LA FRANCE DANS LE MONDE DEPUIS 1958 Sortie considérablement affaiblie de la seconde guerre mondiale, la France n’est plus qu’une puissance moyenne avec la montée en puissance des deux supergrands. Elle a de plus déjà perdu sous la IVe République beaucoup de ses colonies lorsque De Gaulle arrive au pouvoir -justement du fait de l’émancipation coloniale- et met en place la Ve République. Avec l’achèvement de la décolonisation, la France est alors apparue comme étant entrée dans une phase de déclin irrémédiable. Pourtant, elle continue de tenir une place à part en Europe et dans le monde. Face à l’hyperpuissance états-unienne, elle affiche ainsi son indépendance, soutient la francophonie et défend son « exception culturelle ». Quelle est l’influence de la France dans le monde depuis 1945 ? Quelles peuvent être ses ambitions actuelles ?
I – De la domination à la coopération: les nouveaux rapports avec les anciennes colonies A – L’abandon du « fardeau » colonial: l’achèvement de la décolonisation sous de Gaulle Rappelé pour maintenir l’Algérie comme colonie française, il évolue progressivement vers l’idée de la nécessité d’accorder l’indépendance pour que la France puisse conserver une influence dans le monde. Il achève la décolonisation de l’Afrique subsaharienne en 1960. B – La politique de coopération: aide au développement ou néo-colonialisme ? -Mise en place d’une politique de coopération (soutien économique, financier et technique) avec les anciennes colonies à partir de 1962 pour sauvegarder les intérêts économiques de la France et assurer le maintien de son influence. Aide publique au développement (doc 1 p. 368) avant tout dirigée vers les anciennes colonies; mise en place de la Communauté Financière Africaine, qui instaure une « zone franc » (14 pays). Accords de coopération militaire: formation d’officiers africains en France; accords de coopération culturelle: études en France pour des étudiants africains, professeurs français en Afrique. - Néocolonialisme (maintien de la domination sous couvert d’assistance économique); soutien de régimes peu démocratiques via la coopération militaire, interventions militaires en Afrique (Centrafrique 1979, Tchad 1983, Côte d’Ivoire depuis 2003). Notion de Françafrique: peu de changements réels malgré les discours (5 p. 369).
C – Le maintien d’une présence mondiale: l’outre mer français (doc 1 p C – Le maintien d’une présence mondiale: l’outre mer français (doc 1 p. 366 et 3 p. 369) Des anciennes possessions coloniales, il reste des territoires disséminés dans l’Atlantique , le Pacifique et l’Océan indien: 2 600 000 personnes sur 116 000 km2. Statuts divers: Dom-ROM = même statut que les départements et régions françaises; COM (assemblée délibérante aux pouvoirs importants: Saint-Pierre, Saint-Barthélémy, Polynésie,…). Importance stratégique de ces territoires: la France maintient ainsi sa présence dans de nombreuses régions du globe (+ de 5 000 soldats dans ces territoires), faisant d’elle une puissance régionale dans l’océan indien, le Pacifique, l’Atlantique Nord et les Antilles (participations aux forums internationaux concernant ces régions). Importance économique: ZEE (200 milles, = 370 km): monopole de l’exploitation économique (pêche).
II – Les constantes de la politique étrangère A – L’appartenance au camp occidental tout en maintenant son indépendance vis-à-vis des Etats-Unis - La politique de grandeur et d’indépendance nationale de de Gaulle Doc 3 p. 373. Indépendance à l’égard des Etats-Unis, même si appartenance au bloc occidental Cette indépendance est garantie par la possession de l’arme nucléaire (1960-1968), dont la France est la seule à décider de la nécessité ou non de son recours; décision de quitter le commandement militaire intégré de l’OTAN en 1966 pour se démarquer des Etats-Unis. Pleine liberté d’action diplomatique (reconnaissance de la Chine populaire en 1964, relations avec l’URSS et les démocraties populaires, condamnation de la politique états-unienne au Vietnam). Mais allié fidèle en cas de crise grave (Cuba 1962, soutien inconditionnel à JFK) - La France reste une alliée fidèle Position de la France vis-à-vis des Etats-Unis résumée par Hubert Védrine: « amis, alliés, pas alignés ». La France ne suit pas forcément la politique états-unienne: condamnation de l’unilatéralisme des Etats-Unis et défense du multilatéralisme dans le cadre de l’ONU: refus du soutien à l’intervention en Irak en 2003; accord pour l’intervention en Afghanistan. Fin de « l’exception française » avec le retour dans le commandement militaire intégré de l’OTAN décidé par Sarkosy ?
