L’ASIE DU SUD ET DE l’EST : LES ENJEUX DE LA CROISSANCE
Introduction L’essor économique de l’Asie du Sud et de l’Est se traduit par des taux de croissance élevés. L’émergence de cette aire continentale, auquel on rattache l’Asie du Sud-Est, est telle que des Etats comme la Chine et l’Inde sont en passe de réussir leur sortie du sous-développement. La ville de Mumbai est un cas emblématique de cette situation de transition.
L’émergence de l’ASE, qui concentre plus de la moitié de la population mondiale (3,8 milliards d’habitants), s’appuie sur une main d’œuvre abondante, bon marché mais dont le pouvoir d’achat augmente. Cette population peut être aussi un frein au développement.
La croissance très forte de la Chine en fait un nouveau pôle de puissance dans la zone. La concurrence est très forte avec l’ancienne puissance qu’est le Japon.
Problématiques : En quoi Mumbai est-elle révélatrice de l’Asie du Sud-Est ? Quels sont les liens entre croissance démographique et économique ? Qui domine dans la région ?
Mumbai : modernités / inégalités Une ville ancrée dans la mondialisation Etude de cas p. 324 à 329 Vidéos Ina JT France 2 http://www.france5.fr/portraits-d-un-nouveau-monde/#/theme/urbanisation/un-rickshaw-dans-la-ville/ http://www.lafarge.com/fr/ameliorer-les-logements-dans-le-bidonville-de-dharavi
Mumbai est la 4ème métropole mondiale avec 21 millions d’habitants (entre 21 et 25 millions) La région métropolitaine s’étend sur 63 km.
Elle est la capitale économique du pays : 1er port, ville industrielle, pôle financier avec deux bourses des valeurs, pôle cinématographique et télévisuel (Bollywood) Elle réalise 4 à 5 % du PIB indien
Vitrine de l’Inde et de sa modernité Vitrine de l’Inde et de sa modernité. Elle est une des métropoles les plus chères du monde
Une croissance importante La croissance de la ville passe par la modernisation de ses réseaux de transport : route, métro, nouvel aéroport
Mumbai, la mégapole où il est impossible de se déplacer […] Le trafic ferroviaire a été multiplié par six au cours des quarante dernières années […]. Dans le même temps, la population de Mumbai, que l'on estime aujourd'hui à 20 millions d'habitants, a explosé. Sa densité est le double de celle de New York, les gratte-ciel en moins. Les nouvelles lignes de train sont si difficiles à construire dans une ville aussi densément peuplée que l'un des seuls moyens d'accroître les capacités de transport consiste à allonger les trains et augmenter leur vitesse. Une ville au bord de l’asphyxie Pour les habitants de Mumbai, le train est un moyen de transport incontournable. Pendant les heures de pointe, la seule alternative consisterait à rouler en voiture à 5 km/h sur des routes pas toujours praticables, surtout pendant la mousson […]. La marche à pied serait plus rapide, mais les distances sont longues : la ville s'étire sur 120 km du nord au sud. Si Mumbai est au bord de l'asphyxie, c'est d'abord à cause de sa géographie. La ville est construite sur une presqu'île qui ne peut que s'étirer vers le nord pour se développer. Or les quartiers historiques, le poumon économique de la ville, se trouvent au sud, un cul-de-sac où les prix de l'immobilier ne cessent de grimper. Pour se loger à des prix abordables, les classes moyennes n'ont d'autres solutions que d'investir les complexes résidentiels au nord de la mégapole, mal reliés au centre. D’après Julien Bouissou, Le Monde, 26 septembre 2013
Des inégalités extrêmes Les inégalités sont criantes entre les gagnants de la mondialisation et les laissés-pour-compte. On y retrouve les très grandes fortunes indiennes comme les Tata, les Ambani. Mais on a plus de la moitié de la population qui vit dans des bidonvilles.
