Nouveaux programmes de 1ère S – Formations octobre 2013 La République et la question ouvrière ____ Le Front populaire à travers les Arts Photographie de Robert Doisneau (1936)
Quelle place dans le programme ? 3 axes de travail Le Front populaire marque un tournant dans la relation entre la République et les ouvriers. Le Front populaire voit aussi le renouveau et la mutation du mouvement ouvrier. -Les grèves des mois de mai et juin 1936 ont enfin favorisé l’affirmation de l’identité ouvrière.
Une chanson emblématique de « l’esprit Front populaire » Problématiques En quoi le Front populaire marque-t-il un tournant dans les relations entre la République et les ouvriers ? Comment les arts ont-ils contribué à donner au Front populaire une place privilégiée dans la mémoire ouvrière ? En guise d’accroche : « Quand on s’promène au bord de l’eau »… Une chanson emblématique de « l’esprit Front populaire » Une gouaille et un vocabulaire populaires voire argotiques. Des thématiques liées aux difficultés du quotidien. Une invitation à l’évasion, à la fête et au rassemblement des générations. La chanson qui a lancé le chanteur populaire Jean Gabin au cinéma : une icône du monde ouvrier Du lundi jusqu'au samedi pour gagner des radis, Quand on a fait sans entrain son boulot quotidien, Subi le propriétaire, le percepteur, la boulangère, Et trimballé sa vie de chien, Le dimanche vivement, on file à Nogent, Alors brusquement tout paraît charmant ! Quand on se promène au bord de l'eau, Comme tout est beau, quel renouveau... Paris au loin nous semble une prison, On a le coeur plein de chansons. L'odeur des fleurs nous met tout à l'envers Et le bonheur nous saoule pour pas cher. Chagrins et peines de la semaine, Tout est noyé dans le bleu, dans le vert... Un seul dimanche au bord de l'eau, Aux trémolos des petits oiseaux, Suffit pour que tous les jours semblent beaux Quand on se promène au bord de l'eau. La chanson emblématique du film La belle équipe de Julien Duvivier (1936) http://www.youtube.com/watch?v=Mi-WY_1zf-8
A. Les ouvriers, victimes de la crise des années 30 les symptômes de la crise les grèves et manifestations ouvrières la campagne électorale de 1936 La marche de la faim des chômeurs du Nord en 1933 : les ouvriers sont les premières victimes de la crise L’évolution dramatique du nombre de chômeurs en France entre 1929 et 1933
Les mutations à l’œuvre dans les manifestations de rue « Les poings dressés des prolétaires » 1934, Montrouge, Front populaire, d’André Kertész (1894-1985), Jeu de Paume Une théâtralité assumée : contreplongées et regards vers l’objectif La mixité des manifestants : hommes et femmes, chapeaux et « cheveux » Les mutations à l’œuvre dans les manifestations de rue L’affirmation d’une « culture commune » Une nouvelle façon de représenter la foule Slogans ou chansons : les revendications communes des manifestants
Pour davantage d’informations sur le sujet, lire l’analyse contextualisés de Danielle Tartakowsky sur l’excellent site de la RMN www.histoire-image.org
Un film de propagande servant les intérêts du monde ouvrier : La Vie est à nous, de Jean Renoir (1936) Produit par le P.C.F. en février 1936, pour les élections, qui portèrent au pouvoir le Front Populaire. La Vie est à nous est le résultat d'un travail collectif (cinéastes et politiques) sous la direction de Jean Renoir. Mêlant matériel documentaire et épisodes mis en scène, le film présente la France en crise, la menace fasciste, l'action des communistes à l'entreprise, parmi les paysans et à la ville, et les grandes lignes de la politique du Parti en filmant des extraits des discours de ses dirigeants… http://parcours.cinearchives.org/Les-films-565-16-0-0.html
