Attitudes facilitatrices M-C Dubus, orthophoniste, Lille M-P Lemoine, orthophoniste, Lille
Attitudes facilitatrices C'est par ses « feed-back » et expansions, reformulations, questionnements, que l'adulte peut étayer le langage de l'enfant.
Le feed-back Est la manière dont l'adulte réagit verbalement ou non verbalement aux productions de l'enfant.
Le feed-back Pour être efficace, le feed-back doit : Suivre immédiatement la production de l'enfant, mais attendre cependant que l'enfant ait terminé son énoncé Être proposé fréquemment, Être limité à un aspect précis de l'énoncé clairement identifiable par l'enfant Rester assez proche de la langue de l'enfant S'accompagner de comportements gratifiants
à fonction d'enrichissement. Les feed-back peuvent être : positifs, correctifs, à fonction d'enrichissement.
Le feed-back positif Il permet : - de signaler à l’enfant qu’il a été entendu - de lui donner des marques d’approbation
3 types de renforcement : Le feed-back positif 3 types de renforcement : Le renforcement verbal : « c'est bien », « oui », « bravo »... Le renforcement physique : un hochement de tête, un sourire... Le renforcement naturel : En donnant à l'enfant ce qu'il a demandé
Le feed-back correctif Est une reprise corrigée des erreurs de l'enfant. Les reprises peuvent être d’ordre : phonétique sémantique syntaxique
Le feed-back à fonction d'enrichissement Est une reprise de l'énoncé de l'enfant - en étoffant l’énoncé initial - en lui apportant une information nouvelle.
Les enfants en savent toujours plus en réception qu’en production. L'adulte doit essayer de poser un feed-back en tenant compte de la zone proximale de développement ou « théorie de l'escalier » et faire alterner deux modèles de feed-back : - un modèle à la portée de l'enfant et - un modèle légèrement au-dessus de ses possibilités langagières du moment.
Deux enfants du même âge, à partir de la même situation, peuvent dire : « moi je veux dire que quand on va aller chez les correspondants, je vais pouvoir faire du vélo... » Ou « moi i faire du vélo, i dire ça ». Les feed-back proposés seront alors adaptés au niveau langagier de chacun des enfants
Exemples de feed-back opérant Louis : un monsieur, un cocodile Adulte: un monsieur et un crocodile, voilà ! Et qu'est-ce qu'ils font ? Yassine : i montent Killian : pour mettre au lit Adulte : ah ils montent pour le mettre au lit Louis : y a des nounouches Alexis : i pend le livre Adulte : oui il prend le livre et y a des nounours par terre Alexis : Il a peut-être mal aux oreilles parce qu’il se fâche Adulte : Il se fâche peut-être parce que ça lui fait mal aux oreilles
Le feed- back en situation n’est pas toujours aisé et peut donner lieu, dans le “feu de l’action” à des formulations adultes inexactes. Adulte : voilà, il a dû partir Enfant : tout suite Adulte : oui tout de suite. Voilà, il n’a pas embrassé ses amis et il n’a pas été payé Enfant : pour tout quoi qu’il a fait Adulte : voilà, pour tout son travail qu’il avait fait
Parfois les reprises ne sont pas des feed-back Parfois les reprises ne sont pas des feed-back. Elles peuvent même être moins complètes que l’énoncé de l’enfant. Adulte : qu’est-ce qu’ils font ? Enfant : du miel Adulte : pour aller chercher (du miel) mais le mot “miel” n’est pas dit Enfant : tellement il fait noir, il est tombé Adulte : il est tombé Enfant : lui aussi, i s'sauve Adulte : i s'sauve
La reformulation l’adulte répond à l’enfant En utilisant ses propres mots, l’adulte répond à l’enfant en restant dans le sujet de l'échange.
La reformulation Selon GARDNER (1986), elle aide l’enfant car : Elle peut être utilisée pour enrichir et maintenir le thème de la conversation Elle peut être utilisée en réponse à une demande de l’enfant Elle introduit des idées et des mots nouveaux Elle s’élabore en fonction des compétences langagières de l’enfant, ses capacités de communication
Exemples de reformulation Enfant : Ben avant, une autre fois, on voulait aller au métro, ben y a beaucoup de neige, ben on ne pouvait pas parce qu’on a téléphoné à mamie. Adulte : Une fois, tu voulais aller au métro mais comme il y avait beaucoup de neige, tu ne pouvais pas alors tu as téléphoné à ta mamie.
Le questionnement Deux grands types de questions : - les questions fermées - les questions ouvertes
Le questionnement fermé - Les questions qui appellent une réponse par oui ou par non As-tu un chien ? Aimes-tu le chocolat? - Les questions factuelles Comment s'appelle l’animal qui aboie ? Qui distribue le courrier ? Qui se souvient de ce qu'on mis dans le gâteau ? - Les questions à choix multiples Préfères- tu le chocolat ou les épinards ? Est-ce que c’est un chien ou un chat ?
Attention : Le questionnement fermé, en particulier les questions factuelles, exigent une seule et bonne réponse. Elles ne font pas appel à la créativité, mais à la mémoire et au lexique. Le questionnement fermé n’incite pas les enfants à élaborer une phrase pour y répondre. Souvent la réponse est faite d’un mot ou d’une bribe de phrase. Elles permettent cependant de poursuivre un échange avec des enfants ayant des compétences limitées en langage ou une inhibition importante.
Le questionnement ouvert Ce sont des questions qui permettent la créativité : - Liberté est laissée à celui qui répond. - Plusieurs réponses sont possibles. - Et il y a parfois la réponse qu'on n'attend pas, qui nous surprend et nous permet un échange différent avec l’enfant.
Exemples de questionnement ouvert Qu'est-ce qui se passe ? Que pensez-vous de... Que décideriez-vous si... Et toi, qu'est ce que tu penses qu'il se passe ? Que pourrions-nous faire avec cela ? Que ferais-tu si tu étais à sa place ? Attention : Elles sont difficiles pour des enfants ayant des compétences très limitées en langage
Exemples d’accumulation de questions fermées L’adulte pose beaucoup de questions sans même laisser de délai pour les réponses Adulte : Ils montent sur quelque chose, ils montent comment ? Enfant : Ils montent sur un gros caillou Adulte : C’est un gros caillou ? Non, c’est une colline je pense. Et qu’est-ce qu’ils sont en train de faire ? Enfant : Monter Adulte : Comment ? Enfant : Les autres Adulte : Les uns sur les autres et avec quoi ? Il a une …. pour attraper quoi ? C’est qui ? (en approchant le livre pour des désignations). Et pourquoi il est en bas ? Enfant : Gros dur il est tout en bas parce qu’il est plus gros Adulte : Et lui donc, c’est … Enfant : Poil dur
Enfant : Ta (Il désigne un téléphone) Confirmations + questions simples donnent la possibilité, à un enfant qui ne dit que quelques mots, d’avoir toute une conversation. Exemple : Enfant : Ta (Il désigne un téléphone) Adulte : C’est un téléphone, tu en as un chez toi ? Enfant : Oui Adulte : Parles-tu au téléphone, des fois ? Enfant : Mamie Adulte : Ah, tu parles à ta mamie. Parles- tu aussi à Papi ? Enfant : Non Adulte : Quand tu parles à ta mamie tu lui dis « allô, allô mamie ? » Enfant : Allô Adulte : Oui, tu dis allô. Où est ta mamie ? Enfant : Partie Adulte : Oui ta mamie est partie. Elle est à la maison….