Séance introductive : Communication politique et publique
1. Qu’est-ce que la communication politique ? étymologie latine « mettre en commun » : transmettre et partager, ou établir une relation l ’information n ’est pas la communication La politique : tout à la fois action et communication Distinguer les registres de la communication politique et de la communication publique
Pas une mais des définitions J.M. Cotteret (1973) : « l ’échange d ’informations entre gouvernants et gouvernés par des canaux de transmission structurés ou informels » D.Wolton (1989) : « l ’espace où s ’échangent les discours contradictoires des trois acteurs qui ont la légitimité à s ’exprimer publiquement sur la politique et qui sont les hommes politiques, les journalistes et l ’opinion publique à travers les sondages » G.Blumer (1990) : « une compétition pour influencer et contrôler, grâce aux principaux médias, les perceptions publiques des événements politiques majeurs et des enjeux » J.Gerstlé (2004) : « la communication politique, c ’est d ’abord et avant tout de la politique. Il s ’agit donc de tous les efforts de communication accomplis par ceux qui cherchent à faire adhérer, soit l ’imposant par la propagande, soit en la rendant acceptable (négociation, délibération…) à des perceptions publiques qui orienteront les préférences »
Distinctions et… interactions Cette distinction n ’est pas forcément perçue de l ’extérieur (pour les journalistes, la communication d ’un ministère s ’identifer à celle du ministre) Les principales distinctions entre la com politique et la com publique : communication partisane/communication institutionnelle temps long/temps court conquête du pouvoir/exercice du pouvoir, projets/dispositifs, gouvernants/institutions enveloppe cabinet/crédits communication Les communicants publics tiennent à cette distinction : « ce sont des métiers différents, il faut éviter l ’instrumentalisation » Mais, les différents acteurs sont condamnés à s ’entendre : des interactions existent, comme pour les campagnes d ’intérêt général
2. Communication politique et élections La communication politique s ’identifierait à la communication de conquête du pouvoir, pour de nombreux auteurs, ce serait le champ d ’intervention privilégié du marketing électoral = volonté de maîtriser/structurer l ’agenda médiatique, cf l ’ exemple de l ’annonce de candidature à des élections locales Le rôle de l ’Internet dans la communication politique tend à se renforcer (blogs…) Les dernières présidentielles de 2007 : quel rôle a joué la communication politique ?
3. Une communication en période préélectorale encadrée Des règles fixées par la loi (et précisées par la jurisprudence) et contraignantes Pour un gouvernement : interdiction de toute campagne de promotion publicitaire des réalisations gouvernementales (6 mois avant, soit après le 1er septembre 2007) interdiction du recours à tout procédé de publicité commerciale à des fins électorales (3 mois avant, soit le 1er décembre 2007) dispositions applicables aux sites Internet (pas de nouveaux sites 6 mois avant), assimilé à un moyen de communication audiovisuelle restriction de l ’usage et de l ’exploitation des résultats des sondages (un an avant, depuis donc le 1er février 2007) Des règles à appliquer pour toutes les collectivités territoriales, donc les communes, dès lors qu ’un élu est aussi candidat au renouvellement d ’un mandat Principes à respecter : message exclusivement à caractère informatif, pas de création de nouveaux outils
4. La « panoplie » du ministre communicant Nomme un conseiller presse et communication, qui s ’entoure d ’une petite équipe dédiée Analyse les retombées presse : alertes/scripts pour la presse audiovisuel, panorama pour la presse écrite + veille d ’opinion sur Internet Scrute les sondages de notoriété sur la médiatisation des hommes politiques Fait réaliser le cas échéant des études qualitatives sur son image (une ou deux par an) Commande des études d ’opinion sur son action S ’entoure d ’un conseil stratégique externe, ou d ’un spécialiste du média traning
5. Le rôle du conseiller pour la presse et la communication Une domaine réservé : les relations presse avec les journalistes L ’attaché(e) de presse du ministre La reconnaissance de la fonction communication va de pair avec sa professionnalisation Ses outils de travail : son carnet d ’adresses, la revue de presse, la liste des rendez vous politiques en télé et radio...
