La spécificité de l’école maternelle au travers des programmes de 2008 Viviane BOUYSSE Inspectrice générale de l’éducation nationale Orléans, 28 janvier 2009
La spécificité de l’école maternelle au travers des programmes de 2008 Plan de l’intervention 1- Les finalités de la réforme de l’école primaire et les nouveaux programmes de l’école maternelle 2 – Deux domaines déterminants (langue et langage ; devenir élève) 3 – Une pédagogie propre à l’école maternelle
1 - Les finalités de la réforme de l’école primaire et les nouveaux programmes de l’école maternelle 1.1. Les grandes finalités de la réforme en cours 1.1.1. Réduire l’échec scolaire 15% des élèves quittent l’enseignement primaire en situation d’échec (échec qui n’est pas compensé ensuite) ---> diviser ce nombre par 3 en 5 ans 18% d’une classe d’âge a redoublé au moins une fois à l’école élémentaire (or, redoublement inefficace) ---> faire baisser sensiblement ce taux
1 - Les finalités de la réforme de l’école primaire et les nouveaux programmes de l’école maternelle 1.1.2. Réduire le poids des déterminismes sociaux Le redoublement à l’école élémentaire touche 41% des enfants de ménages inactifs (G : 46 %) 20% des enfants d’ouvriers et d’employés 7% des enfants de cadres 3% des enfants d’enseignants
1 - Les finalités de la réforme de l’école primaire et les nouveaux programmes de l’école maternelle 1.2. La maternelle, une période décisive : tout ne se joue pas avant 6 ans, mais… Des objectifs qualitatifs pour la scolarisation pré-élémentaire : mettre tous les élèves sur de bonnes bases pour la scolarité élémentaire Une période essentielle pour la prévention (développement <-----> apprentissage) Un rôle propédeutique réaffirmé et prééminent Enjeu = une meilleure « égalisation » des chances
1 - Les finalités de la réforme de l’école primaire et les nouveaux programmes de l’école maternelle Réf. : arrêté du 9 juin 2008 ; BO N° 3 hors série du 19/06/2008 Des continuités - La place de la GS, partie intégrante de l’école maternelle - Une pédagogie propre à l’école maternelle : ni activisme, ni formalisme Une nouveauté Des repères pour organiser la progressi-vité des apprentissages en matière de langue/langage ; à distinguer des progressions
1 - Les finalités de la réforme de l’école primaire et les nouveaux programmes de l’école maternelle Une nouvelle organisation des programmes Programmes 2002/2007 Programmes 2008 Le langage au cœur des apprentissages S’approprier le langage Découvrir l’écrit Vivre ensemble Devenir élève Agir et s’exprimer avec son corps Découvrir le monde La sensibilité, l’imagination, la création Percevoir, sentir, imaginer, créer
Agir et s’exprimer avec son corps 1 - Les finalités de la réforme de l’école primaire et les nouveaux programmes de l’école maternelle Trois domaines d’activités peu modifiés Agir et s’exprimer avec son corps Découvrir le monde (**nombre**) Percevoir, sentir, imaginer, créer Des contenus quasiment inchangés, une présentation condensée, des objectifs resserrés.
2 – Deux domaines déterminants 2.1. Devenir élève 2.1.1. Les deux facettes de la «socialisation scolaire » L’enfant, être social : vivre ensemble Se faire reconnaître comme personne, éprouver les richesses et les contraintes du groupe L’enfant « apprenant » : apprendre ensemble Acquérir des attitudes : éléments déterminants = piloter son attention, savoir écouter, « se synchroniser », exercer son intelligence, s’inscrire dans le temps Comprendre les attentes (implicites) de l’école : ce que c’est qu’apprendre en situation scolaire
2 – Deux domaines déterminants 2.1. « Devenir élève » / suite 2.1.2. DEVENIR : un processus à organiser Côté Enfants : tenir compte des besoins et des capacités en évolution et du rôle clé du langage en cours d’acquisition Côté Enseignants : « souplesse et rigueur » pour faire passer d’un mode d’apprentissage (apprentissages spontanés, incidents) à un autre (apprentissages visés par une pratique contrôlée) A terme, école : impersonnalité des relations collectives, objectivité des savoirs transmis
2 – Deux domaines déterminants 2.2. Langue et langage 2.2.1. Cerner de quoi l’on parle La langue Système complexe, conventionnel Coordination de signes (des mots et une syntaxe propres à chaque langue) Le langage Fonction humaine à trois dimensions (sociale, psychologique et cognitive) Trois « registres » : réception, production, interaction Deux « régimes » : oral et écrit
