Canal+ : un acteur en position dominante sur la TV Stratégie d’entreprise Thierry PENARD
Historique du groupe Canal+ 1984 lancement de la chaîne hertzienne Canal+ concession renouvelée en 1995, 2000, 2005 et … un succès rapide en France plus de 2 millions d’abonnés en 1987, 4 millions en 1994, 5.3 en 2009 leader européen de la TV payante dans les années 90 une vache à lait jusqu’en 1995 (18% de marge nette) 1990 création de StudioCanal 1992 lancement de CanalSatellite 1997 Internationalisation de C+ en Italie, dans les pays scandinaves, Pays-Bas, Belgique, Pologne 2000 Vivendi absorbe Canal+ réorganisation en Canal+ et groupe Canal+ 2006 Fusion C+ + TPS
Fusion de Vivendi Games avec Activision en 2008 NeufCegetel absorbé par SFR en 2008
Les chiffres clés de Vivendi en 2008 Un CA de 25.4 milliards € (+17% /2007) Un résultat net de 2,6 milliards € (stable/2007) Un taux de marge nette de 19%=>Résultat net/CA Contribution des activités au CA et au résultat opérationnel (RO) % du CA % du RO Universal Music 18 13 Canal+ 17 11 SFR 45 51 Vivendi Games 8 6
Canal+ un groupe diversifié horizontalement et verticalement Nouveaux usages (2008-9) C+ à la demande, le Cube
Un groupe diversifié horizontalement et verticalement Éditeur de chaînes Canal+, 5 chaines « premiums », + 20’ chaînes thématiques, chaînes TPS Distributeur : CanalSat : premier bouquet numérique français (300 chaînes dont 55 en exclusivité) disponible aussi sur ADSL et TNT Producteur de programmes/films Studiocanal : catalogue de 5 000 films, 3ème catalogue mondial, 20 films en salle par an (et 150 en vidéo) dont Bienvenue chez les ch’tis en 2008 Développeur de technologies : décodeurs (Pilotime), logiciels de cryptage, Internet
Un groupe en recomposition Des difficultés à transposer à l’étranger le modèle Canal+ jusqu’à 60% des abonnés hors France dans les années 90 (9,3 millions d’abonnés hors France en 2002) un foyer de pertes importantes un retrait progressif au niveau international (Italie, Belgique, Pays-Bas, Scandinavie, Espagne,...) Une concurrence accrue en France qui a remis en cause la rente de Canal+ TPS, TV numérique hertzienne (TNT), Orange Un actionnaire (Vivendi) au bord de la faillite en 2002 Reprise en main du groupe Canal+ changements à la direction de C+ et plan de licenciements
Résultats financiers du groupe C+ +19,4%
Résultats financiers du groupe C+ Les coûts de fusion avec TPS ont réduit le résultat opérationnel de 177 millions € en 2006
Sur la voie du redressement Une CA en hausse après deux années de recul du CA en 2004 et 2005 Un retour aux « bénéfices » en 2004 après 7 ans de pertes Un désendettement complet 5 milliards € de dettes en 2002 recapitalisation de 3 milliards en 2003 par Vivendi Des cessions siège de C+ à Paris (112 millions d’euros) sociétés de production audiovisuelle (divertissement, jeux, magazine), activités câble, Canal+Technologie, SportFive et PSG Une politique marketing plus agressive un taux de résiliation en légère baisse autour de 10-11% une reprise des abonnements : +630 000 abonnés net depuis 2006
Évolution du nombre d’abonnés en France (en milliers) 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 Canal+ 5 085 5 148 5 090 5 018 4 910 4 950 5 060 5 140 Canalsatellite 1 595 1 932 2 228 2 520 2 750 2 990 3 200 3 460 NC Numéricable 373 381 395 407 440 460 Total groupe 7 053 7 461 7 713 7 945 8 100 8 400 8 260 8 600
Fusion TPS-CanalSat 2006 Fusion acceptée par les autorités de la concurrence Conditionnelle à 59 conditions ! distribution non exclusive de certaines chaînes (TPS Star) Motifs d’acceptation Existence d’e nouveaux concurrents sur le marché => lancement des offres TV des opérateurs Internet (Orange TV) Gains ou synergies attendues de la fusion : 200 à 250 millions € de synergies Réduction des coûts d’acquisition et de rétention des abonnés Acquisition= 293 €, gestion=76€/an Réduction des coûts d’achat des programmes 1 milliards € en moyenne par an Baisse attendue sur les droits de retransmission de la Ligue 1 Simplification et amélioration de l’offre suppression des doublons dans les chaînes de cinéma renégociation à la baisse des redevances versées aux chaînes
La fusion TPS et Canal+ a donné naissance à Canal + France TF1 et M6 ont apporté TPS en échange de 15 % (respectivement 9,9 % et 5,1 %) de Canal+ France. Lagardère a apporté sa participation de 34 % dans CanalSat et a effectué un paiement en numéraire, contre 20 % de Canal+ France.
