Le quartier wilhelmien de Strasbourg et l’unité allemande.
Attentes disciplinaires: Une étude qui s’ inscrit dans le thème transversal du programme d’Histoire en 4°. Une étude qui s’inscrit dans un parcours « architecture et urbanisme »
Attentes disciplinaires: Une étude qui permet d’aborder le thème 3 de la III° partie du programme d’Histoire: « le XIX° siècle ».
Thématique: « Arts, Etats et pouvoir » Attentes interdisciplinaires: Une étude qui s’inscrit dans la programme d’histoire des arts. Au regard des trois piliers de l’enseignement de l’histoire des arts au collège: Période: XIX° siècle Domaine artistique: Les « arts de l'espace » : architecture, urbanisme. Thématique: « Arts, Etats et pouvoir »
Attentes globales: Une étude qui permet notamment de travailler un des items de la compétence 5 du socle commun. Extraits de la contribution des disciplines à l’évaluation de la culture humaniste, nov 2010, site Eduscol.
Les grandes transformations urbanistiques de la ville peuvent elles nous donner des éléments d‘informations? Pourquoi le plan de Strasbourg en 1852 est en français alors que celui de 1910 est en allemand?
I. Strasbourg, une ville allemande?
A. Des plans témoins de l’histoire européenne au XIX° siècle.
L’Europe de 1848 Une confédération de princes et de villes souveraines En 1848, Strasbourg est une ville française (depuis le XVII° s) l’Allemagne n’apparait pas. La confédération germanique est dominée par deux Etats: L’Empire d’ Autriche et la Prusse
En 1910…
L’Europe en 1914 En 1914 l’Allemagne est un Etat Strasbourg et l’Alsace -Moselle sont intégrées à cet Etat. L’Europe en 1914
B. Une légitimation nationale. 1 B. Une légitimation nationale? 1.Le nationalisme allemand: un nationalisme d’opposition Une patrie indéfinie Un ennemi commun Une construction nationale basée sur le rejet et l’opposition Une élaboration dans le contexte des guerres impériales
B. Une annexion légitime. 2 B. Une annexion légitime? 2. Une définition allemande de la Nation qui intègre l’Alsace et diffère de la définition française. Paris, 27 octobre 1870 Monsieur, […] L'Alsace sera-t-elle à la France ou à l'Allemagne ? La Prusse compte bien résoudre cette question par la force ; mais la force ne lui suffit pas : elle voudrait bien y joindre le Droit. Aussi, pendant que ses armées envahissaient l'Alsace et bombardaient Strasbourg, vous vous efforciez de prouver qu'elle était dans son droit et que l'Alsace et Strasbourg lui appartenaient légitimement. […] L'Alsace, à vous en croire, est un pays allemand ; donc elle doit appartenir à l'Allemagne.[…] Vous appelez cela le principe de nationalité.[…] Vous croyez avoir prouvé que l'Alsace est de nationalité allemande parce que sa population est de race germanique et parce que son langage est l'allemand. Mais je m'étonne qu'un historien comme vous affecte d'ignorer que ce n'est ni la race ni la langue qui fait la nationalité. Ce n'est pas la race : jetez en effet les yeux sur l'Europe et vous verrez bien que les peuples ne sont presque jamais constitués d'après leur origine primitive. [….] La langue n'est pas non plus le signe caractéristique de la nationalité. […] Vous vous targuez de ce qu'on parle allemand à Strasbourg ; en est-il moins vrai que c'est à Strasbourg que l'on a chanté pour la première fois notre Marseillaise ? Ce qui distingue les nations, ce n'est ni la race, ni la langue. Les hommes sentent dans leur cœur qu'ils sont un même peuple lorsqu'ils ont une communauté d'idées, d'intérêts, d'affections, de souvenirs et d'espérances. Voilà ce qui fait la patrie. […]La patrie, c'est ce qu'on aime. Il se peut que l'Alsace soit allemande par la race et par le langage ; mais par la nationalité et le sentiment de la patrie elle est française. Et savez-vous ce qui l'a rendue française ? Ce n'est pas Louis XIV, c'est notre Révolution de 1789. Depuis ce moment, l‘Alsace a suivi toutes nos destinées ; elle a vécu de notre vie. […]La Patrie pour elle c’est la France, l’ennemi c’est l’Allemagne Extraits de la lettre de Fustel de Coulange à Théodor Mommsen . L’Alsace appartient à la nation allemande ou la nation française? La définition allemande de la nation basée sur le sang et la langue: définition ethnique de la Nation La définition française de la nation: l’envie de vivre ensemble et le partage de valeurs communes: définition politique (ou universelle) de la Nation
C. Affirmer la définition allemande de la nation à Strasbourg. Pourquoi le programme immobilier public le plus vaste et celui qui a été achevé en premier est l’Universität (1872-1884)?
