Géopolitique et développement durable: le cas de l’Arctique

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Géopolitique et développement durable: le cas de l’Arctique
Transcription de la présentation:

Géopolitique et développement durable: le cas de l’Arctique

Pourquoi l’Arctique est-il aujourd’hui un enjeu géopolitique ?

1. Qu’est-ce que l’Arctique ?

Qu’est-ce que l’Arctique ? Le pôle arctique et la description des Terres septentrionales, Hondus Henricus, 1636 Amundsen (1872 – 1928) explorateur polaire norvégien, le premier à avoir traversé le passage du Nord-Ouest sur le navire Gjøa entre 1903 et 1905

Baie de Disco wikipedia.org

Qui habite l’Arctique ?

Mittimatalik (Pond Inlet), Nord de la Terre de Baffin, 1315 hab, le plus grand des 4 hameaux inuits situés au nord du 72e parallèle http://photodoc.unblog.fr/inuits-de-pond-inlet/

Quelle était l’importance géopolitique de l’Arctique jusqu’en 1991? Station de la ligne DEW à Point Lay en Alaska

2. Que se passe-t-il dans l’Arctique ? Quelles dynamiques géopolitiques et (géo)climatiques ?

Qu’est-ce qui se passe actuellement en Arctique qui modifie son importance géopolitique? Un bathyscaphe a planté jeudi, 2 août 2007, au fond de l'océan Arctique, à la verticale du pôle Nord, un drapeau russe en titane inoxydable. Le drapeau a été fixé sur le fond marin par un bras mécanique, à 4 261 mètres de profondeur, a déclaré à bord d'un navire auxiliaire Vladimir Strougatski, vice-président de l'Association russe d'exploration polaire. D’après, Un submersible russe plante un drapeau sous le pôle Nord, 2/08/2007, Reuters, http://www.lepoint.fr

Source: Arctique, L’autre guerre froide, Courrier international n°935 du 2 au 8 octobre 2008

Pourquoi ces questions d’appropriation territoriale se posent-elle aujourd’hui? Etendue minimale des glaces dans l’océan arctique (Images NASA) 1979 2005

Quels enjeux économiques ? 3. Pourquoi la fonte de la banquise fait-elle de l’Arctique un espace convoité ? Quels enjeux économiques ?

Distance Rotterdam-Tokyo (en km) en fonction de la route maritime empruntée ROUTE DU NORD EST 14 100 km 21 200 km 15 900 km Source: F. Lasserre, Environnement / Arctique, Séminaire de géopolitique, Géopolitique des Crises à impact global, 21.11.2007

Cargo dans le port d’Aasiaat, Groenland, 2008 (cliché F. Lasserre) Le brise glace Amundsen

Source: Arctique, L’autre guerre froide, Courrier international n°935 du 2 au 8 octobre 2008

En Arctique, on a déjà découvert 20 milliards de barils de pétrole et 8 000 milliards de m3 de gaz. Mais seul 1/10ème de la région a été exploré, aussi une estimation des réserves totales tourne autour de 80 000 milliards de m3 de gaz (réserves sous-estimées selon certains experts) et 200 milliards de barils de brut (estimation qui paraît très optimiste). Il est intéressant de rapprocher ces chiffres de la consommation actuelle d'hydrocarbures : 30 milliards de barils de pétrole et 3 000 milliards de m3 de gaz par an. Les réserves potentielles de l'Arctique permettraient donc de faire face à 7 années de consommation pétrolière au rythme actuel, et à 30 années de consommation de gaz. Même si la mise en production de gisements d'hydrocarbures dans la région exige des coûts d'investissement très élevés et la mise en œuvre d'infrastructures adaptées pour extraire, produire et acheminer le brut et le gaz vers les zones de consommation, le prix actuellement élevé du baril rend ce type d'exploitation au-delà du cercle polaire rentable. D’après un entretien avec Yves Mathieu, chef de projet à l’IFP, Les réserves en hydrocarbures de l'Arctique, 10/2007, http://www.ifp.fr/ L’Arctique pourrait en effet recéler près de 90 milliards de barils de pétrole et de l’ordre de 60 000 milliards de m 3 de gaz naturel , techniquement récupérables. Autrement dit, cette région serait susceptible de renfermer environ 1/5ème des ressources inexplorées de la planète. Il semble qu’il faille relativiser cette découverte, tout au moins pour le pétrole, puisqu’il convient de comparer ces 90 milliards de barils, une fois prouvés, aux 1 238 milliards que représentent les réserves reconnues actuellement pour l’ensemble de la planète. Force est de constater en effet que face à une consommation mondiale de 30 milliards de barils et qui ne cesse d’augmenter, ces réserves ne correspondent en définitive qu’à environ 3 années de consommation planétaire actuelle (un peu plus pour le gaz, les prévisions atteignant 10 années de consommation). De plus des conditions climatiques difficiles, couplées aux mouvements des glaces, rendent l’exploitation potentielle de ces gisements particulièrement délicate et coûteuse. D’après, G. BANZET, INIST-CNRS, Ruée vers l’or noir en Arctique, Recherches polaires, 17/12/2009

