Plan du chapitre Le cœur de l’équation de gravité

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CH 6 Modèle de gravité : l’analyse empirique du commerce international et de l’intégration régionale

Plan du chapitre Le cœur de l’équation de gravité L’équation « augmentée » Les fondements théoriques Les variables explicatives régionales Exemples d’application : commerce, environnement L’effet frontière

Le Cœur de l’équation de gravité

1687 : Newton Fij = G x MiMj / D2ij Petit historique des origines : 1687, 1962 1687 : Newton Fij = G x MiMj / D2ij - F force d’attraction - Mi et Mj les masses - Dij la distance entre i et j - G la constante gravitationnelle

1962 : les économistes découvrent la gravitation (J. Tinbergen ) Fij = G x (Mi)y (Mj)z / Dkij Fij est le flux de commerce en valeur du pays i vers le pays j Mi et Mj reflètent le poids des 2 économies (mesuré par leurs PIB) Dij est la distance géographique les séparant T. Mayer : on attribue d'habitude la paternité de cette relation à Jan Tinbergen en 1962, mais en fait, de nombreux travaux avaient déjà utilisés les forces de la gravité pour expliquer les flux migratoires, le trafic téléphonique ou aérien par exemple. Même en ce qui concerne les flux commerciaux, Isard et Peck (1954) avaient, à bien des égards, devancé Tinbergen. Le modèle de gravité connaît actuellement une renaissance pour trois raisons majeures : . Le contexte international est fait de mouvements d'intégration commerciale et monétaire à différents échelons géographiques. Les économistes ont besoin d'une norme de commerce pour évaluer, par exemple, l'impact possible de l'UEM sur les flux commerciaux. POUR TESTER L’EFFET DE LA MONNAIE UNIQUE OU D’UN ACCORD COMMERCIAL SUR LE COMMERCE IL FAUT POUVOIR LE FAIRE DANS UN CONTEXTE INCLUANT DÉJÀ LES PRINCIPAUX DETERMINANTS. Dans quelle mesure le commerce s’écarte-t-il de la norme avec un accord commercial ? . Les fondements théoriques de l'équation de gravité sont maintenant beaucoup plus clairement établis. Le modèle théorique le plus directement lié à l'équation gravitaire est le modèle de concurrence monopolistique avec coûts de transport. D'autres explications théoriques ont également été fournies à cette relation. Ainsi, après son manque de fondements théoriques, certains reprochent au modèle de gravité un trop-plein d'explications théoriques concurrentes. . La relation de gravité a une composante géographique. Elle implique que l'espace compte dans les phénomènes économiques au travers de la distance séparant les pays. Les pays ne sont plus considérés comme des points situés dans un espace sans distance (HOS par exemple) mais comme des entités géographiques dont la localisation relative compte. Cette approche est commune à un nombre important de travaux récents souvent regroupés sous le nom de nouvelle économie géographique.

ln Xij = a + b ln Yi + c ln Yj - d ln dij + eij Le Coeur de l’équation Soit 2 pays i et j, dont les PIB respectifs sont Yi et Yj et la distance qui les sépare dij Le flux d’exportation de i vers j est Xij Xij = f (Yi, Yj, dij) = g . (Yi)b (Yj)c / dijd Forme usuelle de l’équation de gravité : ln Xij = a + b ln Yi + c ln Yj - d ln dij + eij avec b, c, d positifs Avec a = log (g) La variable de distance kilométrique intervient comme proxy des coûts de transport

Formalisation Log-Log Elle permet de ramener la fonction puissance à une fonction linéaire, et d’appliquer ainsi la méthode des MCO (moindre carrés ordinaires) dans le traitement économétrique La forme log-linéaire permet également d’interpréter les coefficients comme des élasticités de flux de commerce par rapport aux variables explicatives. Exemple : b est l’élasticité du commerce bilatéral par rapport au PIB de l’exportateur : une croissance de son PIB de 1 % entraînera une croissance de b % du flux d’exportation bilatéral.

