pourquoi ? Figure 14.1 : Le néoprotectionnisme : une évolution paradoxale L. ABDELMALKI et R. SANDRETTO : Les politiques commerciales des grandes puissances
Niveau moyen des droits de douane Conclusion générale : la tentation néoprotectionniste Comment ? Pourquoi ? La main droite de la statue de la liberté : le désarmement tarifaire... 1947 1990 % 40 20 10 30 2000 Niveau moyen des droits de douane 6 % 3 % L. ABDELMALKI et R. SANDRETTO : Les politiques commerciales des grandes puissances
Conclusion générale : la tentation néoprotectionniste Désarmement tarifaire : une baisse sans précédent Le cas des Etats-Unis : 1821-1993 1821 1850 1900 1930 1967 1950 1993 10 20 30 40 50 60 Smoot-Hawley (1930) Walker (1846) McKinley (1890) Kennedy R. (1967) Tariffs of abominations (1826) Tokyo R. (1979) Morrill & War tariffs (1861-1864) Uruguay R. (1993) Source : US department of Commerce, 1994 L. ABDELMALKI et R. SANDRETTO : Les politiques commerciales des grandes puissances
Conclusion générale : la tentation néoprotectionniste Comment ? Pourquoi ? La main gauche de la statue de la liberté : les instruments du néoprotectionnisme Les tracasseries administratives Les normes techniques et sanitaires Les « accords » de commerce administré : RVE et EVI La protection monétaire Les subventions (déguisées) è C’est un protectionnisme : Ô plus raffiné Ô plus camouflé L. ABDELMALKI et R. SANDRETTO : Les politiques commerciales des grandes puissances
Conclusion générale : la tentation néoprotectionniste Comment ? Pourquoi ? Un divorce surprenant Tous les pays protègent discrètement leur économie tout en proclamant haut et fort leur préférence pour le libre-échange et leur volonté de le réaliser D’où un divorce entre le discours politique et les pratiques effectives des gouvernements ü Comment expliquer ce néoprotectionnisme ? ü Comment expliquer ce divorce ? L. ABDELMALKI et R. SANDRETTO : Les politiques commerciales des grandes puissances
Une explication évidente : le « protectionnisme de crise » Conclusion générale : la tentation néoprotectionniste Comment ? Pourquoi ? Une explication évidente : le « protectionnisme de crise » Les crises exacerbent les tentations et les tensions protectionnistes La dégradation de la situation économique intensifie la demande de protection (pression sur les gouvernements) Explication pertinente mais incomplète. : Elle n’explique pas pourquoi le néoprotectionnisme prend des formes différentes de celles du protectionnisme antérieur. Elle n’explique pas le divorce entre le discours politique (résolument libre-échangiste) et les actions effectives des États. - D’où la nécessité d’aller plus loin dans l’analyse explicative L. ABDELMALKI et R. SANDRETTO : Les politiques commerciales des grandes puissances
Conclusion générale : la tentation néoprotectionniste Comment ? Pourquoi ? Quatre explications complémentaires Œ Le réalisme (opportunisme) politique C’est l’explication la plus simple Basée sur le réalisme politique et le pragmatisme Exemple : quelles seraient les conséquences de l’établissement du libre-échange en Europe ? à Bénéfice = 1 000 € par an (pour une famille de 4 personnes) à Les prix de nombreux produits baisseraient fortement : vêtements, automobiles, TV, radios, appareil photo, Caméscopes, lecteurs et enregistreurs de DVD, les CD, les DVD ; etc. à Amélioration du revenu réel et du bien-être des consommateurs L. ABDELMALKI et R. SANDRETTO : Les politiques commerciales des grandes puissances
Conclusion générale : la tentation néoprotectionniste Comment ? Pourquoi ? Quatre explications complémentaires Œ Le réalisme politique (suite) D’un autre côté, le libre-échange causerait d’importants dommages à des entreprises, des secteurs, voire des régions entières qui seraient sinistrées Sur le plan politique, le libre-échange n’est donc pas payant (ce n’est pas une bonne idée électoralement parlant), car les gains sont très dispersés (et relativement limités pour chaque individu) alors que les pertes sont fortement concentrées (et d’un montant considérable pour chaque perdant : faillite d’entreprises, perte d’emploi, etc.) L’influence sociale et politique des gagnants (consommateurs) est bien moins importante que celle des perdants (les producteurs : syndicats ouvriers et patronaux) è Le libre-échange n’est donc pas payant électoralement L. ABDELMALKI et R. SANDRETTO : Les politiques commerciales des grandes puissances