1. Une construction entre 1880 et 1884 par Otto Warth Le palais universitaire en construction (1882?), BNU
Une architecture néo-renaissance… « […]Le langage architectural, dérivé du genre palatial exprimé dans les formes de la Renaissance génoise, ne comporte aucune référence à la "germanitude", contrairement aux incessantes proclamations faites à propos de l'Université. Dans la lignée de Semper, on resta ici dans le mode de l'architecture internationale en usage[…] » K. Nohlen, Construire une capitale Strasbourg impérial 1870-1914,coll « recherches et documents », tome 56, société savante d’Alsace, 1997, p 200 Palazzo Pompéi de Vérone construit en 1530 par Michele Sanmicheli
2. « La caractérisation en tant qu' "Université allemande", fut entièrement confiée au décor architectural » ,K. Nohlen.
Pour le savoir (la culture) et la patrie Litteris et Patriae Pour le savoir (la culture) et la patrie MDLXVII (1567), correspondant à la date de création de la première université à Strasbourg, le Gymnase protestant Jean Sturm MDCCCLXXII (1872), date de fondation de la nouvelle université allemande à Strasbourg Germania Argentorata Mittelbau der Hauptfaçade STRASBOURG, Palais universitaire, Façade ouest ,de WARTH, ill. et J. KRAEMER, photogr. (1885)
Un choix du statuaire plus politique et nationaliste qu’universitaire et universel.
L’existence du quartier wilhelmien strasbourgeois peut traduire… Les bouleversements de la carte de l’Europe entre 1848 et 1914 L’existence d’une définition de la nation, différente de la définition française, fondée sur des principes culturels, ethniques et linguistiques. L’affirmation de la puissance allemande à la fin du XIX° siècle
II. Quel Reich?
A. Quel Kaiser? L’Europe en 1848 Un « Kaiser » autrichien? J.F. Ségard et E. Vial, Nations , Nationalisme, Nationalités en Europe de 1850 à 1920, Ellipse, 1996.
L’Universität pour « le savoir et la patrie » Via Triumphalis: grand axe de prestige Kaiser Platz représentation du pouvoir politique.
La toponymie des rues autour de la Kaiser Platz: un cœur prussien? Eléments d’informations Kaiser Wilhelm Roi de Prusse et Ier empereur du II° Reich (1797-1888) Kaiser Friedrich Roi de Prusse et 2eme empereur du II° Reich (1831-1888) Möller Homme politique prussien, Oberpräsident Elsass-Löthringen (1871-1879) Manteuffel Militaire prussien. Statthalter (gouv.) d’Alsace Moselle (1879-1885) Hohenhole Hommes politiques pro-prussiens: Chlodwig Hohenhole-Schillingsfürst Statthalter (1885-1894) Hermann Hohenhole-Langenburg Statthalter (1894-1907) Apffel Alsacien, bienfaiteur du conservatoire Post Rue de la Poste Palast Rue du palais Vogesen Avenue des Vosges La Prusse acteur de l’unité allemande et de la création du II° Empire allemand
L’architecture du Palais Impérial: une référence prussienne. « Avec son imposante façade de 73 mètres, son avant-corps en portique et son dôme majestueux, il se veut avant tout le symbole du pouvoir politique. Sa décoration renvoie au Zeughaus (Arsenal) de Berlin. Voulu par Guillaume Ier qui a suivi la réalisation de près, il ne fut guère prisé par Guillaume II qui le trouvait trop « éléphantesque » et peu confortable. […]Mais il faut reconnaître qu’il avait fière allure les jours de grande réception, lorsque, à partir de 1895, l’aigle prussien et le « W » wilhelmien étaient projetés sur le façade » F. Uberfill, J-L Gyss, A la découverte de la Neustadt in Saison d’Alsace n°45 1870-1910 Alsace, le grand tournant, sept 2010, DNA, pp 57-58. L’architecture symbole d’un pouvoir Kaiserpalast = Palais impérial ,STRASBOURG, Palais du Rhin ,(1903?)