La variable de distance Les tests économétriques montrent en moyenne une très forte corrélation entre distance et commerce On choisit souvent la distance entre les capitales ou les capitales économiques La distance peut être sous-estimée : les réseaux d’infrastructure de transport ne correspondent pas aux distances à vol d’oiseau puisqu’ils contournent les obstacles naturels Elle peut à l’inverse être surestimée en présence d’un commerce transfrontalier important Sous-estimée ou surestimée pour un couple de pays donné

Les résultats du modèle simple Les 3 variables expliquent jusqu’aux ¾ des flux de commerce bilatéraux Les coefficients estimés sont généralement proches de + 1 pour les PIB et de – 1 pour la distance

Illustration présentée (XLSTAT) : Base COMTRADE, Nations unies 50 pays, soit 50 x 49 = 2450 flux d’exportation Test de Fisher Estimation année 1995 : R2 = 0,746 Coefficients des PIB : 0,85 et 1,18 Coefficient de la distance : - 1,17 Correspond à l’onglet Régression linéaire 8 dans le fichier Excel CH6-Estimation-modèle-gravité

L’équation « augmentée »

L’introduction d’une série de « variables de contrôle » ln Xij = a + b ln PIBi + c ln PIBj + d ln distij + e Cij + εij Xij : exportations du pays i vers le pays j PIB : produit intérieur brut distij : distance entre les pays i et j (ici d est négatif) C : ensemble de variables de contrôle

Les variables de contrôle sont souvent des « dummies » Variable « dummy » ou « muette » ou encore « indicatrice » C’est une variable à qui l’on attribue la valeur 1 si elle remplit une caractéristique donnée et 0 dans le cas contraire Caractéristiques : partage d’une langue commune, (LC), d’une frontière commune (CONTIG), d’anciens liens coloniaux, adhésion à l’OMC, … Le partage d’une frontière commune (CONTIG) est susceptible d’influencer positivement le commerce bilatéral. Il en est de même du partage d’une langue commune (LANG) qui intervient comme proxy du rapprochement culturel et entraîne une réduction des coûts de transaction commerciaux.

Illustration : le partage d’une langue commune (LC) > Portugal Angola > LC = 1 LC = 0 LC = 0 LC = 0 LC= 0 Autre Exemple :anciens liens coloniaux avec Portugal-Angola Russie

Les autres variables de contrôle classiques La population La différence de PIB par habitant (DIFPIBij) Le taux de change nominal bilatéral (NERij) ou taux de change réel bilatéral (RERij)

Les fondements théoriques : de l’absence à la multiplicité des explications

Une relation d’abord empirique Une critique longtemps adressée à l’équation de gravité concerne ses fondements théoriques Simple intuition dérivée de la physique des forces d’attraction et de répulsion, elle en est dénué à l’origine

Les apports de Krugman et Deardoff En introduisant les coûts de transport dans le modèle de concurrence monopolistique, P. Krugman (1980) débouche sur une équation de demande proche de l’équation de gravité A. Deardorff (1998) démontrent que le modèle néoclassique du commerce international est, lui aussi, compatible avec le modèle de base J. Bergstrand (1989) apporte une réponse à ceux qui controversent sur la duplicité des explications. A l’aide d’un modèle d’équilibre général à deux facteurs et deux biens dont l’un est homogène et l’autre différencié, il montre que le modèle de gravité s’adapte à un cadre d’analyse mêlant spécialisations traditionnelles et intra-branche. Parmi les théories explicatives de l’échange intrabranche figure en bonne place celle de la Concurrence monopolistique (P. Krugman) Au sein d’un oligopole, chaque firme se spécialise dans la production différenciée d’un même bien en répondant à une « demande de différence » Le CI chez Krugman résulte de la rencontre entre une demande de différence (« goût pour la variété ») et une offre différenciée pour un même produit. Différenciation horizontale / différentiation verticale.

L’introduction de variables explicatives régionales (accords commerciaux)

La variable intra-régionale (ALC_intra) Elle indique la présence d’un accord commercial ou monétaire entre i et j Elle prend la valeur 1 lorsque les deux pays participent à l’accord ou 0 autrement Le coefficient de cette variable permet de calculer l’impact d’un accord régional sur le commerce entre pays membres Ou comment le commerce va-t-il dévier par rapport à la norme gravitaire (PIBs et distance) du fait de l’intégration régionale ?

