Les Mammifères terrestres de la Guadeloupe et de la Martinique

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Transcription de la présentation:

Les Mammifères terrestres de la Guadeloupe et de la Martinique « Écologie des invasions biologiques » Rennes Les Mammifères terrestres de la Guadeloupe et de la Martinique Ratons laveurs – Parc des Mamelles, Guadeloupe, cliché Philippe Feldmann Funambule – Morne Fleuri, Guadeloupe, cliché Grégory Petrelluzzi _____________________________ Olivier Lorvelec - AEVA - 25 avril 2008

Les Mammifères terrestres de la Guadeloupe et de la Martinique Inventaire : espèces éteintes, disparues, introduites (hormis les chauves-souris et les cétacés) Quelle stratégie régionale adopter envers les espèces introduites ? Le cas du Funambule Le cas du Raton laveur _________________ AEVA - 25 avril 2008

histoire des extinctions, disparitions et introductions Inventaire : histoire des extinctions, disparitions et introductions disp. = disparition locale après introduction ND = présence probable mais non documentée _________________ AEVA - 25 avril 2008

espèces éteintes ou disparues Inventaire : espèces éteintes ou disparues Piloris ou Rat musqué de la Martinique, éteint – Lithographie de Langlumé dans Étienne Geoffroy Saint-Hilaire et Frédéric Cuvier (1824) Phoque moine des Caraïbes, éteint – Ouvrage George Brown Goode (1887) Lamantin des Caraïbes (Floride), disparu – Site : U.S. Geological Survey’s Sirenia Project Phoque moine des Caraïbes, éteint – New York Zoological Society (1910) _________________ AEVA - 25 avril 2008

Ce constat peut être élargi à l'ensemble des petites Antilles. Inventaire : bilan L'arrivée de l’homme a provoqué un renouvellement complet des peuplements de mammifères terrestres dans les Antilles françaises. Ce constat peut être élargi à l'ensemble des petites Antilles. Ce processus a également été mis en évidence dans d'autres systèmes insulaires comme les grandes îles méditerranéennes. Ces résultats mettent en évidence l’effet déterminant de l’activité humaine sur l'extinction des peuplements de mammifères terrestres dans les îles océaniques, peuplements souvent constitués d’espèces endémiques, et leur total remplacement par des espèces introduites. En revanche un tel processus n’est pas généralisable à l’ensemble des vertébrés. C’est ainsi que le renouvellement des amphibiens et des reptiles n’a été que partiel dans les Antilles françaises. _________________ AEVA - 25 avril 2008

arrêtés de protection et abondances actuelles estimées Stratégie régionale : arrêtés de protection et abondances actuelles estimées NP : espèce non protégée Espèce : 1 = rare ou localisée ; 2 = généralement peu commune ; 3 = généralement commune _________________ AEVA - 25 avril 2008

le problème de la protection Stratégie régionale : le problème de la protection Longtemps pris pour des espèces ou des sous-espèces endémiques ou autochtones (cf. le père Pinchon), trois espèces ont bénéficié des arrêtés ministériels de protection du 17 février 1989 : l’Agouti doré en Guadeloupe, le Raton laveur en Guadeloupe, l’Opossum commun à la Martinique. Une quatrième espèce, probablement endémique, a été protégée en Guadeloupe bien qu’elle soit probablement éteinte : le Rat non décrit. L’Agouti doré, du fait de son introduction ancienne et de son actuelle rareté en Guadeloupe, constitue un cas particulier qui pourrait justifier le maintien de son statut actuel. En revanche, il pourrait être opportun de réfléchir aux statuts : du Rat non décrit, qui est probablement éteint, du Raton laveur et de l’Opossum commun, tout deux introduits pendant l’époque coloniale, qui sont relativement abondants dans les Antilles françaises et non menacés d’extinction dans leur larges aires de répartition initiales. _________________ AEVA - 25 avril 2008

le problème de l’impact Rat noir – Port-Louis, Guadeloupe, cliché Michel Pascal Stratégie régionale : le problème de l’impact Les huit espèces de Mammifères terrestres actuellement présentes dans les Antilles françaises, ont donc toutes été introduites. Ce statut conduit à s’interroger sur la politique de gestion qu’il serait rationnel de conduire à leur égard. Le fait qu’une espèce soit nouvelle ne constitue pas une raison suffisante pour qu’elle fasse l’objet d’opérations de régulation d’effectif ou d’éradication. Cependant, elle a obligatoirement un impact sur les faunes et les flores locales qui comptent, sur les îles océaniques, une forte proportion d’espèces endémiques. La nature et l’importance de cet impact sont souvent méconnues. Rat noir – Nid, Port-Louis, Guadeloupe, cliché Michel Pascal _________________ AEVA - 25 avril 2008

