LE DEVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE DE L ’ENFANT ET ADOLESCENT Intervention du 2 décembre 2009 auprès des A.V.S. Stéphanie BAILLE, Psychologue clinicienne, S.E.S.S.A.D Handicap Moteur Montélimar
LE DEVELOPPEMENT PSYCHOLOGIQUE DE L’ENFANT Concepts psychanalytiques Freud et la première topique (1915): Inconscient Conscient Pré Conscient
Freud et la deuxième topique (1923): Moi Surmoi Idéal du Moi
ça Il correspond au réservoir de pulsions: Pulsion de vie (dont la pulsion sexuelle) Pulsion de mort (auto destruction ou agression d’autrui) En général, les pulsions sont inconscientes et peuvent s’exprimer au travers des rêves, actes manqués,…
Surmoi Il correspond aux lois, aux interdits sociaux Il se constitue par intériorisation des exigences et interdits parentaux Son rôle est assimilable à celui d’un juge ou d’un censeur à l’égard du Moi
Moi Partie de la personnalité la plus consciente, en contact avec la réalité extérieure. Soumis au principe de réalité, il a un rôle de régulateur et médiateur. Le Moi doit équilibrer les deux tendances opposées, entre les pulsions et les interdits; ce qui se traduit par un comportement qui est le mien.
Idéal du Moi Il constitue un modèle auquel le sujet cherche à se conformer (résultant des identifications aux parents, aux idéaux collectifs,…)
ça Moi Idéal du moi Surmoi
Les stades de développement de la personnalité Stade oral Stade anal Stade phallique / urétral Complexe d’œdipe Phase de latence Adolescence Adulte
Stade oral (de 0 à 18 mois) Zone érogène : la bouche Objet pulsionnel : le sein Au départ, besoin, puis plaisir (réclamer le sein sans en avoir besoin) Stade oral primitif (0 à 6 mois): succion sans différenciation du corps propre et de l’extérieur. Stade sadique-oral (6 à 12 mois): désir de mordre, désir cannibalique d’incorporation du sein. Ambivalence entre désir de sucer et détruire.
Stade anal (2 à 3 ans) Zone érogène: l’anus Satisfaction provoquée par la défécation et la rétention. Période de l’apprentissage du contrôle des sphincters avec les plaisirs liés aux mécanismes de destruction et d’expulsion. Stade sadique anal: plaisir pris à l’expulsion; le caca étant détruit. Stade rétentionnel: plaisir recherché dans la rétention, introduisant la période d’opposition aux parents.
Stade phallique ou urétral (3 à 4 ans) Source de la pulsion: organes génitaux phallus = instrument de pouvoir qui entraîne une angoisse de castration ou du manque Satisfaction liée à l’érotisme urétral: laisser couler, rétention/miction; et masturbation Curiosité sexuelle pour la différence des sexes, théories sexuelles infantiles L’enfant accède à la différence des sexes, à la triangulation, et entre dans le complexe d’œdipe.
Complexe d’œdipe (5 – 6 ans): L’objet de la pulsion n’est plus le pénis mais le partenaire de sexe opposé dans le couple parental. Pour le posséder, l’enfant va déployer ses ressources libidinales et agressives. Le déclin de ce complexe est marqué par la pression de l’angoisse de castration chez le garçon et la peur de perdre la mère chez la fille. Après ce stade, l’enfant a établi les bases de son identité. Il a appris à contrôler son comportement et construit son identité sexuelle.
Période de latence 7 à 12 ans: L’enfant devient névrosé et accède à Dégoût et pudeur Honte et culpabilité L’enfant sait contrôler ses pulsions pour entrer en relation avec les autres. Il participe de plus en plus à des activités de groupe. Il intègre les règles du jeu et découvre que la règle permet de jouer avec l’autre. Il aime les activités intellectuelles et créatrices. Il passe du temps à jouer et se construire socialement car la pulsion sexuelle n’occupe pas le devant de la scène. Importance de nourrir son imaginaire, car il est bien trop souvent dans le réel.
L’adolescence: Sous la poussée hormonale, le désir sexuel renaît L’enfant fini de construire son identité sexuelle Retour de l’œdipe, le corps est mature… l’inceste est physiquement réalisable, alors il faut mettre de la distance (langage différent, conflits +++)
Structures de personnalité: NEVROSE, PSYCHOSE, PERVERSION « Le névrosé construit des châteaux en Espagne, Le psychotique est locataire des châteaux, Le pervers perçoit les loyers ». Ce qui cause le crime dans la psychose, c’est le délire, ce qui cause le crime dans la perversion, c’est la jouissance, ce qui cause le crime dans la névrose, c’est l’idéal, l’affect ».