Le calcul de l’impact des accords régionaux (1) Soit i et j appartenant à l’UE, et k n’y appartenant pas On suppose que dij = dik , PIBj = PIBk , et Cij = Cik j et k ne diffèrent donc que par leur appartenance à l’UE

Le calcul de l’impact des accords régionaux (2) ln Xij = a + b1 ln PIBi + b2 ln PIBj - b3 ln dij + b4 Cij + b5 UEij + eij (1) ln Xik = a + b1 ln PIBi + b2 ln PIBk - b3 ln dik + b4 Cik + eik (2) En faisant abstraction du terme d’erreur, on obtient (1) – (2) : b5 = ln Xij – ln X ik exp (b5) = Xij / Xik Source : Thierry Mayer, Economie internationale, CH9, section 3 Exp (a-b) = exp (a) / exp (b) et exp(log (x)) = x UE = 1 pour 2 pays membres Les études empiriques exploitent le coefficient directement, toutes choses étant égales par ailleurs.

Le calcul de l’impact des accords régionaux (3) L’exponentiel du coefficient de la variable muette donne donc, toutes choses étant égales par ailleurs, le surplus de commerce entre deux pays membres par rapport aux échanges entre 2 pays dont l’un n’est pas membre L’exponentiel du coefficient sur la dummy UE est donc égal au facteur multiplicatif du commerce On commerce Xij / Xik fois plus si l’on appartient à l’UE

L’impact de l’UE sur le commerce intra-zone (Frankel et alii, 1995) Pour l’année 1990, le “coefficient b5” est égal à 0,5 2 pays de l’Union commercent donc cette année-là 65 % de plus que si l’un des 2 pays n’en avait pas été membre (exp (0.5) = 1,65) Ou 1,65 fois plus

Reprise de l’estimation (diapo 10) On rajoute à l’équation de base : - la variable de contiguité et une variable intra-régionale (AFTA – Asean Free Trade Area) - Puis 3 variables intra-régionales (cf ci-dessous les équations à 3 dummies régionales) Régression 8 (équation de base), Régression 7, Régression 6. Fichier Excel CH6-Estimation-modèle-gravité.

L’équation à 3 dummies régionales : les effets intra et extra-zone de l’intégration ln Xij = a + b ln PIBi + c PIBj + d ln distij + e Cij + D1ALC_intraij + D2 ALC_Xij + D3 ALC_Mij + εij ALC_intra : variable de contrôle du commerce intra-régional ALC_X : contrôle les exportations des pays membres d’un groupe vers le reste du monde ALC_M : contrôle les importations des pays membres d’un groupe en provenance du reste du monde

Le coefficient D1mesure l’effet intra-zone ALC_intra = 1 > Pays A Pays B > ALC_intra = 1 ALC_intra = 0 ALC_intra = 0 ALC_intra = 0 ALC_intra= 0 Dans les premiers travaux empiriques testant les regroupements régionaux (article précurseur de Aitken, American Economic Review, 1973) seule la variable régionale D1 apparaît. Mais le précurseur serait Tinbergen lui-même « Tinbergen (1962) studied bilateral international trade flows among several countries in a cross-section from the 1950s including dummy variables for the BENELUX FTA and the British Commonwealth members; he found that membership in either of these agreements increased trade by only 5 percent ». Dans : The New Regionalism: Causes and consequences par Scott L. BAIER, Jeffrey H. BERGSTRAND et Peter EGGER. | La Doc. française Économie internationale 2007/1 - N° 109 ISSN 1240-8095 | pages 9 à 29. Pays du Reste du monde

Le coefficient D2 mesure l’effet sur les exportations extra-zone ALC_X = 0 > Pays A Pays B > ALC_X = 0 ALC_X = 1 ALC_X = 1 ALC_X = 0 ALC_X = 0 Pays du Reste du monde

Le coefficient D3 mesure l’effet sur les importations extra-zone ALC_M = 0 > Pays A Pays B > ALC_M = 0 ALC_M = 0 ALC_M = 1 ALC_M= 0 ALC_M = 1 Pays du Reste du monde

Building ou Stumbling blocks ? Lorsque la somme des 3 coefficients est supérieure à zéro, le groupe induit un effet net positif sur le commerce et il est considéré comme un building block Bhagwati initiateur des expressions R. Adams, P. Dee, J. Gali and G. McGuire – 2003 : revue de littérature, des études à 2 D et une seule étude à 3 D (celle de Soloaga-Winters) S. Rojid (2006), COMESA trade potential: a gravity approach, Applied Economics Letters, nov.2006, non cité dans mes travaux car repéré par la suite. Résultats de ces études : trouvent la plupart du temps des building blocks, mais le NAFTA ressort comme un stumbling block. COMESA (Common Market of Eastern and Southern Africa)

