Fin de vie d’un enfant à domicile

Slides:



Advertisements
Présentations similaires
PRISE EN CHARGE D’UN ENFANT ATTEINT D’UN CANCER ET DE SA FAMILLE
Advertisements

PUERICULTRICE COORDINATRICE
Réseau de Santé RACYNES, FREGIF, 4 Juillet 2011
Vous êtes un médecin de famille de 65 ans qui envisage de prendre sa retraite. Vous travaillez en cabinet, maintenant désigné GMF, avec six autres collègues.
Réseau daccompagnement et de soins palliatifs du Trégor Monique Couturier Rennes, 17 mai 2006.
Le travail social au sein d’un service de gériatrie
Les soins palliatifs Introduction Rappels Généralités
Soins en maternité après J2
Hôpital des Enfants CHU de Bordeaux
Le projet médical dans le territoire en soins de premier recours
Soins palliatifs Cas cliniques Cours DUSP Lille le 16 février 2012
Les pas de deux avec madame Alfrede
Un médecin coordinateur :Dr Canneva 2 infirmières coordinatrices
Un Concept Une Structure ACCUEIL DE PROXIMITE POUR LE GRAND AGE POUR.
Réseau de santé gérontologique GERONT’EMERAUDE  « les Alizés I » 10, rue Maison Neuve St Malo Secrétariat :
Soirée d’information du réseau REPER’ AGE
LES MALADIES DE L’ENFANT DANS LE SERVICE DE GARDE
Dr. Alain GARNIER Notes de la réunion (16/10/13 22:24) -----
Statistique enquête de satisfaction 2009 umcs. Comment appréciez vous vos relations téléphoniques avec HAD.
Témoignage d’une IDE Annick FILHON
La Coordination de Soins : Un an de suivi des patients
Suite à une crise cardiaque un homme subit une chirurgie à cœur ouvert. Il se réveille après l'opération et se trouve soigné par des religieuses dans.
ETHIQUE CAS CLINIQUES IFSI Dr Brigitte Sallé.
L’acharnement palliatif
Rôle du medecin généraliste
Avec le soutien de Colloque « mangez et marchez malin !» Présentation actions de prévention dans les consultations parents enfants des Centres de Maintien.
Créer un pont entre l’ hôpital et le domicile.
Notion de contact étroit remontant à moins de 7 jours avec un cas suspect ou confirmé MH Grippe avec Signes de gravité (2) SIGNALEMENT Signalement à la.
Fiche individuelle de renseignements
L’enfant polyhandicapé en Seine-Saint-Denis, aujourd'hui et demain
Vœux perpétuels de Thuy Nguyen Becky Do Hang Tran Samedi 30 juillet 2011.
Prise en charge. précoce d’un bébé
La rééducation après accident vasculaire cérébral
Itinéraire Clinique / Education Thérapeutique : L’expérience du GHdC
Words of the Month juin - juillet 2008 June - July 2008 Mots du mois Hôpital pour enfants Centre des sciences de la santé de Winnipeg.
ACCOMPAGNER LA FIN DE VIE A DOMICILE OU EN EHPAD
SECTION 2 L’équipe de soins interprofessionnelle et vous.
Qualité des soins et pluridisciplinarité
Les Jeudis de l’accompagnement thérapeutique, 14/04/2011.
Accueil GERONTOLOGIQUE au SERVICE D’ACCUEIL des URGENCES EXPERIENCE du CHU de BREST F.Duquesne* A.Gentric** * PH accueil gériatrique CHU Brest **PU.PH.
Annonce à l’équipe Questionnement sur nos capacités à répondre :
EOLLIS Prise en charge des suivis par les IDE du réseau.
Rappels: définition Maladie neurodégénerative des motoneurones (centraux et périphériques). Elle se caractérise par une paralysie d’aggravation progressive :
ETABLISSEMENTS PETITE ENFANCE DE LA VILLE D’AULNAY-SOUS-BOIS
À basse concentration Initier l’administration d’oxygène à basse concentration Mise à jour sur le contenu de la révision de l’ordonnance collective 2013.
PRENDRE SOIN EN SERVICE DE NEONATOLOGIE
Patricia Demey éducatrice Laetitia Tanche psychologue
Dans une école, à la rentrée, un prof demande aux élèves " Dites moi vos noms et ce que fait votre papa " Diaporama PPS réalisé pour
un service non personnalisé du Conseil Général de Moselle
Accompagnement des familles en sortie de maternité
Suite à une crise cardiaque un homme subit une chirurgie à cœur ouvert.
Les Equipes Mobiles de Soins Palliatifs
Evaluation de l’activité : Sorties Précoces de maternité Hôpital St Vincent de Paul Lille.
Situation de Madeleine: la perte de confiance des parents
Soins palliatifs et naissance aux limites de la viabilité
Entre les soignants Analyse de discordances: entre les soignants À partir d’un cas clinique 1 Réflexion sur l’accompagnement et les soins palliatifs de.
FIBROMYALGIE: un SYNDROME DOULOUREUX CHRONIQUE
Mode de PEC polyvalente caractère généraliste
LA VISITE A DOMICILE /LE SOUTIEN IDE EN PSY ADULTE
L’équipe mobile de soins palliatifs Epinal – Golbey fête ses 15 ans !
Programme AGES: Autonomie gériatrique, ergothérapie et soins.
DU 9 JUILLET AU 23 JUILLET 2016 Sur 15 jours venez faire vos perfs de la saison HEBERGEMENT CREPS des Sables d’Olonne (ISO) ½ pension repas froid du midi.
Prise en charge d’une fin de vie
PROJET DE PLATE-FORME DE CONSULTATIONS SPECIALISEES POUR PERSONNES EN SITUATION DE HANDICAP 9 février 2016.
Qui sommes-nous? La LFC est une association privée, à but non lucratif, reconnue et mandatée par l’Etat de Fribourg. Elle consacre toutes ses ressources.
Manman se la vi Pour des mamans épanouies en Haïti.
Dr Marie-Françoise LAPLANTE CONGRES EVC-EPR 7 et 8 février Unité EVC-EPR Clinique du canal de l’Ourcq.
Formation sur le : Programme de prévention du delirium chez le résident présentant des troubles cognitifs Décembre 2012.
Formation sur le : Programme de prévention du delirium chez le résident présentant des troubles cognitifs Décembre 2012.
Cas Clinique SOINS PALLIATIFS
Transcription de la présentation:

Fin de vie d’un enfant à domicile Elodie Delaporte Frédérique Duthoit Philippe Hiriart Marjorie Jackowska

Sylvie 12 ans, une sœur de 15 ans , un frère de 18 ans La maman et le beau-père Polyhandicap séquellaire d’une maltraitance A été « secouée » par son père à 1 mois de vie On va vous présenter l’histoire d’une enfant qu’on appellera Sylvie qui a 12 ans , une sœur de 15 ans et un frère de 18 ans ( suivi pour hypogonadisme ). La maman et le beau-père qui a depuis longtemps pris le rôle du père. L’enfant a été secoué à l’âge d’1 mois , elle développera ensuite une encéphalopathie convulsivante

Prise en charge Scoliose majeure Déformation thoracique + + Débute le 07/07/2014 à domicile L’enfant est polyhandicapé, grabataire Scoliose majeure Déformation thoracique + + Insuffisance respiratoire Sylvie ne parle pas Elle pèse 25 kg , elle est alitée 24h/24, au milieu d’une multitude de peluches, sur un matelas moulé par l’orthoprothésiste , elle présente une scoliose majeure ( paralytique ) à l’origine d’une déformation thoracique extrême, source d’insuffisance respiratoire avec épisodes d’encombrements trachéo-bronchiques itératifs et, par voie de conséquence, d’hospitalisations répétées. Sylvie ne parle pas , elle sourit ou gémit selon les situations ( il existe un lien fort entre la maman et Sylvie, ainsi qu’avec la fratrie et le beau-père) , la maman « décodant » parfaitement toutes les mimiques de sa fille.

Alimentation entérale ( gastrostomie ) Oxygénothérapie par « lunettes » nasales Alimentation entérale bien gérée par la maman et le beau-père Sylvie est sous 3l d’O2/min par le biais de lunettes nasales ( la masque étant à l’origine de blessures cutanées )

Les Soignants Les infirmières (Frédérique et Marjorie): soins biquotidiens 7 jours sur 7 La kinésithérapeute (Elodie) : une séance par jour ( aspiration ) L’orthoprothésiste Le médecin généraliste Accompagnés par EIRENE Les infirmières : rassurent la maman , répondent aux questions, aident aux gestes techniques ( notamment l’aspiration ) La kinésithérapeute : mobilisation douce , aspiration L’orthoprothésiste : le dialogue entre l’équipe et lui concourt à améliorer le confort de Cindy Le médecin généraliste

L’équipe EIRENE Situation palliative Première visite :Lien hôpital domicile Situation palliative Rend compte de la concertation pluridisciplinaire (ST Vincent de Paul) Famille informée Fin de vie à domicile souhaitée L’équipe Eiréné , à ma première visite au domicile ( le 07/07/2014 ), m’explique que nous sommes dans une situation palliative et que lors de la dernière hospitalisation de Sylvie à l’hôpital St Vincent ( du 13/05/2014 au 30/06/2014 ) , une réunion pluridisciplinaire a eu lieu pour synthèse de la situation et rédaction des souhaits des parents ( notamment d’une demande de décès à la maison ), la famille étant tout a fait d’accord et souhaitant le retour à domicile avec, comme consignes : - pas de transfert en réanimation, pas de ventilation invasive - AB si affections bactériennes - Soins de support La dernière hospitalisation ayant été motivée par une détresse respiratoire et difficultés alimentaires avec vomissements de sa nutrition entérale

Les aidants : La famille La maman: trait-d ’union entre l’équipe et Sylvie « Clef de Voûte » de la prise en charge Que sait-elle ? La maman consacre toutes ses journées à Sylvie , connaît ses moindres réactions , elle est très tonique ( elle me rassure car j’avance en « terre inconnue » , n’ayant jusqu’ici qu’une idée très théorique de l’enfant secoué , mais ici , cette idée s’appelle Sylvie) . Que sait-elle ? : elle me dit être au courant du devenir de Sylvie : « on m’a bien expliqué à l’hôpital ! » mais quelques phrases plus loin, elle rajoute : «  et si ça s’aggrave? Que fait-on? Je peux compter sur vous? » La maman a donc bien été informée mais qu’a-t-elle entendue?...