Les perspectives de Canal+ De nouveaux modes de diffusion et de nouvelles sources de revenus pour le groupe Canal+ Lancement de Canal+ par l’ADSL et la TNT Lancement d’un bouquet de chaînes TV pour mobile 3G Canal+ Chaîne Mobile sur Vodafone Lancement du service de vidéo à la demande CanalPlay Plus de 2 000 titres +> 2,4 millions de vidéo achetées en 2006 Mais de nouvelles menaces FAI et opérateurs de télécommunications comme distributeurs de contenus Lancement d’un bouquet de chaîne Orange (sport et cinéma) diffusé par ADSL et satellite
Canal+ et la ligue 1 Le prix de 600 millions d’euros par an (que Canal+ a versé à la Ligue 1 de 2004 à 2008 « est très élevé et incluait une prime stratégique liée à la situation de l’époque » B. Méheut PDG de Canal+ A cette époque, Canal+ était en concurrence avec TPS « On me dit quelle est la valeur du championnat. Je retourne la question : quelle est la valeur de Canal+ sans le football? On a vu ce qui s’est passé en Allemagne où le Canal+ allemand a perdu les droits du championnat. Le lendemain, sa valeur boursière chutait de 45% », F. Thiriez président de la LFP
Canal+ et la ligue 1 Pour la procédure d’attribution des droits de retransmission des matchs de ligue 1 sur 2008-2012, la Ligue de Football Professionnel avait doublé le nombre de lots proposés, pour susciter l'intérêt des opérateurs mobiles , Internet et étranger. 12 lots avaient été proposés : 3 lots « premium » (le Top 10, les matchs du dimanche soir et du samedi soir), 3 lots « fans », un lot multiplex (diffusion de séquences de vingt minutes de match), 4 lots magazines à thème et un lot mobile. Au final, Canal+ a remporté une majorité des lots en acquittant 460 millions d’euros/an (contre 600 millions 4 ans auparavant). De son côté, la Ligue a réussi à accroître ses recettes grâce à Orange, qui a mis plus de 200 millions d'euros sur la table. Détenteur des droits mobiles et, de droits concernant la télévision, Orange fait une entrée remarquée sur le terrain historique de Canal+. L'opérateur présentera fin mars sa nouvelle offre de télévision incluant le football. Ses abonnés pourront avoir accès aux programmes via le satellite. Orange prend un avantage par rapport aux autres fournisseurs d'accès à Internet.
Orange et la Ligue 1 Orange vise « plusieurs centaines de milliers de clients » pour sa chaîne Orange Foot. Ce qui - a priori - ne permettra pas de rentabiliser l'argent versé à la LFP. En supposant qu'il y ait 500.000 clients, le chiffre d'affaires ne serait en effet que de 34 millions par an. « Il faut aussi tenir compte des clients qui viendront ou resteront chez Orange grâce à cette offre, a répondu Louis-Pierre Wenes, directeur exécutif chargé de la France. Nos dépenses commerciales en France sont de 3 milliards d'euros par an, soit 15 % du chiffre d'affaires. Si, grâce au foot, nous les réduisons d'un point, cela nous fait économiser 240 millions par an, soit largement de quoi rentabiliser les droits du foot. »
Extrait d’un article des Echos du 19/3/2008 Canal+ est dans la ligne de mire des autorités de la concurrence. Le Conseil de la concurrence a lancé, il y a quelques semaines, une enquête sur la filiale de Vivendi. Dans le collimateur, les relations avec les chaînes thématiques et, en particulier, les clauses d'exclusivité obtenues par la chaîne cryptée. Il se serait notamment procuré les contrats avec ces chaînes. …La filiale de Vivendi a conclu des exclusivités avec plus d'une cinquantaine de chaînes : les chaînes payantes de TF1, M6 et Lagardère, mais aussi la quasi-totalité des chaînes de Disney, Fox... Les chaînes des groupes Canal, TF1, M6 et Lagardère représentent, à elles seules, trois quarts du marché en valeur. En pratique, cela signifie qu'on ne peut pas accéder à des chaînes populaires comme Eurosport, LCI, TF6, Teva... sans s'abonner à CanalSat. En général, ces exclusivités ne portent pas sur le câble et la TNT, mais sur le satellite, le téléphone mobile et l'ADSL. Elles ont même, d'ores et déjà, été étendues, à mesure du renouvellement des contrats, à la fibre optique, avant même que les services soient ouverts ! Canal, en échange d'une exclusivité, propose à la chaîne un reversement plus important que sans exclusivité et, en général, supérieur à l'argent qui pourrait être obtenu auprès des fournisseurs d'accès à Internet (FAI). [de J. Henni]
Questions Comment peut caractériser le marché de la TV et la concurrence sur ce marché ? Les choix organisationnels de Canal+ peuvent-ils être expliqués par la théorie des coûts de transaction ? Pourquoi TPS a-t-il accepté de fusionner avec Canal+ ? Le prix payé par Canal+ pour obtenir les droits de la Ligue 1 pour la période 2005-2008 (600 millions € par an) était-il déraisonnable ? Pourquoi Canal+ propose la plupart de ses offres sous forme de bouquets de chaînes (CanalSat, Canal+ le bouquet) ?