Paroles d ’anciens conseillers presse « Quant aux relations avec la presse, il est nécessaire qu'une relation de confiance s'instaure entre le conseiller et les journalistes. Cela permet par exemple d'éviter les dérapages médiatiques ». " Notre métier, c'est de conseiller au ministre les moments dans lesquels il est pertinent pour lui d'intervenir, dans quels médias, pour quelle cible, avec quel message, à quel moment, sur des sujets d'actualité ou pour la promotion de ses actions ». « Au-delà des compétences techniques et politiques, il s’agit d’abord de la rencontre de deux personnes et d’une confiance mutuelle qui s’offre et qui se gagne ». « Il est impératif d'intégrer la communication en amont. Neuf fois sur dix, les politiques décident puis transmettent aux communicants. Une telle démarche porte rarement ses fruits. Par exemple, une mesure échoue si il n'y pas eu en amont une intégration des prises de position (via des sondages) de l'opinion publique ».
6. Le recours à des conseillers extérieurs, pourquoi faire ? Il s ’agit de prestations externalisées, qui peuvent aller au-delà des exercices de mediatraining Cela apporte un regard externe, au-delà des urgences du quotidien Cela s ’appuie sur un travail de veille (des prises de parole des principaux acteurs politiques) et d ’influence (auprès des leaders d ’opinion médiatiques) Cela consiste pour ce type de professionnels : à déterminer un calendrier prévisionnel des prises de parole a faire des recommandations régulières : thématiques porteuses, angles pertinents, bon rythme et séquençage des messages... à monter des « coups » médiatiques à intervenir auprès des médias et des relais d ’opinion avant et après une intervention
7. Vers une démocratie d ’opinion ? /démocratie représentative = recours à des conseillers, et aux enquêtes et sondages pour orienter les choix politiques, le fait de gouverner par sondages Concrètement, il s ’agit de mesurer l ’adhésion ou le rejet de l ’opinion sur telle ou telle mesure Prend la forme d ’études quantitatives (omnibus) sur deux ou trois questions ex : l ’interdiction de fumer dans les lieux publics Cela permet d ’éclairer les choix et la décision politique, sans forcément la contraindre, mais peut induire un processus de sélection (gouverner, c ’est paraître) et à des exercices de conformation : mediatraining, études d ’image Quel usage ? Quelle influence ? Sondages publiés ou non
8. Des acteurs différents qui doivent de travailler ensemble Com ’ gouvernementale : cabinets/services Com ’ européenne : commissaires/directions générale Com ’ territoriale : conseil municipal/services Com ’ sociale : conseil d ’administration/direction de com.
9. Définition de la communication publique La communication publique est la communication « formelle » qui tend à l ’ échange et au partage d ’information d ’utilité publique, ainsi qu ’au maintien du lien social, et dont la responsabilité incombe à des institutions publiques ou à des organisations investies de mission d ’intérêt collectif (P.Zémor)
Qu’est-ce que la communication publique ? = les efforts de communication des institutions publiques en destination des citoyens/usagers Il s ’agit de la communication des institutions, collectivités et services publics, et se différencie donc de la communication des entreprises privées, de celle des associations et des partis politiques La communication publique se distingue également et surtout par ses finalités : informer sur des dispositifs ou de nouvelles politiques publiques, faire mieux connaître les services offerts, faire évoluer le regard ou les comportements des citoyens sur une question d ’intérêt général
…/... Quels sont les destinataires de la communication publique ? Elle s'adresse aux citoyens, potentiellement à tous les citoyens, et non aux consommateurs comme peut le faire la publicité Ses outils utilisés ne diffèrent pas véritablement de la communication proprement commerciale, même si on peut déceler une plus grande modestie dans les montants utilisés, et une certaine retenue dans le style (pas de messages racoleurs ou discriminants, mais une certaine complexité des messages délivrés)
10. Le communicant public et le politique Eviter l ’instrumentalisation par le politique, une séparation du commanditaire et du gestionnaire La profession s ’est dotée d ’une charte de déontologie, qui complète les règles déontologiques des agents publics (devoir de réserve, devoir de désobéissance) Trois principes de base : La communication publique doit être au service de l ’intérêt général, les messages ne sauraient être détournés à des fins particulières Les communicateurs publics sont responsables à la fois devant l ’autorité publique et devant les citoyens La communication publique doit considérer ses destinataires comme des récepteurs actifs Cela n ’empêche les interactions au quotidien, comme pour la communication gouvernementale