Les kohau rongorongo de l’île de Pâques Nicolas Cauwe Conservateur aux Musées royaux d’Art et d’Histoire, Chargé de cours à l’Université catholique de Louvain Tablette appelée Aruku (moulage conservé aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
« Signatures » de Rapanui en 1770 (original disparu, dessins recomposés en 1874 !)
« Signatures » de Rapanui en 1770 (original disparu, dessins recomposés en 1874 !)
Eugène Eyraud (1822-1868) Dans toutes les cases, on trouve des tablettes de bois ou des bâtons couverts de plusieurs espèces de caractères hiéroglyphiques : ce sont des figures d’animaux inconnus dans l’île, que les indigènes tracent au moyen de pierres tranchantes. Chaque figure a son nom, mais le peu de cas qu’ils font de ces tablettes m’incite à penser que ces caractères, reste d’une écriture primitive, sont pour eux maintenant un usage qu’ils conservent sans en chercher le sens. (Annales de la propagation de la foi, 1866, t. 38, p. 71)
Extrait de la liste établie par Mgr Jaussen sur base des commentaires du Pascuan Metoro (Jaussen 1893)
Tablette appelée Mamari (l’Œuf) (moulage conservé aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Avers
Tablette appelée Mamari (l’Œuf) (moulage conservé aux Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Revers
Situation Interprétations Il reste aujourd’hui : - 21 tablettes; - 1 bâton; - 2 reimiro (pectoraux en bois); - 1 statuette d’homme-oiseau. Total : - 25 objets avec signes; - pas de surface type; - couverture exhaustive des supports. - 120 signes identifiés; 600 variantes des 120 signes de base; (par ajouts d’affixes et/ou fusions de signes); - entre 1200 et 1500 combinaisons de signes. Interprétations Pour Mgr Jaussen (1893) : - système kyriologique (litanies). Pour les premiers missionnaires, Thomas Croft et William Thomson : - les Pascuans ne savent plus lire et on ne peut plus rien savoir. Pour Alfred Métraux (1940) : - ce n’est pas une écriture; - système mnémotechnique. Pour Thomas Barthel (1956-1957) : - déchiffrement possible, mais sens perdu. Pour Steven Fisher (1997) : - déchiffrement partiel possible; - triades de type cosmogoniques.
Le Rano Raraku (volcan-carrière)
Le Rano Raraku (volcan-carrière)
Le Rano Raraku (volcan-carrière)
Le Rano Raraku (volcan-carrière)
Le Rano Raraku (volcan-carrière)
Le Rano Raraku (volcan-carrière)
Le Rano Raraku (volcan-carrière)
Le « Géant » du Rano Raraku (20 m de long; près de 200 tonnes)
Le Rano Raraku (volcan-carrière)
Le Rano Raraku (volcan-carrière)
Le Rano Raraku (volcan-carrière) (mission norvégienne de 1955-1956)
Ahu Motu Toremo Hiva (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
Le Rano Raraku (volcan-carrière) (d’après Routledge 1919)
Les « routes des moai »
Statue de la « route des moai »
Statue de la « route des moai »
Statue de la « route des moai »
Statue de la « route des moai »
(fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Secteur de Te Niu (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
(fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Secteur de Te Niu (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
Statue de la « route des moai »
Canyon d’accès au cratère du Rano Raraku
Canyon d’accès au cratère du Rano Raraku
Canyon d’accès au cratère du Rano Raraku
Le Puna Pau, volcan-carrière des coiffes
Le Puna Pau, volcan-carrière des coiffes
Le Puna Pau, volcan-carrière des coiffes
Le Puna Pau, volcan-carrière des coiffes
Ahu Tahai et Ahu Ko te Riku
Ahu One Makihi
Ahu te Peu
Ahu Tahira (Vinapu)
Ahu Akivi
Ahu Ko te Riku
Ahu Nau Nau (plage d’Anakena)
Répartition des ahu
(fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Ahu Motu Toremo Hiva (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
Ahu Nau Nau (plage d’Anakena) (fouilles de la mission suédoise; d’après Martinsson-Wallin et Wallin 2000)
Ahu Nau Nau (plage d’Anakena)
(fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Ahu Motu Toremo Hiva (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
(fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Ahu Motu Toremo Hiva (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
(fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Ahu Motu Toremo Hiva (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
(fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Ahu te Niu (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
Galet portant des gravures (collection des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
(fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Ahu te Niu (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
(fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Ahu Motu Toremo Hiva (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
Ahu Hanga Te’e
Ahu o Ure
Ahu Ura Uranga te Mahina
Ahu Hanga Tetenga
Ahu Heki’i
Ahu Vinapu
(fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Ahu te Niu (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
(fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Ahu te Niu (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
(fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Ahu te Niu (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
(fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Ahu te Niu (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
Ahu Tahira (Vinapu)
Ahu Tahira (Vinapu)
Ahu Hanga Poukura
Ahu Hanga Poukura
Ahu Mahatua
(fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Ahu te Niu (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
(fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Ahu te Niu (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
Ahu Kihikihi Rau Mea
Ahu Heki’i
Représentation du dieu Makemake (village cérémoniel d’Orongo)
(fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Ahu o Rongo (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
(fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Ahu o Rongo (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
Le Rano Raraku (volcan-carrière)
Le Rano Kau
Village cérémoniel d’Orongo
Les îlots (motu) au large du village cérémoniel d’Orongo Motu Nui Motu Iti Motu Kao Kao
Localisation du village cérémoniel d’Orongo, depuis Motu Nui
(village cérémoniel d’Orongo) Massif de Mata Ngarau (village cérémoniel d’Orongo)
(fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles) Ahu Motu Toremo Hiva (fouilles des Musées royaux d’Art et d’Histoire de Bruxelles)
Moai tangata moko (homme-lézard) Moai kavakava (homme squelettique) Moai tangata moko (homme-lézard) Collection des Musées royaux d’Art et d’Histoire)
Plan schématique de la côte ouest selon Lapérouse
Pseudo-pointes de lance (mata’a) Collection des Musées royaux d’Art et d’Histoire)
Démographie de l’île de Pâques, de la fin du XIXe siècle au début du suivant (d’après A. Métraux 1940)
1ère période 2e période 3e période (XII-XVIIe siècle) Plates-formes cultuelles pour ancêtres et dieux domestiques 2e période (XVII-XVIII e siècle) Culte de Makemake, dieu créateur 3e période (XIX-XXe siècle) Reconstruction culturelle (éléments de la 2e période + christianisation + influences des 1ères études scientifiques) Long processus, continuité Pas de continuité directe effondrement : maladies (petite vérole, lèpre …) et traite humaine Interprétation de la première période Données de la 2e période (ruines et abandon …) Témoignages de la 3e période (mythes, légendes, histoires …) Négation de l’identité actuelle des Rapanui Mauvaise interprétation du passé Influence sur le développement culturel actuel (cercle vicieux)
Conclusion Les kohau rongorongo sont postérieurs au XVIIe siècle et antérieurs au milieu du XIXe siècle
(XVIIe siècle - milieu du XIXe siècle). Les kohau rongorongo appartiennent à la deuxième phase de l’histoire de l’île de Pâques (XVIIe siècle - milieu du XIXe siècle). Ils furent longtemps tabous comme les autres éléments importants de cette période.
Conclusion Les kohau rongorongo appartiennent à la deuxième période de l’histoire de l’île de Pâques (époque du tabou sur les carrières et de la transformation des ahu en nécropoles). 2. Les kohau rongorongo n’ont donc aucun rapport avec les légendes connues, qui ont seulement été enregistrées lors de la troisième période. Ces légendes ne correspondent d’ailleurs pas aux réalités archéologiques. 3. La thèse d’un simple moyen mnémotechnique (Alfred Métraux) n’est pas tenable, à cause de la sophistication des symboles, de leurs variances et de la richesse de leurs combinaisons. 4. Les tentatives phonétiques ou de compréhension de rébus ne sont pas crédibles, non pour leur principe, mais parce qu’elles utilisent des états de langue anachroniques. 5. Malgré l’importance du nombre de signes (± 120) et de leurs variantes (± 600), ce qui pourrait convenir à un système syllabique, les combinaisons sont assez faibles : les 20 signes (3% du répertoire) les plus fréquents représentent à eux seuls 40% des occurrences. Le signe du manutara ( ) est de loin le plus fréquent. 6. Il n’y a ni début, ni fin, ni cadence, ni respiration, ni ponctuation dans les kohau rongorongo, par ailleurs toujours remplis exhaustivement (malgré une grande variété de forme et de dimensions des supports). En Polynésie, les récits se construisent en fonction des besoins du moment. Figer des textes par une écriture n’a donc aucun sens. Il y a dans les kohau rongorongo l’évocation de quelques valeurs, sans cesse répétées d’une tablette à l’autre, ainsi des éléments de la création du monde (entre 14 et 19 tablettes sur 25 !), des listes de rois ou l’importance du manutara, etc.
Hypothèse Il pourrait donc s’agir d’un système codifié et complexe, encore à comprendre partiellement, qui permettait de rendre des objets efficients (force, mana), sans qu’il soit question de la transcription d’un récit particulier.