1 exemple d’analyse de séquence du début de La vie est à nous Renoir opère une démonstration radicale : la France de 1936 est en crise, contrairement à ce qu’on fait croire, en raison de l’égoïsme des riches qui confisquent l’ensemble de la richesse nationale. Une illustration des théories défendues par le Parti communiste. La suite de la démonstration va consister en un rappel des troubles du 6 février 1934, mis au crédit des ligues parlementaires. Une solution ? Voter communiste à l’occasion des élections de 1936. Objectif méthodologique : repérer et expliquer les mécanismes du cinéma de propagande. L'instituteur présente une France idyllique. Les enfants sont surpris par tant de richesse. - un enfant évoque la pauvreté de sa famille, le chômage - une pancarte dans la rue indique "magasin en faillite" On évoque les restrictions, les destructions de marchandises, la mise à la retraite, ... ... les compressions de personnels (licenciements), la baisse des salaires = la France connaît une crise économique Les ouvriers sont mécontents et se mettent en grève
B. Le Front populaire au pouvoir : une victoire du monde ouvrier ? mesures symboliques et avancées sociales de 1936 « l’esprit Front populaire » LA GRÈVE DANS LA JOIE « Indépendamment des revendications, cette grève est en elle-même une joie. Une joie pure,une joie sans mélange. [...] Joie de pénétrer dans l'usine avec l'autorisation souriante d'unouvrier qui tient la porte. Joie de parcourir librement ces ateliers où l'on était rivé sur sa machine. [...] Pour la première fois et pour toujours, il flottera autour de ces lourdes machines d'autres souvenirs que le silence, la contrainte, la soumission. Des souvenirs qui laisseront un peu de fierté au cœur, un peu de chaleur humaine sur tout ce métal. » Simone Weil, in La Révolution prolétarienne, 10juin1936 Avancées sociales, accords Matignon, premiers congés payés, joie populaire
Un film déjà révélateur de « l’esprit Front populaire » : A nous la liberté, de René Clair (1931) Deux amis détenus, Émile et Louis, tentent de s'évader. Louis réussit grâce à Émile qui fait diversion. Dehors, Louis se lance dans le commerce de disques puis de phonographes. Il devient petit patron puis, son commerce prospérant, se retrouve à la tête d'usines de plus en plus gigantesques. Émile libéré de prison demeure vagabond, se prélasse au soleil. Un jour il aperçoit la nièce du comptable de l'usine de Louis et tombe amoureux de la jeune fille. Il la suit jusque dans l'usine et, presque malgré lui, est embauché. Les deux anciens amis se retrouvent...
Une analyse de séquence tirée de A nous la liberté Gestuelle, mouvements de caméra, décors, rareté des dialogues : un film hérité de l’époque du muet Uniformes, surveillants, barreaux, sifflets : l’univers carcéral de l’usine Un film en écho : Les temps modernes, de Chaplin (1936) Le travail à la chaine rend fou et irresponsable : une critique du taylorisme L’esthétique moderne du décor, symbole de l’aliénation : des décors inspirés du constructivisme, dans le style Bauhaus. http://www.youtube.com/watch?v=PG7HnpD0fUc http://www.wat.tv/video/nous-liberte-rene-clair-1931-1p9dr_2gh7d_.html
Les premiers congés payés photographiés par Robert Doisneau en 1936 Doisneau (1912-1994) est l’un des photographes français les plus populaires de l’après-guerre et l’un des principaux représentants de la photographie humaniste avec Willy Ronis et Edouard Boubat. Le courant humaniste a pour sujet les gens simples, dans leurs bonheurs et difficultés du quotidien. Cette oeuvre traduit une atmosphère de joie, d’insouciance, de bonheur, résolument optimiste. Doisneau aime photographier les milieux populaires : on peut penser qu’il éprouve de la sympathie pour ces jeunes insouciants à la veille de la Seconde Guerre mondiale.
C. Le temps des désillusions mésententes et divisions politiques la montée des extrémismes Des divisions internes : guerre d’Espagne, pauses sociales, oppositions entre communistes, radicaux et socialistes La montée des oppositions : absence de confiance des milieux d’affaires, campagne de calomnies antisémites, montée des extrêmes. Chute du gouvernement Blum (juin 1937) et du Front populaire (avril 1938). Daladier président du conseil.
