Retraites Ce qu’on ne nous dit pas
L’argument de la démographie Nous vivons de plus en plus longtemps… Il y a de plus en plus de retraités pour toujours moins d’actifs… Il faut donc travailler plus longtemps… Oui mais… Source INED Hommes Femmes Ouvriers Cadres Espérance de vie 78 ans 84 ans 76 ans 82 ans Espérance de vie en bonne santé 63 ans 64 ans 59 ans 69 ans C’est l’espérance de vie en bonne santé qui détermine le temps pendant lequel le retraité « profite » de sa retraite
1960 2010 2050 Depuis 1960, la productivité a été multipliée par 5 : un actif de 2010 produit 5 fois plus de richesses (source INSEE) Cela signifie qu’un actif d’aujourd’hui devrait pouvoir « financer » plus de retraites… La productivité du travail devrait encore doubler dans les 40 prochaines années (source 8ème rapport du COR)
On nous demande de travailler plus longtemps, or… Les entreprises se débarrassent de leurs salariés avant 60 ans… Aujourd’hui, 6 salariés sur 10 sont «hors emploi» à l’heure de la retraite. En moyenne, les seniors sont écartés de l’emploi à 58,5 ans. source INSEE Le chômage des jeunes n’a jamais été aussi élevé. 23% des actifs de 15-24 ans sont à la recherche d’un emploi… source INSEE
L’argument des déficits Suivant les différents scénarios élaborés par le COR (Conseil d’Orientation des Retraites), le solde annuel du système des retraites atteindrait en 2050 un déficit maximal de 120 milliards d’euros. Soit 3% de la richesse nationale (PIB). Oui mais…
A force de discours alarmistes sur les déficits, discours largement relayés par les médias, on en oublierait presque que la France est un pays riche… Ces vingt dernières années, la richesse (PIB)de la France a doublé et on prévoit un nouveau doublement d’ici à 2050. Dans le même temps, la rémunération du travail (salaires + cotisations) a progressé moins vite que la richesse nationale.
Cela représente 8 fois le déficit de la caisse d’assurance vieillesse. Ces 30 dernières années, près de 10% de la richesse produite (plus de 150 milliards par an) ont été transférés de la rémunération du travail vers les profits. Cela représente 8 fois le déficit de la caisse d’assurance vieillesse. Part des salaires + cotisations dans la valeur ajoutée (source INSEE) Ce transfert a bénéficié aux revenus financiers (dividendes versés aux détenteurs des capitaux des sociétés). Ces dividendes représentent désormais plus que l’investissement productif. Part des profits versés aux actionnaires en dividendes (source INSEE)
Ainsi, en limitant la progression des salaires et en sacrifiant l’emploi au profit des actionnaires, on limite aussi les cotisations qui alimentent les caisses de retraite et on crée les déficits. Baisse de la masse salariale Transfert de richesses Déficit de la Sécu La réforme gouvernementale ne règlera rien. Au contraire, elle aggravera les déficits en fermant l’accès à 1 million d’emplois par an aux jeunes. Réforme Sarkozy-Woerth Plus de jeunes au chômage Aggravation du déficit Les déficits ne sont pas une fatalité mais résultent de choix politiques. D’autres choix sont possibles !
Les précédentes réformes Calcul sur la moyenne des salaires des 25 meilleures années Indexation sur les prix et non plus sur les salaires 40 années de cotisation au lieu de 37,5 1993 Loi BALLADUR Extension des mesures Balladur à la fonction publique 41 années de cotisation Décote de 5% par année manquante Mise en place de systèmes par capîtalisation 2003 Loi FILLON 2007 Mesures FILLON Alignement des régimes spéciaux sur la fonction publique Ces réformes n’ont pas modifié l’âge effectif de départ en retraite, mais en pénalisant les carrières incomplètes, elles ont réduit les pensions des nouveaux retraités de 20 % en moyenne 50% des nouveaux retraités touchent moins de 1000 € 1 million des plus de 65 ans sous le seuil de pauvreté Les femmes avec des carrières incomplètes sont les plus touchées
Les conséquences de la réforme Sarkozy-Woerth Recul de l’âge d’ouverture des droits (62 ans et 67 ans) Suppression des droits conquis pour les femmes Négation de la notion de pénibilité Une nouvelle baisse de 26% du niveau moyen des pensions pour ceux qui partiront en 2050 Des départs en retraite plus tardifs, donc plus de chômage chez les jeunes Une usure accentuée des salariés au travail La dégradation des pensions poussera au remplacement du système solidaire de retraites par répartition par les systèmes par capitalisation (plans d’épargne, placements à risque)
D’autres choix sont possibles Nécessité de consacrer à la population des 60+ ans une part des richesses créées plus importante si on veut lui conserver son niveau de vie. 12% Milliards d'€ constants Répartition du PIB Profits Salaires Retraites 29% 53% 18% 35% 2010 2050 3000 1700 Cela implique de porter de 12% à 15% la part du PIB consacrée aux retraites, et à 18% si l’on veut revenir sur les mesures Balladur-Fillon (chiffres du COR). Part des salaires + retraites : C’est possible en réduisant la part des dividendes dans les richesses (10% des dividendes = 1% du PIB) 74% en 1982 65% en 2010 71% en 2050 Croissance économique plus saine
Les salaires et l’emploi au cœur du problème Des solutions pour financer les retraites Les salaires et l’emploi au cœur du problème 100 000 emplois créés = 1,5 milliard d’€ de recettes en plus pour la Sécurité sociale. 1% d’augmentation des salaires = 2,5 milliards d’€ de recettes en plus. Le retour au plein-emploi, c’est la résorption de 50% du déficit. Nouvelle cotisation sur les revenus financiers des entreprises au même taux que la cotisation sur les salaires => + 24 milliards. Suppression des exonérations des cotisations sociales => 33 milliards pour la Sécu dont + 10 milliards pour les retraites. Elargissement de l’assiette des cotisations à l’intéressement, la participation, les stocks-options => + 3 milliards. Modulation de la cotisation patronale en fonction du rapport entre masse salariale et valeur ajoutée afin de favoriser l’emploi et les politiques de hauts salaires.
un système de retraites solidaire et progressiste Développer un système de retraites solidaire et progressiste L’ouverture pour tous et dans tous les régimes du droit à retraite à taux plein dès l’âge de 60 ans. Avec l’intégration des périodes d’études, de formation, d’inactivité forcée. Un taux de remplacement minimal de 75 % pour une carrière complète. Salaire pris en compte pour le calcul de la pension : Secteur public : traitement de fin de carrière, primes comprises. Secteur privé : salaire moyen des 10 meilleures années (plus représentatif du niveau de vie atteint en fin de carrière). Pas de retraite inférieure au SMIC net. Création d’une maison commune des régimes de retraite du secteur public et du secteur privé. La prise en compte dans tous les régimes des spécificités liées au travail, notamment en matière de pénibilité.
Les enjeux de la lutte Les retraites évidemment : Le rapport du COR montre que la réforme gouvernementale ne règlera pas le problème de financement. Donc il y aura d’autres réformes de même inspiration après celle-ci. Mais aussi, après les retraites, d’autres projets qui sont dans les cartons : Les autres pans de notre protection sociale, notamment l’assurance maladie et l’assurance chômage. Les 35 heures. Les entreprises encore sous statut public menacées de privatisation. C’est tout le modèle social français qui est en jeu !