Eléments de calcul et d’appréciation de la viabilité financière d ’une IMF Clément Wonou, CIDR 23 mai 2002
Quel le lien y-a-t-il entre la viabilité financière et la pérennité des IMFs ? La viabilité financière d’une IMF peut être définie comme sa capacité, à couvrir par ses produits, l’ensemble de ses charges et à constituer des réserves pouvant, au besoin, servir d’amortisseurs systémiques ‘’La viabilité financière est, pour une IMF, ce que la fondation est pour une maison’’
N ’oublions pas, la microfinance c ’est de la finance Afin d ’assurer sa viabilité financière, une IMF doit avoir la capacité : - de couvrir par ses produits, l’ensemble de ses charges - de constituer des réserves pouvant, au besoin, servir d’amortisseurs systémiques
Eléments déterminants de la viabilité financière RENTABILITE COUVERTURES DES CHARGES PAR LES PRODUITS CAPITALISATION AMORTISSEURS SYSTEMIQUES (système d’assurance, caution mutuelle, fonds de garantie…)
Eléments nécessaires à la viabilité financière Un système comptable efficace pour donner des informations fiables Du personnels et des élus bien formés Un dispositif de contrôle efficace (inspection, audit externe) Un système d’information et de gestion
Autres éléments nécessaires Une appropriation sociale : - bonne organisation de l’implication des bénéficiaires dans les approches communautaires - formation adaptée aux élus - partage de responsabilité et un système de délégation de pouvoir clairs
Récapitulatif des éléments nécessaires pour atteindre la viabilité Avoir une masse critique de structure et d’activité (caisses ou groupe, épargne crédit) Pratiquer des taux garantissant un différentiel suffisant Limiter les impayés sur crédits (2 à 3% au maximum) Garder les charges de gestion dans une proportion acceptable Avoir un système comptable, de contrôle et un SIG efficace Travailler la connaissance, l’appropriation des IMFs par leurs utilisateurs et les responsabiliser dans le cas des IMFs à gestion communautaire
Indicateurs financiers clés à suivre : 1- PNB (Produit Net Bancaire) Mesure la maîtrise de l’intermédiation microfinancière 2- RBE ( Résultat brut d’exploitation ) Mesure la maîtrise des charges d’exploitation 3- RN ( Résultat Net ) Mesure la maîtrise des impayés et toute la rentabilité 4- Capitalisation mesure l’existence d’amortisseurs systémiques et les chances de pérennité
= PNB (Produit Net Bancaire) Il doit être positif et suffisant - Produits Charges = PNB (Produit Net Bancaire) Il doit être positif et suffisant . Intérêt sur crédit . Intérêts sur les placements . commissions . Intérêt sur les dépôts . Intérêts des emprunts (de l’union, banques ou bailleurs)
_ = RBE ( Résultat brut d’exploitation ) (ou marge de couverture des risques) Il doit être positif et suffisant Éviter les charges érodant toute la marge PNB Charges d’exploitation Salaires, autres
Il doit être positif et suffisant _ = RN ( Résultat Net ) Il doit être positif et suffisant Il doit permettre la constitution progressive de réserves (capitalisation) Provisions amortissement RBE
Équilibres financiers et viabilité financière Différents niveaux d’autonomie (viabilité) financière: Autosuffisance opérationnelle Autosuffisance financière Les équilibres financiers précaires Atteindre l’équilibre financier n’est pas un gage absolu de pérennité Ne pas se prendre au piège des états financiers consolidés parce que la rentabilité de quelques structures peut cacher les contre-performances de plusieurs autres - Quand l’arbre cache la forêt: quelques entités (caisses) seulement sont viables et cachent les contre-performances des autres
Érosion des fondations : quand les pertes sont continuellement couvertes par les fonds propres accumulés
IMFs financièrement viables en Afrique Francophone : statut Bilan mitigé Quelques réseaux constituent des références FCPB (Burkina Faso), Kafo Jiginew, Cveca Pays Dogon et Niono (Mali), Fececam, Padme (Bénin), Acep, Pamecas (Sénégal), Fusec (Togo), Camccul (Cameroun) .. Faillites enregistrées et des crise en cours Caisses populaires de Yaoundé, des dizaines de coopec isolées (Cameroun), ‘’Taïmako Niger’’ en 2001, UCECB en 96 et PPPCR en 99 au Burkina F; Crédit mutuel de Guinée en 2001, Caisses populaires Cameroun, Tous les grands réseaux avec des des taux d’impayés élevés le travail sur la viabilité des IMFs est aujourd’hui une priorité. Les IMFs autonomes sont rares: en raison de la difficulté à y isoler le poids des subventions, De la qualité des informations financières fournies par la plupart d’entre eux Viabilité et pérennité: priorité nouvelle
Quelques institutions références à citer Kafo Jigin Cveca O.N Padme Camccul FCPB Mucodec Pays Caisse Membres Total bilan Ancienneté Information de Mali 104 84 500 6 300 000 000 13 ans 1999 51 22 283 1500 000 000 6 ans 2000 Bénin - 5 600 000 000 7 ans Cameroun 294 25 300 000 000 31 ans Burkina Faso 75 193 000 27 ans Congo Brazza 44 18 300 000 000 11 ans Charges tot Chges fin. Personnel Autres 992 000 000 139 000 000 230 000 000 623 000 000 158 000 000 73 000 000 42 000 000 43 000 000 465 000 000 55 000 000 260 000 000 150 000 000 2 300 000 000 877 000 000 733 000 000 690 000 000 1 650 000 000 677 000 000 1 470 000 000 169 000 000 275 000 000 1 026 000 000 Résulta net 261 000 000 30 000 000 531 000 000 56 000 000 1 332 000 000
CONCLUSION Dépasser les faux débats: Logique financière contre logique sociale = faux débat La conception et le pilotage d’une IMF doit être basée sur une approche entrepreneuriale Veiller à bien travailler le passage d’un projet à l’entreprise (qui est l’institution) les gouvernements doivent prévoir des mesures incitatives (environnement favorable) pour les institutions opérant dans les zones défavorables
Axer le travail sur les facteurs limitants et les pratiques à corriger La subvention est un médicament qui peut fortifier, mais peut aussi tuer quand la viabilité rime avec la subvention déguisée, on prend de mauvais plis (UCECB, Burkina Faso..) Assistance technique étrangère: à doser en nombre et en durée (on a pu voir 6 expatriés sur un seul projet et des IMF qui ont une AT depuis 20 ans) programmer formation et transfert de compétence Renforcer l’africanisation de la maîtrise d’œuvre technique des IMF pour réduire les coûts des projets Eviter la multiplicat° des centres de coûts (union, fédérat°, confédérat°) Privilégier des réseaux régionaux versus ambitions nationales (FECECAM, CRG, FENACREP versus CVECA pays Dogon, Niono ou PAMECAS) Utiliser des canaux de formation de grande masse et de proximité Vidéo conférence pour former les praticiens (au lieu d’aller à Boulder, France..) Introduire dans nos écoles et universités l’enseignement de la microfinance IMFs et OHADA: Adapter les règles et procédures de recouvrement des créances de même que le cadre judiciaire aux réalités de la microfinance
‘’Même si l’IMF est considérée comme un instrument (moyen) de réduction de la pauvreté, elle doit être considérée comme une entreprise; son organisation et son fonctionnement doivent privilégier à la fois la rentabilité et l’appropriation sociale’’ Clément WONOU, CIDR