( 700 000 habitants sur 200 hectares). Le Sud et l’Ouest de l’agglomération rassemblent les classes favorisées alors que le centre et l’Est sont moins favorisés. On y retrouve le bidonville de Dharavi ( 700 000 habitants sur 200 hectares). Extrait de Slumdog Millionaire, Danny Boyle, 2008 (environ 4’ – à partir de 5’47)
Croquis : Mumbai, métropole mondialisée d’un pays émergent
*Port JNPT : Jawaharlal Nehru Port Trust
La moitié de l’humanité L’Asie du Sud et du Sud-Est : les défis de la population et de la croissance La moitié de l’humanité Un inégal peuplement L’ASE constitue le principal foyer de peuplement de la planète. 3,8 milliards d’individus (55 % de la population mondiale) sur un territoire de 27 millions de km² (20 % des terres émergées).
La densité est de 140 hab/km² soit près du triple de la moyenne mondiale. On distingue trois grands foyers L’Asie méridionale avec 1,605 milliard (Inde 1,25 milliard) L’Asie orientale avec 1,573 milliard (Chine 1,35 milliard) L’Asie du Sud-Est avec 617 millions
La transition démographique est en partie achevée pour l’Asie orientale (politique de l’enfant unique en Chine depuis 1979) mais encore en cours pour l’Asie méridionale. Il y a un inégal peuplement entre les différents pays : deux géants, quelques Etats avec plus de 100 millions d’habitants et d’autres beaucoup moins peuplés. Espaces pleins et vides s’opposent
Une urbanisation massive et rapide L’Asie est entrée dans la transition urbaine. Son taux d’urbanisation reste faible avec 40 %. Mais les écarts sont importants entre des taux de 100 % pour Singapour mais seulement 30 % en Inde et 14 % pour le Sri Lanka. La Chine a atteint le seuil de 50 % en 2011.
Chaque année près de 40 millions de nouveaux urbains viennent grossir les rangs. Parmi les 481 métropoles de plus de 1 million d’habitants, 188 sont en ASE. Sur les 10 plus grandes agglomérations, 7 sont asiatiques dont les 5 premières : Tokyo 34 millions, Guangzhou 25, Séoul 24,6, Dehli 24,1 et Mumbai 23,5.
Les défis démographiques Une forte croissance démographique de près de 600 millions d’individus en 2040. L’Inde aura dépassé la Chine qui voit sa population vieillir. Celle du Japon décline. La pauvreté urbaine reste une préoccupation majeure avec près de 620 millions d’habitants dans des bidonvilles. L’Asie est confrontée à un déficit de femmes (près de 100 millions) surtout en Inde et en Chine.
http://populationpyramid.net/fr/asie/2015/ => Pyramides des âges par pays http://www.dailymotion.com/video/xxcjkj_hong-kong-ils-vivent-dans-des-cages_news => Hong Kong, la vie en cage
Les défis de la croissance Une croissance forte A la fin de la 2nde Guerre mondiale, l’ASE est en partie détruite et sous-développée. Les aides des USA au Japon lui ont permis de devenir la 2ème puissance mondiale.
Le modèle de développement en vol d’oies sauvages a été et reste le modèle de développement des pays voisins comme les anciens Dragons ou même la Chine. Ils bénéficient d’une main-d’œuvre nombreuse et bon marché.
La théorie du vol d'oies sauvages est un modèle de développement économique décrit par l'économiste Kaname Akamatsu en 1937 en s'appuyant sur l'exemple japonais. Ce modèle décrit l'engagement d'un pays dans le processus d'industrialisation et son insertion dans les échanges internationaux : Dans un premier temps, le pays engage un processus d'industrialisation sur un produit à faible technicité, qu'il importe d'abord ; Une fois qu'il maîtrise suffisamment la production, la qualité, il en devient ensuite exportateur ; Il finit par l'abandonner pour un produit à plus haute valeur ajoutée. Ceci permet à un autre pays de reprendre le même type de production et d'entamer ainsi son propre processus d'industrialisation. C'est sur ce modèle que les "4 dragons" (Singapour, Corée du Sud, Hong Kong, Taïwan) ont entamé leur industrialisation dans les années 60.
L’ouverture économique de la Chine au début des années 1980 lui a permis de décoller et de devenir l’actuelle 1ère puissance mondiale avec une croissance de près de 8 à 10 % par an (baisse à 7% en 2015)
Une nouvelle aire de puissance L’Asie est aujourd’hui le 1er pôle productif mondial. Elle représente 28,3 % du PIB mondial en 2011. Les productions sont diversifiées (industrie de base, produits manufacturés à haute VA…). L’Asie est qualifiée « d’usine du monde ». L’Inde est surnommée le « bureau du monde » du fait du nombre important de diplômés.
