L’hypertension artérielle
I. Introduction L’hypertension artérielle est une maladie chronique, c’est la plus répandue des maladies cardiovasculaires elle touche aussi bien l’adulte jeune que le sujet âgé. Considérée comme maladie et facteur de risque, l’HTA est une pathologie grave de part les complications qu’elle peut engendrer. L’HTA peut être secondaire à un autre problème de santé (sténose de l’artère rénale, phéochromocytome), ou bien primitive, elle est dite alors essentielle. La multitude des mécanismes physiopathologiques en cause de l’HTA fait que son traitement est très difficile et relève ainsi de plusieurs familles thérapeutiques (parfois on est amené à associer plusieurs médicaments à la fois pour pouvoir équilibrer les chiffres tensionels).
problématique L’HTA constitue un grave problème de santé publique en raison des risques qui en découlent sur le plan vasculaire, cardiaque ou rénale (selon l’OMS en 2004, 7.2 millions de personnes sont décédées d’une cardiopathie coronarienne et 5.7 millions des suites d’AVC ou d’autres maladies cardiovasculaires).
L’Algérie comme les autres pays d’Afrique du nord, en pleine transition épidémiologique est marquée par l’augmentation du poids des maladies non transmissibles. Selon l’enquête SAHA 2004 : l’HTA représente 3 / 4 des maladies cardiovasculaires tandis que 35,2% souffraient de l’hypertension artérielle.
définition L’hypertension artérielle se définie comme une pression artérielle systolique > à 140mmHg et diastolique > 90 mm Hg, mesurée au cabinet de consultation par un sphygmomanomètre de préférence à mercure, au moins à 03 consultations successives.
III. Classification de l’HTA Tableau n1 : Classification de l’OMS pour l’HTA Catégorie Pression artérielle systolique (mm Hg) Pression artérielle diastolique (mm Hg) PA optimale <120 <80 PA normale <130 <85 PA normale-haute 130-139 85-89 Hypertension HTA limite 140-159 90-94 HTA grade1 (légère) 90-99 HTA grade 2 (modérée) 160-179 100-109 HTA grade 3 (sévère) >180 > 110 HTA systolique isolée >140 <90 HTA limite : sous groupe 140-149
Prévalences globales des facteurs de risque de l’HTA : Selon l’approche « STEPWISE » de l’OMS. L’approche Step « Wise » de l’OMS de la surveillance des facteurs de risque des maladies non transmissibles a été mise au point par l’équipe de surveillance intergroupe de l’OMS dans le cadre de la stratégie de surveillance mondiale mise en place pour observer les tendances des maladies non transmissibles dans les pays. Les facteurs de risque identifiés au nombre de huit sont : le tabac, l’alcool, les habitudes alimentaires, la sédentarité, l’obésité, l’HTA, le diabète et l’hyperlipidémie. Cette approche a intéressé en Algérie deux wilayas pilotes qui sont Sétif et Mostaganem.
Prévalence dans la population étudiée (%) Facteur de risque Prévalence dans la population étudiée (%) Prévalence chez les hypertendus (%) L’usage du tabac 25.6 9.8 Consommation d’alcool 1.1 0.8 La sédentarité 21.6 27.2 L’obésité 14.5 26.1 Dyslipidémies 3.7 5.6 Diabète 7.3 11.7
Programme de lutte contre l’HTA intégré dans le programme de lutte contre les maladies cardiovasculaires Ce programme présente deux aspects : I volet = Prévention, Dépistage des sujets à risque, Information sanitaire. II volet = Organisation de la prise en charge des malades et des prestations de soins. Premier volet : 2.1 Prévention: a) Identifier les facteurs de risque : - Obésité – tabac – diabète – dyslipidémie – sédentarité – stress.
b) Modifier les comportements à risque : La modification du mode de vie est indispensable, elle s’accompagne d’une réduction significative de la pression artérielle avec une diminution de l’incidence de l’HTA Il faut informer le patient des risques de l’hypertension artérielle et des avantages du respect des règles hygiéno-diététiques. ► Suppression du tabac : Il existe un lien entre l’ HTA et la consommation de cigarettes, celle-ci représentant de plus en elle-même un facteur de risque vasculaire l’HTA, , mais le tabagisme augmente le risque cardiovasculaire. La priorité donc est donnée à l’arrêt du tabac qui permettra de diminuer le risque cardiovasculaire global et sera d’autant plus réalisable qu’il s’intégrera dans une approche diététique d’ensemble.
► Régime pauvre en graisse poly insaturées : Pour un même apport énergétique et sodé, un régime pauvre en graisse (20% de la ration calorique), avec un rapport graisses poly insaturées sur graisse saturées élevé, n’a pas ou peu d’effets sur la pression artérielle. Ce régime permet cependant de réduire l’incidence des dyslipidémies notamment la baisse du taux du LDL-cholestérol, facteur de risque cardiovasculaire majeur en faveur du HDL-cholestérol qui est considéré comme un facteur protecteur. ►suppression de l’alcool : La consommation journalière ne doit pas dépasser 30 ml d’éthanol, soit 720ml de bière ou 300 ml de vin ou 60ml de whisky pur. L’alcool étant mieux absorbé par les femmes que par les hommes et les personnes de poids léger étant plus sensible aux effets de l’alcool que les personnes plus lourdes.
