SCHIZOPHRENIE DEBUTANTE ET THEORIE DE L’ESPRIT

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
Les échelles de gravité : une piste ?
Advertisements

ETAT PSYCHOTIQUE AIGU A L’ADOLESCENCE
ANOVA à un facteur (Rehailia)
LES PROCESSUS PSYCHOPATHOLOGIQUES
Le statut social des enfants de 0 à 5 ans influe-t-il sur la prise en charge de leurs problèmes de santé ? A partir d'une étude réalisée en médecine générale.
Du positionnement épistémologique à la méthodologie de recherche
Centre de Référence des Troubles d'Apprentissage,
But de la lecture critique
Test statistique : principe
Scores de gravité en réanimation
Introduction Pas de marqueur biologique spécifique
28 Février 2007 Inspection AIS AUTISME 49
Appréhender les objets de la pensée abstraite, en démarche soignante
Tests de comparaison de pourcentages
Master Pharmacologie - Module Pharmacologie du développement - Paris ANALYSE D'ESSAI THERAPEUTIQUE Pr E. Autret-Leca Pharmacologie CHRU Tours.
LA SCHIZOPHRENIE.
Réunion avec les orthophonistes 17 octobre 2006
Présentation et analyse d’un bilan neuropsychologique
La mémoire humaine Des changements tout au long de la vie
Dr DEVILLE Emmanuelle J D V 12/07/2006
Sémiologie et vocabulaire médical
Les Biais Item 14°) Relever les biais discutés. Rechercher d’autres biais non pris en compte dans la discussion et Relever leurs conséquences Dr Marie-Christine.
Sylvain Fleury, Julien Guillemé (orateur), Éric Jamet,
"Le rôle du médecin de famille aux cours de l'évolution démentielle".
Docteur Boudarène Mahmoud
Quelques recherches évaluatives du RISQ dans les Centres de réadaptation en toxicomanie: tentative de synthèse Michel Landry en collaboration avec Jacques.
Marketing Engineering
• Débat concernant l’implication de la région temporale interne dans la récupération d’informations stockées en MLT. Durée de cette implication ? • Haist.
Anne Reboul Institut des Sciences Cognitives, CNRS, Lyon
Le vieillissement des personnes souffrant de schizophrénie
Paul-Marie Bernard Université Laval
Case Management à L’Unité de Crise du CHU Brugmann
La compliance aux traitements Prof. I. PELC 5è séminaire international en psychologie médicale : « la relation médecin-malade » le 12 août 2002 Ho Chi.
Les différentes méthodologies dévaluation en IPM Cours Ergonomie des Interactions Personne-Machine 17 novembre 2009 Mireille Bétrancourt - TECFA - FPSE.
La méthodologie expérimentale Fondements et bases d’application
Delirium as a predictor of mortality in mechanically ventilated patients in the intensive care unit Ely E.W. JAMA, April 14, 2004 ; 291(14): Marie.
Les enfants présentant un trouble déficitaire de l attention/hyperactivité (TDA/H) diffèrent-ils des autres sur le plan métacognitif? Poissant, H., Delisle,
Revue du trouble déficitaire de lattention avec hyperactivité (TDAH) et des troubles dépressifs chez enfants et adolescents : quelques études récentes.
Profils socioaffectifs dun groupe denfants franco-albertains Cameron Montogomery*, René Langevin**, André A. Rupp*, Thomas Spalding*** et **** Marc Bigras.
La méthodologie expérimentale Fondements et bases d’application
© Groupe Beauchemin éditeur Conception et réalisation de Pierre CLOUTIER et Guy PARENT /
Saint-Etienne-des-Grès Deux enquêtes sur un succès d’économie sociale Trois-Rivières, le 26 février 2009.
Journée d’accompagnement de l’appel à recherches autisme
* * *** * ** *** ** * * * * P < 0.05 ** P < 0.01 *** P < GENRE Aucune différence entre les groupes Reconnaissance du genre et des expressions faciales.
La compliance thérapeutique et l’effet placebo
Psychiatrie infanto-juvénile et diagnostics: Pourquoi est-ce une affaire compliquée? Pr. A. Malchair ULg.
Évaluation de la douleur après AVC Utilisation de la Faces Pain Scale
Les spécificités de la recherche clinique en santé mentale
SC24 Altered executive function in obesity. Exploration of the rôle of affective states on cognitive abilities Renata Cserjési, Olivier Luminet, Anne-Sophie.
ANALYSE DE DONNEES TESTS D’ASSOCIATION
Dégénérescence Maculaire Liée à l’Age
Pathologies neurologiques
Symptomatologie psychiatrique
Améliorer la qualité des soins proposés aux patients agités ?