2 – Deux domaines déterminants 2.2. Langue et langage / suite 2.2.2. Pourquoi ce domaine a-t-il une si grande importance à l’école ? Trois fonctions du langage "oral" à l’école * Instrument de communication (parler à …) * Moyen de représentation du monde (parler de… ; parler / penser) * Objet d’étude Pour réussir à l’école, une nécessité : apprendre à utiliser le langage de manière distanciée, réflexive (fortes inégalités à cet égard entre enfants)
2 – Deux domaines déterminants 2.2. Langue et langage / suite 2.2.3. Des contenus réorganisés en 2 domaines Premier domaine : s’approprier le langage Le langage oral en première priorité (même si fortes relations entre oral et écrit) Une présentation centrée sur l’enfant * Echanger, s’exprimer : parler en et hors situation vécue * Comprendre * Progresser vers la maîtrise de la langue française : syntaxe et vocabulaire (correspondances avec 2002/2007 : communication, langage en situation et langage d’évocation)
2 – Deux domaines déterminants 2.2. Langue et langage / suite 2.2.3. Des contenus réorganisés en 2 domaines / suite Deuxième domaine : découvrir l’écrit 1ère composante : se familiariser avec l’écrit Découvrir les supports de l’écrit Découvrir la langue écrite (place privilégiée de la littérature) Contribuer à l’écriture de textes (« dictée à l’adulte ») 2ème composante : se préparer à apprendre à lire et à écrire Distinguer les sons de la parole (« conscience phonologique ») Aborder le principe alphabétique Apprendre les gestes de l’écriture (moins d’exigences qu’en 2002)
3 – Une pédagogie propre à l’école maternelle 3.1. Enfant/Elève : besoins et apprentissages 3.1.1. Les besoins des jeunes enfants Sécurité affective et physique Hygiène et santé (repos, mouvements, postures, faim, soif, besoins naturels) Découvertes liées à l’aspiration à grandir : besoin naturel d’accroître ses capacités d’action et de compréhension Un enfant qui va bien a besoin d’APPRENDRE.
3 – Une pédagogie propre à l’école maternelle 3.1. Enfant/Elève : besoins et apprentissages / suite 3.1.2. Les apprentissages voulus par l’école Apprentissages variés : sociaux, physiques, cognitifs… ; développement global Apprentissages organisés (progressivité ; création des conditions qui peuvent les rendre possibles ; objectifs pédagogiques) Apprentissages vérifiés (évaluation) Apprentissages identifiés par l’enfant (cf. devenir élève : avoir conscience que l’on apprend et de ce que l’on apprend)
3 – Une pédagogie propre à l’école maternelle 3.1. Enfant/Elève : besoins et apprentissages / suite Trois questions fondamentales pour la pédagogie : Occupation // Apprentissage Pédagogie invisible // Pédagogie explicite Structuration des apprentissages : distinguer le point de vue du maître et le vécu de l’enfant
3 – Une pédagogie propre à l’école maternelle 3.2. Organiser la pédagogie : utiliser la complémentarité des situations pour faire apprendre 3.2.1. Quatre « familles » de situations Le jeu Les recherches, la résolution de problèmes L’imprégnation culturelle Les activités dirigées (jeux, exercices) Les quatre formes sont applicables à tous les domaines d’activités. Un projet peut comporter cette variété de situations.
3 – Une pédagogie propre à l’école maternelle 3.2. Organiser la pédagogie : utiliser la complémentarité des situations pour faire apprendre / suite 3.2.2. Des équilibres différents selon les sections pour ces situations Temps Organisation de la classe favorable à cette diversité (place des « coins-jeux ») Place et rôle de l’enseignant(e)
3 – Une pédagogie propre à l’école maternelle 3.3. Organiser la pédagogie : varier les formes de groupement des enfants 3.3.1. Mobiliser à bon escient les trois formes possibles de groupement Intérêts et limites du collectif Les groupes d’élèves : juxtaposition (faire à côté) ou interactions (faire avec) Nécessité d’activités individuelles (Groupements et situations : croisement)
3 – Une pédagogie propre à l’école maternelle 3.3. Organiser la pédagogie : varier les formes de groupement des enfants / suite 3.3.2. Les « ateliers » Modalité de groupement // forme d’activité ? Obligation à l’identique (« tourner ») ou différenciation (quelles variables alors ?) Place et rôle de l’enseignant(e) Pas de dogme mais … l’indispensable atelier de langage
Conclusion A l’école maternelle plus qu’ailleurs peut-être, la professionnalisation ne peut être séparée d’une approche humaniste du métier : accompagner un enfant qui grandit, l’aider à grandir, c’est reconnaître et "célébrer " ses progrès, ses conquêtes, etc.. ; ce qui est toujours pareil et prédictible pour l’enseignant est important voire émouvant pour l’enfant. La bonne posture professionnelle suppose patience, générosité, optimisme.