L’enjeu : régionalisation versus globalisation des échanges On peut dès lors déterminer si les regroupements régionaux entravent l’action de l’OMC ou bien au contraire la favorisent

Exemples d’application : commerce, environnement

Exemple d’application L’impact des ALC entre pays latino-américains (1986-2004) Dans le raisonnement, le reste du monde fait place au reste de l’Amérique latine

Sélection des accords à estimer Le réseau d’accords de libre-commerce entre pays d’Amérique latine est très complexe (« Spaghetti bowl »)

Le Spaghetti bowl latino-américain Note : les accords qualifiés ici de nouvelle génération recoupent les accords de seconde génération, les unions douanières, et les accords bilatéraux union douanière - pays de cette figure. Origine de l’expression : Bhagwati, tout comme B. et S. blocs. Source : Antoni Estevadeordal (2002), “Regional Integration and Regional Cooperation in Latin America”, LAEBA Annual Meeting, ADB Institute and Inter-American Development Bank, Singapore, February.

Seuls les accords de nouvelle génération sont pris en compte … Mercosur (MERC) Communauté andine des Nations (CAN) G3 (Colombie, Mexique, Venezuela) Zone de libre-échange Bolivie-Mexique (BolMex) Zone de libre-échange Chili-Mexique (ChilMex) …. Ce qui met déjà en jeu 5 X 3 = 15 variables régionales dans l’équation Sous contrainte de disponibilités des données En Amérique latine c’est l’application du Traité d’Ascuncion qui rompt avec la méthode des accords de portée partielle (nuancé avec ACE 14 1990 et Pacte andin de jure mais pas de facto).

Problématique - Quels sont les effets des accords régionaux sur les échanges intra-zone ? - Quel impact exercent-ils sur le commerce des pays membres avec le reste de l’Amérique latine ? - Sont-ils des groupes créateurs ou destructeurs net de commerce pour le sous-continent ?

Echantillon extrait de la base de donnée COMTRADE (Nations Unies) Avec des données d’exportation complètement renseignées, on obtient 11 pays : Argentine, Bolivie, Brésil, Chili, Colombie, Equateur, Mexique, Paraguay, Pérou, Uruguay, Venezuela Soit 11 x 10 flux d’exportation bilatérale Soit 2090 observations sur 19 ans

Equation estimée : 2 dimensions, spatiale et temporelle (panel) ln Xijt = a + b ln PIBit + c PIBjt + d ln distij + e Cijt + e’ C’ij + D1ALC_intraijt + D2 ALC_Xijt + D3 ALC_Mijt + εijt Xijt : exportations du pays i vers le pays j l’année t distij : distance entre les pays i et j PIB : produit intérieur brut C et C’ : ensemble de variables de contrôle (resp. avec et sans dimension temporelle) ALC : accord de libre-commerce (il y a autant de jeux de 3 variables régionales que de groupes étudiés) Ici on rajoute le temps par rapport aux explications antérieures Avantage 2 dimensions : on multiplie le nombre d’observations disponibles Coupe transversale ou instantanée d’une part (pour une année donnée), et série temporelle (données chronologiques) d’autre part

L’impact des zones de libre-commerce Commerce intra-zone Importations extra-zone Exportations extra-zone Mercosur 0,30*** 0,18*** 0,35*** CAN 0,91*** 0,23*** 0,27*** Groupe des 3 0,29** 0,25*** 0,12 Bolivie-Mexique 1,23*** 0,22*** 0,15* Chili-Mexique 0,58** -0,17* -0,02 ***, **, * : coefficients régionaux respectivement significatifs à 1%, 5 % et 10 %

Conclusion : des effets d’entraînement sur l’ensemble du sous-continent Les 5 accords constituent des building blocks Conclusion sur l’option ZLEAS et l’Unasur. - Les résultats d’ensemble constituent une incitation à exploiter plus largement le potentiel d’intégration commerciale du sous-continent, avant de faire face à la concurrence nord-américaine - Les récents accords de libre-échange entre les pays andins et le Mercosur engendrent une dynamique de création de la ZLEAS - La nouvelle UNASUR (Union des Nations sud-américaines) en constitue la base institutionnelle

