NEUROLEPTIQUES ET ANTIPSYCHOTIQUES Docteur A.MORALI Psychiatre – Hôpital Pasteur Enseignement IFSI 2009
Neuroleptiques Historique Laborit (1950) : recherche des effets de la chlorpromazine (antihistaminique) sur la schizophrénie ralentissement + indifférence comportementale 5 effets des molécules nommées neuroleptiques car « saisissent le nerf » Induit d’un état d’indifférence psychomotrice Réduit l’agitation et l’agressivité Réduit le délire et les hallucinations Induit effets secondaires neurologiques et neurovégétatifs Action sous corticale prédominante rendant compte des effets secondaires
-tubéro-infundibulaire Psychopharmacologie Découverte des propriétés « spécifiques » aux neuroleptiques (Carlsson 1963) blocage des récepteurs D2 de la dopamine (DA) Neuroanatomie de la dopamine : 4 voies -mésolimbique -mésocorticale -nigrostriée -tubéro-infundibulaire
Voie dopaminergique mésolimbique Impliquée dans le plaisir, la récompense, le renforcement comportemental, lieu d’action de plusieurs drogues Dans la schizophrénie : hyperactivité DA mésolimbique responsable de symptômes productifs (délire, hallucinations). Neuroleptiques blocage récepteurs diminution DA réduction symptômes productifs
Voie dopaminergique mésocorticale Impliquée dans les symptômes négatifs et cognitifs (émoussement, indifférence, retrait…) Schizophrénie : Hypodopaminergie mésocorticale Neuroleptiques blocage récepteurs D2 aggravation des symptômes négatifs «syndrome déficitaire induit par les neuroleptiques »
Voie nigrostriée (1) Appartient au système nerveux extrapyramidal : régulation de la motricité. NLblocage récepteurs D2 post synaptiques syndrome parkinsonien par augmentation de l’acétylcholine entraînant dyskinésie précoce (torticolis spasmodique, trismus, crise oculogyre…) et/ou triade tremblement+rigidité+akinésie Traitement : antiparkinsonien anticholinergique (p.e. Lepticur IM et relais per os +/- BZD) Réduction de la posologie des neuroleptiques
Voie nigro-striée (2) A terme hypersensibilisation des récepteurs provoquant une hyperdopaminergie nigrostriée responsable de dyskinésies tardives (mouvements involontaires hyperkinétiques) Traitement: antiparkinsonien sont sans action et peuvent aggraver. Réduction posologie neuroleptique avant d’envisager changement de molécule)
Voie tubéro-infundibulaire La dopamine inhibe la sécrétion de la prolactine (physiologie) NL blocage récepteurs D2 désinhibition de la sécrétion de la prolactine : aménorrhée, galactorhée, troubles sexuels, gynécomastie. Toujours un bilan étiologique (tumeur hypophysaire). Si bilan négatif, réduction posologique.
Effets « extra dopaminergiques » Anti-cholinergiques (M1) : syndrome confusionnel, troubles mnémo attentionnels, sédation, sécheresse buccale, rétention d’urine, constipation, troubles de l’accommodation visuelle (mydriase), troubles sexuels… Anti-noradrénergiques (blocage réc alpha 1) : principalement régulation TA (hypotension orhostatique), également vertiges, somnolence, troubles sexuels… Anti-histaminiques (H1): sédation, prise de poids
Indications habituelles États psychotiques aigus et chroniques, schizophrénies et autres psychoses États d’agitation (d’origine psychiatrique) Troubles thymiques avec participation délirante et/ou comportementale débordante (en association avec thymorégulateurs et / ou antidépresseurs) Angoisse psychotique ou manifestations anxieuses « névrotiques » sévères
Effets indésirables des neuroleptiques (1) Neuropsychiques (voir définition « neuroleptique ») Neurologiques purs : dyskinésies, SEP, crises convulsives Endocrino-métaboliques: hyperprolactinémie, troubles équilibre glucidique Neurovégétatifs: hypotension orthostatique
Effets indésirables des neuroleptiques (2) Cardiaques : allongement intervalle QT, torsades de pointe, TV…arrêt cardiaque Cutanés : alllergies, photosensibilisation Hématologiques : leucopénie, agranulocytose Atropiniques : cf supra Syndrome malin +++