le problème des translocations Stratégie régionale : le problème des translocations Les déplacements volontaires d’une espèce d’une île à l’autre, à l’intérieur d’un archipel, constituent un problème particulièrement aigu, responsable de nombreuses introductions secondaires. Beaucoup d’écosystèmes insulaires océaniques sont « dysharmoniques », c’est-à-dire que certains groupes d’espèces y sont absents. La tentation est grande de combler ce que certains considèrent comme un « vide ». Or, ces absence constituent l’une des originalités de ces écosystèmes. Ils ont eu des conséquences évolutives originales. Petite Mangouste indienne – Anse Trabaut, Martinique, cliché Michel Pascal Opossum commun – Site : Short Tailed Opossum Agouti doré – Site : BioLib _________________ AEVA - 25 avril 2008

histoire de l’introduction en Guadeloupe Le cas du Funambule : histoire de l’introduction en Guadeloupe Funambule – Morne Fleuri, cliché Grégory Petrelluzzi Funambule à cinq raies claires – Répartition connue en Guadeloupe Introduction en 1968 sur l’îlet Feuille d’un couple acheté dans une animalerie d’Orlando (Floride). Translocation au morne Fleuri vers 1975-1977. _________________ AEVA - 25 avril 2008

quel avenir pour l’espèce en Guadeloupe ? Le cas du Funambule : quel avenir pour l’espèce en Guadeloupe ? Si l’espèce semble encore localisée, elle manifeste certains traits d'histoire de vie dans son aire de répartition initiale qui suggèrent des capacités de propagation : Le climat et la végétation du sud-ouest de la Grande-Terre, mais également d'autres zones de la Guadeloupe, semblent favorables au maintien et à la reproduction de l'espèce. En particulier aucune barrière physique n’existe pour empêcher sa propagation dans les Grands Fonds. Il ne semble pas exister localement de prédateurs efficaces de cet écureuil arboricole. elle peut vivre dans différents milieux, depuis des forêts sèches et ouvertes jusqu’à des zones plus arides, elle est prolifique avec un ou deux pics de reproduction dans l’année et des portées de un à cinq jeunes, elle possède un large spectre alimentaire comprenant graines, tiges de plantes, jeunes écorces, brindilles, bourgeons, feuilles, fleurs mais aussi imagos et larves d’insectes. _________________ AEVA - 25 avril 2008

quelle stratégie adopter en Guadeloupe ? Le cas du Funambule : quelle stratégie adopter en Guadeloupe ? En Guadeloupe, cet écureuil, bien qu’établi depuis une quarantaine d’années, n'a pas de statut légal. L’espèce pourrait être considérée comme potentiellement envahissante, ce qui permettrait de proscrire toute introduction dans de nouveaux sites. Il serait souhaitable que sa propagation naturelle et son impact sur les écosystèmes soient rapidement étudiés. _________________ AEVA - 25 avril 2008

Le cas du Funambule : Funambule et Tamia Funambule à cinq raies claires – Morne Fleuri, Guadeloupe, cliché Grégory Petrelluzzi Funambule – Morne Fleuri, cliché G. Petrelluzzi Funambule – Morne Fleuri, cliché G. Petrelluzzi Tamia – Site : University of Miyazaki Tamia de Sibérie ou Écureuil de Corée (Tamias sibiricus) – Forêt de Sénart, région parisienne, www.ec-lapierre-evry _________________ AEVA - 25 avril 2008

Le cas du Raton laveur : histoire de l’introduction en Guadeloupe L’américain Miller a décrit le Raton laveur de la Guadeloupe, Procyon minor, en 1911. Il en a fait une espèce distincte du Raton laveur proprement dit, Procyon lotor, d’Amérique du Nord et d’Amérique centrale. Dès 1911, Allen évoquait la possibilité d’une introduction ancienne. Malgré son absence des sites archéologiques et des textes des anciens chroniqueurs, il faudra attendre les années 1970 pour que l’hypothèse de l’introduction de cette espèce soit à nouveau envisagée. Lazell (1972, 1981), Pons et al. (1999) et Helgen & Wilson (2003) ont montré qu’il y a eu introduction depuis les régions côtières du sud-est des États-Unis. De plus, plusieurs publications guadeloupéennes du 19ème siècle ont indiqué avec certitude une introduction, qu’elles situent dans les années 1820-1840. D’après nos recherches bibliographiques, le naturaliste Félix-Louis L’Herminier a peut-être été l’auteur de cette introduction, à partir d’animaux provenant de la Caroline du Sud (sud-est des États-Unis), au plus tôt en 1819. Actuellement, l’espèce est présente en Basse-Terre, en Grande-Terre, à Marie-Galante, à Saint-Martin, à la Martinique et à la Désirade. _________________ AEVA - 25 avril 2008