2ème exemple : l’équation de gravité avec variable de restriction environnementale ln Xij = a + b ln PIBi + c PIBj + d ln distij + e Cij + D1ALC_intraij + D2 ALC_Xij + D3 ALC_Mij + h DIFCO2ij + εij DIFCO2ij : différence des émissions de CO2 par unité de PIB du pays i et du pays j ou différence des « intensités carbone » entre le pays i et le pays j

Les coûts d’un programme de réduction des émissions de CO2 Un tel programme implique des processus de production plus économes en énergie fossile (rationalisation énergétique, économie d’énergie, énergie renouvelable, produits innovants) Les entreprises supportent donc des coûts de réduction de la pollution que l’on a coutume d’appeler les « coûts d’abattement »

L’Hypothèse de Porter Michael Porter (1991), Michael Porter et Claas van der Linde (1995) Les restrictions environnementales peuvent générer des bénéfices dépassant les coûts d’abattement La contrainte environnementale stimule l’innovation, elle-même étant susceptible d’améliorer la productivité moyenne d’une économie M. Porter (1991), « American Green Strategy », Scientific American, vol. 264, n° 4, pp. 168-176. Michael Porter et Claas van der Linde (1995), « Towards a New Conception of the Environmental-Competitiveness Relationship », Journal of Economic Perspectives, n° 9, p. 97-118.

L’Effet frontière

L’équation de gravité s’applique au commerce intra-national La relation gravitaire n’est pas fondée sur les nations mais sur l’importance des PIB et de la distance séparant 2 espaces (géographiques, administratifs, …) Il n’y a donc aucune raison a priori pour qu’elle ne fonctionne pas entre 2 régions d’un même pays Le commerce de la Région Rhônes-Alpes avec l’île de France dépend des PIB régionaux respectifs et de la distance Paris-Lyon.

L’analyse du commerce inter-régional intra-national et transfrontière Supposons que l’on puisse observer les flux bilatéraux de commerce entre régions, certaines appartenant au même pays et d’autres à des pays différents Le volume de commerce devrait être le même pour chaque couple de régions à PIB et distances bilatérales équivalents, que les marchandises traversent ou non une frontière nationale McCallum (1995) montre que l’on est en réalité très loin de cette prédiction Optique RH avec Piémont et île de France. Le commerce de la Région Rhônes-Alpes avec le Piémont est régi par les mêmes règles gravitaires qu’avec l’île de France (ici PIB non équivalent). “National Borders Matter: Canada-U.S. Regional Trade Patterns”, John McCallum, The American Economic Review, Vol. 85, No. 3, (Jun., 1995), pp. 615-623 http://www.econ.ku.dk/nguyen/teaching/McCallum%201995.pdf Considéré comme l’une des “6 énigme”s de la macro inter par M. Obstfeld et K. Rogoff (2000), "The Six Major Puzzles in International Macroeconomics: Is There a Common Cause?", NBER Working paper, n°7777. http://ideas.repec.org/p/wpa/wuwpit/0012003.html

McCallum (1995) En étudiant le commerce bilatéral entre les provinces/Etats du Canada et des Etats-Unis, McCallum montre que le commerce entre les provinces canadiennes est environ 20 fois plus élevé qu’entre provinces canadiennes et Etats américains (fin décennie 80) Résultat d’autant plus surprenant avec une même langue, une même monnaie commerciale, une zone de libre-échange déjà établie (Canadian-US FTA) et une libre-circulation des personnes avec un minimum de formalité C’est ce résultat qui est connu sous l’expression d’« effet frontière » Dit autrement : les régions commercent beaucoup entre elles lorsqu’elles appartiennent à un même pays que lorsqu’elles sont issues de pays différents. Considéré comme l’une des “6 énigmes” de la macro inter par M. Obstfeld et K. Rogoff (2000), "The Six Major Puzzles in International Macroeconomics: Is There a Common Cause?", NBER Working paper, n°7777. http://ideas.repec.org/p/wpa/wuwpit/0012003.html

International Economics - Theory and policy, Krugman-Obsfeld, Melitz2012 Pearson Addison-Wesley. .

