Brève Histoire des classifications médicales Claude Hamonet DU Handicap, réadaptation, restauration neurologique Janvier 2011
La médecine fille de la botanique ? L’identification des maladies, initiée par Hippocrate, Galien, Avicenne, Averroès, surtout Maïmonide, Sydenham (« l’Hippocrate anglais ») a connu un virage spectaculaire avec l’apport des botanistes-médecins tels que Carl Linné et François Boissier de Sauvages qui ont introduit dans le raisonnement médical le principe des classifications mis au point par les botanistes dont la démarche scientifique était très avancée depuis les jardins royaux (à Montpellier pour Boissier où elle appartient toujours à la Faculté de médecine).
Naissance de la médecine scientifique moderne C’est la « Nosologie méthodique dans laquelle les maladies sont rangées par classes selon le système de Sydenham et l’Ordre des botanistes ». Paris 1771. On distingue : Classes Genres Espèces Dans des « tables » de Boissier qui permettent de décrire le fameux « tableau clinique »
Edition originale du premier des trois volumes de la Nosologie (connaissance des maladies) de Boissier . 1771 à Paris
Classification des maladies de Linné (peu connue) éditée avec ses œuvres en 1789. A Londres et à Paris
L’approche médicale une approche « en négatif » ou un « faux positif » Classer les maladies par leurs signes donc par les altérations pathologiques en faisant des signes positifs, c’est stigmatisant et contreproductif en terme de réadaptation puisque ce qui permet la réadaptation, c’est précisément ce qui est encore présent chez l’individu
Continuité des classifications des maladies jusqu’à maintenant Reprise par Pinel; puis par Bertillon, inventeur, en 1902, de l’utilisation des empreintes digitales en criminologie et auteur d’une ébauche de classification des invalidités, elle sera adoptée par les organismes internationaux de santé, puis par l’OMS, dont l ’une des missions sera, à partir de 1947, de mettre à jour une Classification internationale des maladies (CIM) formant un registre commun aux pays membres.
Le dérapage incontrôlé de l’OMS Vers les années 1970, Odile Guibeau, une française fonctionnaire de l’OMS a la généreuse mais malencontreuse idée de faire classer les handicaps, comme on classe les maladies, voulant ainsi ajouter à la CIM une classification annexe des conséquences des maladies.*Le travail est confié à PHN Wood, un rhumatologue épidémiologiste de Manchester et au Pr. André Grossiord, fondateur de la médecine de la réadaptation en France qui quittera trop tôt, laissant la place à Wood pour des raisons de santé.
La CIH (classification internationale des handicaps) Rennes 1975 et Genève 1980 Il en ressort un livret rouge, très imparfait, en anglais seulement, comme document de travail à faire évoluer. Il est traduit par sans concertation, les Français(INSERM) se singularisant en traduisant le mot handicap par désavantage, alors que les québécois l’avaient traduit par handicap tout simplement. Les ministères concernés, en France et en Hollande, vont faire tout pour faire adopter ce document tel quel, contribuant à bloquer pendant 20 ans la recherche dans ce domaine en France. Il faudra attendre la fin des années 1990 pour que l’OMS, passant outre le centre collaborateur officiel français, décide de mettre en œuvre une nouvelle version : la CIF (Classification Internationale du Fonctionnement)
CIH 1 Définition de la déficience » (impairment)
CIH 1 Incapacités (disability)
CIH 1 Handicap traduit malencontreusement par « désavantage » par l’INSERM
Critiques : elle ne définit et n’identifie pas le handicap et reste sur le modèle des maladies