Le cas du Raton laveur : Raton laveur et Raton crabier Toutes les formes insulaires des Antilles (Guadeloupe, Barbade, Bahamas) sont aujourd’hui rattachées à l’espèce nord-américaine. Raton laveur – Site : Encyclopaedia Britannica Site : Lioncrusher Raton laveur – Parc des Mamelles, Guadeloupe, cliché Claudie Pavis Raton crabier – Site : Encarta.msn.com _________________ AEVA - 25 avril 2008

image de l’espèce en Guadeloupe Le cas du Raton laveur : image de l’espèce en Guadeloupe Le Raton laveur de la Guadeloupe a donc longtemps été considéré comme une espèce endémique de cette île. Ce statut a conduit à en faire un animal protégé et emblématique. Il n’était apparemment déjà plus considéré comme gibier dès 1954. Son image a été utilisée pour un logo du Parc Naturel de la Guadeloupe en 1971. Un arrêté ministériel du 17 février 1989 en a fait, sous le nom « Procyon minor », une espèce intégralement protégée dans le département de la Guadeloupe, qui incluait à l’époque les îles du Nord. En avril 2007, la Poste française a émis une série de timbres consacrée aux espèces protégées d'Outre-Mer. Le Racoon a été l’une des espèces choisies. Raton laveur – La Poste, timbre du Racoon (2007) _________________ AEVA - 25 avril 2008

quelle stratégie adopter en Guadeloupe ? Le cas du Raton laveur : quelle stratégie adopter en Guadeloupe ? Les mesures réglementaires, comme l’image officielle donnée à cet animal, pourraient être reconsidérées en prenant en compte le fait qu’il s’agit sans équivoque d’une espèce introduite, abondante dans sa très vaste aire de répartition initiale. Il ne semble pas justifié de mettre en place des mesures de protection supplémentaires. Il semble judicieux de proscrire tout renforcement de population et toute translocation sur une nouvelle île. Faut-il laisser le Raton laveur dans la liste des espèces protégées ? Des études sur sa biologie, son écologie et son impact s’imposent. _________________ AEVA - 25 avril 2008

biologie et écologie en Amérique du Nord Le cas du Raton laveur : biologie et écologie en Amérique du Nord Reproduction : une seule portée annuelle de 1,9 à 5,0 petits en moyenne, l’époque variant selon la région. Maturité sexuelle entre 1 et 2 ans. Longévité : pouvant dépasser 10 ans dans la nature mais souvent inférieure à 5 ans. Record de 17 ans en captivité. Alimentation : surtout plantes (baies, noix, graines...) et arthropodes (écrevisses, crabes…). Moins souvent des vertébrés (tortues palustres et leurs œufs, œufs de tortues marines, œufs d’oiseaux, crapauds…). Densité : de 1 pour 5 ha à 1 pour 43 ha. Mouvements : plutôt mais pas exclusivement nocturne. Territoire de dimension variable selon l’habitat, la densité, l’âge (adultes > juvéniles), le sexe (mâles > femelles), l’année et la saison. De quelques ha à quelques centaines d’ha. Parfois proche des hommes. Réservoir de différentes maladies humaines telles la leptospirose, la rage, la maladie de Chagas, la tularémie… Raton laveur – Parc des Mamelles, Guadeloupe, cliché Philippe Feldmann _________________ AEVA - 25 avril 2008

quelles études mener en Guadeloupe ? Le cas du Raton laveur : quelles études mener en Guadeloupe ? Quel est l’objectif poursuivi ? Quels résultats cherche-t-on à obtenir ? Nous essayons, avec le Parc National de la Guadeloupe, de définir une méthodologie pour un suivi de l’espèce, avec pour objectifs d’estimer la répartition, les milieux occupés et l’abondance, et d’évaluer le rôle écologique et l’impact sur les espèces locales. Quelles techniques retenir et à quelle fréquence ? Indices de présence (empreintes, crottes, restes de repas…) +++ Témoignages (naturalistes, chasseurs…) +++ Piéges classiques non vulnérants ? +++ Observations sur transects la nuit ? Captures / recaptures ? Pièges photo ? Pistages (radio-tracking) ? Quels sont les moyens humains nécessaire et pendant combien de temps ? Quels prélèvements de tissus réaliser ? Extension du suivi aux autres îles ? _________________ AEVA - 25 avril 2008

relevé d’observations Le cas du Raton laveur : relevé d’observations _________________ AEVA - 25 avril 2008