Etude de cas Programme Pays Comores Valoriser les potentialités économiques de la diaspora comorienne pour le développement de l’archipel Etude de cas Programme Pays Comores Direction: Benoît Thierry, Chargé de Programme FIDA Rédaction: Anne-Laure AXUS – Institut Supérieur Technique d’Outre Mer Août 2007

Terminologie Immigré= né étranger à l’étranger, mais qui peut acquérir la nationalité française Définition trop restrictive dans une étude qui cherche à mettre en lumière les liens que les communautés entretiennent avec leur pays d’origine Migrants= population immigrée + population issue de l’immigration (née française) Définition plus large, sera privilégiée dans l’étude Communauté de migrants= ensemble des migrants ayant le même pays d’origine Diaspora= vient du grec « dispersion », terme utilisé pour qualifier la dispersion d’une communauté à travers le monde. Aux Comores, la communauté de migrants se désigne ainsi

La Diaspora comorienne Historique de l’immigration comorienne en France Facteurs explicatifs de cette migration vers la France L’accès tardif à l’indépendance (1975) des îles de Grande Comore, Mohéli et Anjouan Le rattachement de Mayotte à la France La situation économique (un des PNB les plus faibles du monde) et politique du pays (nombreuses crises) Cette migration s’est faite par étapes: Apres guerre : Premières arrivées des Comoriens engagés dans la marine française, installation de ces derniers dans les grands ports français Années 70: Politique française de regroupement familial Actuellement: Politique de limitation de l’immigration, les arrivées sur le territoire français sont désormais limitées et souvent clandestines (Mayotte)

La Diaspora comorienne Caractéristiques de cette immigration Effectif 150000 à 200000 en France métropolitaine 50000 à la réunion 50000 à 70000 à Mayotte Diaspora forte de 300 000 personnes (la population des 3 îles représentant 650 000 habitants) Statut 80% de nationalité française 18% de Comoriens en situation régulière Estimation difficile des personnes avec de faux papiers ou clandestins Origine des migrants 75 % originaires de Grande Comore 20 % d’Anjouan 5 % de Mohéli

La Diaspora comorienne Une organisation sociale, solidaire et communautaire reconstituée : les associations Les migrants Comoriens sont tournés vers leurs villages et leurs familles restées aux Comores les associations leurs permettent d’entretenir des liens étroits avec le pays d’origine Il existe trois catégories d’associations: Les associations politiques Les associations communautaires Les associations de villages Les associations villageoises affichent un double objectif: Aider à l’intégration (actions destinées à fournir des repères entre culture d’origine et culture française) Agir pour le développement social (mosquées, foyer de jeunes..) et sanitaire (centres de santé..), infrastructures publiques (voiries, adduction d’eau, électrification..) aux Comores

Comportements d’épargne et de consommation Volume transféré estimé à 25 milliards de FC en 2006 (50,7 millions d’€), équivalent au budget national comorien et à 15% du PIB la Diaspora : premier bailleur de fonds des Comores Modalités de transfert Transferts bancaires marginaux (longs, chers, mauvaise couverture géographique) 20 % via les institutions spécialisées (services onéreux principalement pour répondre à une urgence) 80 % via système de la valise ou “de main à main” (système informel largement privilégié par les migrants)

Comportements d’épargne et de consommation Distribution géographique des transferts Réception par île du volume transféré en 2006: Grande Comore (300 000 habitants) 79 % Anjouan (300 000 habitants) 17,4 % Mohéli (50 000 habitants) 3,6 % Ce déséquilibre du montant transféré entre les 3 îles peut être expliqué ainsi: 80% des migrants sont originaires de la Grande Comore A la grande Comore, la solidarité du migrant doit satisfaire les besoins de la famille élargie Les Anjouanais se limitent à la famille proche pour les transferts

Comportements d’épargne et de consommation L’affectation des transferts 1) L’affectation sociale L’aide financière aux familles (consommation, scolarité des enfants, soins de santé…) Le Grand Mariage (pratique coutumière dont la réalisation peut concentrer les efforts de toute une vie) Les projets immobiliers (tradition du grand mariage ou maison de villégiature) L’appui aux projets communautaires (cotisations pour les associations villageoises) Les choix dans l’affectation des sommes reçues de l’étranger dépend bien sûr du niveau social et économique du foyer bénéficiaire (priorités) 2) L’affectation économique Hormis quelques initiatives isolées, la proportion des transferts de la diaspora qui sert à des investissements productifs et générateurs de revenus est négligeable.

Comportements d’épargne et de consommation Impacts de ces transferts au niveau micro et macroéconomique Bénéfices des transferts Contraintes des transferts -Allègent le manque de devises étrangères et améliore la balance des paiements -imprévisibles -Permettent l’importation de biens de capitaux et de matières premières pour le développement industriel -dépensés pour des biens de consommation créant une hausse de la demande, de l’inflation -Sont une source potentielle d’économies et de capital pour le développement -rarement investis en activités génératrices de revenus -Réduisent l’impact des hausses dans le prix du pétrole -une proportion élevée à tendance à financer des importations créant une dépendance et aggravant la balance des paiements -Représentent une addition nette aux ressources -remplacent d’autres sources de revenu, nuisant à la motivation des travailleurs -Relèvent le niveau de vie des bénéficiaires dans l’immédiat - surtout dépensés pour des investissements non productifs ou personnels -Améliorent la distribution des revenus (si l’émigration s’étend aux plus pauvres et moins éduqués) - Créent de la jalousie, encouragent les dépenses de consommation parmi les non migrants suscitent l’envie de ceux-ci à quitter le pays et à soustraire celui-ci de sa force de travail

Recommandations CONSTAT: Transferts de la diaspora= manne financière conséquente utilisée à des fins de consommation courante, de construction et de prestige Impacts en terme de réduction de la pauvreté, d’aménagement du territoire, d’accès aux services de base Mais n’influent pratiquement pas sur la croissance économique du pays Réflexions sur les stratégies à mettre en œuvre pour valoriser ce potentiel économique

Recommandations Intervention du FIDA (Fonds International de Développement Agricole) Programme National de Développement Humain Durable volet « appui aux initiatives locales de la diaspora » Actions: 1) Faciliter les transferts de la diaspora comorienne (choix du réseau de microfinance des MECKs pour une un partenariat avec une structure bancaire française) 2) Faciliter l’accès au crédit (implication des migrants dans les conditions de prêt: caution solidaire, fonds de garantie, fonds de bonification … ) 3) Promouvoir les investissements productifs (travail en partenariat avec des opérateurs techniques, campagnes de communication et formations) 4) Appuyer les initiatives d’investissements des migrants (travail avec les structures de la diaspora)

Conclusion et perspectives Cas des Comores caractéristique de nombreux pays du Sud où les transferts financiers sont importants Revendications des migrants pour être plus actifs dans le développement économique de leur pays d’origine: Une facilitation des transferts de fonds La mise en place de services financiers appropriés 2 outils pour valoriser les potentialités économiques de la diaspora comorienne ces outils doivent être intégrés à une stratégie globale de sécurisation des investissements, pour contribuer au développement économique durable de l’archipel