Une illustration de l’utopie du Front populaire : les deux fins de La Belle équipe, de Julien Duvivier (1936) Jean, Charles, Raymond, Mario et Jacques, cinq copains au chômage, vivent dans le même hôtel sordide. Ils se retrouvent, un beau jour, heureux propriétaires d'un billet de loterie gagnant. Ils s'associent et décident de monter une guinguette au bord de la Marne. A l'enthousiasme des débuts succèdent bientôt les épreuves. A l'occasion du cycle consacré à Julien Duvivier, Jean-François Rauger, directeur de la programmation de la Cinémathèque française présente le film La Belle équipe. http://www.youtube.com/watch?v=IY8nBdcTXr4
Un exemple d’exploitation du film sur le site de l’académie de Nantes http://www.pedagogie.ac-nantes.fr/1172583258921/0/fiche___ressourcepedagogique/#fiche
Le réalisme poétique dans le cinéma français des années 1930 Ses caractéristiques principales sont à la fois l'ancrage social et contemporain de ses histoires (misère, immigration...) que vient distancier sa forme de tournage en studio (lumières artificielles, décors fabriqués...) . Le réalisme poétique est donc un regard travaillé sur la réalité de l'époque. 2 Le terme de "réalisme poétique" émane d'abord de la critique littéraire puis s'est adapté à ce style cinématographique naissant suite à la sortie du film de Pierre Chenal (« La Rue sans nom »). Le genre reste dans sa forme proche de son héritage littéraire (dialogues travaillés, dramaturgie naturaliste...). A l'opposé de l'école réaliste de Jean Renoir ou Jean Vigo, le réalisme poétique fait partie des premières tentatives d'identification et de critique du cinéma à la société. Malgré une technique et une dramaturgie romancées, le genre tentait d'évoquer de façon dramatique les problèmes sociaux des bas-fonds (principalement parisiens). 4 5 Le courant disparut immédiatement lorsque la guerre éclata et ne réapparut plus par la suite, les spectateurs et les auteurs désireux d'un nouveau cinéma plus représentatif de la nouvelle société d'après-guerre, et ancré dans les douloureuses conditions du réel. Films emblématiques •Pépé le Moko, de Julien Duvivier •À nous la liberté, de René Clair •Le Quai des brumes, de Marcel Carné •Les Enfants du paradis, de Marcel Carné •L'Atalante, de Jean Vigo •Liliom, de Fritz Lang •Entrée des artistes, de Marc Allégret
En guise de conclusion : le Front populaire dans les mémoires En 1986, le timbre « Front populaire », édité à l’occasion du 50ème anniversaire du Front populaire, reproduit un tableau de Fernand Léger. Léger constitue une des figures majeures de la politique culturelle très active du P.C. Ses thèmes, la série monumentale des Constructeurs (1951), les Parties de campagne, ou i(1954) illustrent son engagement humaniste et fraternel, aux côtés des « travailleurs ». Mais ces toiles qu’il a voulues directes et accessibles à tous relèvent aussi d’une tradition classique. En témoigne l’hommage explicite à David que constitue Les Loisirs, peint en 1948-1949 , (MNAM/Centre Pompidou).
En guise de conclusion : le Front populaire dans les mémoires Le recul du fusil, tome 1 « Les chambres » par Jean-Sébastien Bordas, éd. Quadrants, 2010. Fernand Tormes est un jeune paysan provençal élevé seul par sa mère. Un peu rêveur, sérieusement velléitaire, il monte à Paris pour y poursuivre des études de médecine chèrement réclamées. Il y découvre les filles, les fêtes étudiantines, la France du Front populaire, la crise, la montée pressante du nazisme.
En guise de conclusion : le Front populaire dans les mémoires Bruno Loth revient sur la jeunesse de son père, Jacques Loth, au moment où ce dernier entre dans la vie active en signant son contrat d’apprentissage au Chantier naval de Bordeaux. Nous sommes en 1936. Apprenti – mémoires d’avant-guerre, Bruno Loth, éd. La boîte à bulles, 2011.
En guise de conclusion : le Front populaire dans les mémoires http://www.dailymotion.com/video/x6uj94_faubourg-36-bande-annonce_shortfilms Le film “Faubourg 36”, de Christophe Barratier, se déroule en plein Front Populaire. dans l’esprit de toute une série de films qui, dans les années 30, ont célébré le collectivisme et la solidarité.
Davantage de pistes d’analyse dans l’excellent article de Télérama disponible en ligne http://www.telerama.fr/cinema/le-cinema-et-le-front-populaire-a-l-occasion-de-la-sortie-de-faubourg-36,34024.php
Renaud Weisse – DAAC / LPO Stanislas de Wissembourg – octobre 2013.