Le suivi Passage du médecin: 1 fois/semaine Phase « paisible » : de juillet à mi-novembre Le traitement : Dépakine 350 mg : 3 fois/j dans la sonde Inexium : dans la sonde Scopoderm : ½ patch/72h Pulmicort : 2 aérosols/jour O2 : 3l/minute Soins de nursing kinésithérapie Il est convenu, avec la maman, que je passe 1 fois/semaine mais bien sûr, aussi , d’ une « disponibilité » à la demande ( autant que faire se peut ). De juillet à mi-novembre : relative stabilité de l’état de Sylvie , la maman et les proches semblent gérer la situation , les soignants ne me signalent pas de problème majeur Petite précision, non négligeable à domicile, pour le scopoderm : 43euros la boîte de 5 patch , non remboursee Je souligne ici, le rôle important de la kinésithérapie dans le confort de Sylvie

La phase ultime Mise en route de Rocéphine 1 g IM/j Appel de la maman le 17/11/2014 au matin: fièvre à 40° et encombrement ++ Altération de la conscience Mise en route de Rocéphine 1 g IM/j Patch de Durogésic : 12µg/h Paracetamol + appel de la kinésithérapeute La maman appelle le 17/11/2014 au matin en disant : « Sylvie fait 40°de température, elle est très encombrée » L’aspiration est peu efficace ( secrétions épaisses ++ ) et la conscience est perturbée ( +/- révulsion oculaire, pas de réaction à notre présence ) Durogésic car quelques grimaces sur le visage de Sylvie à la moindre mobilisation ) Paracetamol dans la sonde . La maman me demande, inquiète : « ça va aller mieux? Et si ça s’aggrave, que fait-on ? » Je lui exprime que nous allons vers la fin, qu’on accompagne Sylvie jusqu’au bout en soulageant au mieux ses symptômes

le 18/11/2014 après-midi : baisse de la température à 38° Dégradation de l’état clinique baisse du débit d’O2 à 2l/min la maman cherche à joindre un prêtre Je baisse l’O2 à 2 l/min et appelle un confrère hospitalier afin de pouvoir disposer, si besoin était, d’hypnovel ( ce confrère est praticien hospitalier en service de soins palliatifs, nous avons fait notre formation initiale de soins palliatifs ensemble ) l’hypnovel n’étant pas disponible en ville ; Il m’écoute et me dit : «  tu ne vas pas faire une sédation , tout seul à la maison ?! »je lui explique que j’anticipe une éventuelle agitation terminale. Il me répond : «  l’ordonnance sera prête demain entre 14h et 16h à la pharmacie de l’hôpital , le beau-père viendra la chercher. La maman cherche à joindre un prêtre, la secrétaire de la cure lui répond qu’elle transmettra le message …

Rencontre avec la coordinatrice d’Eiréné Le 19/11/2014 après-midi Rencontre avec la coordinatrice d’Eiréné Sylvie est calme, fréquence respiratoire très lente + quelques pauses En partant : N° de portable L’infirmière de l’équipe Eiréné, une fois sortie de la chambre de Sylvie , reformule, à l’intention de la maman, l’état critique de Sylvie avec toujours, de la part de celle-ci, cette forme d’étonnement d’une chose que l’on sait mais qu’on ne peut entendre… Je donne , avant de partir , mon n° de portable à la maman ( la garde officielle de médecine générale se terminant à minuit)… Je suis appelé vers 2 h du matin par le beau-père pour m’annoncer le décès de Sylvie . En arrivant à domicile: la famille est autour du lit , en pleurs , digne et recueillie, Sylvie a un chapelet autour de la main, sous le drap … nous échangeons quelques mots puis je vais dans le séjour pour écouter le beau-père et la maman qui veulent m’entendre dire qu’ils ont fait tout ce qui était possible , qu’ils ont donné tout leur amour .. Ce que je confirme en précisant que Sylvie a au moins eu cette chance là ! Je rédige le certificat de décès. Vers 3h , à la demande de la famille , j’appelle les pompes funèbres qui arrivent 30 minutes plus tard , le professionnel fait preuve de beaucoup de tact et de discrétion , encore quelques mots puis je quitte le domicile. En rentrant à la maison , j’allume la télévision pour tenter de mettre à distance l’émotion et pouvoir m’endormir .il est 3h30

je vous remercie de votre attention