Le Bangladesh : 2e pays producteur de textile derrière la Chine http://www.liberation.fr/monde/2013/05/14/le-bangladesh-dernier-atelier-de-la-misere_902737
L’Asie est au cœur des échanges mondiaux avec près de 25 % du commerce mondial. Les plus grands ports du monde sont asiatiques et en particulier chinois. L’Asie fait partie de la géographie des capitaux avec 15 places boursières parmi les 50 plus importantes et aussi en tant qu’émetteur ou récepteur d’IDE.
Des inégalités Mis à part les pays développés d’Asie qui ont su réduire les inégalités les autres sont encore dans des IDH moyens ou faibles Les inégalités peuvent se retrouver à l’échelle des pays comme le Japon de l’endroit et de l’envers. En Chine avec le littoral et l’intérieur.
En Inde, près des 2/3 des habitants vivent avec moins de 2 $ par jour. 39 % des habitants de l’Asie du Sud vivent avec moins de 1,25 $ par jour contre 19 % en Asie du Sud-Est et 16 % en Asie de l’Est.
Un acteur majeur de la mondialisation Des économies dynamiques Le rôle des Etats a été très important dans la réussite de la croissance asiatique. Cela a été le cas du Japon et des dragons mais aussi de la Chine actuelle. Les diasporas jouent aussi un rôle surtout lorsqu’elles sont nombreuses comme en Chine ou en Inde. Les excédents commerciaux permettent aux pays de constituer des réserves de change.
Des économies littoralisées L’Asie est fortement maritimisée : nombreuses ouvertures. Les territoires littoraux sont organisés au service de la production et des échanges comme les terre-pleins du Japon ou les ZES chinoises. Il faut aussi ajouter le fait que les littoraux concentrent une grande partie des populations. (=littoralisation)
Le phénomène insulaire renforce cette littoralisation comme le Japon, Taiwan et même la Corée du Sud du fait de la fermeture de la frontière avec la Corée du Nord. Cela se traduit aujourd’hui par une très forte concentration de la construction navale mondiale (90 % pour la CDS, le Japon et la Chine).
Les principaux grands ports mondiaux sont asiatiques et encore plus du fait de la conteneurisation de ces dernières décennies. : 11 parmi les 14 premiers en tonnage et en EVP (équivalent 20 pieds = mesure du contenu d’un conteneur haut de 20 pieds – TEU en anglais)
Un immense marché Le commerce intra-régional se développe. Il représente aujourd’hui 52 % du commerce asiatique. Les organisations régionales sont nombreuses comme l’ASEAN tout autant que les accords bilatéraux. L’Asie est devenue un gigantesque marché de consommation. La Chine est le 1er marché automobile ; l’industrie du luxe ; le tourisme (Chine est 2ème) Une classe moyenne se constitue.
Les faiblesses asiatiques Les tensions Théâtre des événements majeurs du XXème siècle : colonisation européenne, impérialisme japonais, communisme et guerre froide. Il y a une grande diversité de régimes politiques : Démocratie au Japon, en Corée du Sud, Taiwan, Inde Démocratie fragile en Thaïlande, au Bangladesh, au Pakistan Régimes autoritaires en Corée du Nord, Chine, Vietnam
Les tensions internes sont nombreuses : Naxalites (guérilla communiste dans l’est de l’Inde), Tibet en Chine, terrorisme au Pakistan ou en Inde. Les tensions inter étatiques sont aussi nombreuses : c’est le cas des nombreuses îles. Les tensions demeurent comme la frontière entre les deux Corée ou le détroit de Taiwan.
La dépendance La croissance asiatique est dépendante de l’économie mondiale. La crise de 2008 a provoqué la fermeture de milliers d’usines mais globalement les pays ont vite renoué avec la croissance.
L’Asie est fragilisée par la financiarisation excessive de ses économies : valorisation du profit à court terme, afflux massif d’investissements, environnement spéculatif (immobilier), corruption, manque de transparence des systèmes bancaires.