Dr Hugo Peyre IFSI Bichat 26 février 2010
Dénutrition et démence du sujet âgé
Enquête auprès de 148 patients Charlotte IMBERT 3 juin 2009
Aix-Marseille Université
GRANDEURS ET MISÈRES DE LA MÉTA-ANALYSE Jimmy Bourque, CRDE.
les Troubles délirants
Introduction à la recherche en science politique
L’éfalizumab chez des patients atteints de psoriasis en plaques modéré à sévère Octobre 2009.
OBJET ET METHODE 1 OBJET - malade et maladie - fonction soignante
Une autre façon de penser et de communiquer
EPIDEMIOLOGIE ANALYTIQUE
Tests relatifs aux variables qualitatives: Tests du Chi-deux.
ETUDES PRONOSTIQUES Pr Ganry.
Académie européenne des patients sur l'innovation thérapeutique Rôle et notions élémentaires des statistiques dans les essais cliniques.
 Qu’est ce qu’une émotion ?  L’émotion est toujours présente dans les symptômes rapportés par les patients – Diagnostic DSM IV  L’émotion est adaptative.
HSS1501A Cours Déterminants comportementaux Les différents modèles en santé des populations.
Transcription de la présentation:

SCHIZOPHRENIE DEBUTANTE ET THEORIE DE L’ESPRIT M. Cermolacce (1), M. Habib (2), A. Dos Santos (2), J. Naudin (1). (1) Service de Psychiatrie Adultes, CHU La Timone, Marseille. (2) Institut de Neurosciences Cognitives de la Méditerranée, CNRS, Marseille. Introduction 3 profils de performance en TOM Performances ME ≈ FE < T : Épreuve de « séquençage intentionnel » (anticipation intentionnelle) * * Performances ME < FE < T : Non verbales AI * * Verbales (score total et 2nd degré) * * Performances ME < FE ≈ T : Épreuve de « séquençage intentionnel » (second degré * *, score global * *, valence émotionnelle *) Erreurs non verbales par fréquence d’usage * * (significativité des comparaisons * : p < 0.05 ; * * : p < 0.01) Evaluations : ■ Evaluation clinique : DSM IV, PANSS et TLC ■ Epreuves en TOM : - non verbales (école de Versailles : 14 planches à compléter, AI) - verbales (école de Londres : 14 situations, FC, allusion, 2ème ° ) Franck a cinq cigarettes dans son paquet. Il pose son paquet sur la table et sort de la pièce. Pendant ce temps, Stéphanie rentre, prend une cigarette dans le paquet de Franck et ressort sans croiser Franck. quand Franck revient, combien de cigarettes pense-t-il retrouver dans son paquet ?(combien de cigarettes reste-t-il en réalité ?) (fausse croyance, d’après Frith & Corcoran, 1996) - épreuve originale : « séquençage intentionnel » • 7 images présentées dans le désordre (d’après Leboeuf) • séquençage, récit spontané, et récit structuré • scores « intentionnels » : TOM (AI, FC, tromperie, 2ème degré) valence émotionnelle, intention gestuelle score d’ « anticipation intentionnelle » Notion de théorie de l’esprit : La théorie de l’esprit (TOM pour theory of mind) est l’aptitude à prévoir ou à expliquer le comportement de nos semblables, en leur attribuant des croyances, des souhaits ou des intentions, c'est-à-dire en considérant qu'ils ont des états mentaux différents des nôtres. Cette notion, initialement utilisée par Premack et Woodruff (1978) chez les primates, a depuis été explorée auprès d’enfants autistes, en psychologie du développement, auprès de patients schizophrènes ou cérébro-lésés. Théorie de l’esprit et schizophrénie : L'approche des phénomènes d'attribution d'intentions à autrui chez des patients atteints de schizophrénie demeure l'objet de nombreuses controverses. Pour Frith et l'école de Londres, le déficit en théorie de l'esprit est un processus pathologique précoce dans l'évolution schizophrénique, théoriquement présent dès le premier épisode, s'atténuant après régression des symptômes paranoïdes (Pickup et Frith, 2001), et peut notamment être évalué au moyen d'épreuves verbales (fausses croyances : FC), à la difficulté progressive mais à la spécificité discutée (Frith, 2004). Pour Sarfati et Hardy-Baylé, cette atteinte se limiterait au contraire à une symptomatologie désorganisée, lors de l’évaluation non verbale d’attribution d'intentions (AI), (Sarfati et al., 2000). Schizophrénie débutante : La schizophrénie débutante constitue un enjeu diagnostic, thérapeutique et étiologique crucial. Malgré de nombreux travaux sur la présence précoce et stable d'atteintes cognitives chez les patients schizophrènes en début de maladie (Addington et al., 2003), il n'existe pas, à notre connaissance, de travaux étudiant d’éventuels troubles en TOM chez ces mêmes patients. 