http://www.66nord.com/voyages-Croisierepolaire.php

4. Quels problèmes pose ce nouvel intérêt pour l’Arctique ? Quels enjeux de durabilité ?

Des enjeux environnementaux En 2006, la fuite d’un segment d’oléoduc a dispersé 946 tonnes de pétrole brut. BP, le propriétaire, a constaté que la corrosion était, à cet endroit, aggravée. Cette fuite a eu lieu à Prudhoe Bay, qui est le plus gros champ d’exploitation du pétrole aux Etats-Unis et qui jouxte la Mer de Beaufort. Des fuites et des explosions de pipeline surviennent régulièrement dans ce secteur dont la dernière en fin novembre 2009. La région est très sensible aux pollutions. Beaucoup de troupeaux de caribou l’utilisent comme pâturage et les fuites de pétrole peuvent se transformer en marées noires à cause de la proximité de la Mer de Beaufort. Les effets réels sur les caribous sont inconnus. (D’après www.robindesbois.org)

Des enjeux environnementaux Dessin de Fabrice Beau, 2008 (sikumut.com)

Des enjeux environnementaux L’Arctique est souillée par une multitude de pollutions L’environnement unique et fragile de l’Arctique est soumis à de multiples pollutions, qui, pour beaucoup, proviennent de l’extérieur: réchauffement climatique, substances toxiques transportées par les courants atmosphériques et océaniques vers le pôle … Bases militaires et scientifiques, prospection, exploitation et distribution de gaz et de pétrole, stockage de carburants, complexes miniers et sidérurgiques, décharges de déchets ménagers sont responsables de ces pollutions en Arctique. L'éloignement des sites de stockage et d'élimination des déchets, les coûts de transport, la faible densité de la population, ont incité les producteurs de déchets à les abandonner sur place. Les substances toxiques les plus présentes sont les hydrocarbures, les métaux lourds (plomb, mercure, cadmium), et les polluants organiques persistants (pesticides, PCB), potentiellement dangereux pour l'environnement et la santé des populations locales (les pollutions radioactives ne font pas partie de cet inventaire). Les Inuits du Groenland et du Canada présentent des taux de mercure et de PCB dans le sang parmi les plus élevés au monde. Cette contamination est en général attribuée au régime alimentaire des populations autochtones, qui se nourrissent de mammifères marins dans la graisse desquels les polluants organiques persistants s'accumulent. D’après, G.Dupont, Le Monde, 2 janvier 2010

Des enjeux de développement Le Nunavik, un modèle économique et politique régional nouveau Composant 85% de la population de l’Arctique québécois, les Inuits ont signé en 1975 une convention créant le territoire du Nunavik. Depuis 1999, ce territoire est dirigé par un gouvernement autonome. L’entente Sanarrutik (accord signé en 2002), offre à la région Nunavik trois axes majeurs de développement: - l’exploitation du potentiel hydroélectrique du Nunavik - la valorisation du potentiel minier du Nunavik. Les Inuits ont déjà signé un important accord minier sur le nickel du littoral Nord, sur lequel ils percevront des dividendes sur une période de 25 ans. - la mise en place d’un réseau de 11 parcs nationaux. Lors de la signature de Sanarrutik, Pita Aatami, président de la société Makivik, a déclaré: « Après avoir signé cette entente, je peux montrer aux jeunes Inuits qu’ils ont désormais un avenir ». D’après, E. Canobbio, Atlas des pôles, Autrement, 2007 Nunavik: - 500 000 km² 11 000 habitants répartis sur 14 villages qui comptent entre 150 et 2000 habitants

Des enjeux de gouvernance Faut-il instaurer une gouvernance particulière de la zone arctique ? Depuis quelques années, de plus en plus de nations s'agitent autour de l'océan Arctique qui, réchauffement climatique oblige, livrera bientôt ses richesses aujourd'hui couvertes par la glace. Ne faudrait-il pas davantage réguler cette zone ? La conférence « Arctic frontiers » organisée en dans le Grand Nord norvégien, a réuni des participants de l'ensemble de la zone polaire pour tenter de faire avancer la question de la gouvernance. Deux écoles s'affrontent : la première (défendue par les représentants des nations riveraines: Russie, Etats-Unis, Norvège, Danemark et Canada)estime que les conventions actuelles - essentiellement celle régissant le droit de la mer sous l'égide de l'ONU (Unclos) - suffisent et ont tout au plus besoin d'être adaptées. La seconde rassemble des organisations écologistes qui réclament un régime spécial tel le Fonds mondial pour la nature (WWF) voire, comme Greenpeace, un moratoire bloquant toute exploitation des ressources pour 50 ans en attendant que les scientifiques en sachent davantage. Pour le WWF, l'intérêt grandissant que montrent des pays comme la Chine, la Corée du Sud, l'Inde et le Brésil pour l'Arctique parle aussi en faveur d'un règlement plus global. « Une solution fondée sur les intérêts nationaux d'un petit nombre de pays arctiques est inadéquate, car je ne pense pas qu'elle sera respectée, les autres pays estimant que leurs intérêts seront mal défendus. » D’après, O.TURC, article paru dans le Monde, le 5 février 2009