Manque d’infrastructures et d’investissement dans l’éducation (37 % d’analphabètes en Inde). Dépendance énergétique et alimentaire (71 % de la population mondiale sous-nutrie est en Asie méridionale).
Pollution : rejets industriels, transport, rejets urbains. L’environnement Pollution : rejets industriels, transport, rejets urbains. Erosion, déforestation, artificialisation des littoraux. Catastrophes naturelles : typhons, tsunamis, tremblement de terre (Sichuan en 2008), mousson (Pakistan en 2010). http://voyagerloin.com/actualite/les-6-grands-defis-environnementaux-en-asie-du-sud/
Japon /Chine : ambitions mondiales, concurrences régionales Des ambitions mondiales Deux grandes puissances La Chine est la 2ème puissance mondiale (avec un PIB de 11.3 milliards de $ en 2015) et le Japon la 3ème (avec un PIB de 4.9 milliards de $ en 2015). Mais le PIB par habitant du Japon est 10 fois plus élevé que celui de la Chine.
=> Deux puissances commerciales qui dégagent d’immenses excédents commerciaux. La Chine est le 1er exportateur mondial => La Chine représente 10,5 % du commerce mondial en 2012.
La Chine multiplie les investissements à l’étranger : -> rachat d’entreprises, de terres agricoles, construction d’infrastructures. Japon et Chine possèdent 45 % des bons du trésor américain. Le Japon est aussi une grande place financière.
Des influences inégales Le Japon a une influence politique et militaire très faible. En revanche c’est une puissance culturelle avec le soft power. Cool Japan : stratégie de communication qui vise à modifier l’image du Japon dans le monde et à renforcer son rayonnement culturel à travers l’exportation de la culture de masse : mangas, dessins animés, jeux vidéos, cuisine, etc.
La Chine est membre permanent du Conseil de Sécurité de l’ONU et prend de plus en plus d’initiatives. Elle décline sa diplomatie en trois axes : Elimination des conflits frontaliers Stabilité de la péninsule coréenne Diplomatie économique
JO en 2008 à Pékin, exposition universelle de Shanghai en 2010 JO en 2008 à Pékin, exposition universelle de Shanghai en 2010. Soft power avec les instituts Confucius (depuis 2004) et la diaspora. http://www.bing.com/videos/search?q=le%20dessous%20des%20cartes%20chine&qs=n&form=QBVR&pq=le%20dessous%20des%20cartes%20chine&sc=1-27&sp=-1&sk=#view=detail&mid=26BD400CA2AD1325CADE26BD400CA2AD1325CADE Vidéo : Le dessous des cartes « La Chine change » http://www.dailymotion.com/video/xz8wm8_dessous-des-cartes-la-chine-change_tv
La Chine, qui souhaite devancer les Etats-Unis, a entamé un programme spatial ambitieux depuis la fin des années 1960. Dans les années 1980 (Deng Xiaoping) les satellites de télécommunication et les satellites météo sont lancés. La Chine dispose d’un lanceur : le lanceur « longue marche » Avec l’éclatement de l’URSS, le dirigeant chinois Jiang Zeming, lance en 1992 un programme de vol habité. 15 octobre 2003 (sous Hu Jintao) : premier chinois dans l’espace (Yang Liwei) 2011 : la Chine dépasse les Etats-Unis pour le nombre de lancements (19 contre 18) 2011: L’équipage Shenzhou 9 (« vaisseau divin ») comprend la 1ère femme chinoise à aller dans l’espace (Liu Yang).
Faiblesses et fragilités Le Japon doit faire face à une stagnation de son économie depuis les années 1990. Sa population vieillit (âge médian 44 ans) et commence à décliner
La Chine est contestée sur la question des droits de l’homme mais aussi en interne par des mouvements sociaux. Sa politique commerciale est jugée agressive. Son économie n’est pas assez centrée sur le marché intérieur Pb pour financer la protection sociale, pour réformer les entreprises publiques. + 3 problèmes majeurs en Chine : pollution, corruption et inégalités.
Une concurrence régionale forte Des acteurs économiques majeurs et interdépendants La Chine devient le géant régional mais le Japon domine encore dans le domaine de la recherche (3,6 % du PIB contre 1,5 % en Chine).