On s’attend à ce que chaque Etat américain commerce une part de son PIB équivalente à celle de la province canadienne situé à égal distance de la Colombie britannique. Ca n’est pas le cas. RQ : rajouter le PIB de la Colombie britannique au PIB de l’Etat/Province ne changerait rien à l’affaire. International Economics - Theory and policy, Krugman-Obsfeld, Melitz, 2012, Pearson

L’Hypothèse de Porter Keith Head et Thierry Mayer (2002) Selon le critère de gravité, les X de la CB vers le Texas devraient donc être sensiblement supérieures (de 50 %) aux flux allant de la CB vers l’Ontario. Or, elles sont bien inférieurs à la prédiction gravitaire (13 fois inférieures), ce qui traduit un impact négatif très important de la frontière. « Monde sans frontière » : c’est-à-dire selon la prédiction du modèle de gravité « Monde réel » : valeur observée Extrait de Keith Head et Thierry Mayer, « Effet frontière, intégration économique et "Forteresse Europe" http://www.cairn.info/revue-economie-et-prevision-2002-1-page-71.htm Article en ligne donnant par ailleurs la méthode de calcul de la distance intra-nationale lorsque l’on intègre des flux « bilatéraux » Xii des pays vers eux-mêmes (variable indicatrice DOM). Le Texas a un PIB supérieur de 50 % à celui de l’Ontario et ces 2 régions sont situées à une distance sensiblement équivalente de celle de la Colombie britannique

Bilan d’étape Les résultats de McCallum induisent un impact très négatif de la frontière sur le volume du commerce Il reste à préciser : - Comment intégrer l’effet frontière dans un modèle de gravité ? - Quelles sont les explications de l’effet frontière ? L'effet frontière du commerce mesure en quelque sorte le chemin qu'il reste à parcourir pour atteindre, au sein d'une union économique, le niveau d'intégration de référence qui existe à l'intérieur des pays.

Comment formaliser l’effet frontière dans le modèle de gravité ? Problème de disponibilité statistique : les données de commerce inter-régional au sein d’un pays sont mal connues Wei (1996) propose de prendre, pour chaque pays, la somme des échanges inter-régionaux (= production nationale – exportations du pays) On obtient par exemple les importations de la France … en provenance de France Il suffit ensuite d’intégrer ces observations de commerce domestique dans un échantillon classique de flux bilatéraux internationaux De cette manière on repasse à l’échelon du commerce entre pays (y compris vers eux-mêmes) mais en traitant le même problème Intra-National versus International Trade: How Stubborn are Nations in Global Integration? Shang-Jin Wei, NBER Working Paper No. 5531, Issued in April 1996 http://www.nber.org/papers/w5531

La variable indicatrice DOM capte les flux internes aux nations ln Xij = a + b ln PIBi + c ln PIBj + d ln distij + e Cij + f DOMij + εij Xij : exportations du pays i vers le pays j PIB : produit intérieur brut distij : distance entre les pays i et j (ici d est négatif) C : ensemble de variables de contrôle Que dire sur i et j dans le cas de DOM ?

Comment calculer le « biais national » du commerce mondial ? L’exponentiel du coefficient de la variable DOM indique combien de fois plus (ou moins) un pays commerce avec lui-même qu’avec un pays de taille et de distance similaire (démonstration semblable au « calcul de l’impact des accords régionaux ») Dans l’équation de McCallum: exp (f) = exp (3.09) = 22 Remplacer dans la démontration “j et k ne diffèrent que par leur appartenance à l’UE” par “j et k ne diffèrent que par leur similitude avec le pays i ou non”. L’équation de McCallum est très simple : xii = a + byi + cyj1+ ddist1j+ e DUMMYij + uij La même étude affinée depuis donne des résultats plus faibles pour exp de la dummy. Le chiffre a même été ramené à 3 par une étude de Anderson et Van Wincoop, 2004.