Inscrire la famille régnante dans la pierre. La famille Hohenzollern : Piliers du II° Reich
B. Quel Reich? Une ornementation foisonnante et instructive
Les références géographiques Les grandes villes du II° Reich
Aucune référence héraldique à l’Autriche ; Carte de la Confédération germanique (1815–1867), Aucune référence héraldique à l’Autriche
C. Les acteurs de l’unité allemande. Les villes du II° Reich Les grands serviteurs du Reich La famille Hohenzollern : Piliers du II° Reich
Der Fürst Bismarck: l’unité par le fer et le sang. La volonté nationale bismarckienne. « C’est sur la force et la puissance de la Prusse que l’Allemagne a les yeux fixés. La Prusse doit rassembler ses forces pour le moment propice. Les frontières données à la Prusse par le Congrès de Vienne ne sont pas bonnes. Ce n’est pas par les discours et les votes que les grandes questions de notre temps seront résolues […] mais par le fer et le sang. […] Il n’y pas de place pour deux en Allemagne.[…] Je veux abattre l’Autriche. […] Je veux relever la Prusse et lui donner en Allemagne la situation prépondérante qui lui revient de droit. La monarchie autrichienne est fort peu allemande ; elle ferait donc beaucoup mieux de transplanter son centre à Budapest [en Hongrie] et de s’appuyer sur l’ensemble des peuples qui la composent, plutôt que de courir après le rêve d’une suprématie allemande que nous lui disputons et qui ne lui appartient à aucun titre ». D’après deux discours de Bismarck de 1862 et 1864. Une unité nationale impulsée par un homme à la gloire de la Prusse Une légitimation par le concept de nation ethnique Un mode d’action
Der Graf Moltke: le génial exécuteur. Helmuth Karl Bernhard, comte von Moltke, né le 26 octobre 1800 à Parchim, mort le 24 avril 1891 à Berlin, est un militaire prussien puis allemand. Il devint chef du grand état-major prussien en 1857 et réorganisa entièrement l'armée, en accord avec Otto von Bismarck. Excellent organisateur, il utilise les chemins de fer pour rassembler les armées et assurer leur ravitaillement. Il écrit des livres sur ce sujet, poursuivant ainsi les travaux de Carl von Clausewitz, dont son fameux Testament.
L’existence du quartier wilhelmien strasbourgeois peut traduire… Que Strasbourg est le symbole occidental de l’existence du II° Reich. C’est aussi l’affirmation de l’Allemagne comme grande puissance européenne, dans la seconde moitié du XIX° siècle. La place prépondérante de la Prusse au détriment de l’Autriche dans cet empire. Le rôle central et reconnu de Bismarck et Moltke dans la création du II° Reich.
III. Les étapes de l’unité allemande
Les outils du « fer et du sang » L’Universität pour « le savoir et la patrie » Les outils du « fer et du sang » Via Triumphalis: grand axe de prestige Kaiser Platz représentation du pouvoir politique.
A. Une « petite Allemagne » imposée en 1866. Une unité inachevée La Prusse, seule grande puissance allemande
B. Terminer l’unité: l’ennemi commun Un ennemi commun Un objectif commun
Terminer l’unité de la nation ethnique en se vengeant de la « Grande Nation ». Paris, 27 octobre 1870 Monsieur, […] L'Alsace sera-t-elle à la France ou à l'Allemagne ? La Prusse compte bien résoudre cette question par la force ; mais la force ne lui suffit pas : elle voudrait bien y joindre le Droit. Aussi, pendant que ses armées envahissaient l'Alsace et bombardaient Strasbourg, vous vous efforciez de prouver qu'elle était dans son droit et que l'Alsace et Strasbourg lui appartenaient légitimement. […] L'Alsace, à vous en croire, est un pays allemand ; donc elle doit appartenir à l'Allemagne.[…] Vous appelez cela le principe de nationalité.[…] Vous croyez avoir prouvé que l'Alsace est de nationalité allemande parce que sa population est de race germanique et parce que son langage est l'allemand. Mais je m'étonne qu'un historien comme vous affecte d'ignorer que ce n'est ni la race ni la langue qui fait la nationalité. Ce n'est pas la race : jetez en effet les yeux sur l'Europe et vous verrez bien que les peuples ne sont presque jamais constitués d'après leur origine primitive. [….] La langue n'est pas non plus le signe caractéristique de la nationalité. […] Vous vous targuez de ce qu'on parle allemand à Strasbourg ; en est-il moins vrai que c'est à Strasbourg que l'on a chanté pour la première fois notre Marseillaise ? Ce qui distingue les nations, ce n'est ni la race, ni la langue. Les hommes sentent dans leur cœur qu'ils sont un même peuple lorsqu'ils ont une communauté d'idées, d'intérêts, d'affections, de souvenirs et d'espérances. Voilà ce qui fait la patrie. […]La patrie, c'est ce qu'on aime. Il se peut que l'Alsace soit allemande par la race et par le langage ; mais par la nationalité et le sentiment de la patrie elle est française. Et savez-vous ce qui l'a rendue française ? Ce n'est pas Louis XIV, c'est notre Révolution de 1789. Depuis ce moment, l‘Alsace a suivi toutes nos destinées ; elle a vécu de notre vie. […]La Patrie pour elle c’est la France, l’ennemi c’est l’Allemagne Extraits de la lettre de Fustel de Coulange à Théodor Mommsen L’Alsace appartient à la nation allemande ou la nation française? La définition allemande de la nation basée sur le sang et la langue définition ethnique de la Nation La définition française de la nation: l’envie de vivre ensemble et le partage de valeurs communes Définition politique de la Nation La Prusse unifie l’Allemagne contre l’ennemi commun par la guerre.