3 profils sont distingués en comparant les performances des groupes FE, ME et T: - un profil d’altération précoce (ME ≈ FE < T) - un profil d’altération intermédiaire (ME < FE < T) - un profil d’altération tardive (ME < FE ≈ T) Autres résultats : ■ Corrélation entre les performances des différentes épreuves en théorie de l’esprit, malgré des modalités distinctes. ■ Corrélation entre désorganisation clinique (TLC) et mauvaises performances en théorie de l’esprit (toutes modalités). ■ Absence de corrélation entre performances en théorie de l’esprit et - nombre ou durée des hospitalisations, - âge de début de la maladie, - traitements médicamenteux, - sous-scores cliniques (PANSS). Conclusion Hypothèses Confirmation des hypothèses : Notre étude démontre la présence de performances perturbées à des épreuves en TOM auprès de patients schizophréniques dès la première année de prise en charge. Si cette notion est classiquement admise (Frith 2004), elle n’avait pas été explorée de façon expérimentale. Les performances observées auprès du groupe FE témoignent d’une atteinte intermédiaire entre sujets du groupe ME et du groupe témoin (hypothèse principale). De plus, ces perturbations apparaissent indépendantes des modalités de présentation proposées, confirmant de précédents travaux (Sarfati et al., 2000 ; Gallagher et al.,2000). Enfin, si les perturbations en TOM sont significativement liées à la désorganisation clinique (selon l’hypothèse de Sarfati et al., 2000), aucune relation n’est significativement observée avec la symptomatologie délirante. Ce dernier résultat s’oppose à l’hypothèse initiale du modèle de Frith (Gallagher et al., 2000). Hypothèse principale : ■ Hypothèse d’un trouble schizophrénique précoce en TOM, dès la première année de prise en charge. Hypothèses secondaires : ■ Homogénéité des performances en TOM (quelles que soient les modalités de présentation) ■ Relation entre désorganisation clinique et trouble en TOM   Limites méthodologiques de l’étude  : ■ taille des échantillons et hétérogénéité du groupe ME ■ manque de spécificité des épreuves de 2ème degré ■ absence d’évaluation de la sur-attribution d’intentions ■ absence d’hallucinations lors des épreuves ■ absence de contrôles psychiatriques jeunes ■ doute diagnostic et absence de suivi longitudinal ■ biais de sélection population ME Limites théoriques de l’étude  : ■ la capacité à attribuer des états mentaux chez autrui existe-t-elle en tant que processus cognitif authentique, homogène, cohérent ? ■ cette capacité constitue-t-elle la base des phénomènes intersubjectifs, et résume-t-elle à elle seule les interactions sociales ? (Zahavi, 2005) Méthodologie Participants : ■ Groupe FE (premier épisode) : N=11 - en première année de prise en charge - schizophrénie ou trouble schizophréniforme, en phase aigue ■ Groupe ME (multiples épisodes) : N=12 ■ Groupe T (témoins) : N=12 Appariement : en âge pour les groupes FE et T, en sévérité clinique pour les groupes ME et FE, en années d’éducation et en QI pour les 3 groupes. Résultats Perspectives : ■ évaluation des fonctions exécutives et relations avec TOM ■ suivi longitudinal des patients du groupe FE ■ évaluation de la sur-attribution d’intentions ■ exploration de la notion d’anticipation intentionnelle ■ comparaison des performances en TOM et de l’expérience subjective des patients. Bibliographie Addington J, Brooks BL, Addington D. Cognitive functioning in first episode psychosis: initial presentation. Schizophr Res. 2003 Jul 1;62(1-2):59-64. Frith CD. Schizophrenia and theory of mind. Psychol Med. 2004 Apr;34(3):385-9. Gallagher HL, Happe F, Brunswick N, Fletcher PC, Frith U, Frith CD. Reading the mind in cartoons and stories: an fMRI study of 'theory of mind' in verbal and nonverbal tasks. Neuropsychologia. 2000;38(1):11-21. Pickup GJ, Frith CD. Theory of mind impairments in schizophrenia: symptomatology, severity and specificity. Psychol Med. 2001 Feb;31(2):207-20. Premack D, Woodruff G. Does the chimpanzee have a theory of mind ? Behav Br Sci, 1978; 4 : 515-526. Sarfati Y, Passerieux C, Hardy-Bayle M. Can verbalization remedy the theory of mind deficit in schizophrenia? Psychopathology. 2000 Sep-Oct;33(5):246-51. Zahavi D.Theory of mind, autism and embodiment. In Subjectivity and Selfhood : Investigating the first-person perspective. Cambridge, MA: MIT Press, 2005. In press. Performances aux épreuves de TOM auprès des trois groupes : (FE : groupe « précoce », ME : groupe « tardif », et groupe témoins) ; en haut à gauche, épreuves non verbales d’attribution d’intentions de Sarfati et al.(sur 14) ; en haut à droite, épreuves verbales de Frith et al. (% de réponses correctes) ; épreuve de séquençage intentionnel : en bas à gauche, score total, et en bas à droite, score d’anticipation intentionnelle