Effets indésirables des neuroleptiques (3) Syndrome malin : exceptionnel, tant en intensité qu’en fréquence! Hyperthermie >40°c, tachycardie, labilité TA, pâleur, rigidité musculaire, altération de la conscience (de la confusion jusqu’au coma), élévation des CPK (biologie). Urgence vitale : arrêt neuroleptique immédiat et transfert en soins intensifs
Surveillance neuroleptiques ECG Tension artérielle, pouls et température quotidiennement (lors de l’instauration et des modifications posologiques). NFS, glycémie, B HCG +/- fréquents : dosages hormonaux, bilan lipidique…
Blocage dopaminergique par les neuroleptiques : le dilemne ! Action incontestable sur le délire et les hallucinations mais… en même temps : aggravation symptômes déficitaires et cognitifs, effets extrapyramidaux et hyperprolactinémie! Dilemne: comment diminuer la dopamine en mésolimbique et l’augmenter en mésocorticale tout en laissant indemnes les voies nigrostriées et tubéto-infundibulaires? les antipsychotiques ou neuroleptiques atypiques
Classification des neuroleptiques (1) Selon la molécule (classification chimique) - Phénothiazines (Tercian, Nozinan) - Butyrophénones (Haldol) - Thioxanthènes (Clopixol, Fluanxol) - Benzamides (Tiapridal, Solian) - Diazépines et oxazépines (Loxapac, Leponex, Zyprexa) - Antipsychotiques : Risperdal, Zyprexa, Leponex, Solian, Abilify
Classification (2) Selon leur polarité : spectre allant de la sédation à la composante antiproductive. Sédatifs : Tercian ,Nozinan, Loxapac Anti producitfs : Haldol Antidéficitaire Solian à faible posologie Antiproductif et Antidéficitaire voire antidépresseur (?) : antipsychotiques
Les antipsychotiques ou neurolpetiques atypiques LEPONEX SOLIAN ZYPREXA RISPERDAL ABILIFY
Les antipsychotiques ou neurolpetiques atypiques Clozapine (LEPONEX): connue depuis les années 1970 mais usage limité en raison du risque d’agranulocytose (1% des cas et 80 % dans les 18 premières semaines) d’où des restrictions dans son emploi et nécessité d’une étroite surveillance biologique. Amisulpride (SOLIAN) … Olanzapine (ZYPREXA) … Rispéridone (RISPERDAL) … Aripiprazole (ABILIFY) … depuis les années 1990 et actuellement en 1ere intention +++ Atypiques car moins d’effets secondaires neurologiques et hormonaux (relatif)
Dans les faits… Effet extrapyramidal Très faible pour LEPONEX et ZYPREXA (via propriétés anticholinergiques) Pour RISPERIDONE : idem seulement à faible dose Pour ABILIFY : akathisie fréquente (1er effets secondaire) Hyperprolactinémie Essentiellement RISPERIDONE et SOLIAN
Effets secondaires à surveiller sous antipsychotiques En plus des effets précédemment mentionnés pour les neuroleptiques (neuropsychiques, endocriniens, cardiaques…) Risques cardio-vasculaires+++ - prise de poids (antagonisme histaminergique H1 et sérotoninergique 5HT2C) - dysrégulation glucidique et dyslipidémie : le syndrome métabolique
Dysrégulation glucidique et lipidique LEPONEX et ZYPREXA +++ Intolérance au glucose avec résistance périphérique à l’insuline (diabète type 2) Prise de poids à l’origine de la dyslipidémie Syndrome métabolique : 3 critères sur 5 Tour de taille (>102 cm H; >88 cm F) TG > 150 mg/dl HDL chol < 40 mg/dl (H); <50 mg/dl (F) TA > ou = 130/85 mm Hg Glycémie à jeûn > 110 mg/dl
Conclusion Afin de diminuer les effets latéraux des traitements neuroleptiques, le développement de molécules a reposé sur un ciblage spécifique des récepteurs (antipsychotiques) Actuellement l’objectif est devenu la recherche d’un équilibre subtil d’affinité d’une molécule donnée pour différents récepteurs (ABILIFY) Devenir : voie pharmacogénétique (ciblage individuel pour augmenter l’efficacité et améliorer la tolérance)!
Bibliographie Beau C. Synopsis 2008 des médicaments en psychiatrie M.Plaze et coll. Les antipsychotiques : actualités. L’Encéphale, vol 34, décembre 2008, pp 237 et suivantes. Stahl S. Psychopharmacologie essentielle (2003).