B – Un rôle majeur au sein de l’Union Européenne Rôle majeur depuis les années 1950 (CECA, CEE) dans la construction européenne. Le mythe européen a remplacé le mythe colonial. Intervention de la France dans cette construction pour permettre la stabilité du continent mais aussi pour y avoir une influence durable lui permettant de maintenir une position prépondérante au niveau international (cf présidence de Nicolas Sarkosy: règlement du conflit géorgien, initiative en faveur du G20 pour résoudre la crise). Importance du couple franco-allemand dans les principales avancées de la construction européenne (élection du Parlement au SUD en 1979; TUE de 1992;…). Mais inévitable baisse du poids de la France dans une Europe à 27, Europe qui connaît-elle-même des difficultés, d’autant plus qu’elle ne respecte pas toujours ses engagements européens (baisse du déficit, transposition des directives) et alors que le couple franco-allemand tend à s’effacer. Cependant tentative de Sarkosy de relancer le processus d’intégration européenne avec le traité de Lisbonne (2008), pour améliorer le fonctionnement des institutions. C – Une présence importante dans les plus grandes institutions internationales Conseil de sécurité de l’ONU. Membre permanent, avec droit de véto sur toutes les décisions prises. G8, FMI, Banque mondiale,… Création du G6 par VGE en 1975 (puis G7 en 1976 avec le Canada puis G8 en 1998 avec la Russie), regroupant les Etats les + riches du monde, avec un sommet annuel pour débattre des questions économiques et financières. Puis élargissement des thèmes évoqués (sécurité, justice,…)
III – Les moyens de l’influence mondiale A – La puissance militaire -Jusqu’à la fin de la guerre froide, la France était chargée, avec les troupes britanniques et états-uniennes de protéger l’Europe contre une éventuelle attaque soviétique: nécessité de gros effectifs (500 000 hommes jusqu’aux 70’s) et donc de la conscription nationale + dissuasion nucléaire. - Evolution des missions et mutation de l’armée Suppression du service militaire obligatoire en 2001 et professionnalisation de l’armée pour faire face à de nouvelles missions: être capable d’intervenir rapidement dans des endroits où les intérêts stratégiques de la France sont en jeu (ex: Afrique, avec la Force d’Action Rapide créée dès 1983); faire face à des attaques terroristes sur le territoire national; nécessité de compétences de plus en plus pointues. Augmentation du nombre de missions réalisées dans le cadre de missions de maintien de la paix (dans le cadre de l’ONU ou de l’OTAN).
B – La francophonie et le rayonnement culturel (doc 2 p. 367) -Français = parlé par 200 millions de personnes (44% en Europe en Europe et 46% en Afrique), 9e langue du monde. 2 facteurs: langue maternelle dans certains pays d’Europe + Québec; héritage colonial (Afrique : français = langue officielle de nombreux pays. Naissance en 1970 d’une organisation internationale permettant à +sieurs pays d’affirmer leur solidarité par le biais de la langue française: but à l’époque = entretenir une identité culturelle + affirmer une autonomie par rapport aux deux blocs. Organisation régulière de sommet depuis 1986 par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF): 50aine de pays, dont la +part sont d’anciennes colonies. Création d’une université, de médias et d’instituts. Moyen de renforcer l’influence de la France. Rayonnement culturel. Lutte contre l’influence anglo-états-unienne: emploi limité de mots d’origine étrangère dans l’administration (loi Toubon, 1994), obligation de traduction des publicités étrangères. Promotion de « l’exception culturelle » française et refus de la marchandisation de la culture. Promotion d’administrations promouvant la culture française dans le monde (plus de 1000 Alliances françaises, dans 138 pays: cours de langue, expos, films en langue française,…; RFI et France 24).
C – Puissance économique -Economie ouverte sur l’Europe et le monde (doc 1 p. 370). Choix de l’ouverture économique et d’abandon de toute politique protectionniste (tarifs douaniers élevés) dès l’après-guerre. Avec la création du Marché commun (CEE), l’économie française est nettement orientée vers l’Europe. Dès 1970: 50% des exportations françaises vers l’Europe des Six; 1994 = 60% des exportations et 78% des importations. 2006: 5ers clients et 5ers fournisseurs = pays membres UE. Rôle des FTN Internationalisation des entreprises françaises depuis les 80’s. Conquête de nouveaux marchés (ex: Chine) et délocalisations dans le cadre de la mondialisation à laquelle les entreprises françaises (Michelin, Carrefour, Danone, L’Oreal, Alstom,…) se sont parfaitement adaptées avec des stratégies de + en + internationales. Inversement, installation d’entreprises étrangères en France, recherchant une main d’œuvre qualifiée et à très forte productivité. Ex: Toyota près de Valenciennes depuis 1998: près de 4 000 emplois, production de 250 000 voitures par an.
CONCLUSION Si la France n’est plus la grande puissance mondiale qu’elle avait pu être jusqu’à la seconde guerre mondiale, elle reste une puissance moyenne de premier plan grâce au maintien de son influence dans ses anciennes colonies, une puissance militaire encore importante, le maintien voire le développement de sa culture dans le monde et à une économie qui a su prendre le virage de la mondialisation. On ne peut donc parler de déclin (au moins en terme absolu), même si la France devra continuer de maintenir tous les efforts déployés pour maintenir son rang alors que de nouveaux concurrents (Chine, Brésil, Inde) apparaissent sur la scène internationale.