Quelles sont les explications de l’effet frontière (cas général) ? Le protectionnisme (BT, BNT, normes, …) Le biais domestique des agents économiques (achats nationaux), les différences de culture et de goût Contrats commerciaux sous la même juridiction pour le commerce intra-national Les coûts de transaction de change et le risque de change Les réseaux professionnels Cas général hors Canada et Etats-Unis où les BT et BNT ne jouent guère en FTA. Biais domestique consommateur : se voit en particulier sur les produits finaux agroalimentaires où la préférence nationale est assez marquée (lettre du Cepii dec. 2001, n° 207). Les réseaux professionnels ont toutes les chances d'être beaucoup plus faciles à mettre en oeuvre et à entretenir à l'intérieur des frontières nationales, ce qui pourrait fournir un élément d'explication important du surplus de commerce observé à l'intérieur des nations.

Epilogue : les effets frontières des Etats fédérés, exemple du Brésil (1991-1999) This map of Brazil provides, for each state, the surplus of intra-state trade relatively to inter-state and international trade. For example, for the state of Bahia, the 2.4 represents the surplus of intra-state trade relatively to inter-state, and 5.6 to international trade. The internal and international border effect are equal to exp(2.4) = 11 and exp(5.6) = 270. The higher the border effect, the more the state is trading with itself comparative to its trade with other states or countries. Marie Daumal et Soledad Zignago, Border Effects of Brazilian States, CEPII, Working Paper No 2008-11.

Références Effet frontière Etats/Brésil Présentation synthétique http://www.dauphine.fr/globalisation/daumal3.pdf Article complet : Marie Daumal et Soledad Zignago (2008), “Border Effects of Brazilian States”, CEPII Working Paper n° 11. http://www.cepii.fr/anglaisgraph/workpap/pdf/2008/wp2008-11.pdf

Merci de votre attention … … et de votre participation

Ouvrage de référence Mayer T. et Muchielli J.-L. (2010), Economie internationale, Dalloz : le chapitre 9

Articles cités Deardorff A. [1998], “Determinants of Bilateral Trade: Does Gravity Work in a Neoclassical World?”, in J. A. Frankel [Eds], The Regionalism of the Economy, NBER Project Report Series, University of Chicago Press, p. 7-22. Frankel J., Stein E. and Wei S., 1995, “Trading blocs in the Americas: The Natural and Unnatural and the Supernatural”, Journal of Development Economics, vol. 47, 61-95. Krugman P. [1980], “Scale Economies, Product Differentiation, and the Pattern of Trade”, American Economic Review, 70, p. 950-959. Porter M. [1990], The Competitive advantage of Nations, New York: The Free Press. Porter M. et van der Linde C. [1995], “Toward a New Conception of the Environment-Competitiveness Relationship”, Journal of Economic Perspectives, vol. 9, n° 4, p. 97-118. Tinbergen J. [1962], Shaping the World Economy: Suggestions for an International Economic Policy, New York, NY: Twentieth Century Fund. Soloaga I. and Winters L., 2001, “How has Regionalism in the Nineties affected Trade?”, North American Journal of Economics and Finance, vol. 12, 1-29.

Articles cités (effet frontière) - Articles en lignes - Keith Head et Thierry Mayer (2002), « Effet frontière, intégration économique et "Forteresse Europe« , Economie et prévision, n° 152-153, p. 71-92. http://www.cairn.info/revue-economie-et-prevision-2002-1-page-71.htm Thierry Mayer (2001), « Les Frontières comptent … mais de moins en moins », La Lettre du Cepii, n° 207. http://www.cepii.fr/francgraph/publications/lettre/pdf/2001/let207.pdf John McCallum (1995), “National Borders Matter: Canada-U.S. Regional Trade Patterns”, The American Economic Review, Vol. 85, No. 3, p. 615-623. http://www.econ.ku.dk/nguyen/teaching/McCallum%201995.pdf Deardorff A. [1998], “Determinants of Bilateral Trade: Does Gravity Work in a Neoclassical World?”, in J. A. Frankel [Eds], The Regionalism of the Economy, NBER Project Report Series, University of Chicago Press, p. 7-22. Shang-Jin Wei (1996), ‘Intra-national versus International Trade: how Stubborn are Nations in Global Integration?”, NBER Working Paper No. 5531 ; http://www.nber.org/papers/w5531 Marie Daumal et Soledad Zignago (2008), “Border Effects of Brazilian States”, CEPII Working Paper n° 11. http://www.cepii.fr/anglaisgraph/workpap/pdf/2008/wp2008-11.pdf