L’agressivité au stade oral: Première agressivité vers le mauvais objet. C’est dans le ça que ça se passe : pulsion de destruction. L’enfant ne supporte pas l’agressivité qui vient de lui et du coup, c’est l’extérieur qui est mauvais.
L’agressivité au stade anal: Elle s’exprime dans le comportement d’expulsion et de rétention Expulsion: « poing dans la figure », opposition active Rétention: « je ne ferai pas ce que tu désires », opposition passive
L’agressivité au stade urétral / phallique: Énurésie: agressivité envers le parent Agressivité projetée sur un plus petit pour établir une relation dominant/dominé. Peur de l’agressivité de l’autre qui est vécue comme une castration.
Agressivité à la période de latence L’agressivité est sublimée, déviée, rendue socialement acceptable Ex: compétition sportive, rivalité scolaire Période des petites histoires de cour de récré, petites désobéissances
L’agressivité à l’adolescence: La pulsion agressive est tournée vers l’originalité (apparence, maquillage agressif, …) Elle peut être sublimée: attirance pour les groupes de Hard Rock, NTM,… Elle s’exprime par la provocation, grossièreté Elle peut être retournée contre soi: scarification, tatouages, percing, implants… L’agressivité peut être retournée sur le corps: je me déprime, je ne vaux rien,… L’ado doit travailler psychiquement pour devenir sujet. Il y a urgence à mettre des mots et du sens sur l’angoisse générée par les remaniements psychiques de l’adolescence. Sinon, risque de passage à l’acte. Scarification: fait barrage à la mentalisation. On reste fixé sur les limites de notre corps et pas dans la relation à l’autre.
Agressivité selon Winnicott L’agressivité se développe en 2 temps dans le Moi: 1- Non inquiétude: « cruauté originaire ». L’enfant commet des actes et ne se soucie pas de ce que ça entraîne. 2- Le souci: Le Moi est suffisamment formé. Il connaît l’existence de l’autre et son impact sur l’autre.Il peut se sentir coupable de ce qu’il a fait à l’autre. Donc, il peut l’associer à une tentative de réparation. (la réparation est très importante. Si on ignore sa tentative de réparation, alors l’enfant n’a de cesse de recommencer).
La violence: Faire contrainte sur l’autre 3 modalités de l’acte violent: 1-Mise en acte: le passage par l’acte est précédé d’une élaboration psychique du conflit, puis il est physiquement transformé. C’est quand il n’y a pas d’autre issue pour régler le conflit. (Névrose)
2- Le passage à l’acte (Perversion): Précipitation dans l’acte face au débordement. « Il faut que je fasse qqch contre l’angoisse qui me submerge ». C’est une décharge de la tension interne. 3- Le recours à l’acte (Psychose): Moment de déréalisation; on quitte le réel. Vécu d’anéantissement. Pour garder un sentiment d’existence, il faut agir.
L’acte éducatif: 1-Amener l’enfant à soutenir de plus en plus de frustration, afin de grandir. (Ne pas répondre de suite aux besoins, différer la réponse, mais ne pas négliger la demande). 2- Poser un interdit sur la jouissance = interdit d’humilier, de dominer. Violence = jouissance= anéantir Agressivité= nécessaire pour mettre de la distance là où il n’y en a pas. Il y a de l’affect quand on dit « non » à l’autre. Éduquer n’est pas permettre, mais baliser les interdits; le reste appartient à l’enfant. Trop de lois tue la loi.
Fonction maternelle = lien Aider l’enfant à se constituer son enveloppe physique et psychique. Fonction paternelle = coupure (symbolique de la porte) Castration symbolique « Ferme, strict et aimant » Lacan: « Nom et NON du Père » Le terreau minimum pour que l’autre s’humanise est: Le bain de langage L’interdit de la jouissance
Sanction / Punition : Sanction: ne pas céder sur la loi et ne pas soumettre l’autre. C’est de l’art. Il faut être créatif; il n’y a pas de recette. Contrairement à la punition, il n’y a pas de perversion dans la sanction.