Conclusion générale : la tentation néoprotectionniste Comment ? Pourquoi ? Quatre explications complémentaires Le syndrome de la maladie honteuse (J. Bhagwati) Le néoprotectionnisme est initié par les pays anciennement industrialisés pour tenter de contrer le dynamisme des « NICs et NECs » Les pays anciennement industrialisés se protègent pour tenter de lutter contre la concurrence des pays à bas salaires Syndrome du « géant déchu » Ainsi s’expliquerait le passage : du Free trade (années 60-70) au Fair trade (années 80) puis au Managed trade (années 90 à nos jours) L. ABDELMALKI et R. SANDRETTO : Les politiques commerciales des grandes puissances
Conclusion générale : la tentation néoprotectionniste Comment ? Pourquoi ? Quatre explications complémentaires Ž L’exploitation des failles du système multilatéral ou le défaut de la cuirasse (J. M. Jeanneney) Le néoprotectionnisme se développe dans les interstices qui échappent au contrôle ou qui sont ou mal contrôlés par l’OMC - Les normes - Barrières bureaucratiques - Subventions déguisées aux exportations - Protectionnisme monétaire Jean-Marcel JEANNENEY : le GATT a été responsable du développement de ce nouveau protectionnisme « rampant » Au lieu de promouvoir le libre-échange, le GATT en aurait été finalement le fossoyeur L. ABDELMALKI et R. SANDRETTO : Les politiques commerciales des grandes puissances
Conclusion générale : la tentation néoprotectionniste Comment ? Pourquoi ? Quatre explications complémentaires La furtivité (Sandretto, 1998) En utilisant des instruments de protection discrets, les gouvernements se protègent de manière « invisible » Ils évitent ainsi d’avoir à négocier des compensations Ils évitent les représailles C’est la meilleure explication du « divorce » : les gouvernements sont libre-échangistes en paroles, mais protectionnistes en action Analogie avec les avions furtifs : ne peuvent pas être détectés au radar De la même façon, les gouvernements protègent leurs industries de manière indétectable L. ABDELMALKI et R. SANDRETTO : Les politiques commerciales des grandes puissances
Conclusion générale : la tentation néoprotectionniste Comment ? Pourquoi ? La furtivité : les différentes générations d’avions furtifs américains Lockheed SR-71 Blackbird F-117 Nighthawk B-2 Spirit Lockheed Martin F-22A Raptor Lockheed F-35 Joint Strike Drone furtif Northtrop X-47 Pegasus L. ABDELMALKI et R. SANDRETTO : Les politiques commerciales des grandes puissances
Conclusion générale : la tentation néoprotectionniste Comment ? Pourquoi ? Furtivité ou leurre ? Thèse de la protection poreuse (Bhagwati) : La multiplication des BNT n’aurait qu’un faible impact négatif sur le commerce La forme actuelle du néoprotectionniste, basé sur les BNT s’expliquerait par le choix délibéré des autorités pour des formes de protection à faible efficacité, voire inopérante, afin de « brouiller les pistes » en donnant en apparence satisfaction aux forces protectionnistes, sans pour autant mettre en place un dispositif de protection véritablement efficace, de sorte à préserver ainsi un libre-échange relatif L. ABDELMALKI et R. SANDRETTO : Les politiques commerciales des grandes puissances
Conclusion générale : la tentation néoprotectionniste Comment ? Pourquoi ? Furtivité ou leurre ? P. Messerlin (1995) : affirmer la porosité et, partant, l’inefficacité des BNT revient à dire « que mettre des glaçons dans l’eau d’une casserole qui est sur le feu n’a pas d’impact sur la rapidité avec laquelle la température augmente », au seul motif que l’eau finit par bouillir L. ABDELMALKI et R. SANDRETTO : Les politiques commerciales des grandes puissances