Strasbourg symbole de la guerre de 1870. Départ des prisonniers Français, Illustrated London News du 15 octobre 1870
L’existence du quartier wilhelmien de Strasbourg peut traduire… Que le Reich s’est effectivement construit par le fer et le sang. Que l’unité allemande se fait par opposition. Que les destructions de la guerre de 1870 ont été massives et qu’elles ont touché les populations locales. Si on intègre à l’exemple l’étude des constructions religieuses de la Neustadt , le quartier wilhelmiem peut aussi traduire l’importance de la religion protestante dans la construction nationale allemande (érection de l’église Saint-Paul) mais aussi la spécificité du Reichsland Elsass-Lothringen avec les constructions de l’église catholique paroissiale (Saint-Pierre-le-Jeune) ou de l’église catholique de garnison (Saint-Maurice).
Bibliographie et Sitographie sommaires. Parmi les nombreux ouvrages édités sur le quartier wilhelmien de Strasbourg: K. NOHLEN, Construire une capitale Strasbourg impérial de 1870 à 1918 –les bâtiments officiels de la Place impériale, publication de la société savante d’Alsace, Collection « recherches et documents » tome 56, 1997. COLLECTIF. Strasbourg : panorama monumental et architectural des origines à 1914. Strasbourg, 1984. COLLECTIF. Strasbourg, urbanisme et architecture : des origines à nos jours. Strasbourg, Oberlin, 1996. COLLECTIF. Saison d’Alsace n°45, 1870-1910 Alsace, le grand tournant, septembre 2010, DNA. Pour les questions nationales et politiques européennes parmi tant d’autres… P. MILZA et S. BERNSTEIN, L’Allemagne de 1870 à nos jours, Colin U, 1999. P. MILZA et S. BERNSTEIN, Histoire de l'Europe - Du XIXe siècle au début du XXIe siècle, Hatier, coll Initial, 2006. J-F SEGARD et E. VIAL, Nation, Nationalisme, Nationalités en Europe de 1850 à 1920 (Atlas), Ellipses, 1996. Ressources photographiques et cartographiques . Le site de la Bibliothèque Nationale Universitaire www.bnu.fr permet d’accéder à une multitude de cartes, plans de Strasbourg et à de nombreuses photographies et cartes postales de l’époque. La base numérique du patrimoine d’Alsace sur le site du CRDP d’Alsace www.crdp-strasbourg.fr , Dossiers: - La Neustadt de Strasbourg (17-05-2006) et STRASBOURG (1871 – 1918) donnent de nombreuses photographies de monuments et bâtiments wilhelmiens. - Construction de la NEUSTADT, fournit un rapide et clair aperçu du projet architectural et de ses ambitions politiques - Un dossier devrait paraître aussi au cours de l’année 2011 sur La ville impériale de Strasbourg. Ressource numérique: Article sur le palais universitaire F. LOYER, Le palais universitaire de Strasbourg: culture et politique au XIXe siècle en Alsace. In revue de l’Art, 1991, n°91. pp.9-25. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rvart_0035-1326_1991_num_91_1_347882
D’autres documents mis à disposition
1919
Historien allemand (1817-1903) Historien allemand (1817-1903). Un des plus célèbres historiens de l'Antiquité classique au XIXe siècle. Il reçut le prix Nobel de 1902 pour l'ensemble de son œuvre […]Son Histoire des Romains (1854-1886, traduite en français et publiée en 8 volumes par M. Alexandre) renouvelle l'étude de l'histoire romaine. En dépit de la vive admiration que suscita son oeuvre en France, ses virulentes critiques et ses positions sur la question de l'Alsace lui valurent au lendemain des événements de 1870 l'hostilité des grands historiens français contemporains.
Le palais Universitaire en construction (1880?) BNU