► Restriction sodée : il est recommandé d’éviter l’ingestion excessive de sel en choisissant des aliments à faible teneur en sel, en évitant les aliments très salés, en s’abstenant d’ajouter du sel à table et pendant la cuisson et en choisissant des aliments à faible teneur en sel dans les restaurants. ► Régime riche en potassium : Une consommation élevée de potassium alimentaire peu prévenir l’apparition de l’HTA. En revanche une consommation insuffisante de potassium peu augmenter la pression artérielle. Il est donc recommandé de maintenir un apport de potassium aux environs de 90 mmol /J.
Surveillance du poids et l’activité physique : Une pratique sportive régulière est bénéfique à l’hypertendu, diminue le risque de maladies cardiovasculaires et la mortalité quelle qu’en soit la cause. La pression artérielle est plus basse au décours d’un exercice physique, chez le sujet normo tendu comme chez l’hypertendu. La plupart des patients peuvent augmenter sans risque leur niveau d’activité physique sans bilan médical approfondi ; celui-ci doit être proposé aux patients présentant des problèmes cardiaques ou d’autres problèmes de santé sérieux.
► Thérapeutique comportementale : La relaxation, le yoga, la psychothérapie et la réduction du stress ► Contrôle du diabète : Par un régime hygiéno-diététique ► Consommation de 5 fruits et légumes par jours. ► Promouvoir le DIU ou les préservatifs comme méthode contraceptive. c) Renforcer la prévention secondaire : - Programme national à appliquer. - Coordination avec les autres programmes (diabète, cancer, maladies respiratoires).
2.2. Le dépistage: Il faut dépister l’HTA, car beaucoup de cas sont ignorés (ex : Dans l’enquête SAHA en 2004 la moitié des algériens ne se savent pas hypertendus). Le dépistage des sujets à haut risque et leur surveillance doivent être encouragés, particulièrement pour les enfants et les proches des sujets souffrant d’hta et toutes les femmes avant la prise de contraception orale . Le dépistage précoce est très important pour éviter les complications qui sont souvent irréversibles. L’Organisation mondiale de la Santé recommande que tous les adultes fassent mesurer leur tension artérielle tous les deux ans. Si, lors de la mesure initiale, la tension systolique se situe entre 130 et 140 ou la tension diastolique entre 85 et 90, il faudrait effectuer un contrôle dans un an. Si la tension systolique est supérieure à 140 ou la tension diastolique à 90, il faudrait effectuer des contrôles ultérieurs pour confirmer la présence d’une hypertension artérielle.
Identifier les populations à risque : les proches de sujets souffrants d’hypertension artérielle, toute personne présentant un facteur de risque de l’hypertension artérielle, toutes les femmes avant la prise de contraceptifs oraux. - Identifier les structures : le dépistage de l’hypertension artérielle doit se faire dans différents endroits (centre de santé, milieu du travail, pharmacies, écoles, université…) - La tenue de programmes de dépistage dans de tels endroits présente l’avantage de permettre d’atteindre des gens qui ne consultent pas leur médecin et, par conséquent, ne pourraient autrement bénéficier de services de dépistage
2.3. Information sanitaire: - Définition d’un système d’information sanitaire. - Recueil de données, exploitation et analyses. - Méthodes : enquêtes axées sur la fiabilité. - Implication du secteur privé. Sensibilisation et éducation : Rôle des medias, de l’école Actions concrètes : - Industrie agro-alimentaire : (marquage du taux de sel). - Professions ciblées : (restaurants, fast-food, boulangers). Adapter la formation : - Intégrer le programme aux études de médecine. - Formation continue.
Nomenclature des structures Deuxième volet : 2.4. Organisation de la prise en charge: Nomenclature des structures Grade 1 : Centre de santé, cabinet privé Grade 2 : Polycliniques, hôpitaux de daïra, cabinets spécialisés. Hiérarchie de la prise en charge Grade 1 : Les personnels concernés sont les généralistes et le Matériel à mettre à leur disposition doit comprendre un tensiomètre mural, un Lit d’examen et un Pèse-personne. Grade 2 : Les personnels concernés sont les cardiologues et les internistes. Le matériel dont doivent en disposer est le même que pour le grade 1 en plus d’un ECG et d’un lit d’observation. Le personnel médical doit être en mesure de demander des paramètres Biologiques (glycémie, créatinine, ionogramme, cholestérol, triglycérides) et un Fond d’œil.
Hiérarchisation des bilans (selon consensus) 2.5. Prestation de soins: Hiérarchisation des bilans (selon consensus) Hiérarchisation des traitements (selon consensus) Régulation de la prise en charge : - Carnet de santé (carte à puce). - Registre. - Modulation du remboursement des médicaments. Réseaux de soins : - Relation entre polyclinique et hôpital. - Associer le secteur libéral.
3.Programme de lutte contre l’HTA gravidique dans le cadre du programme de périnatalité et mortalité infantile: L’hypertension artérielle constitue la principale complication médicale de la grossesse ; elle concerne en effet 10% des femmes enceintes et elle est responsable d’environ 15% de la mortalité maternelle. Le but de ce programme est d’assurer une prise en charge efficace des femmes présentant des désordres hypertensifs et de réduire la complication liée à l’hypertension artérielle. La stratégie de lutte consiste au dépistage de l’hypertension chez toutes les femmes enceintes qui se présentent en consultation prénatale, la captation et l’orientation des femmes hypertendues et finalement leur prise en charge par toutes les structures d’accueil qui doivent être disponibles tous le temps.
VIII. Conclusion L’HTA et ses complications cardiovasculaires menacent de submerger les services de santé publique et coûtent de plus en plus cher à l’état et à la société. Ils grèvent de plus en plus les budgets des services de santé. La prévention primaire développée dans le cadre des programmes nationaux reste la meilleure approche pour contrôler cette épidémie émergente.