Les échanges se sont accentués : => Multipliés par 300 depuis 1972 2001 : La Chine entre à l’OMC La Chine est devenue le 1er partenaire commercial du Japon en 2009 (20 % des échanges japonais) et le Japon est le 3ème client et 1er fournisseur de la Chine.
Le Japon a délocalisé en Chine ce qui a permis d’accélérer le développement chinois. Près de 20 000 entreprises japonaises sont présentes en Chine. Doc 3 p 343 : Présentation de la Toyota Prius hybride au salon de l’automobile de Shanghai en 2011
Contentieux sur des îles : Senkaku (ou Diaoyu en chinois) Des relations tendues Contentieux sur des îles : Senkaku (ou Diaoyu en chinois) Les îles Diaoyu / Senkaku, tout comme Taïwan, ont été cédés au Japon par l'Empire Qing, la dernière des dynasties de Chine, après que celui-ci eut été vaincu lors de la première guerre sino-japonaise dans les années 1890. En 1945, à la suite de la victoire des Alliés, la Chine récupère une partie de ces territoires dont Taïwan, mais pas les îles Senkaku.
Doc. 2 p 341
La Chine développe la stratégie « du collier de perle » = placer le long des routes commerciales maritimes, des bases navales militaires But : Défendre les accès aux ports chinois Garder la main mise sur les gisements d’hydrocarbures sous marins Limiter la puissance japonaise et la présence américaine
Vidéo : le dessous des cartes « Japon, monde flottant » http://www.dailymotion.com/video/x1zc5xr_dessous-des-cartes-japon-monde-flottant_tv
Conclusion Depuis une vingtaine d’années, l’ASE émerge avec les Dragons, puis la Chine et maintenant l’Inde. Grand pôle démographique mais aussi économique et commercial, les défis de l’ASE restent nombreux : intégration, inégalités, tensions… Deux acteurs sortent du lot : le Japon et la Chine. Ils ont à la fois concurrents mais aussi partenaires.
Les Dragons : Corée du Sud, Taïwan, Hong-Kong, Singapour Ces quatre pays, qui étaient parmi les plus pauvres du monde au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, ont connu, à partir du milieu des années 1970, un décollage économique spectaculaire, avec des rythmes de croissance proches de 10 % l'an. S'inspirant du modèle de croissance japonais – un État fort, une priorité à l'exportation, un marché intérieur protégé, un effort considérable d'épargne et d'éducation –, ces « dragons » sont passés, en moins d'une génération, de l'état de « pays sous-développés » à celui de « nouveaux pays industrialisés » (NPI), puis, plus récemment, à celui de « marchés émergents ». Pays dénués à l'origine de ressources naturelles, les deux cités-États de la région, Singapour et Hongkong, se sont ainsi rangées parmi les pays les plus riches du monde, avec à la fin des années 1990 un produit intérieur brut (PIB) par habitant proche de 30 000 dollars (contre 23 000 environ en France).
Les Tigres : Thaïlande, Malaisie, Chine du Sud, Indonésie, Philippines, Vietnam Élément majeur de la vague de développement touchant les économies émergentes d’Asie, l’émergence des tigres asiatiques – Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Philippines et Vietnam – suit celle des quatre dragons – Corée du Sud Taïwan, Singapour et Hong Kong – après leur ouverture économique et l’afflux massif d’IDE à partir des années 1980. Outre l’abondance de main d’œuvre peu qualifiée, ces tigres asiatiques se caractérisent dans les années 1970 par des ressources naturelles considérables dans le sol (zone équatoriale) et le sous-sol (l’Indonésie est membre de l’OPEP jusqu’en 2008). Leur situation géographique qui les place au centre de ce qui deviendra le plus grand carrefour maritime mondial constitue un facteur crucial pour expliquer leur développement : détroit de Malacca, batailles pour l’établissement de ZEE (Zones Economiques Exclusives) reconnues internationalement… font de la mer un enjeu majeur. La stratégie de développement des tigres d’Asie s’organise en trois temps : industrialisation par substitution aux importations (modèle japonais de l’ISI), spécialisation dans l’assemblage à partir des années 1980 (industrialisation par l’exportation), puis remontée de filière (i.e. industrialisation orientée vers des technologies de plus en plus complexes et avancées dans la chaîne de valeur).